PATMOS, île des saints : (7) St Grégoire Gravanos

Le ΧΙΧe siècle vit à Patmos l'éclosion d'une sainteté nouvelle, celles d’athlètes de l'Esprit, des moines venus pour la plupart s'installer dans l'île à la suite du mouvement athonite des «Colyvvades », qui dispersa à travers la mer Égée un bon nombre de religieux, porteurs de renouveau. St Makarios Notaros appartenait à ce groupe. Après son départ, son compagnon St Grégoire, dit Gravanos, construisit un ermitage à l'ouest de l'île connu sous le nom de Γραβά d'où son surnom de Gravanos, qu’il consacra à la Toute Sainte. L'endroit est d'un charme rare. Comme à vol d'oiseau, on voit, derrière un cataclysme figé de rochers ocres et roses, le bleu mouvant de la mer. La petite chapelle recouverte de tuiles blanchies à la chaux, à laquelle Grégoire ajouta deux cellules, ressemble à un coquillage perdu entre le sombre élan des cyprès. Un olivier au feuillage argenté soulève de ses puissantes racines et couvre de son ombre légère les dalles d'une petite terrasse. Dans le temps il y avait une vigne, un potager, un four à pain. La source qui alimente ce lieu paradisiaque est réputée comme la plus pure de Patmos. Maintenant, à part la chapelle de la Toute Sainte soigneusement entretenue, l'endroit est désert. La sainteté de Grégoire y attirait des visiteurs. On dit que le patriarche œcuménique de Constantinople Néophyte, exilé pendant un certain temps à Patmos, venait se confesser à lui. On raconte qu'un voleur repenti lui apporta une nuit son butin, le priant de le rendre à l'homme riche auquel il l'avait dérobé, ce qui, d'ailleurs, causa la perte de Grégoire. Refusant de révéler le nom du voleur que l'homme riche voulait à tout prix poursuivre, victime d'insidieuses calomnies, Gravanos dut quitter Patmos et se réfugia dans l'île voisine d'Icarie, où il mourut 12 avril 1812. Il n'emportait avec lui en tout et pour tout que quatre piastres – à peine de quoi payer sa traversée. Son corps fut ramené à Patmos et son crâne doit être un de ceux qu'on trouve enfermé dans une caissette dans l’église. La douceur de son esprit incapable de rancune rayonne toujours dans l'enceinte embaumée par l'odeur des pins, près de la petite église-coquillage.

η Παναγία του Γραβά
                (sources : voir note 1° post) 

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