Père PAÏSSIOS par Mgr ATHANASIOS de LIMASSOL [1]
Nous avons plus que jamais besoin de la présence, du témoignage et de la prière de véritables pasteurs orthodoxes comme Mgr Athanase, Métropolite de Limassol à Chypre. Puisse le Seigneur avoir la grande miséricorde lui accorder de nombreuses années afin qu'il soit notre guide spirituel et notre soutien dans cette époque de troubles et d'apostasie. Voici la première partie de la traduction en français de son témoignage paru sur le site du Saint monastère du Pantocrator sur l'Ancien Païsios dont il a été le fils spirituel.
Témoignage de sa très sainte Excellence le Métropolite Athanasios de Limassol
à propos de l’Ancien † Païsios le moine du Mont Athos (1924-1994)
1ère PARTIE
1ère PARTIE
«Pour commencer, comme je n'aurais jamais imaginé qu'un jour viendrait où je raconterais la vie de Père Païsios – lui-même d’ailleurs n’a jamais relaté sa vie tout au long de ses jours – il se peut qu’il y ait certaines lacunes concernant les dates et les évènements. C’est seulement par gratitude envers l'Ancien que j'ai accepté de venir ici M. Nikolaidis, à cette station de télévision, afin d’offrir mon propre témoignage sur sa vie sainte, sa présence au sein de l'Orthodoxie, au sein de notre Église, à propos de toutes les choses que j'ai vues durant mon séjour sur le mont Athos, et de tout ce que des personnes de confiance m'ont dit. Ce de cela que je vais parler, avec le sentiment, bien sûr, que la narration de la vie des gens saints est une tâche extrêmement difficile. C’est particulièrement difficile parce que l'Ancien était vraiment une personne sainte, et que nous ne sommes rien et que nous avons compris très peu de choses. Espérons au moins que Dieu nous aide à transmettre les faits dont nous pouvons témoigner et que les gens qui vont écouter puissent les évaluer selon leur propre disposition.
J'ai rencontré Père Païsios en 1976, en Septembre. J'ai visité le Mont Athos pour la première fois, et là, avec le reste de mes camarades, nous avons visité l'Ancien, quand il résidait dans sa petite cabane à Timios Stavros (La Sainte Croix), près du monastère de Stavronikita. Je l'ai rencontré là-bas. Je dois le dire, nous sommes arrivés avec la curiosité de voir l'Ancien, dont nous avions tant entendu parler. Il nous reçut avec beaucoup d'amour, et je dois dire que notre première rencontre m'a déçu un peu au début car je n'étais pas familier avec les secrets de ces personnes spirituelles. Quand j'ai vu l'Ancien, qui nous a reçus dans une telle simplicité, il nous a donné diverses friandises et nous a raconté des blagues et s’est mis à rire. J'ai commencé à douter que cet homme fût vraiment aussi saint qu’on le considérait, parce que je pensais que les saints étaient censés être silencieux, peu bavards et plutôt moroses. C’est cette impression que j’avais. Cependant par la suite, la vérité a balayé tout cela nous faisant radicalement changer d’avis, quand l'Ancien a parlé de choses dont nous n'avions jamais entendu parler auparavant, et c’était sa propre vie qu’il offrait en témoignage.
Le premier évènement dont je témoigne en toute honnêteté, c'est que quand nous étions en train de prendre congé de lui en lui baisant la main, quelque chose s'est passé qui était vraiment l'intervention de Dieu. Toutes les montagnes, toute l'atmosphère environnante furent inondés d’un parfum indescriptible. La région entière embaumait. L'Ancien réalisa cela et nous a immédiatement demandé de poursuivre notre chemin, tandis qu'il se dirigeait vers sa cellule. Nous, les trois enfants que nous étions, nous sommes partis pour Karyès sans réaliser ce qui était arrivé, nous sentant à l'intérieur dans une joie indescriptible, sans pouvoir l’expliquer. Nous ne comprenions ni la raison pour quoi nous courions, ni la raison pour quoi les montagnes environnantes, l'air, les roches, et toute chose sentaient bon. Ce que j'ai expérimenté la première fois que j'ai rencontré le Père Païsios était vraiment émouvant.
Il a passé son enfance à Konitsa. Une fois, il nous a raconté que quand il avait quinze ans, il avait l’habitude de se retirer dans les bois, où, avec des branches et des brindilles, il s’était construit une sorte de refuge pour la prière, et là il priait avec larmes. Cela bien sûr, était une énergie de la Grâce. Il sentait cette douceur et souhaitait rester seul et prier le Christ. Et un jour qu’il priait, il vit le Christ juste en face de lui (pas dans son sommeil, mais pendant l'éveil), et le Christ avait la main sur l'Évangile ouvert et lui parlait, et ce qu’Il disait étaient les mots mêmes qui étaient écrits sur l’Évangile. Et Il lui dit :
«Arsenios, Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt.» Cette expérience de l'apparition du Christ fut – autant que je sache – la première du jeune Arsenios dans le domaine des révélations surnaturelles et, sans doute, le signe le plus décisif pour son cheminement ultérieur dans le monachisme.
L'Ancien a toujours soigneusement évité qu’on parle de lui, et je peux dire que les seules fois où il montrait de la sévérité – au point que l'on pouvait prendre peur – c’est quand quelqu'un parlait de lui, rappelait ou faisait état d’évènements miraculeux le concernant.
Quand je lui ai rendu visite en 1976, je lui ai dit : « Geronda, vous avez une grande réputation dans le monde ; les gens pensent du bien de vous, du bien de votre nom." Il a répondu en riant, comme il le faisait habituellement en racontant de bonnes histoires et d'une façon très gaie et très sage: «Maintenant, en venant d'en bas es-tu passé par la décharge d’ordures ? » la seule de Karyès). J'ai dit : « Oui – Il y a, m’a-t-il répondu, dans ce dépotoir de Karyès, il y a précisément quelques boîtes de conserve de calamars. Et là, quand le soleil tombe sur elles, elles brillent. C'est ce qui s'est passé pour les gens. Ils voient ces boîtes de conserve briller au soleil, qui ne sont autres que moi, et ils pensent que c'est de l'or. Mais, mon enfant, si t’approches et que tu y regardes de près, tu vois que c'est seulement une boîte de calmars.» En disant cela il riait.
Plus tard cependant, quand nous parlions sérieusement, parfois il m’a dit tristement: «Père, mon plus grand ennemi est mon nom. Malheur à l'homme et le moine qui «se fait un nom pour lui-même». Parce qu’ensuite il ne retrouve pas la paix, car les gens en outre commencent à inventer des choses, qui très souvent ne sont pas réalistes, et il devient un objet de contradiction.» Des centaines de personnes ont visité sa cellule. Dès que le bus arrivait à Karyès et qu’ils avaient obtenu leur permis de séjour, les gens se dirigeaient tous immédiatement vers Père Païsios. C’est une véritable caravane de gens que vous auriez pu voir se dirigeant dans cette direction. C’était leur premier objectif, leur première station. Parfois, quand il m'est arrivé d'être avec lui, il n’ouvrait pas, je lui en demandais alors la raison. Alors il me répondait ainsi : «Regarde, nous allons prier et si Dieu nous le dit, nous ouvrirons.»
C’était un homme dont le plus travail le plus important était la prière. Ce n’est qu’ensuite qu’il se consacrait aux gens. Malgré toutes ses difficultés, ses épreuves, c’était un homme non charnel: un homme qui ne sait pas dormir ou se reposer. Il était toujours de bonne humeur, et il conservait toujours de l'amour dans son cœur pour accueillir la douleur des gens. Je me souviens de Noël de 1981, je suis allé lui rendre visite après la vigile de la Nativité. Nous avons parlé, et il m'a expliqué combien est merveilleux l’amour de Dieu. Il disait que l'amour de Dieu habite en l'homme comme le feu. Il m'a dit: « Il y a quelques années cet amour a brûlé si intensément en moi que mes os fondaient comme des bougies. Et en fait, une fois, tant de grâce est tombé sur moi tandis que je marchais, que je me suis agenouillé et que j’étais incapable de continuer mon chemin. J'avais peur aussi que quelqu'un puisse me voir et ne comprenne pas ce qui m’arrivait. » Huit ans plus tard, ce prodigieux amour devint – sans l’abandonner bien sûr– une grande compassion pour les gens. Il semble que dès lors, l'Ancien s’est consacré aux personnes en détresse, après avoir été la demeure de Dieu.
Père Païsios a reçu la visite de gens de toutes les classes: instruites et non instruites, d’évêques et de nombreux professeurs, même de gens de religions différentes et de toutes sortes de personnes.
En général, les lieux où il a vécu ne peuvent pas être décrits: la cellule de la Sainte Croix était une cellule si éloignée, autant que je me souvienne, qu’aussi loin que l'œil pouvait voir, nous n’apercevions aucune autre cellule de moine aux alentours. Désert. Je me souviens de l'Ancien me disait: «Si tu entends toutes sortes de bruits pendant la nuit, n'aie pas peur. Ce sont des sangliers et des chacals».
C’est un fait que l'Ancien est passé par de nombreuses maladies tout au long de sa vie. Et je me souviens que quand il souffrait de maux de tête sévères, il mettait des compresses sur son front, pour apaiser ses maux de tête. De temps en temps quand nous aussi nous tombions malades, il nous disait: «Écoute Père, la maladie m’a été plus bénéfique que la santé.»
Et malgré ses maladies, il n'aurait jamais négligé ses devoirs. C’est incroyable de voir comment il poursuivait son combat jusqu'à aller à l’épuisement complet. Je me souviens qu’au monastère pour Noël, nous avons participé à une agrypnie qui a duré environ dix heures. L'Ancien avait reçu des gens toute la journée et n'avait pas eu du tout de repos. Pourtant toute la nuit durant l’agrypnie, il est resté debout. Je me suis assis juste à côté de lui et j’attendais de voir quand il s'assiérait. Il ne s'est pas assis du tout de toute la nuit, il est resté debout. À un certain moment il m’a dit: «Pourquoi ne vas-tu pas un peu plus loin ? Est-ce que tu es de la police? » Il avait compris que je me tenais à côté de lui pour examiner ce qu'il allait faire.»
(à suivre)
(Version française par Maxime le minime)
(Version française par Maxime le minime)
Source: TESTIMONIES OF PILGRIMS
ELDER PAISIOS THE MONK OF ATHOS 1924-1994
PUBLICATION 'AGIOTOKOS KAPADOKIA'
Translation by: Holy Monastery of Pantokrator
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