Augustinisme et recomposition de l'Eglise Une, par P. André Borrely - De l'Augustinisme [fin]

       Conclusion :

" Il y avait dans l’œuvre d'Augustin une systématisation, durcie par la polémique antipélagienne, qui portait en germe les hérésies de la prédestination, de l'arbitraire divin, arrachant les élus à la massa damnata, à la massa perditionis. Des systèmes théologiques ont été édifiés, qui n'étaient plus de simples opinions théologiques n'engageant à l'époque que leurs auteurs parce que l'Eglise n'avait pas encore pris position, mais de véritables hérésies. Toute une présentation augustinienne du christianisme, a été sans doute pour beaucoup dans l'athéisme qui, désormais, imprègne en profondeur notre culture et notre civilisation. St Augustin embarrasse peut-être autant le Catholicisme que l'Orthodoxie. Car, si l'erreur de l'Église latine fut de se laisser imprégner par l'augustinisme, ce fut toujours son honneur d'en rejeter les formes hérétiques qu'il a prises après la mort de St Augustin : Luther, Calvin, Jansénius. C'est ce que nous aurons l'occasion d'approfondir dans les articles qu'avec l'aide de Dieu nous publierons encore sur la concupiscence de la chair, c'est- à-dire sur la sexualité et le corps, sur la nature et la grâce, sur la prédestination et la liberté humaine, sur le refus de l'apophatisme, bref, sur tous les thèmes augustiniens au sujet desquels les chrétiens engagés dans l' œcuménisme feraient bien de tenter de recomposer l'unité au lieu de perdre leur temps à dévoyer l'unité de l'Église en une union des Églises." 
(article paru dans la revue "Orthodoxes à Marseille" n°134 de déc.-janv. 2010-2011
 et retranscrit par Maxime le minime avec la permission de Père André Borrely)

Commentaires

Antoine a dit…
Grand merci pour cette série d'articles de Père André Borrely. Il reste donc encore quelques prêtres orthodoxes dans ce monde !
Maxime le minime a dit…
Oui, Père André a conservé cet esprit de dialogue théologique sain dans sa pratique de l’œcuménisme. Il sait trop bien pour avoir réellement travaillé sur la pensée du siècle passé qu'il ne s'agit pas d'une ridicule dispute de famille dans laquelle chacun doit mettre du sien, se pardonner mutuellement et retrouver la paix d'antan et encore moins seulement d'une question de "juridiction" universelle avec laquelle on pourrait trouver des arrangements entre principaux hiérarques, "représentants" officiels, en faisant un mixte de la situation actuelle et des canons ecclésiologiques de jadis... il s'agit de quelque chose de plus profondément ancré que cela qui touche à la vie même - corps, âme et esprit - du croyant chrétien et dont on ne peut faire l'économie si l'on veut retrouver non seulement l’Église indivise mais la foi et la vie chrétiennes authentiques... Là sera enfin ce témoignage commun dont on prétend être si préoccupé. Au travail donc ! "Seigneur et Maître de ma vie, ne m'abandonne pas à l'esprit de paresse.."