De l'Himalaya jusqu'au Christ [6] : Récit d'une ascension par le moine rassophore Adrien
Aussitôt que le sommet éphémère aurait disparu, je reviendrais à mon propre état normal. J'avais lutté avec des ampoules, des genoux douloureux et la Giardia au ventre, et pour quoi ? Pour jouir certes d’une vue exaltante, mais au bout du compte une jolie vue de plus, et c’est tout. Est-ce que cela m’avait amélioré en tant que personne ou avait aidé quelqu'un d'autre? Non, cela avait simplement nourri mon ego ; j'avais acquis un excellent aliment pour les conversations lors des parties. Où étaient partis tous mes idéaux bouddhistes élevés ? A ce moment, j'ai réalisé que ma vie devait être consacrée à quelque principe supérieur à mon plaisir terrestre.
J'ai décidé de retourner au monastère.
J'ai décidé de retourner au monastère.
J'ai passé des mois à étudier la philosophie bouddhiste tibétaine et les techniques de méditation.
Mais il y avait certains éléments que j'avais du mal à accepter. La doctrine du karma ne semblait pas permettre le libre arbitre dans l'homme; les décisions de faire le bien ou le mal étaient toujours programmées par les actions précédentes. Comment serait-il possible de se libérer, si chaque décision a été déterminée? Si l'on avait péché depuis des temps sans commencement comme ils le croyaient, comment pourrait-on se purifier dans une vie si brève ?
En un sens, ce qui était si difficile, c'est que c’était si logique ; cela me semblait conçu par un esprit humain. Cependant la philosophie de l'auto-sacrifice s'est enracinée en moi, même si je n'avais pas réussi à agir là-dessus, je savais que je ne pouvais plus vivre la vie que je vivais.
En un sens, ce qui était si difficile, c'est que c’était si logique ; cela me semblait conçu par un esprit humain. Cependant la philosophie de l'auto-sacrifice s'est enracinée en moi, même si je n'avais pas réussi à agir là-dessus, je savais que je ne pouvais plus vivre la vie que je vivais.
Tandis que je séjournais dans le monastère bouddhiste tibétain, j'ai commencé à lire La Voie du pèlerin (« Les récits d’un pèlerin russe »). J'ai vu dans le Pèlerin la manifestation de l'abnégation et de la compassion que j'avais trouvés dans le bouddhisme tibétain, mais cela venait de la tradition chrétienne, dans laquelle j’avais été élevé. Pourquoi n’avais-je jamais entendu parler de cela dans mon église catholique de mon enfance ? Plus étrange encore est le fait que ma sœur était devenue une moniale orthodoxe russe alors que je ne savais toujours rien des caractéristiques mystiques de la religion. J'ai décidé que peut-être que je n'étais pas prêt à devenir un bouddhiste et que je devrais en savoir plus sur mon propre patrimoine.
Après avoir été frappé à la tête suffisamment de fois, je suis finalement arrivé à la conclusion que tous mes voyages avaient été plutôt inutiles et que je devais rentrer chez moi et m'y ancrer. (à suivre)
(Version française de Maxime le minime de Himalayan Ascent to Christ)