ALKIVIADIS STEFANIS, NOUVEAU GOUVERNEUR DU MONT ATHOS

Que fait Alcibiade Stefanis sur le Mont Athos !!!!

Par Panagiotis Andriotis by

nealesvou

9 Octobre 2024

Le moment de la nomination de l'ancien ministre de la Défense, M. Alkiviadis Stefanis, en tant que gouverneur du Mont Athos est intéressant, surtout après la nouvelle tension avec le monastère d'Esphigménou, où les moines sont accusés d'entretenir des relations étroites avec la Russie.

Jusqu'à présent, nous savions que les gouverneurs de ce lieu sacré étaient des diplomates ou des personnalités dont la carrière était liée à la diplomatie. Cela s'explique par le fait que l'État athonite est un régime particulier au sein du territoire grec, qui attire l'intérêt pour des raisons géopolitiques de la Russie, de la Serbie, de la Roumanie, de la Bulgarie et bien sûr de l'Union européenne. Cependant, la nomination d'un général ayant servi à l'OTAN a surpris.

La raison de cette nomination a été la démission de l'ambassadeur honoraire Anastassios Mitsialis après un court mandat. Le choix de Alk. Stefanis a été fait par Mitsotakis.

Qu'en est-il du monastère d'Esphigménou ?

Ce monastère abrite environ 120 moines, dont l'âge moyen est de 45 ans. Dans ce monastère, le patriarche Bartholomée n'est pas mentionné comme le leader spirituel de l'Orthodoxie, ce qui a provoqué sa colère.

Il existe des décisions judiciaires définitives des tribunaux grecs ordonnant la fermeture du monastère et l'expulsion des moines, décisions qui n'ont pas encore été exécutées, car aucun gouverneur n'a osé le faire.

Au Mont Athos, il y a 22 fraternités ainsi que des cellules isolées où vivent des moines solitaires. Les moines, et particulièrement ceux du monastère d'Esphigménou, peuvent être qualifiés de rebelles, toujours au sens noble du terme.

Leur mot d'ordre est : « Orthodoxie ou la mort ». C'est ce en quoi ils croient, ce qu'ils ont hérité, juré de protéger et transmettre. Toute intervention externe est donc inacceptable.

Le président Poutine a montré un grand intérêt pour l'État athonite, qu'il a visité et soutenu financièrement en aidant toutes les fraternités. Il a donné l'instruction explicite au patriarche de Russie, Alexis, de surveiller la situation et de l'informer en cas de tentative de modification du statut de l'État athonite.

En juin 2024, il a été divulgué qu'un scénario prévoyant une intervention de la police grecque et des garde-côtes au monastère d'Esphigménou pour exécuter la décision judiciaire de l'expulsion des moines a provoqué la réaction des moines. L'higgoumène Méthode (70 ans) a déclaré : « Nous défendrons le monastère jusqu'à la mort. » Il y a donc un grand risque de violence si une intervention a lieu, et la levée de l'avato (interdiction d'accès aux femmes) pourrait être une conséquence.

Il est à noter qu'en 2002, des événements similaires s'étaient produits, et la communauté monastique du Mont Athos avait demandé des détails sur l'intervention de la police et des garde-côtes. Le monastère d'Esphigménou a également fait appel aux tribunaux européens contre la décision grecque, et il est probable qu'il soit finalement justifié.

Les anciens moines d'Esphigménou ne reconnaissent pas le patriarche œcuménique comme le leader spirituel de l'État monastique. Le conflit remonte à 1972, lorsque la rencontre du patriarche Athénagoras avec le pape de Rome a été considérée comme une trahison religieuse. Aujourd'hui, les Églises orthodoxe et catholique ont progressé vers l'union.

En 2002, l'organe administratif des moines de l'Athos a déclaré l'ancienne fraternité illégale et schismatique, l'a exclue du financement que reçoivent les autres monastères, et a nommé une nouvelle fraternité d'Esphigménou à Karyès, jugée légale. La décision a été confirmée par le Conseil d'État grec, et l'expulsion des moines a été ordonnée, mais n'a jamais été mise en œuvre jusqu'à présent.

Le monastère se considère comme une communauté de chrétiens orthodoxes authentiques, et est au centre d'une querelle sacrée entre le patriarcat de Moscou et le patriarche œcuménique Bartholomée, déclenchée par la création d'une  fausse Église ukrainienne nationaliste.

Le gouvernement grec est pressé d'exécuter la décision judiciaire avant que les moines ne soient potentiellement justifiés par leur recours. Il semble que le patriarche Bartholomée ait personnellement demandé au Premier ministre l'expulsion des moines, et Mitsotakis aurait demandé en échange la destitution de l'évêque d'Amérique, Elpidophore*.

Le problème a de nombreuses facettes et sa gestion n'est pas simple. Une telle intervention annulerait l'avaton. Les 22 fraternités pourraient alors réagir, et leur ultime recours serait de déclarer l'État athonite indépendant, ce qui entraînerait le soutien complet de la Russie pour des raisons géopolitiques, ainsi que celui de la Serbie, de la Roumanie, de la Bulgarie et probablement de l'Union européenne. Une telle déclaration ferait de cet État une enclave au sein du territoire grec, avec tout ce que cela implique.

Mitsotakis a donc confié cette mission spéciale à Stefanis. Il a promis au patriarche Bartholomée de régler la question sans causer de trouble, une tâche que tous les précédents gouverneurs ont refusée, d'où la démission du dernier pour « raisons personnelles ».

Nous suivrons donc avec intérêt les actions de M. Stefanis, qui est également à la tête d'une coalition pour la région de la mer Égée du Nord, soutenu personnellement par Mitsotakis. Cependant, en raison de ses nouvelles fonctions au Mont Athos, il refuse de démissionner de son poste de chef de la coalition, laissant ainsi ses électeurs et la région sans véritable leader.

Pour l'instant, le calme règne dans l'État athonite, mais personne ne sait si une tempête éclatera et, si elle atteint son paroxysme, cela ne sera pas dans l'intérêt de la Grèce.

Il reste à voir si M. Alkiviadis Stefanis restera aussi intouchable que le prétendent ses compatriotes d'Ayassos, ou si ses actions au Mont Athos changeront cette perception.

Panagiotis Andriotis 

 économiste et ancien directeur de banque

Version française par Maxime le minime de la source 


* L'archevêque Elpidophoros d'Amérique est manifestement incapable de maintenir l'ordre au sein de l'archidiocèse grec-orthodoxe d'Amérique. Mais plutôt que de s'attaquer aux problèmes internes, il s'implique constamment dans les controverses politiques internationales. Son soutien aux LGBT, entre autres positions modernistes, a déjà aliéné les fidèles orthodoxes traditionnels. Cependant, il continue de poursuivre un programme moderniste qui comprend des ballons d'essai sur d'autres sujets controversés comme les femmes diaconesses . Et maintenant, il se rangerait du côté des efforts des autorités ukrainiennes pour dissoudre l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, ce qui ne fera qu'alimenter davantage la controverse.

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