1977-2020 Les apparences changent, le pouvoir réel demeure dans les mêmes mains…
Paru en 1977 toujours aussi éclairant sur le partage du monde…
LE PRÉSENT À LA LUMIÈRE DU PASSÉ
Il suffit de transposer à notre époque…
QUATRIÈME DE COUVERTURE :
La vodka ? un alcool russe internationalement connu. La cola ? une boisson Américaine qui a conquis le monde entier. « Vodka-Cola? Un amalgame entre les boissons les plus populaires des deux Empires qui se partagent actuellement le monde. Amalgame qui a valeur de symbole. L'histoire nous l'a déjà enseigné : au-delà des idéologies qui s’affrontent, le monde des grandes affaires Internationales a toujours joué son propre jeu avec ses propres cartes. Il en est ainsi à l'intérieur des nations où la politique et l'économique sont étroitement imbriqués. Il en est de même dans les rap- ports entre nations. Un exemple entre mille : durant la dernière guerre, la filiale allemande de la société américaine IBM a participé massivement à l'effort de guerre nazi tout comme les constructeurs d’automobiles Ford et General Motors.L'originalité explosive de « Vodka-Cola » est de montrer qu'au travers de l'action d'un petit groupe d'hommes appartenant au monde capitaliste et a celui de I ‘Est communiste, la même complicité existe aujourd’hui entre l’URSS et l’Amérique. David Rockfeller, par l'apport de ses capitaux participe largement au développement de la Sibérie et, par les grandes fondations dont Il est le mécène, à l’approfondissement des liens intellectuels et humains entre les deux Géants. De son côté, l'échec patent de la politique agricole de l’URSS. fait de cette dernière une assistée permanente des tout-puissants groupes américains, fournisseurs de blé et de maïs. qui traitent avec elle sans en référer à l'administration de leur pays.
Dans de telles conditions. les États dépositaires de la souveraineté des nations peuvent-lis encore taire prévaloir leur indépendance ? Chartes Levinson ne le croit pas. La guerre est-elle encore possible ? Chartes Levinson ne le croit pas davantage. Concentré entre les mains de quelques dirigeants de sociétés multinationales liées aux grands managers de l‘Est communiste, le pouvoir économique. seule force efficace et organisée, a, pour l'instant, intérêt à maintenir la paix. Le danger est ailleurs ; l'installation d'un nouveau totalitarisme qui peut conduire à un « Goulag mondial».
Riche de révélations d'une originalité sans égale. « Vodka-cola » apporte unecontribution décisive à la connaissance des grandes forces qui – dans le secret – mènent le monde de ce dernier quart du XX° siècle.
EXTRAIT du livre de Charles LEVINSON*
VODKA-COLA
La façade idéologique
La mythologie adoptée et proposée par les dirigeants du monde et les experts politiques (particulièrement aux États- Unis) est fondée sur une proposition selon laquelle la morale l'éthique et la religion (bases folkloriques de leurs positions politiques) sont les facteurs qui dominent les relations internationales. La même éthique qui considère la réussite du millionnaire comme la manifestation terrestre de la bonté de Dieu leur fait croire que l'ensemble des positions morales en politique détermine la direction du développement économique. C'est l'antithèse du dogme fondamental de la théorie marxiste et socialiste, pour laquelle les relations économiques déterminent en grande partie les structures politiques et sociales. Certes, ce déterminisme historique est essentiel pour le matérialisme dialectique et la doctrine de la lutte des classes comme étant la force agissante de l'évolution sociale.
La lutte entre les doctrines officielles de l'Est et de l'ouest peut s'expliquer autrement que par la conception classique suivant laquelle la classe capitaliste s'efforce consciemment de dissimuler sa rapacité et sa domination économiques derrière les vertus des abstractions politiques. Il existe un autre point de vue : d’après lui, dans les régimes officiels de l’Union soviétique et des pays de l’Europe de l‘Est, dogme politique et puissance économique sont le fait d’un groupe de pouvoir avec lequel ils s'identifient. Le parti communiste, l'établissement militaire et les services de renseignements et de surveillance du KGB sont les éléments composants d'un système intégré : l’État unitaire. Les fonctions économiques et politiques sont officielles, identiques, et elles sont intégrées de façon doctrinale et administrative comme le sont toutes les faces, manifestes ou secrètes, du gouvernement. Et la doctrine officielle des élites qui gouvernent et des masses qui leur obéissent est que la lutte des classes qui s'étend dans tout l'Occident et qui a pour cause la propriété capitaliste ou privée des moyens de production, n'existe pas dans les pays où cette propriété est collective ou sociale.
De même, à l'ouest, la dichotomie qui existe entre le pouvoir concédé aux gouvernants officiels, le « monde formel » des sphères politiques, et l'invisible puissance, dans les sphères économiques, de ce que nous avons appelé l’’overworld’ …
[En américain, le monde du crime, de la pègre, est qualifié d’‘underworld’. Le terme ‘overworld’ désignera le système de pouvoir dominant, presque occulte, qui, dans ses méthodes, ses structures et sa tactique, est un reflet fidèle des agissements de l’’underworld’.]
… suscite inévitablement des efforts pour consolider la doctrine officielle de la suprématie du déterminisme politique et de la politique elle-même. L'exercice d'une puissance clandestine dans le domaine économique exige nécessairement que l'économie privée paraisse subordonnée à la politique publique – normale – dans les systèmes démocratiques où règne l'économie de marché.
C'est du moins une explication partielle de l‘acharnement avec lequel on insiste aujourd'hui sur les aspects politiques des relations Est-Ouest par rapport à leurs aspects économiques fondamentaux. Dans la version officielle, on affirme que c'est la détente politique qui a engendré les rapports commerciaux, et non le contraire. Dans ce cadre, la ligne en dents de scie de ces rapports est attribuée presque exclusivement à des événements politiques. Et pourtant, les contacts d'affaires ont subsisté à travers la période d'un antagonisme idéologique apparent : les capitalistes américains, tout au long de la période 1920-1930, se sont rendus en Russie pour y faire du commerce sur une base purement individuelle. Et les crédits, cette clé du commerce extérieur de l'U.R.S.S. et la constante la plus importante de sa politique étrangère, lui ont toujours été assurés, en particulier par l'Allemagne.
Même pendant les confrontations idéologiques et militaires, directes ou entre satellites (O.T.A.N. Pacte de Varsovie, blocus de Berlin, guerre de Corée. Vietnam, crise cubaine des missiles, Angola). les Soviets ont toujours continué à commercer et à rechercher des crédits. Pour eux, la coexistence pacifique s'est toujours développée à deux niveaux, grâce à une politique qui autorise parallèlement l'agression idéologique ou réelle et la recherche pacifique des crédits et des relations commerciales. Or, pour les économies capitalistes ou de marché, cette politique à deux faces a toujours été normale. Du fait que la puissance économique réelle est contenue dans les fiefs secrets de l’overworld et dans les salles des conseils d'administration des banques et des grandes entreprises, l'idéologie politique officielle n'a qu'une importance secondaire et reste à part de toute considération d'ordre économique. Ce rôle plus faible de support permet de coopérer et de collaborer économiquement avec des adversaires idéologiques et politiques, entre autres régimes d'extrême droite : l'Allemagne nazie. l'Italie fasciste, l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, le Chili, l'Afrique du Sud, les régimes militaires de l'Amérique latine, de la Grèce, etc. Les affaires sont toujours demeurées en grande partie indépendantes des restrictions idéologiques et politiques des États nationaux, et cela bien avant que les sociétés multinationales donnent le coup de grâce à la puissance des politiques nationales en ce qui concerne leur autorité sur les entreprises économiques internationales. […]
*Charles LEVINSON : né en 1920 à Ottawa B.B.A.(Bachelor Businees Administration) et Docteur en économie et sociologie industrielle (Université et Toronto et de Paris) De 1951 à 1956, Directeur-adjoint à Paris de l'office européen du Congress of industrial Organisation (C.I.O). De 1956 à 1964, secrétaire général de la Fédération internationale des travailleurs de la Chimie, Énergie et des industries diverses à Genève (I.C.E.F.) EN 1969 il a coordonné la première grève internationale contre l'entreprise Saint-Gobin
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