Quelles choses dépendent de nous et lesquelles ne dépendent pas de nous? par St Maxime le Confesseur




Dialogue entre saint Maxime le Confesseur et Théodose

 (Acta 137 B-140 A) ?


T. — Comment te portes-tu, Seigneur Abbé?

M.— Ainsi que dans sa Providence à mon égard Dieu a prédestiné avant tous les âges de me conduire au terme, ainsi je me porte.

T. — Quoi donc? Avant tous les âges Dieu a prédestiné chacun d’entre nous?

M.— S’i1 est vrai qu’Il a préconnu toutes choses, Il les a aussi prédestinées totalement.

T. — Qu’est-ce préconnaître et prédestiner?

M.— La préconnaissance concerne les pensées, les paroles et les œuvres qui dépendent de nous, la prédestination concerne les choses qui nous arrivent sans que cela dépende de nous.

T. — Quelles choses dépendent de nous et lesquelles ne dépendent pas de nous?

M.— Semble-t-il, Monseigneur connaît tout et discute avec son serviteur pour le mettre à l'épreuve!

T. —Par la vérité de Dieu, je t’ai interrogé par ignorance et veux apprendre la différence entre les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous et comment les unes appartiennent à la préconnaissance de Dieu et les autres à sa prédestination.

M.— Dépend de nous tout ce qui est délibéré (προωρισεν), c'est-à-dire les vertus et les vices; ne dépend pas de nous ce qui survient pour nous éprouver, ou le contraire, par exemple : ni la maladie qui éprouve, ni la santé qui réjouit ne dépendent de nous, bien que nous puissions en être la cause, par exemple une vie désordonnée est cause de maladie, une vie bien ordonnée cause de santé; et la garde des commandements est cause du Royaume des cieux, de même que leur transgression l’est du feu éternel.

T. — Quoi donc? Ce pourquoi tu es affligé dans cet exil, c’est que tu as fait des choses dignes de cette aflliction?

M.— Je demande que Dieu circonscrive par cette affliction les peines de ceux qui péchèrent contre Lui par la transgression de ses justes commandements.

T. — L’affliction ne vient-elle pas à beaucoup en vue de les éprouver?

M.— Les saints sont éprouvés pour que, par leur affliction, soient manifestées pour la vie des hommes leurs dispositions naturelles pour le bien et que par elles soient illustrées leurs vertus ignorées de tous, comme en Job et Joseph. En effet le premier a été tenté pour que se manifeste sa force d’âme cachée; le second a été éprouvé pour que soit proclamée sa sainte chasteté; et chacun des saints a été aflligé en cet âge sans l'avoir voulu, selon des économies de ce type, afin de souffrir pour que soit pardonnée la faiblesse de ceux qui ont commercé avec le dragon apostat et orgueilleux, c’est-à-dire le diable, car la patience est l’œuvre de l’épreuve dans chacun des saints.

T. —Par la vérité de Dieu, tu parles bien, et je rends grâce à ton aide. Je cherchais toujours à parler ainsi avec vous, mais puisque c’est sur un autre chapitre que moi et messeigneurs les patriciens sommes venus vers toi et avons parcouru de pareilles distances, nous t’invitons à accueillir ce qui te sera proposé par nous et à réjouir ainsi toute la terre.

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