L’interventionnisme de l’État et la guerre totale

La Première Guerre mondiale, début de l’interventionnisme (source)

Le 11 novembre commémore l’armistice de la Première Guerre mondiale, aussi appelée la Grande Guerre. Cette guerre est réputée être la première guerre totale. Elle a été atroce pour les combattants, meurtrière, mutilante.
Je viens d’Arras, ligne de front de cette guerre, où se trouve un grand cimetière du Commonwealth. La campagne est parsemée de cimetières du Commonwealth. Des Allemands y ont également enterrés.

Une blessure morale générale

Cette guerre marque une cassure dans l’histoire de l’Europe. Son horreur a profondément marqué les esprits. Le personnage d’Arsène Lupin de Maurice Leblanc est devenu plus sombre après cette guerre. Gaston Leroux a imaginé une guerre sous-marine dans l’Atlantique (La bataille invisible). Il y a un avant et un après cette terrible guerre. Le pessimisme semble l’emporter, malgré la joie et la fierté de la victoire.
D’un point de vue démographique, la saignée a entraîné le recrutement d’étrangers, notamment de Polonais pour les mines du Nord et du Pas-de-Calais, dont mon grand-père. Une partie des hommes français dans la force de l’âge sont décédés. Cela a pu changer l’état d’esprit du pays.

La guerre financée par la planche à billets

D’un point de vue économique, cette guerre est également un événement important. Elle marque la fin du franc germinal, symbole d’une stabilité monétaire étonnante au cours du XIXe siècle. La Grande Guerre a été financée par la planche à billets, c’est-à-dire l’inflation.
Les États et les monarques avaient déjà l’habitude d’emprunter, et de ne pas forcément rembourser. Mais pour la première fois, l’État se finance à grande échelle via l’inflation. C’est à cause de la planche à billets que la Grande Guerre a pu durer aussi longtemps. C’est à cause de l’inflation qu’elle a pu avoir les moyens de causer tant d’horreurs.
Aujourd’hui, cette inflation paraît normale, une faible inflation étant souhaitée. On nous donne l’argument keynésien absurde que les gens se dépêchent de dépenser quand l’inflation augmente, ce qui soutiendrait la demande, en occultant le fait que le pouvoir d’achat diminue. En fait, l’inflation diminue les remboursements de la dette de l’État.
L’activisme monétaire provoque aujourd’hui des crises à répétition, conformément à la théorie des cycles économiques, ainsi que des inégalités. La Grande Guerre est l’événement fondateur de cette politique monétaire.

La Grande Guerre et le début de l’interventionnisme

La Grande Guerre a vu aussi l’État prendre le contrôle de l’appareil productif. C’était la guerre totale. Ce qui préfigure l’interventionnisme croissant de l’État dans l’économie par la suite. Ainsi, le président Herbert Hoover, qui a fait preuve d’un très grand interventionnisme pendant la crise de 1929, a-t-il joué un rôle dans l’administration américaine durant cette guerre.
Le cours de l’Histoire ne s’explique pas par un événement, fut-il aussi terrible que la Grande Guerre. Cependant, celle-ci peut représenter un symbole, une marche vers un état interventionniste financé par l’inflation. On peut aussi souligner qu’elle est le résultat de nationalismes exarcerbés par les dirigeants politiques.
Article initialement publié en novembre 2017.




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