LA PRIÈRE DANS NOTRE VIE SPIRITUELLE par Geronda MOÏSE [4]
[4ème partie]
OBSTACLES À LA PRIÈRE
par Geronda MOÏSE l'Agiorite de bienheureuse mémoire
Un Ancien de la Sainte Montagne avait l'habitude de dire aux jeunes moines: «Ne laissez pas vagabonder votre esprit dans les pensées et les imaginations! » Un autre Ancien a dit: «Au-dessus de ma cellule, beaucoup d'oiseaux voleront, je ne peux pas le leur défendre, mais ce que je peux faire, c'est leur interdire de faire leur nid sur mon toit! » Saint Jean de l'Échelle dit: «Même si votre esprit est constamment distrait de votre prière, vous devez lutter sans cesse pour l’y ramener. Nous ne serons pas condamnés parce que notre attention a été distraite dans la prière, mais plutôt parce que nous n'avons rien tenté pour l’y ramener. »
Les «pensées et imaginations» dont parle le premier Ancien nous perturbent beaucoup et peuvent constituer de sérieux obstacles à la prière. Une lutte longue et difficile peut être nécessaire pour les éliminer complètement. Cela est dû au fait que, dans de nombreux cas, même si ces pensées et ces imaginations sont étrangères à notre vraie nature, elles nous sont néanmoins très familières. Elles ont établi leurs tanières en nous. Nous nous y sommes accoutumés et, de toute évidence, nous les considérons tout à fait naturelles. Quand elles viennent perturber notre prière, la concentration peut être rapidement perdue. Et il advient que ces pensées ne puissent pas nous quitter quand nous voulons qu'elles disparaissent, surtout si elles correspondent à des désirs incontrôlés en nous, si elles sont le symptôme d’une faiblesse de notre volonté. Comme nous l'avons dit, la lutte peut être longue et difficile. Soyons honnêtes et n'essayons pas de cacher ou de justifier notre faiblesse.
Il y a d'autres obstacles à la prière, nombreux et variés. Il s’agit de la tergiversation, de l’anxiété et de la douleur liée à une maladie imaginaire. Il y a aussi un malaise, la faim, la soif, la somnolence, l’impatience, les souvenirs, la fatigue. Nous pouvons nous rappeler des détails que nous pensions avoir relégués dans l'oubli, des numéros de téléphone, des paroles des Anciens, des irritations et des ennuis du passé. Tout cela peut poser des problèmes aux débutants, mais cela ne doit pas nous décourager. En outre, il y a des imaginations et des craintes démoniaques qui troublent habituellement ceux qui sont avancés dans la prière, et parfois les débutants à un degré moindre.
Plus fondamentalement, nous pouvons dire que le diable utilise notre négligence et notre inattention de sorte que le cœur, non éclairé par la vie de prière, cède à une myriade de pensées et d'imaginations vaines qui nous éloignent de l'essence de la prière. Mais nous devons garder à l'esprit ce qui est dit dans la Divine Liturgie : «Les portes, les portes, dans la sagesse, soyons attentifs! » Les portes de l'esprit et du cœur doivent être bien gardées, de sorte que l'initiateur du mal n’en prenne pas le contrôle et ne puisse entrer librement.
Il est très difficile de garder nos pensées et de les protéger contre les mauvaises théories, les tromperies démoniaques, les fausses visions. Une attention toute particulière est nécessaire ici. L’objectif de la prière n'est pas la vision de Dieu, mais l’épanchement de sa miséricorde. Un fort désir de voir Dieu peut être le début de l'erreur. Considérons nous comme indignes et incapables, comme nous le sommes certainement, et si Dieu veut nous apparaître, alors tout est bien et bon. Mais ce ne devrait pas être notre objectif préoccupant.
Il y avait une fois un ascète qui priait dans le désert et une tentation vint le troubler. S’humiliant lui-même comme d'habitude, l'ascète était tenté par la présence d'une fausse lumière. Se croyant indigne de regarder la lumière divine, et voulant fuir les fausses lumières, il enterra son visage dans le sable. La tentation disparut et une paix inexprimable remplit le cœur de l'ascète. Cette histoire illustre à quel point il faut être conscient et sobre.
Gardons-nous donc contre les entraves. Soyons courageux, comme l’ascète mentionné par saint Nil l'Ascète, qui avait été mordu par un serpent en priant. Il ne bougea pas avant d'avoir terminé sa prière. « Et celui qui a aimé Dieu plus que lui-même n'a pas été blessé du tout. »
Un incident semblable est mentionné par Palladios au sujet d'un certain moine appelé Elpidios. Il a été piqué par un scorpion mais n'a pas quitté sa position de prière non plus.
Une caractéristique de l'homme contemporain, qui est plutôt décontracté à certains égards, est un fort sentiment d’urgence, et une grande impatience. Il désire obtenir beaucoup, rapidement et sans grand effort. L'impatience qui le possède l’incite à se dépêcher dans le domaine même de la prière ; Il veut des résultats immédiats, ici et maintenant. Il veut récolter des fruits avant même de semer. Sans une goutte de sueur, il attend des miracles, des visions et des révélations. De tels désirs, purs mais naïfs, de l'homme contemporain, qui, malgré sa folie, ne cesse de désirer Dieu, sont exploités de façon effrayante et dangereuse par les nombreux loups travestis en brebis qui ont infiltré le troupeau spirituel du Christ.
(Version française de Maxime le minime de la source)
À suivre
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