Un nouveau cessez-le-feu dans le Donbass et une armée ukrainienne qui ressemblent à un mauvais poisson d'avril
Alors qu'un nouveau cessez-le-feu est entré en vigueur cette nuit à minuit, l'Ukraine a tenu à montrer à quel point elle se fiche de respecter ses engagements dès le premier jour de ce cessez-le-feu, malgré ses belles promesses à Angela Merkel.
Ainsi durant les dernières 24 heures, l'armée ukrainienne a violé 86 fois le cessez-le-feu en République Populaire de Donetsk (RPD) dont sept fois après minuit. Tout y est passé des armes de petit calibre jusqu'à l'artillerie lourde de 122 mm et 152 mm, et même semble-t-il des munitions au phosphore blanc.
En effet, la nuit dernière lors du bombardement du point de passage de Yassinovataya par l'armée ukrainienne, la vidéo qui a été prise sur place montre l'explosion de plusieurs munitions incendiaires qui semblent bien contenir du phosphore blanc :
Les cartouches de ces projectiles explosées et non explosées vont être analysée pour vérification. Mais si cela est confirmé cela serait un nouveau crime de guerre cynique de l'armée ukrainienne contre la population du Donbass, clôturant une semaine déjà bien chargée avec 5 417 obus de mortier, de char d'assaut ou d'artillerie tirés par l'armée ukrainienne sur la RPD, et alors qu'un nouveau cessez-le-feu vient tout juste d'entrer en vigueur.
Ces bombardements ont fait un mort et un blessé parmi les soldats de l'armée de la RPD, qui se sont ajouté aux 6 morts et 20 blessés de la semaine (civils et soldats inclus), et détruit plusieurs habitations, comme dans le district de Petrovskyi à Donetsk, où Sébastien Hairon s'est rendu pour filmer les dégâts :
Au total ces dernières 24 h, trois maisons et une école ont été endommagées ou détruites en RPD, et cinq villages de la république ont été privés d'électricité suite à ces bombardements de l'armée ukrainienne.
En République Populaire de Lougansk (RPL), le cessez-le-feu a tenu à peine une heure… Dès 1 h 20 du matin, l'armée ukrainienne s'est mise à pilonner Kalinovka, puis d'autres localités de la ligne de front, là aussi avec toute la gamme allant des armes légères jusqu'à l'artillerie de 122 mm.
Des provocations dont on voit mal à quoi elles pourront mener de sérieux en terme d'offensive, tant l'état de l'armée ukrainienne se situe entre pitoyable et effarant.
En effet, le ministère de la défense ukrainien a annoncé à peine 28 morts et 175 blessés pour le mois de mars, alors que les chiffres réels sont d'environ 70 morts et plus de 350 blessés parmi les soldats ukrainiens (chiffres venant des hôpitaux et des organisations de volontaires ukrainiens). Il y a tellement de blessés que certains soldats sont envoyés à l'hôpital militaire de Kiev.
Ces mensonges constants démoralisent les soldats ukrainiens qui désertent en masse. Résultat à cause de ce manque de soldats les rotations prévues dans la zone de l'OAT sont suspendues sine-die. Mais cette stratégie augmente encore le mécontentement parmi les soldats qui veulent rentrer chez eux et se mettent en plus en plus à désobéir à leurs commandants. Toutes ces manifestations de mécontentement sont sévèrement réprimées par la division Alpha du SBU qui est arrivée dans la zone de l'OAT.
Le clergé de l'église orthodoxe ukrainienne [autocéphale] (qui n'est reconnue par personne) s'est mis lui aussi à essayer de remotiver les hommes, en envoyant ses prêtres sur le front pour bénir les soldats ukrainiens qui tuent des civils en présentant cela comme un « salut spirituel » (Sic).
Mais malgré tout cela, le commandement de l'OAT est obligé d'imposer une restriction de mouvement à ses soldats de 22 h à 5 h du matin à Kramatorsk, Dzerzhinsk, Dmitrov et Konstantinovka, pour réduire le nombre de déserteurs qui partent pour rentrer chez eux.
Et ce ne sont pas les rumeurs d'offensive imminente de la part de la RPD, censées renforcer la combativité des soldats ukrainiens qui améliorent la situation. Au contraire, les habitants des localités proches du front signalent que les soldats ukrainiens achètent massivement des vêtements civils pour se fondre parmi les habitants en cas d'escalade de la situation et cacher le fait qu'ils sont des soldats.
Toute ressemblance avec les techniques des djihadistes pour s'enfuir d'Alep Est n'est pas une coïncidence fortuite… Avec une armée dans un tel état on voit mal comment le commandement ukrainien espère mener une offensive de grande envergure, qui s'avère malheureusement de plus en plus inévitable, tant l'Ukraine plonge sur tous les plans (60 % de la population vit actuellement sous le seuil de pauvreté d'après l'ONU).
L'horloge tourne, et l'Ukraine poursuit sa descente en enfer. La question désormais n'est pas « si » mais « quand l'Ukraine va-t-elle toucher le fond et attaquer le Donbass en espérant ainsi remonter à la surface ? »
Christelle Néant
(source)
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Les débris des explosions se sont répandus sur une vaste zone |
Avez-vous entendu exploser le plus gros dépôt de munitions d’Europe le 23 mars
prochain? Pas vraiment? On se demande ici pourquoi.
Début mai 2004, les autorités cantonales de Schwytz alertent la Centrale nationale
d'alarme suisse (CENAL) basée à Zurich et qui dépend du Département de la
défense. Plusieurs lacs du centr e et de l'est de la Suisse sont pollués d'une fine
poussière grise composée de fer, d'aluminium, de bar yum et de strontium,
composants typiques des munitions. Après enquête, on découvre qu'il s'agit de
résidus d'une explosion d'un dépôt de munitions ayant eu lieu en Ukraine le 6 mai,
près de Melitopol, à quelques encablures de la mer d'Azov et du nord de la Crimée.
Toute la presse en parla. 300000 tonnes de munitions étaient stockées dans ce
dépôt, soit l'équivalent d'un train de 900 wagons.
Au plus fort de l'incendie qui a duré
une semaine, on comptait 5000 explosions à l’heure. Par miracle, il n'y eut que 5
morts mais tout de même 300 blessés et autant d'immeubles détruits alentours,
dans pas moins de 6 villages différents. Une catastrophe dont le coût fut estimé à
500 millions de dollars, selon la BBC à l'époque.
On l'oublie un peu trop souvent mais les munitions sont des polluants dévastateurs
car les métaux qui les constituent son extrêmement toxiques et cela même sans
uranium appauvri. En premier lieu elles contiennent toujours de ce plomb qui génère
le saturnisme et constitue un neurotoxique puissant, même à très faible dose, chez
le fœtus et l'embryon. Les fabricants d’armes lui allient généralement de l'antimoine
et de l'arsenic ou encore du cadmium, également très toxiques. Les explosifs eux-mêmes, comme le TNT, le RDX ou le Tetryl, peuvent être génotoxiques et/ou
mutagènes, c'est-à-dire qu'ils sont susceptibles de provoquer des cassures
chromosomiques et des dommages fonctionnels du génome. Enfin l’ écotoxicité est
évidente lorsqu'un territoire donné est dévasté par le feu, les ondes de choc et les
résidus polluants. La liste des méfaits des munitions est en fait très longue et leurs effets peuvent ressembler comme deux gouttes d' eau, en grandes quantités, à une
attaque militaire interdite, chimique par exemple.
Le 23 mars 2017, une autre catastrophe d'une ampleur presque équivalente semble
avoir sérieusement endommagé les tympans médiatiques. A part quelques brèves
d'agence façon acouphènes, quasiment aucun bruit de l'explosion des 133000
tonnes de munitions qui ont explosé à Balakliia, près de Kharkiv, n'est arrive jusqu'à
nos oreilles occidentales. Alors que les dégâts environnementaux sont énormes,
aucune ONG écologiste ne s’en est émue et la CENAL n'a pas davantage été activée.
Le contexte d'une telle catastrophe expliquerait-il l'arrêt de l'onde de choc au-dessus
des Alpes, comme en d’autres temps le nuage de Tchernobyl? Deux éléments nous
le font penser. En premier lieu l'explosion de dépôts de munition est un sport bien
documenté en Ukraine totalement soutenue par l'Occident en ce moment. Parmi les
plus récents souvenons-nous notamment de Lozova (un nœud ferroviaire dans la
même région de Kharkiv).
Le 27 août 2008, 95000 tonnes de munitions partirent en
fumée. On sait là-bas que la destruction volontaire des dépôts est le moyen le plus
sûr de camoufler les ponctions criminelles alimentant le trafic d'armes. Or une
rumeur tenace voudrait que les séparatistes du Donbass figurent parmi les clients
privilégiés de ce trafic depuis 2014. Le dépôt de Balakliia se trouve de fait en bordure
du front de l'Est ukrainien.
Mais comme toujours, les «causes inexpliquées» des faits divers en temps de guerre
sont nombreuses.
En grattant un peu, on découvre que l'OTAN est très présent dans
la gestion des stocks de munitions ukrainiens. Pour cause d'interopérabilité, ce pays
doit renouveler, d'ici 2017 (cette année donc) une quantité astronomique d'armes et
de munitions, soit 414000 tonnes d'armes et, surprise... 133000 tonnes de
munitions, exactement ce qui vient de partir en fumée la semaine dernière. Et ce
sont les chiffres de la NSPA (NATO Support Agency), basée au Luxembourg. L'hiver
dernier, ce très discret organisme qui fonctionne comme une méga centrale d'achat
avait fait parler de lui lorsqu'on découvrit qu'un de ses hauts fonctionnaires, Yves
Chandelon, avait été suicidé dans la nuque avec son fusil.
Or ce même NSPA, du temps où il s'appelait encore NAMSA, avait débloqué un
budget de pas moins de 25 millions d' euros pour démilitariser les munitions
ukrainiennes incompatibles OTAN. La société El Dorado Engineering Inc. (basée
dans l'Utah, à Salt Lake City) fut l'heureuse élue de ce pactole, même si c'était une
broutille par rapport à ce qu'elle reçoit par ailleurs du Pentagone.
Elle eut cependant la malencontreuse idée d'installer un incinérateur de déchets
explosifs, son fameux «Explosive Waste lncinerator» (EWI) défiant toute
concurrence, aux abords de Donetsk. Résultat: non seulement l'interopérabilité prit
du retard mais les paiements du contrat d'Eldorado furent sérieusement compromis.
Cependant, aucun journaliste n 'a eu l'idée de demander à Frédéric («Fred») Peugeot,
en charge du dossier au NSPA, ce qu'il en est. Pourtant, monsieur interopérabilité
pour l'Ukraine, c'est bien lui, cet ingénieur français, docteur en détonique de
l'Université de Poitiers. Personne n'est allé davantage demander à Bob Hayes ou
Glenn Jett Johnson, ses interlocuteurs américains, ce qu'ils pensaient du désastre.
Peut-être valait-il mieux, pour certains cerveaux pervers, faire exploser ce dépôt pour
atteindre les objectifs de démilitarisation pour 2017? A moins que le fait de polluer
très durablement le nord du Donbass, à une telle intensité, ne s’assimilât à un but de
guerre? Une attaque toxique interdite mais dont personne ne saura rien, même pas
notre CENAL. Le vent soufflait sans doute trop au sud ces jours-là.
(source : ENFUMAGES par Bernard Le Pic in ANTIPRESSE n°70 - 02/04/2017 )
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