PÈRE ÉPHREM LASH, MÈRE THÈCLE, JOHN TAVENER [1]

L'Archimandrite Ephrem Lash au York Minster à la sortie d'une réunion du General Synode en 2009 CREDIT: PA/ANNA GOWTHORPE
Père Ephrem Lash, archimandrite du Trône œcuménique, qui est mort âgé de 85 ans, était une personnalité entraînant la conviction tout en se montrant excentrique dans le monde de l'Orthodoxie anglaise, un monde d’ailleurs nullement dénué d'excentricité.

C’était un traducteur brillant et précis et un hiéromoine d’une humble simplicité dans sa vie quotidienne, avec un esprit espiègle. Son aspect « médiéval » - soutane noire, chapeau noir monastique (dernièrement un chapeau géorgien rempli de croix), avec une barbe fleurie semblable à - comme il a été dit une fois -une clématite grimpante - dissimulait son goût pour les derniers appareils high tec. Sur son smartphone, il avait téléchargé l'Ancien Testament en hébreu et en grec, et le Nouveau Testament en grec.

Lash avait beaucoup d'amis, mais il pouvait se montrer redoutable. Il se consacrait à la traduction des beaux textes de la liturgie byzantine, parce que, disait-il, «toutes les vieilles dames dans ma paroisse ne savent pas le grec classique ». Il avait également des convictions bien tranchées. S’étant consacré au chant byzantin, il prétendait ne pas aimer la musique orthodoxe russe, qu’il rejetait comme «ennuyant Dieu dans le ton quatre». C’était, cependant, dans ses mémorables recensions de livres que sa personnalité se manifestait le plus clairement, car il mêlait souvent un esprit pénétrant à un humour acéré.

Il a également été pendant de nombreuses années, le représentant orthodoxe au Synode général de l'Église d'Angleterre, où on lui portait une grande affection.

Christopher John Alleyne Lash est né le 3 Décembre 1930 en Inde, où son père, Henry Alleyne Lash, était brigadier dans l'armée indienne britannique. Les Lash formait une famille fortement anglicane - le père et grand-père du brigadier Lash étaient prêtres anglicans et un de ses frères, "Bill" Lash, était l'évêque de Bombay. Le père de Christopher s’était converti au catholicisme; sa mère, Joan Mary Moore, était d’origine irlandaise (protestante), mais tenait son catholicisme de son héritage également écossais, si bien que les enfants ont été élevés dans le catholicisme.



Archimandrite Ephrem Lash intervenant lors d'un débat sur La Prière du Seigneur au Synode GÉNÉRAL
 1998
 CREDIT: STEPHEN LOCK


Christopher était l'aîné de leurs quatre enfants. Il avait un frère, Nicolas, devenu professeur « Norris-Hulse » de théologie à Cambridge, et deux sœurs. En 1938, le reste de sa famille est retourné en Inde, laissant Christopher en internat dans une prep school ; à cause de la guerre, il ne devait pas les revoir jusqu'en 1944, date à laquelle il était à Downside.

En 1950, après son Service National à la Royal Artillery, il monta à l'université de St John d’Oxford, pour étudier les grands auteurs. Son cursus de premier cycle n'a pas été académiquement distingué, car il a consacré beaucoup de son temps à des activités théâtrales (il se disait fier d’avoir pour neveux les acteurs Ralph et Joseph Fiennes).

En venant d'Oxford en 1954, il a enseigné les humanités à l’Oratory School de Londres, et plus tard à la Hardye School à Dorchester. Ayant décidé de demander l'ordination, il a été envoyé par son évêque en formation au Séminaire Saint-Sulpice à Paris. Là, il a reçu l’enseignement du Père François Graffin spécialiste de la Patristique Syriaque, - qui était ravi de constater que son étudiant anglais avait un véritable intérêt pour le Syriaque – c’est ainsi qu’il a travaillé sur la version syriaque des Homélies Cathédrales de Sévère, un patriarche sixième siècle d'Antioche.

Lash a ainsi acquis une connaissance approfondie du français, et le programme à St-Sulpice incluait hébreu. Il a également appris le copte, l’éthiopien et l’arménien et a pu se familiariser avec le slavon. À Paris, il a été ordonné diacre, mais il n’est jamais allé jusqu’à la prêtrise dans l'Église catholique, peut-être parce que lui et son évêque en Grande-Bretagne ne voyaient pas du même œil l'avenir de Lash.

En 1974, Lash est retourné à Oxford pour travailler (comme un «tâcheron innocent », a-t-il dit) avec le professeur James Barr sur le Dictionnaire d’hébreu d’Oxford. Il s’est trouvé mal à l'aise avec le catholicisme anglais post-Vatican II, et bien qu'il ait traversé plutôt aisément les changements en France, il a commencé à faire ses dévotions à l'église orthodoxe de Canterbury Road, à Oxford.

En 1976, il a été reçu, en tant que diacre, dans l'Église orthodoxe grecque. Deux ans plus tard, il a été nommé à un poste d'assistant en Ancien Testament et Patristique à l'Université de Newcastle. L'été 1979, il a été ordonné prêtre par Mgr Athénagoras de Thyateira et de Grande-Bretagne, et on lui a donné le nom de Syméon. Il a pris une retraite anticipée de son poste à Newcastle en 1984 et il est parti pour la Sainte Montagne de l'Athos, où il est devenu moine à Docheiariou. Il a reçu alors le nom d'Ephrem et le titre d'Archimandrite.

En 1986, Lash retourné en Grande-Bretagne et s’est installé comme aumônier du monastère de l'Assomption à Normanby, près de Whitby, sur le bord des North York Moors. La communauté fut bientôt réduite à une seule religieuse, Mère Thekla, mais Lash est resté là pendant 10 ans. C’est par Mère Thekla qu’il est venu à connaître le compositeur John Tavener.

C’est à cette époque qu’il a mis toute son énergie pour traduire la liturgie. Sa version de la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome est devenue la base de la traduction officielle publiée en 1995. P. Ephrem Lash était peu amateur des traductions établies dans une langue liturgique prétendument intemporelle : ses traductions ont plutôt été écrites dans un anglais clair, élégant et précis. Ce travail a donné naissance à des articles sur des points textuels, dont la plupart est parue dans la revue Sobornost.

Parmi ses nombreuses autres traductions ont été Sur la Vie du Christ : Kontakia en 1995 et en 2009, il a publié un livre de prières orthodoxe. Sa traduction d'un Psautier liturgique à partir du texte grec de la Septante était presque complète à sa mort.

En 2004, en reconnaissance de son travail de traduction, il a été nommé archimandrite du Trône œcuménique (de Constantinople). Il a déménagé à Londres en 2006, où il a servi dans une ancienne chapelle galloise à Holloway.

Ces derniers temps, il traduisait l’office des funérailles orthodoxe, qui était sous sa main quand il est mort.
Fr Ephrem Lash, est né le 3 Décembre 1930, et est décédé le 15 Mars 2016

(version française par Maxime le minime de la source)
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