Rappel des Saints Pères sur les adultères et l'égalité de l'homme et de la femme
Contrairement à ce que l'on veut faire accroire fréquemment, voire systématiquement, ceux que l'on appelle les Pères de l'Eglise, malgré l'apparence virile que leur confèrent, dans l'iconographie traditionnelle, leur air sévère et leur longue barbe fournie, n'étaient en aucune façon des piliers de ce que l'on vilipende sous le nom de patriarcat. En aucune façon, ils n'étaient les prosélytes de l'inégalité des sexes qui était plutôt seulement l'état des sociétés dans lesquelles ils vivaient et qui faisaient fréquemment l'objet de leurs critiques. C'est d'ailleurs une contre-vérité scandaleuse mais bien répandue que le Christianisme, que l'on préfère bizarrement désigner sous l'étiquette, désormais infamante et chargée de tous les maux, de "judéo-christianisme", soit considéré comme la source de tout le mépris des femmes. Que l'on en juge plutôt...
"Quant à l'adultère, il faut commencer par dissiper plusieurs préjugés : celui de croire qu'il n'y a adultère que lorsque les deux coupables sont des gens mariés, celui de mesurer la gravité de l'adultère au rang social de la personne lésée, celui enfin de l'inégalité de l'homme et de la femme, ce dernier préjugé ayant toujours été profondément ancré dans l'arrogance mâle et soutenu soit par les lois (qu'on songe par exemple aux rafles de la police, ayant toujours pour objet les prostituées, mais jamais les libertins qui les débauchent, souvent plus criminels qu'elles, et sans lesquels il n'y aurait pas de prostituées), soit par les mœurs (dans tel ou tel pays, une femme qui tombe, même par faiblesse, au lieu d'être redressée, est assassinée par sa propre famille, " afin de laver le déshonneur ", tandis qu'un mâle débauché n'est jamais inquiété par cette même famille, ses débauches au contraire sont des exploits qui lui assurent la réputation d'un Don Juan !).
St Grégoire le Théologien |
Parlant de cette inique discrimination dans la loi romaine, St GRÉGOIRE LE THÉOLOGIEN dit: "Et la femme, se décidant à un mauvais acte contre le lit conjugal, commet l'adultère, et amères sont dans son cas les sanctions de la loi; tandis que le mari qui commet l'adultère n'a pas à rendre compte. Je n'accepte pas cette législation, je n'approuve pas cette coutume : les législateurs étaient des hommes, c'est pourquoi cette législation est contre les femmes." (Sur Mt. 191-12, Dise. 37, 6 (P.G. XXXVI, 289).
St JEAN CHRYSOSTOME s'élève avec véhémence contre ces trois préjugés : "Le corps du mari n'est plus au mari, mais à sa femme. Qu'il lui garde donc sa propriété sauve, qu'il ne la diminue pas ni ne la corrompe. Et en effet nous appelons ce serviteur-là ‘fidèle’, qui, ayant reçu l'argent de son maître, n'en détruit rien. Puisque donc le corps du mari est la propriété de sa femme, qu'il soit fidèle quant au dépôt qui lui a été confié. Que ce soit cela qu'il signifie par les paroles : 'Qu'il lui rende la fidélité' (1 Cor. 73), [cela ressort] de ce qu'il ajoute: 'La femme ne dispose pas de son corps, mais le mari ; pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais sa femme '. Quand donc tu vois une prostituée tendant l'appât, le piège, et amoureuse de ton corps, dis-lui : 'ce corps n'est pas le mien, il est à ma femme ; je n'ose en abuser, ni le livrer à une autre '. Et que la femme fasse de même.
Car là l'égalité est grande... Comment en effet ne serait-il pas absurde que recevant sa dot, tu montres toute fidélité, et ne la diminues en rien ; mais ce qui est plus précieux que toute dot, la chasteté et la dignité de ton propre corps, lequel est sa propriété, tu les corrompes et les souilles? Si tu amoindris sa dot, tu t'acquitteras à ton beau-père; mais si tu amoindris la chasteté, c'est à Dieu que tu t'acquitteras, qui a institué le mariage et t'a confié ta femme. Et que cela soit vrai, écoute ce que dit St PAUL Sur les adultères : 'Car celui qui rejette cela, ce n'est pas un homme qu'il rejette, c'est Dieu, lui qui vous fait le don de son Esprit Saint' (1 Thess. 48)
Vois-tu par combien de choses le discours a démontré que l'adultère, ce n'est pas seulement de corrompre une femme mariée, mais aussi n'importe quelle prostituée, du moment que tu as femme ? En effet, de même que nous disons qu'une femme commet l'adultère, celui avec qui elle pèche fût-il un serviteur, fût-il qui que ce soit, du moment qu'elle a un mari : ainsi un homme commet l'adultère, dût-il être impudique avec une esclave, avec n'importe quelle fille publique, du moment qu'il est marié ... Et en effet, c'est de là que viennent les innombrables destructions des familles, les innombrables querelles; c'est par là que l'amour s'écroule, que la fidélité est évacuée. Car de même qu'il est impossible à un homme chaste de dédaigner sa femme et de la mépriser, ainsi il est impossible à un impudique et licencieux d'aimer sa femme, fût-elle plus belle que toutes, Car c'est de la chasteté que naît l'amour, de l'amour mille biens." [Hom. sur 1 Cor. 72, 4 (p.G. LI, 214-5)]"
(extrait du livre du Père Georges Habra - qui pour être melkite, n'en est pas moins fidèle à l'enseignement des Pères orthodoxes - Amour et concupiscence )
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