Le pouvoir ne peut pas être christianisé, comme la mort ne peut non plus être christianisée
Le pouvoir ne peut pas être christianisé, comme la mort ne peut non plus être christianisée.
P. Grigorios Papathomas |
Il parait sur Internet des textes qu'on lit à leur parution et puis qu'on oublie et qu'il faut donc relire. Voici donc quelques extraits du texte si important Sécularisation et Ecclésialité de l'Archimandrite Grigorios Papathomas, digne pasteur des âmes, publié sur le site Orthodoxie.com qu'il n'est pas inutile de rappeler.
"Pour aborder le phénomène, le problème de la sécularisation dans sa cause principale, il faudrait considérer celle-ci comme une sorte de tentation permanente de l’Église, qui est au fond la troisième tentation du Christ : la tentation à laquelle le Seigneur est soumis au début de son parcours sur terre.
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D’un autre côté, considérant qu’elle peut apporter au monde un système politico-social idéal, l’Église se sécularise massivement ne serait-ce qu’à travers le combat de substituer, acquérir et maintenir le pouvoir séculier. À propos de cela, nous ignorons quelque chose d’extrêmement important : le pouvoir peut se hisser au-dessus des citoyens, mais ne peut jamais se hisser au-dessus du monde et de la sécularisation. Même sa suprématie envers les citoyens, exprime sa tendance vers l’absolutisation ; car il fait, lui aussi, parti du créé. Le pouvoir ne peut pas être christianisé, comme la mort ne peut non plus être christianisée.
Lorsque l’Église est entraînée dans cette direction, ses visions eschatologiques perdent leur centre de gravité ; une version sécularisée de l’Église est alors présentée aux hommes, qui ne correspond ni à sa nature ni au contenu de la réponse donnée par le Christ à la troisième tentation. Elle oublie son identité et se transforme en une simple institution de ce monde, en devenant purement éonistique. Elle ressent alors le besoin de se justifier au niveau séculier et absolutise son oeuvre sociale et philanthropique. Bref, l’Église ne peut pas s’identifier au pouvoir politique, sans être en contradiction avec son identité, sa nature et sa mission, parce que justement l’Église ne peut être limitée à la forme de ce monde.
[...]
Par ailleurs, il est vrai que la sécularisation a toujours été pour l’Église une grande tentation : chercher à imiter ou bien chercher à concerter avec les forces de ce monde, qui prétendent s’attacher à des questions telles que la destination de l’homme ou le but de l’Histoire. Plus précisément, les Églises établies localement se fixent comme ambition de devenir des Églises nationales séculières ou des religions utilitaires, flirtant avec l’historicisme séculier et adoptant l’esprit du monde déchu.
Il est certes vrai qu’une Église sécularisée devient, par définition, une idéologie religieuse, parce que c’est justement alors qu’elle descend au niveau des données médiocres et débiles d’un monde déchu et aboli. "
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