À la recherche d’un PÈRE SPIRITUEL ... ? Attention, qui veut faire le saint pourrait faire le singe !


Comment devenir saint ?
C’est en faisant intégralement la Volonté de Dieu.
Chaque fois que nous faisons de notre propre volonté la Volonté divine nous sommes saints... du moins à cette occasion, à cet instant.
Chaque fois que nous entrons volontairement dans le dessein de Dieu nous sommes saints.
Chaque fois que nous faisons quelque chose ou chaque fois que nous nous comportons selon sa Volonté nous nous comportons en saint.
Sommes-nous saints par essence, par identité, en nous-mêmes, définitivement ?
Certes non, il n’est pas d’homme qui ne pèche pas, seul Dieu est saint, rappelle-t-on à chaque office pour les défunts, même quand tous les gens attentifs,ou les naïfs ou les distraits... les considère saints. Ce qui signifie bien que c’est seulement à certains moments que nous sommes saints, quand nous nous comportons d’une certaine manière, inspirés par l'Esprit Saint, en union avec Dieu.
Voilà pourquoi ceux que l’on appelle saints, et qui savent très bien – et pas seulement par humilité volontariste mais par simple réalisme expérimental – qu’ils ne sont pas tout le temps saints, et qu’ils retombent systématiquement dans le péché, se déclarent avant tout pécheurs. Il n’y a aucune confiance à avoir dans un guide spirituel qui ne se déclare pas pécheur ; aucune. Fuyons-le illico. Celui qui se laisse idolâtrer sans réaction doit être fui immédiatement.

Celui qui fait le pieux, le sage, le vertueux, singe le saint.
Dans le fond l’alternative est là : qui veut faire l’ange fait la bête dit Pascal.
Autrement dit, celui qui prétend faire le saint fait le singe !




Et faire la volonté divine qu’est-ce que c’est ?
Ce n’est pas forcément en suivant la morale humaine de son époque (il est évident, particulièrement de nos jours, que « ce qui vaut en deçà des Pyrénées ne vaut pas au-delà » – pour citer encore une fois Pascal – malgré l’impérialisme des idéologies occidentales et le « droit d’ingérence » (nouvelle formulation bien pensante contemporaine de « Got mit uns »), ni même en suivant ce qu’on appelle la morale religieuse car notre foi chrétienne orthodoxe malgré les pharisiens et moralistes de toute époque n’a pas de rapport, pas plus que l’Evangile lui-même, c'est-à-dire la parole de Notre Seigneur Jésus Christ, c'est-à-dire la Parole de Dieu Lui-même, avec des règles morales bien pensantes, fussent-elles d’apparence orthodoxe, n’en déplaise aux fines bouches en cul de poule (encore une fois : qui veut faire l’ange fait la bête !) qui veulent nous imposer une image d’Epinal ou Saint-sulpicienne comme l’on voudra, de la sainteté éternelle.

Une seule chose à faire : se reconnaître pécheur.
Est-ce de la culpabilité maladive ? Grave, Docteur ?
Juste du réalisme ! Il n’y a qu’à se regarder dans la glace.
Où est la glace ?
Elle est partout.
Chez son propre frère, chez la voisine, chez son épouse, chez son époux, chez ses enfants, chez ses collègues de travail, chez son chien…

Pendant des années j’ai cru qu’il me fallait chercher LE Père spirituel. Mais je parle en tant qu’orthodoxe ordinaire, qui ne vit pas dans le cadre spécifique, les règles et les aides de la vie monastique avec la direction d’un higoumène. Je parle en laïc qui vit dans le monde, c'est-à-dire comme l’immense majorité des chrétiens orthodoxes (il n’y a ici que ceux-ci qui m’intéressent).

Alors on nous dit :

Il n’y a plus d’Anciens, plus de Staretz, et d’aucuns répondent : ce n’est pas tout à fait exact il faut seulement voyager peut-être, et puis aussi parler grec ou roumain ou peut-être russe…

Certains disent : Il n’y a plus d’Anciens, plus de Staretz, et d’autres répondent c’est surtout qu’il n’y a plus de disciples... et c’est bien évident que l’obéissance ne caractérise pas notre époque, même si cette vertu peut-être quelquefois contestable en soi, il n’empêche que techniquement, et je m’en tiendrai là, il ne peut pas y avoir de transmission spirituelle ou autre sans obéissance, sans laquelle rien se fait. D’ailleurs, pour ne citer qu’un auteur orthodoxe (?!) fort connu, Confucius je crois, « Celui qui ne sait pas obéir ne saurait commander ». Tiens on devrait peut-être le rappeler à certains qui sont au plus « haut » niveau de la hiérarchie et qui veulent nous représenter mondialement. Il y a des canons, non ? L’exemple viendrait-il d’en haut ? Bref plus personne n’obéit ma pauv’ dame… Demandez aux parents, aux militaires, aux profs, aux higoumènes…

Il n’y a plus d’Anciens, plus de Staretz, et d’autres encore répondent : il faut se plonger dans les livres pieux des anciens. La rencontre avec le Livre, ouais… Bien des erreurs et des illusions guettent ceux qui s’immergent dans les livres à défaut de personnes réelles. Il en est de même que ceux qui se plongent avec délices dans les récits hagiographiques sans discernement et qui veulent copier des modèles de sainteté qui sont totalement étrangers à leur contexte de vie, hors de leur portée ou qui n’en sont tout simplement pas.


Alors que nous reste-t-il ?

Au fait, qu’est-ce qu’un Père spirituel authentique ? A quoi peut-il bien servir ?
C’est peut-être bien surtout un miroir de nous-mêmes, qui nous renvoie à ce que nous sommes vraiment, c'est-à-dire des pécheurs. Point. Nous attendons quoi de lui ? Des recettes pour ne plus pécher, des consignes ou une règle de prière voire une règle de vie que nous ne suivrons pas ? Nous voulons qu’il décide à notre place ? C’est facile de faire semblant devant lui, de faire le pieux, le vertueux mais quand nous l’avons quitté et quand il ne nous voit pas... soyons sûrs d’une chose Dieu Lui nous voit.
Alors s’il s’agit de trouver un miroir qui nous renvoie notre belle image originelle souillée, par notre faute, je prétends que n’importe qui, n’importe quoi fait l’affaire ; pardonnez cette irrévérence. J’ai dit : Chez son propre frère, chez la voisine, chez son épouse, chez son époux, chez ses enfants, chez ses collègues de travail, chez son chien… Voilà nos pères spirituels à nous qui sommes dans le monde sans avoir trouvé de père spirituel. Il suffit d’écouter et de se voir dans le regard des autres pour reconnaître à quel point nous sommes pécheurs dans les plus petites choses, les plus ordinaires de la vie quotidienne, dans nos relations avec tous.

Nous qui sommes dans le monde, nous ne sommes certes pas de ce monde, mais ne nous faisons pas d'illusions, ne faisons pas semblant que nous n’y sommes pas. Nous y sommes jusqu’au cou.

J’ai souvent entendu parler de « Moine dans le monde », c’est dans l'air du temps depuis quelque temps ça. Il y en a même qui sont « ordonnées » « Célibataires consacrées » par des Métropolites (quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce que c’est ? C’est bien orthodoxe ça ?). Je ne parle pas de personnes veuves qui deviennent moines ou moniales, ni de couples mariés depuis longtemps, qui ont eu des enfants, n'en auront plus et qui d'un commun accord avec la bénédiction de leur évêque deviennent moines, mais de "célibataires consacrés dans le monde". Notre Eglise dans sa sagesse, a bien prévu que les prêtres mariés sont largement majoritaires et pas les hiéromoines dans nos paroisses, car les moines sont faits pour les monastères et les ermites pour les ermitages lorsque leur higoumène l’a jugé légitime et faisable… Chacun a sa vocation, le sacerdoce qui est une vocation particulière est bien distinct de la vie monacale qui est une autre vocation. Mais des moines dans la ville, du « monachisme intériorisé » je n’ai pas très bien compris ce que c’était comme si vivre en orthodoxe en ce monde n’était pas suffisant.

Pour finir il est possible que l'on rencontre un Père spirituel, mais il en est des Anciens comme des médecins, chacun a sa spécialité non ? Il y en a qui sont plus doués pour certaines maladies. Certains conviennent mieux à certains mais pas à d'autres. Seuls de très grands saints conviennent à tous.
Lire l’excellent article « Le culte du héros, maladie de notre sainte lutte» de l'évêque Photios de Marathon sur le blog Orthodoxie libre


Et puis... il est bien possible que l'on ne rencontre que ce que l'on est capable de voir et de rencontrer... Seigneur Jésus aie pitié du pécheur que je suis ! Chacun sa mesure, tous les disciples ne sont pas montés au Thabor. Voir la parabole des talents.

Maxime le minime

Commentaires

Anonyme a dit…
Bien que je pense que vous avez d'autres choses à faire ces jours ...., j'aimerai quand même vous envoyer des documents au sujet du monachisme intériorisé. Mais je ne sais comment faire. Avez vous une adresse e-mail ?
Merci
Antoine (monk-ey-@hotmail.com)
Maxime le minime a dit…
Je vous réponds à votre adresse e-mail