Pécher : rater la cible…


source
sur le site interbible

Péché

Hébreu : חטאת (hatta't)
Grec : αμαρτία (amartia)
Latin : peccatum

Il existe une riche variété de termes pour désigner la notion de « péché », chacun y ajoutant une nuance particulière. On peut lire dans le Dictionnaire encyclopédique de la Bible (page 995) une définition aussi brève que claire des trois termes les plus courants: hatta' t, cawôn et peshac..

• Le nom usuel hatta' t provient d'un mot qui signifie « manquer le but ou la cible ». Le péché apparaît alors « comme un manquement objectif, contre les hommes ou contre Dieu ».

• « Le mot cawôn, littéralement « ce qui est tordu, de travers », souligne éventuellement l'aspect moral du péché; mais il met lui aussi en relief sa réalité, son objectivité: ce n'est pas la conscience psychologique qui est en est la mesure ».

• « Le mot peshac, "révolte", "rébellion", vise l'intention mauvaise elle-même et souligne l'initiative prise dans la rupture. C'est lui qui rend le mieux l'aspect religieux du péché: opposition de la volonté humaine à Dieu, refus d'écouter, infidélité et rejet ».

La notion de « péché » apparaît comme une réalité complexe et ne se réduit pas à la simple transgression d'un précepte. Même s'il est un acte objectif, que l'on peut cerner et définir avec précision, il reste que le péché n'est pas un concept abstrait qui loge dans le monde merveilleux des idées immuables ou dans les sévères codes de lois. Le péché est inscrit dans la vie des sujets personnels que sont les êtres humains.

Le mot hatta' t est utilisé autant dans le monde profane que dans le monde de la religion. Il est utilisé dans le cadre d'une conception dynamique de l'existence. Il suppose un lien étroit entre l'individu et la communauté, de même qu'entre la transgression et la condamnation. Il y a manquement, hatta' t, dès qu'une relation communautaire est lésée: un homme peut manquer vis-à-vis un autre homme ou vis-à-vis Dieu. À partir du moment qu'un rapport communautaire implique des normes de conduite, on contrevient à un tel rapport en transgressant les normes. On manque donc l'objectif que la communauté s'était fixé.

Cette conception du péché comme manquement aux exigences de la vie communautaire exprime, malgré son apparence juridique, l'importance de la relation entre les individus. Le terme hatta' t conviendra bien pour exprimer le manquement aux exigences de l'Alliance, l'infidélité à la parole donnée de suivre les voies du Seigneur. Puisque le peuple de Dieu tire son existence de l'Alliance, ces manquements sont une atteinte non seulement à la volonté de Dieu mais à l'identité même du peuple. Le péché, c'est le comportement qui fait passer à côté du projet de Dieu pour son peuple. Les prophètes insistent pour montrer que le péché ne situe pas seulement au niveau religieux. Il y a aussi transgression de l'Alliance quand on passe à côté de ses devoirs de respect, de soutien, de justice envers les membres du peuple. Ce sont également les prophètes qui approfondiront la dimension morale du péché, en montrant que la tendance à manquer aux exigences de la vie de foi a son siège dans le coeur de l'être humain. Le meilleur exemple de cet approfondissement du sens du péché est donné par le psaume 50. Les expressions de la reconnaissance du péché sont nombreuses et variées; elles côtoient aussi des affirmations sur la bonté, la fidélité et la miséricorde de Dieu. Toute la prière est orientée vers la demande du pardon qui est perçu comme une re-création du coeur:

Aie pitié de moi, ô Dieu, selon dans ta grande miséricorde 
et dans ton immense compassion efface mon péché
Lave-moi de plus en plus de mon iniquité 
et de mon péché purifie-moi […]
Crée en moi un cœur pur ô Dieu
et renouvelle en ma poitrine un esprit droit[…]


Psaume 50

Yves Guillemette, ptre

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