FÊTE DE L'ASCENSION DE NSJC : Pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ?
Apprenez (…) la joie qu'ont témoignée les troupes célestes pour notre réconciliation. Lorsque Notre-Seigneur naquit selon la chair, les anges voyant qu'il était réconcilié avec les hommes (car il ne serait jamais descendu si bas s'il n'eût été réconcilié), voyant, dis-je, cette oeuvre consommée, ils formèrent des choeurs sur la terre, et ils s'écriaient dans leurs transports : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre, et bienveillance aux hommes. (Luc, II, 14.) Et afin que vous sachiez qu'ils glorifient Dieu pour les biens qu'a reçus la terre, ils ajoutent la raison en disant : Et paix sur la terre, et bienveillance aux hommes, aux hommes qui s'étaient montrés ingrats envers le Créateur , qui étaient ses ennemis déclarés. Vous voyez comme ils glorifient Dieu pour le bonheur d'autrui, ou plutôt pour leur bonheur propre, puisqu'ils regardent ce qui nous arrive d'heureux, comme leur étant personnel. Voulez-vous apprendre qu'ils se réjouissaient et qu'ils triomphaient lorsqu'ils devaient voir Jésus-Christ monter au ciel, écoutons-le lui-même : Vous verrez bientôt, dit Jésus-Christ, les cieux ouverts, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'Homme. (Jean, I, 51.) Les anges, dit-il, montaient et descendaient sans cesse; ce qui annonce combien ils désiraient de voir un spectacle merveilleux. C'est l'usage de ceux qui aiment de ne pas attendre le moment où arrivera l'objet aimé, mais de le prévenir par les transports de leur joie. Les anges descendent, parce qu'ils sont empressés de voir un spectacle nouveau et extraordinaire, la nature humaine placée dans le ciel. Voilà pourquoi les anges paraissent, et lorsque Jésus-Christ vient au monde, et lorsqu'il ressuscite, et aujourd'hui qu'il monte au ciel: Deux hommes, dit l'Evangile, parurent vêtus de blanc, annonçant leur joie par la blancheur de leurs habits, et ils dirent aux disciples : Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? ce Jésus, qui, en vous quittant, s'est élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'y avez vu monter. (Act. I, 10 et 11.)
Élevons-nous donc, mes très-chers frères, et tournons les yeux de notre esprit vers le retour de notre Sauveur : Dès que le signal aura été donné, dit saint Paul, par la voix de l'archange, le Seigneur lui-même descendra du ciel. Et nous autres, qui sommes vivants, qui serons demeurés ici-bas jusqu'alors, nous serons transportés dans les nues pour aller au-devant du Seigneur, au milieu des airs, mais non pas tous. Car, pour vous convaincre que nous ne serons pas tous transportés dans les nues, mais que les uns s'élèveront dans les airs, et que les autres resteront, écoutez ce que dit Jésus-Christ : Alors, de deux femmes qui moudront à un moulin, l'une sera prise et l'autre laissée; de deux hommes qui seront dans un même lit, l'un sera pris et l'autre laissé. (Matth. XXIX, 40 et 41.) Que signifie cette énigme? que veut dire ce mystère caché? Par le moulin, Jésus-Christ nous désigne tous ceux qui vivent dans la pauvreté et dans la peine; par le lit et le repos, il marque ceux qui sont dans les richesses et dans les honneurs : et voulant nous montrer que parmi les pauvres, les uns seront sauvés, les autres périront, il dit que de deux femmes qui moudront à un moulin, l'une sera prise et l'autre laissée. De deux hommes qui seront dans un même lit, l'un sera pris et l'autre laissé, dit-il encore, voulant faire entendre que les pécheurs seront laissés pour attendre leur punition, tandis que les justes seront transportés dans les nues. Lorsqu'un prince fait son entrée dans une ville, ceux qui sont constitués en honneurs et en dignités, ceux qui jouissent le plus de sa confiance, sortent de la ville pour aller à sa rencontre: tandis que les criminels, déjà condamnés par les tribunaux, restent enfermés dans les prisons publiques, pour attendre la sentence du prince : de même lorsque Jésus-Christ paraîtra, les justes qui ont sa confiance, iront au-devant de lui au milieu des airs; tandis que les pécheurs qui ont commis une infinité de crimes, resteront en bas pour attendre le souverain Juge. Alors, nous serons transportés nous-mêmes dans les nues. Quand je dis nous, je ne me mets point au nombre de ceux qui jouiront de ce glorieux avantage : je ne suis pas assez dépourvu de sens et de raison pour ignorer mes propres fautes; et si je ne craignais de troubler la joie de la fête présente, cette unique parole et le souvenir seul de mes péchés, me feraient verser un torrent de larmes. Mais comme je ne veux point mêler des idées tristes à la sainte allégresse que vous inspire cette fête, je termine ici mon instruction, en vous présentant une pensée qui rappellera sans cesse ce jour à votre mémoire.
(…) que ceux qui vivent dans le péché se pleurent eux-mêmes, et que ceux qui sont pleins de bonnes oeuvres, prennent de l'assurance; ou plutôt, afin que les uns ne prennent pas seulement de l'assurance, mais qu'ils se confirment dans le bien; et que les autres ne se contentent pas de pleurer , mais qu'ils changent, puisque celui qui a vécu dans le vice peut y renoncer, revenir à la vertu, et jouir des mêmes priviléges que ceux qui ont toujours mené une vie (258) sage.
(extraits de l'homélie de St Jean Chrysostome sur la Fête de l'Ascension)
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