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icône de Philippe Grall de l'atelier Saint André |
Le bienheureux Augustin
"Pour redonner au mouvement œcuménique le tonus spirituel qui lui manque, les chrétiens ont à concilier deux exigences. D'une part, ils ne devraient œuvrer pour recomposer l'unité perdue que s'il est bien établi à leurs yeux qu'être chrétien c'est, nécessairement adhérer au dogme trinitaire, et confesser sans ambiguïté la filiation divine et donc la résurrection de Jésus-Christ. Secondement, les chrétiens soucieux de mettre le mouvement œcuménique dans la bonne direction, devraient prendre la conscience la plus vive du fait que l'agnosticisme ou l'athéisme de toute notre modernité a de profondes racines dans une certaine présentation très répandue du christianisme. L'homme moderne ne peut plus accepter qu'on lui parle d'une certaine manière du péché, de la sexualité, du corps, de la liberté, de Dieu. Des causes ont provoqué en profondeur et pour très longtemps la rupture, tout d'abord entre l'Occident et l'Orient chrétiens, puis, à l'intérieur même de l'Occident, un schisme entre l'Eglise romaine et l'Extrême-Occident de la Réforme éclatée en un pullulement de communautés.
Ce sont les mêmes causes qui ont émietté le christianisme et qui donnèrent à l'homme moderne l'envie de le vomir. Nous devons consentir à effectuer un retournement de l'intelligence et du cœur, en changeant de mentalité théologique, en repensant de fond en comble tout ce qui dans la présentation qui fut faite du christianisme fut un prisme qui trop souvent a déformé la doctrine chrétienne d'une manière totalement inacceptable pour les hommes du 21ème siècle. Cessons de dramatiser le péché, de croire que son contraire est la vertu et non pas la foi et l'amour, de placer le droit et la loi plus haut que la miséricorde. Simone Weil (la philosophe) a parlé d'athéisme purificateur. Elle avait en vue ceux qui se font de Dieu une idée trop pure pour pouvoir confondre avec Dieu les caricatures qu'en ont faites ceux qui autour d'eux se disaient chrétiens. Il y a ceux qui croient croire et il y a ceux qui croient ne pas croire. Beaucoup de ceux qui, de nos jours, disent ne pas croire sont peut -être en réalité des hommes et des femmes à qui ne fut pas accordée la rencontre avec d'autres hommes et d'autres femmes qui croient, ce qui s'appelle croire. Si nous nous convertissons ainsi, non seulement nous rendrons notre vision chrétienne de l'homme accessible à l'homme d'aujourd'hui, mais nous parviendrons enfin à la réconciliation, simultanément doctrinale et ecclésiale. Il n'y a peut-être pas d'athées mais seulement des incroyants qui n'ont jamais rencontré la présence de Dieu dans l'existence même de ceux qui s'en réclament, des incroyants à qui il fut donné de ne rencontrer que des croyants nullement divinisés, et dont la façon d'annoncer l’Évangile n'a que trop longtemps défiguré le message du Christ et de l'Église." (à suivre)
(article paru dans la revue "Orthodoxes à Marseille" n°134 de déc.-janv. 2010-2011
et retranscrit par Maxime le minime avec la permission de Père André Borrely)

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