DÉSARMER PIERRE C’EST RÉARMER PAUL...



Quand j'étais beaucoup plus jeune, j'habitais une petite résidence au pied de laquelle se trouvait un petit centre commercial. Un jour que je descendais de mon immeuble je fus interpellé par une violente dispute entre deux hommes qui se transforma rapidement en rude bagarre et ni l'un ni l'autre ne ménageait son adversaire. J'essayais de comprendre un instant ce qui se passait et pourquoi ces deux hommes en étaient venus aux mains, mais les seules insultes proférées dans la rage par l'un et par l'autre explicitaient mal les causes du conflit. D'ailleurs je fus rapidement obligé d'arrêter là ma réflexion car l'un des boxeurs venait de se saisir d'une barre de fer et on pouvait voir sans tergiverser qu'il était prêt à tuer l'autre, ni plus ni moins. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je crois simplement que je n'aurai pas supporté d'assister à un meurtre : je me suis jeté dans la bagarre et j'ai ceinturé par derrière celui qui avait saisi la barre de fer pour l'empêcher de se servir de son arme en hurlant aux deux enragés d'arrêter tout ça immédiatement. Et voilà ce qui arriva : Comme l'un des deux ennemis était momentanément désarmé, l'autre en profita immédiatement pour le bourrer de coups de poings et de coups de pied que j'ai eu bien du mal à éviter moi-même. Écoeuré par ce qui se passait j'ai aussitôt lâché l'homme que je tenais ceinturé en lui demandant platement de m'excuser, tout penaud que j'étais d'avoir obtenu un aussi piètre résultat et de lui avoir involontairement porté préjudice. Je me suis fait copieusement insulté évidemment, et la bagarre a repris de plus belle. Je me suis alors éloigné et, totalement dépité et troublé, je suis parti à un rendez-vous pour lequel j'étais descendu de chez moi.

Cette expérience a laissé durablement son empreinte dans mon esprit et m'a fait révisé mes convictions pacifistes...

Plus tard, en me remémorant cette mésaventure, j'ai repensé également à une expérience du même genre que j'avais vécue quand j'étais enfant et qui aurait pourtant dû me servir de leçon. J'avais voulu en effet intervenir dans un combat entre mon chien que je promenais et un autre chien de rencontre. La bagarre ne cessait évidemment pas malgré les rappels à l'ordre de mon chien et les nombreux et désespérés "Viens ici !" étaient pathétiquement inutiles. Je me souvins alors d'un conseil que j'avais entendu pour séparer deux chiens et arrêter le combat et je décidai de l'appliquer : je saisis les pattes arrière de mon chien et l'obligeai par là à lâcher prise. Mais que se passa-t-il ? - L'autre en profita aussitôt pour le mordre sans retenue...évidemment ! Il s'en est suivi une confusion dans laquelle je ne sais plus ce j'ai vraiment fait entre les coups de pied que j'ai donnés, les hurlement que j'ai poussés, le collier que j'ai saisi et peut-être l'aide que m'ont apportée d'autres passants. Je suis tout de même parvenu à retourner à la maison avec mon chien mais quelle horreur !....

Voilà, dans l'un comme dans l'autre cas, chercher à comprendre, et évaluer l'injustice, le tort ou la méchanceté pour choisir son camp est de peu de secours dans l'urgence et la rage du combat. Mais également désarmer Pierre c'est réarmer automatiquement Paul. Que faut-il faire ? sans doute est-il nécessaire de séparer les deux ennemis, mais il faut en avoir les moyens efficaces et le faire en bloquant simultanément et avec vigilance et durablement le réarmement de deux ennemis. Qui peut faire ça ? Une force extérieure puissante non partie prenante. Et puis il y a lieu de panser les plaies, soigner les blessures, enterrer et pleurer les morts, et alors seulement écouter ce que chacun a à dire légitimement et réorganiser les relations équitablement.... C'est possible ça ??? Qui a intérêt à cela ? Peut-être un Chrétien...

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