MÉMOIRE du SAINT MARTYR PANTELEIMON (11)


Alors le bourreau ordonna de faire fondre de l'étain dans un grand chaudron et d'y jeter le martyr. Lorsque l'étain se mit à bouillir, Pantéléimon fut conduit près du chaudron. Il leva les yeux vers le ciel et dit: « Exauce ma prière Seigneur, quand je Te supplie; de la crainte de l'ennemi délivre mon âme. Protège-moi contre les complots des méchants, contre la multitude de ceux qui commettent l'injustice »(Ps.63,2-3). Alors qu'il priait ainsi, le Seigneur lui apparut à nouveau sous l'aspect d'Hermolaüs et, l'ayant pris par la main, entra avec lui dans le chaudron. Le feu s'éteignit aussitôt et l'étain se refroidit. Le martyr entonna alors les paroles du psaume: « Pour moi, j'ai crié vers Dieu et le Seigneur m'a exaucé. Le soir, le matin et à midi, j'en ferai le récit, j'en publierai la nouvelle et Il exaucera ma demande» (Ps.54,17-18). Les personnes présentes s'étonnèrent du miracle et l'empereur s'exclama: « Qu'adviendra-t-il si le feu même s'éteint et si l'étain se refroidit? A quel supplice livrerai-je ce sorcier? ». On lui donna alors le conseil suivant: « Qu'on le jette dans les profondeurs de la mer et il périra instantanément, car il ne pourra pas ensorceler la mer entière ». Et c'est ce que le bourreau ordonna.
Les serviteurs s'emparèrent du martyr, le conduisirent sur le littoral, le mirent dans un bateau et lui attachèrent une grosse pierre au cou. S'étant éloignés de la côte, ils le jetèrent à la mer et regagnèrent le rivage. Lorsqu'il se retrouva dans les flots, Pantéléimon vit le Christ lui apparaître à nouveau sous les traits d'Hermolaüs, comme la première fois. La pierre qu'il portait attachée à son cou devint légère comme une feuille, de sorte qu'il s'en servit comme d'une planche pour regagner la rive, marchant à la surface de l'eau comme jadis l'Apôtre Pierre, guidé par la main droite du Christ. Il accosta en chantant et louant Dieu, puis se rendit devant l'empereur qui, stupéfait d'un tel miracle, s'écria:

-Quelle est la puissance de ta sorcellerie, Pantoléon, pour que la mer te soit soumise ?

-La mer est également soumise à mon Maître et accomplit Sa volonté!

-Alors, tu possèdes aussi la mer?

-Pas moi, mais mon Christ, Créateur et Maître de toutes les choses visibles et invisibles. Il possède le ciel et la terre, et même la mer où Son chemin et Ses sentiers sont tracés dans les grandes eaux (Ps.76,20). Sur quoi, le bourreau ordonna d'apprêter le cirque en dehors de la ville, pour y livrer le martyr aux bêtes. La ville entière se rassembla pour le spectacle, désireuse de voir comment un si beau et innocent jeune homme serait dévoré par les fauves. L'empereur vint aussi; il conduisit le jeune homme au lieu de son supplice et lui désigna les bêtes du doigt en disant: « Elles ont été préparées pour toi: écoute­moi et ménage ta jeunesse; aie pitié de la beauté de ton corps. Sacrifie aux dieux, sinon tu mourras d'une mort cruelle, déchiqueté par les crocs des fauves». Mais le saint préféra les crocs à une suggestion aussi maligne. On le livra donc aux fauves. Le Seigneur apparut à nouveau au saint sous les traits d'Hermolaüs, ferma les gueules des animaux et les rendit doux comme des brebis, à tel point qu'ils s'approchèrent de Pantéléimon en rampant pour lui lécher les pieds. Il les caressa un par un, et chacun écartait son voisin pour pouvoir approcher le martyr. Le peuple fut très surpris en voyant cela et beaucoup s'écrièrent: « Grand est le Dieu des chrétiens ! Que ce jeune homme juste et innocent soit libéré !». L'empereur fut pris d'une grande colère et il envoya ses soldats l'arme à la main contre la foule de ceux qui avaient glorifié le Christ Dieu et les fit massacrer. Il ordonna aussi de tuer les animaux. Voyant cela, le martyr exulta en disant: «Gloire à Toi, Christ Dieu, parce que non seulement les hommes, mais les animaux aussi meurent pour Toi!».

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