De l’enfer au paradis par Geronda Aimilianos
Ce qui suit est l'histoire que Geronda Aimilianos a racontée de sa propre expérience mystique, mais il l'a racontée à la troisième personne:
«Permettez-moi de vous raconter l'histoire d'un certain moine que j'ai connu un jour. Tout comme nous avons tous des moments difficiles, il traversait lui aussi une période très critique de sa vie. Le diable avait enflammé son cerveau et voulait le dépouiller de sa dignité monastique et le transformer en un misérable chercheur de la prétendue vérité. Son âme rugissait comme une vague déferlante et il cherchait à se libérer de sa détresse. De temps en temps, il se souvenait de la prière du cœur, mais celle-ci ne résonnait que faiblement en lui, car il n'y croyait pas. Ses environs immédiats n'étaient d'aucune aide. Tout était négatif. Son cœur était sur le point de se briser. Comme l'homme devient misérable quand il est en proie à des problèmes! Et qui parmi nous n'a pas connu des jours aussi terribles, des nuits sombres et des épreuves angoissantes?
Notre moine ne savait pas quoi faire. Les promenades n’avaient aucun effet sur lui. La nuit il s’étouffait. Et une nuit, à bout de souffle, il ouvrit la fenêtre de sa cellule pour prendre une profonde inspiration. Il faisait noir - c’était vers trois heures du matin. Dans sa grande lassitude, il était sur le point de fermer la fenêtre dans l'espoir de pouvoir se reposer au moins quelques instants. À ce moment précis, cependant, c'était comme si tout ce qui l'entourait - même l'obscurité à l'extérieur - était devenu lumière! Il regarda pour voir d'où venait cette lumière, mais elle venait de nulle part. Les ténèbres, qui n’ont pas d’existence propre, sont devenues des lumières, bien que son cœur soit resté dans l’obscurité. Et quand il s'est retourné, il a vu que sa cellule était aussi devenue lumière! Il a examiné la lampe pour voir si la lumière venait de là, mais celle-ci, petite lampe à huile ne pouvait pas devenir une telle lumière elle-même, ni ne pouvait tout éclairer .
Bien que son cœur ne soit pas encore illuminé, il avait un certain espoir. Surpris et ému par cet espoir, mais sans être pleinement conscient de ce qu'il faisait, il se rendit dans la cour obscure du monastère, qui lui avait souvent semblé être un enfer. Il est sorti dans le silence, dans la nuit. Tout était clair comme le jour. Rien n'était caché dans l'obscurité. Tout était dans la lumière: les poutres en bois et les fenêtres, l'église, le sol sur lequel il marchait, le ciel, la source d'eau qui coulait continuellement, les grillons, les lucioles, les oiseaux de la nuit - tout était visible, tout ! Et les étoiles sont descendues et le ciel s’est abaissé, et il lui a semblé que tout, la terre et le ciel étaient devenus comme le ciel! Et tout, ensemble, chantait la prière [i.e. du cœur], tout disait la prière. Et son cœur s’est étrangement ouvert et a commencé à danser; il a commencé à battre et à participer involontairement à la même prière ; ses pieds ont à peine touché le sol. Il ne savait pas comment il avait ouvert la porte et pénétré dans l'église, ni quand il s'était vêtu; il ne savait pas quand les autres moines étaient arrivés ou quand la liturgie avait commencé. Qu’était-il arrivé exactement, il ne savait pas. La connexion ordinaire des choses avait disparu et il savait seulement qu'il se tenait devant l'autel, devant le Dieu invisible, célébrant la liturgie. Et frappant, pour ainsi dire, les clés de son cœur et de son autel, sa voix retentit au-dessus de l’autel, au-delà des cieux. La liturgie a continué. L'Évangile a été lu. La lumière n'était plus tout autour de lui, mais avait construit son nid dans son cœur. La liturgie a pris fin, mais le chant qui avait commencé dans son cœur était sans fin. Dans son extase, il a vu que le ciel et la terre chantaient cette prière sans cesse, et que le moine ne voyait vraiment que lorsqu'il en était animé. Pour que cela se produise, il lui suffisait de cesser de vivre pour lui-même. "
(Version française par Maxime le minime de la source )
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