Quand donc nous emploierions quatre-vingt ans au service de Dieu dans la solitude, le temps que nous règnerons avec lui dans le ciel ne sera pas borné par une si petite durée ; mais au lieu de ce nombre d’années, nous jouirons de sa gloire et de ses couronnes durant toute une éternité. Ayant combattu sur la terre, nous n’hériterons pas la terre, mais le ciel ; et après avoir quitté ce corps mortel, nous le reprendrons tout revêtu d’immortalité. C’est pourquoi, mes enfants, ne nous décourageons point, n’ayons point d’impatience, et ne nous imaginons pas que nous faisons beaucoup pour Dieu, puisque les souffrances de cette vie n’ont point de proportion avec la gloire dont nous jouirons en l’autre (Rm 8, 18).
Que nul d’entre vous ne pense avoir beaucoup quitté en quittant tout ce qu’il avait : car si toute la terre étant comparée à la vaste étendue du ciel, ne peut passer que pour un point, même nous l’avions toute possédée et l’avions quittée, qu’aurions-nous fait pour acquérir le royaume du ciel ? Et comme on méprise une drachme pour en gagner cent, ainsi celui qui serait maître de toute la terre et y renoncerait pour gagner le ciel, perdrait fort peu et gagnerait le centuple. Mais si toute la terre ensemble est indigne d’être comparée au ciel, celui qui quitte seulement quelques arpents de terre, peut dire qu’il n’a rien quitté ; et quand il aurait quitté une belle maison et de grandes richesses, il ne doit ni s’en glorifier, ni en avoir du regret, mais considérer que, même s’il n’avait point abandonné toutes ces choses pour faire une action vertueuse, la mort le contraindrait à les quitter et il serait peut-être contraint de les laisser, comme il arrive souvent, à ceux qu’il ne voudrait pas, ainsi qu’il est dit dans l’Ecclésiaste (4, 8). Ce qui fait qu’il n’y a rien que nous ne devions abandonner volontairement et dans le dessein de plaire à Dieu, afin d’acquérir le Royaume du ciel. N’ayons donc aucun désir de rien posséder ; car quel avantage y a-t-il de posséder des choses que nous ne saurions emporter avec nous ? Mais efforçons-nous d’en acquérir qui nous suivront dans le tombeau, comme la prudence, la justice, la tempérance, la force, l’intelligence des choses saintes, la charité, l’amour des pauvres, la foi en Jésus-Christ, la douceur d’esprit, et l’hospitalité. En possédant toutes ces qualités, elles nous feront obtenir d’être reçus dans l’heureux séjour de ceux qui sont doux et humbles de cœur.
Mais il faut bien prendre garde qu’elles ne nous entraînent pas dans la négligence ; ce que nous éviterons en considérant que nous sommes serviteurs de Dieu et obligés de lui rendre une entière obéissance. Un serviteur, en effet, n’oserait dire : Je ne travaillerai point aujourd’hui parce que j’ai travaillé hier ; il n’allègue pas ses services passés pour se dispenser de les continuer. Mais comme il est rapporté dans l’évangile, il témoigne toujours la même promptitude à servir, afin de plaire à son maître et éviter sa colère et ses châtiments. Ainsi nous devons travailler continuellement dans la sainte manière de vivre que nous avons embrassée, sachant que si nous nous relâchions un seul jour, notre maître ne nous le pardonnerait pas en considération de nos actions précédentes, mais serait en colère contre nous à cause de notre négligence, comme il est écrit dans Ezéchiel (18, 24.26). Ainsi Juda, par l’infidélité d’une seule nuit, perdit tout le fruit de ses travaux passés. C’est pourquoi, mes enfants, demeurons fermes dans l’observance de nos règles et ne succombons pas au découragement puisque, comme il est écrit, Dieu travaille avec nous et coopère avec celui qui est résolu à bien faire (Rm 8, 28).
Que nul d’entre vous ne pense avoir beaucoup quitté en quittant tout ce qu’il avait : car si toute la terre étant comparée à la vaste étendue du ciel, ne peut passer que pour un point, même nous l’avions toute possédée et l’avions quittée, qu’aurions-nous fait pour acquérir le royaume du ciel ? Et comme on méprise une drachme pour en gagner cent, ainsi celui qui serait maître de toute la terre et y renoncerait pour gagner le ciel, perdrait fort peu et gagnerait le centuple. Mais si toute la terre ensemble est indigne d’être comparée au ciel, celui qui quitte seulement quelques arpents de terre, peut dire qu’il n’a rien quitté ; et quand il aurait quitté une belle maison et de grandes richesses, il ne doit ni s’en glorifier, ni en avoir du regret, mais considérer que, même s’il n’avait point abandonné toutes ces choses pour faire une action vertueuse, la mort le contraindrait à les quitter et il serait peut-être contraint de les laisser, comme il arrive souvent, à ceux qu’il ne voudrait pas, ainsi qu’il est dit dans l’Ecclésiaste (4, 8). Ce qui fait qu’il n’y a rien que nous ne devions abandonner volontairement et dans le dessein de plaire à Dieu, afin d’acquérir le Royaume du ciel. N’ayons donc aucun désir de rien posséder ; car quel avantage y a-t-il de posséder des choses que nous ne saurions emporter avec nous ? Mais efforçons-nous d’en acquérir qui nous suivront dans le tombeau, comme la prudence, la justice, la tempérance, la force, l’intelligence des choses saintes, la charité, l’amour des pauvres, la foi en Jésus-Christ, la douceur d’esprit, et l’hospitalité. En possédant toutes ces qualités, elles nous feront obtenir d’être reçus dans l’heureux séjour de ceux qui sont doux et humbles de cœur.
Mais il faut bien prendre garde qu’elles ne nous entraînent pas dans la négligence ; ce que nous éviterons en considérant que nous sommes serviteurs de Dieu et obligés de lui rendre une entière obéissance. Un serviteur, en effet, n’oserait dire : Je ne travaillerai point aujourd’hui parce que j’ai travaillé hier ; il n’allègue pas ses services passés pour se dispenser de les continuer. Mais comme il est rapporté dans l’évangile, il témoigne toujours la même promptitude à servir, afin de plaire à son maître et éviter sa colère et ses châtiments. Ainsi nous devons travailler continuellement dans la sainte manière de vivre que nous avons embrassée, sachant que si nous nous relâchions un seul jour, notre maître ne nous le pardonnerait pas en considération de nos actions précédentes, mais serait en colère contre nous à cause de notre négligence, comme il est écrit dans Ezéchiel (18, 24.26). Ainsi Juda, par l’infidélité d’une seule nuit, perdit tout le fruit de ses travaux passés. C’est pourquoi, mes enfants, demeurons fermes dans l’observance de nos règles et ne succombons pas au découragement puisque, comme il est écrit, Dieu travaille avec nous et coopère avec celui qui est résolu à bien faire (Rm 8, 28).
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