péché 1


Le péché, c'est l'écart, le manquement, par rapport à la cible, la séparation. C'est être éloigné de la Source de telle sorte que l'on ne pense plus, l'on ne parle plus, l'on n'agit plus que par soi-même, avec toutes les variations et les errances et donc les erreurs de son état d'esprit passager... (c'est dire que les occasions ne manquent pas)... au lieu d'avoir maintenu en soi l'Esprit Saint - acquis de toutes les manières les plus variées et les plus adéquates selon chacun (ce que préconise si précisément Saint Seraphim de Sarov, ce maître extraordinaire) - Esprit Saint qui seul sait ce qu'il convient de penser, de dire, de faire selon les circonstances changeantes en étant toujours (un véritable) fidèle, c'est à dire dans la stabilité de la présence de Dieu en laquelle on se tient, à son contact, plus, en son inhabitation.
Donc "Il n'est personne qui vive qui ne pèche pas..." comme le répète le prêtre à chaque office des morts. Combien de fois m'est-il arrivé, après m'être bien "préparé" à la communion c'est à dire avoir jeûné selon les canons, récité consciencieusement l'office de prières complet et m'être confessé, d'être soudain irrité par l'attitude de tel frère ou soeur juste avant de communier ? Autant dire que tout ce que j'avais si bien préparé était effacé en un instant. Mais le sublime office de la Sainte Communion, dont la théologie orthodoxe est si profonde et qui a tout prévu dans sa connaissance intime du pécheur, vient alors à mon secours avec la seconde prière de Saint Jean Damascène :
"Je me tiens devant les portes de ton sanctuaire et les pensées qui me combattent ne me quittent pas. Mais ô Christ, notre Dieu, Toi qui as justifié le publicain, qui as pris en pitié la chananéenne et qui as ouvert au larron les portes du paradis, ouvre-moi les entrailles de ton amour des hommes et tandis que je m'approche de toi et que je te touche, accueille-moi comme la pécheresse et l'hémorroise; l'une ayant touché le bord de ton vêtement reçut immédiatement la guérison, et l'autre ayant saisi tes pieds sacrés obtint la rémission de ses péchés. Et moi, misérable j'ose recevoir ton Corps tout entier ! Ne me consume pas mais accueille-moi comme ces deux femmes, illumine les sens de mon âme et brûle la souillure de mes péchés par les prières de celle qui t'a enfanté sans semence et des Puissances célestes, car tu es béni dans les siècles des siècles. Amin !"
La sainteté conçue comme perfection de la Vertu, n'existe pas dans l'Orthodoxie : on ne connaît pas de Saints proclamés dont on sache qu'ils soient sans péché. Mais même chez les Catholiques, une "Sainte" comme Thérèse de-l'Enfant-Jésus-et-de-la-Sainte-Face affirmait : " Quand un enfant a des difficultés, il appelle. Il ne s'étonne pas de tomber et se relève aussitôt". Tomber et se relever : What else ? comme dirait l'autre. Point d'état stable en ce monde, en cette vie. Impermanence dit-on si justement dans le Bouddhisme. Ce n'est donc pas fini pour quelques années...
D'ailleurs il n'y a pas que des désavantages à pécher si l'on peut dire car l'humilité n'existe pas sans l'aiguillon du péché, qui fait tomber "par chance" les plus grands ascètes, talonnés par l'orgueil, dont toute la vie est pourtant consacrée par le grand habit à la prière, comme dans l'icône de Jean de l'Echelle, montrant les prétendants au Royaume si près des bras du Seigneur tomber dans ceux des noirs démons, de même dans les fresques médiévales occidentales du Jugement dernier montrant nombre de soutanes, de mitres et de tonsures engloutis dans la gueule des démons de l'enfer...
Cependant, au bas de l'échelle, voire dans les bras des démons ou dans la gueule béante de l'enfer, il y a quand même quelque chose à faire , une seule, comme notre père déchu Adam dans l'icone de la Résurrection : tendre la main à Notre Sauveur pour se relever et sortir de là. C'est peu finalement, non ? Alors au diable le péché ! (sic)
On se relève et on poursuit son chemin. Et cela n'a rien à voir avec le salaud sartrien...
Dieu est avec nous !

Commentaires