Dimanche de la Samaritaine - Ars orandi, ars credendi !

Est-ce que tous les chemins mènent au salut ?



Une homélie du P. James Guirguis :
En ce dimanche, nous entendons l'histoire de la Samaritaine au puits. C'est un long et fascinant passage qui mérite d'être étudié avec soin et je vous encourage à le faire. Je voudrais me concentrer sur certaines des choses difficiles que notre Seigneur Jésus-Christ dit à la femme au puits. Dans notre société, nous sommes conditionnés pour ne pas faire de vagues avec ce que nous disons. On nous apprend à être politiquement correct dans tous nos discours. On nous apprend qu'il n'y a pas de vérités absolues et de réalités objectives, mais que les opinions et les sentiments se valent.

Notre Seigneur Jésus-Christ est le grand guérisseur et pourtant, il peut aussi diviser en cela que sa parole est une épée à deux tranchants. Elle impose ses contraintes dans nos vies et cette parole a le pouvoir d’unir, cependant qu’elle peut très bien nous diviser et nous mettre en contradiction avec les autres. Dans de tels moments, nous ne devrions pas être surpris que des gens nous lancent des accusations. Ils peuvent nous traiter de haineux et de cruel et bien d’autres choses, mais nous sommes en paix si nous suivons le roi de la paix. Nous voulons que les autres connaissent la vérité d'une vie avec le Christ et en Christ.

Dans le passage d’aujourd’hui, notre Seigneur dit à la Samaritaine : «Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.». C’est vraiment une déclaration extraordinaire qui rompt toutes nos conventions et règles en matière de discours poli et prévenant. La prévenance  est une bonne chose, mais jamais au détriment de la vérité.
Les Samaritains étaient un rejeton de la foi juive. Ils croyaient au même Dieu. Ils avaient la Torah de Moïse comme leurs saintes écritures. Ils étaient très semblables dans leurs croyances et pourtant le Seigneur déclara hardiment qu'ils adoraient ce qu'ils ne connaissaient pas! Il alla encore plus loin en leur disant que leur culte et leur pratique de la religion n'étaient pas salvifiques. Cela signifie que la manière dont ils pratiquaient leur foi ne les conduiraient pas au salut. Tout cela nous fait vraiment réfléchir et nous interroger sur les voies de Dieu. Ce ne sont pas nos voies. Ses pensées ne sont pas nos pensées.
De nos jours, j’entends souvent dire: «Nous prions tous le même Dieu.» Mais en réalité ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ? Nous ne prions pas tous le même Dieu. Mais si nous allons plus loin, selon le Seigneur, même adorer le même Dieu de la mauvaise manière signifie que nous ne comprenons pas notre culte et qui nous adorons, ce qui signifie que notre salut même est en en péril. Cette opinion ne vient pas de moi, ce sont les mots même du Christ  qu’Il a prêchés.
Selon le Seigneur Jésus, le salut vient des Juifs. Cela est certainement vrai puisque nous savons que notre Seigneur Lui-même est né dans le peuple juif et qu'Il est notre salut. Mais cette parole nous apprend beaucoup sur la connaissance et le culte de Dieu. Tout n'est pas simplement une question de sentiments ou d'opinions. Certaines questions très importantes nécessitent une définition, une précision et une dose salutaire de réalité. Notre Seigneur nous dit que notre culte et nos pratiques religieuses dépendent de tels sujets.
Il continue dans le passage d'aujourd'hui en disant: « Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent doivent adorer en esprit et en vérité. » Saint Basile le grand, commentant ce verset dit ceci: « Adorer dans l'Esprit implique que notre intelligence ait été illuminée. Considérez les paroles prononcées à la Samaritaine. Selon la coutume locale, on l’a trompée en lui faisant croire que le culte ne pouvait être offert que dans un lieu spécifique. Mais le Seigneur, dans l’objectif de la corriger, lui a dit que le culte devrait être offert en esprit et en vérité. Par vérité, c’est de Lui-même qu’il parlait. »
La façon dont nous adorons est un signe de notre façon de croire et de ce que nous croyons. En tant que chrétiens orthodoxes, nous croyons qu'il existe de bonnes manières d'adorer Dieu et de mauvaises manières d'adorer Dieu. Il y a aussi de bonnes manières de parler de Dieu et de mauvaises manières de parler de Dieu. Il y a finalement de bonnes manières de connaître Dieu et de mauvaises façons de connaître Dieu. Sans croyance juste, nous n'aurons pas un culte juste et sans culte juste, nous n'entrerons pas dans une foi juste et dans une pratique qui nous amène dans une relation juste avec le Seigneur. C'est la relation juste avec le Seigneur qui nous conduit au salut.
C’est tout ce constitue l’Église orthodoxe; Tenir les doctrines et les pratiques qui nous ont été transmises, avec amour et respect, afin de les partager avec l'humanité. Le christianisme orthodoxe parle d'êtres humains qui acquièrent une connaissance juste de Dieu et établissent une relation juste avec Lui par le biais d'une pratique authentique de la foi et d'un culte approprié.
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela aujourd'hui ? Parce que je veux que nous comprenions que l'Église n'est pas un musée mais un temple vivant pour Dieu. L’Église est une institution de l’Amour de Dieu pour l’humanité. Ce que nous faisons et ce que nous croyons sont étroitement liés et ils comptent autant l’un que l’autre ! Faire partie de la communauté des chrétiens orthodoxes n’est pas simplement pour nous une question de préférence, mais bien une question de salut. Vous avez peut-être eu diverses raisons de revenir à l'ancienne foi apostolique, mais Dieu a, dans son abondante miséricorde, vous a intégrer dans l'Église pour vous guérir et vous sauver.
Ne soyons pas inconsistants et indécis comme beaucoup de cette génération, mais soyons comme la femme au puits qui a fermement saisi la vérité quand elle lui a été révélée. Elle s'appelle Ste Photini et nous célébrons sa fête le 26 février. Sa rencontre avec le Christ a changé sa vie et elle a voyagé partout pour répandre l'Évangile de Jésus-Christ. Elle a même donné sa vie en martyre à Rome. C’est cela changer de vie. C’est cela un culte en esprit et en vérité… et ce type d’amour pour le Christ et son Église est ce que le Seigneur désire pour nos vies.
(version en français de Maxime le minime de la source

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