La règle de prière donnée à la future Reine de France Marie- Antoinette par sa mère Marie-Thérèse

Quand la jeune Marie-Antoinette, alors âgée seulement de 15 ans, est promise au futur roi Louis XVI, suite à leur mariage par procuration le 19 avril 1770, elle s’apprête à quitter sa terre natale, l’Autriche, pour rejoindre la cour de Versailles. En bonne mère et reine avertie, Marie-Thérèse lui prodigue dans une lettre ses derniers conseils, afin de représenter dignement sa couronne et gagner les faveurs des Français. Ses premières recommandations feront de Marie-Antoinette la reine la plus célèbre de l’histoire de France, mais aussi la dernière…(1)

L’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, son mari, et treize de leurs seize enfants.
 Détail d’un tableau de Martin van Meytens, 1754.   Photo De Agostini. Getty Images


ANNÉE 1770
MARIE THÉRÈSE à MARIE ANTOINETTE
Règlement à lire tous les mois.

Ce 21 avril, jour du départ
A votre réveil vous ferez tout de suite, en vous levant, vos prières du matin à genoux et une petite lecture spirituelle, ne fût-ce même que d’un seul demi-quart d’heure, sans vous être encore occupée d’autre chose ou avoir parlé à personne. Tout dépend du bon commencement de la journée et de l’in- tention dont on la commence, ce qui peut rendre les actions même indifférentes bonnes et méritoires. C’est un point sur lequel vous serez très-exacte ; son exécution ne dépend que de vous, et il peut en résulter votre bonheur spirituel et temporel. Il en est de même avec les prières du soir et examen de conscience; mais je répète encore, celles du matin et la petite lecture spirituelle sont des plus importantes. 
Vous me marquerez toujours de quel livre vous vous servez. Vous vous recueillerez pendant le jour 1e plus souvent que vous pourrez, surtout à la sainte messe. J’espère que vous 1’entendrez avec édification tous les jours, et même deux les dimanches et les jours de fête, si c’est coutume à votre cour. Autant que je souhaite que vous soyez occupée de la prière et bonne lecture, aussi peu voudrais-je que vous pensiez introduire ou faire autre chose que ce qui est la coutume en France ; il ne faut prétendre rien de particulier, ni citer ce qui est ici d’usage, ni demander qu’on l’imite; au contraire il faut se prêter absolument à ce que la cour est accoutumée à faire. Allez, s’il se peut, l’après-dinée, et surtout tous les dimanches aux Vêpres et au Salut. Je ne sais pas si la coutume est en France de sonner l'angélus, mais recueillez-vous alors, si non en public, du moins dans votre cœur. Il en est de même pour le soir ou en passant devant une église ou croix, sans vous servir cependant d’aucune action extérieure que de celles qui sont de coutume. Cela n’empêche pas que votre cœur ne puisse se concentrer et faire intérieurement des prières, la présence de Dieu étant à cet effet le moyen unique dans toutes les occasions ; votre incomparable père possédait en perfection cette qualité.
 En entrant dans les églises, soyez d’abord pénétrée du plus grand respect et ne vous laissez pas aller, à à vos curiosités qui causent les distractions. Tous les yeux seront fixés sur vous, ne donnez donc point de scandale. En France on est très-édifiant dans les églises et toujours en public ; il n’y est pas, comme ici, des oratoires qui sont trop commodes, donnent souvent lieu au relâchement dans le maintien et de la facilité à se parler, ce qui scandaliserait beaucoup en France Tant que vous pouvez, restez à genoux ce sera sera la contenance la plus convenable pour donner l'exemple? Ne vous permettez aucune contorsion, qui est l'air d'hypocrisie; il faut, surtout dans ce pays-là, éviter e reproche. Vous ferez, si votre confesseur l'approuve, vos dévotions toutes les six semaines, de même que les grands jours de fête, et nommément de la Sainte Vierge ; dans ces jours ou la veille n'oubliez pas la dévotion particulière de votre maison pour la Sainte Vierge, dont elle a aussi éprouvé une protection particulière en toute occasion. 
Ne lisez aucun livre même indifférent, sans en avoir préalablement demandé l'approbation de votre confesseur : c'est un pont d'autant plus nécessaire en France parce qu'il s'y débite sans cesse des livres remplis d'agrément et d'érudition, parmi lesquels il y a sous de vos respectable bien des pernicieux à l'égard de la religion et des mœurs. Je vous conjure donc, ma chère fille, cette marque la plus réelle de votre tendresse et obéissance pour les conseils d'une bonne mère, qui n'a en vue que vote salut et votre bonheur. N'oubliez jamais l'anniversaire de feu votre cher père, et le mien à son temps ; en attendant vous pouvez perende celui de ma naissance pour prier pour moi. []

Pastel de Marie-Antoinette réalisé par Joseph Ducreux en 1769
 à l'intention du Dauphin afin qu'il puisse faire connaissance de sa future épouse.


Commentaires

Ortho a dit…
Pauvre Reine de France, elle a bu le calice de l'opprobre jusqu'à la lie, livrée aux chiens révolutionnaires, qui lui auront tout fait subir.Pauvre Reine. Puisse son âme être en Paix.