Existe-t-il un homme qui ne connaisse pas la tribulation?
Les tribulations sont celles qu’endurait le peuple d’lsraël, ce sont ses peines, ses tourments. Ce sont celles de toute âme. Existe-t-il un homme qui ne connaisse pas la tribulation? Malheur à lui! La tribulation, la peine, l'affliction sont le secret quotidien de toute âme. Chaque âme se trouvant à nos côtés est déchirée par un martyre journalier. La tribulation est cependant l'élément le plus positif de notre vie. Il est impossible de rencontrer une âme qui ne passe pas à travers les peines et l'affliction Cependant, je vis ma propre peine, mon secret personnel et chacun(e) de vous, vous avez les vôtres. Je ne connais pas dans quelle mesure vous souffrez et vous, vous ne savez pas ce que j’endure. Chacun de nous pense être le seul à peiner, à être tourmenté. C’est la raison pour laquelle nous soupirons : «Dieu m'a oublié ! » Ces paroles révèlent l’attitude d’une âme qui ne veut pas connaître Dieu et qui ne veut pas 1’aimer.
Où est la vérité, puisque chacun de nous croit être le seul à se trouver dans les tourments? Ce qui façonne chaque âme et la prépare aux noces mystiques, c’est la tribulation, Paffliction. C'est elle qui nous détache de notre histoire individuelle, de notre propre existence, et fait de nous des hommes universels. Le cri mystique de chaque âme commence avec la tribulation. Un homme qui ne connaît pas l'affliction devient égoïste, incapable d’aimer Dieu.
Dans ma tribulation j'ai appelé le Seigneur et Il m'a exaucé et mis au large.
« Au milieu des afflictions, je me suis souvenu du Seigneur, je 1’ai appelé et non seulement il a enlevé ma peine, mais il a élargi mon cœur qui s’était rétréci. » Au lieu de dirc : «Il a enlevé mon affliction», le psalmiste dit : il m’a exaucé et mis au large. N’aurait-il pas enlevé sa peine ? Bien sûr puisqu'il lui a donné un cœur large afin d’y accueillir l'affliction sans souffrir. « Le Seigneur m’a appris à vivre à l'aise dans la tribulation et à me réjouir dans la douleur. Il m’a enseigné le secret du bonheur. Il m’a montré que la meilleure situation pour crier vers Dieu est l'acceptation de ma peine. »
Le Seigneur m’a appris à vivre avec un cœur tout grand, large, dans lequel toute chose peut être contenue. Tel un puits profond dans lequel on jette toutes sortes d’objets et qui jamais ne se remplit, ainsi en est-il de mon cœur qui ne peut être rempli car le seul qui puisse le combler, c’est Dieu. “J’ai crié“) ” dans ma tribulation et mon Dieu m’a donné un cœur si vaste qu’il peut contenir Dieu! Il m’a préparé à le recevoir, et cette préparation s’est faite par l’ affliction. »
Dans 1a tribulation, j'ai appelé le Seigneur. Cette tribulation était le cri d'une âme, du peuple qui souffrait parce qu’il était loin du Temple de Dieu, loin de Jérusalem, l'escabeau des pieds de Dieu". Les Israélites souffraient parce que le Temple avait été détruit et ils voulaient le reconstruire. Leur âme était tourmentée, elle brûlait pour Dieu. La tribulation, l'affliction est donc le sentiment de la privation de Dieu, le sentiment de l'exil, le gémissement d’une âme qui cherche Dieu, parce qu’elle a compris que celui-ci lui manque, que tout est vanité et que le seul «bon», le seul qui soit vraiment « Celui qui est», le seul « vrai », c’est Dieu.
Dans la tribulation, j ’ai appelé le Seigneur, parce que je peux comprendre Dieu et crier vers lui uniquement quand je perçois qu’Il me manque, quand je découvre ma solitude, que je souffre à cause de son absence. Le mot «tribulation », dans ce verset, a 1e sens plus spécifique d’affliction de l'âme, de la douleur ressentie quand elle veut s’unir à Dieu. « Avec peine et douleur, par un cri intérieur, par la liquéfaction de mon être, qui ne peut demeurer unifié, parce que l'élément approprié, c'est à dire Dieu, j'ai appelé le Seigneur» dit le psalmiste.
éditions Ormylia
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