Différences et réduction au même

À la lecture des pertinents commentaires de Claude (parus il y a déjà trois ans et qu'il est recommandé de relire) aux généreux (mais néanmoins rendant perplexe) conseils du Père Alexandre Siniakov* pour avancer sur le chemin de l'unité, publiés dans la série Témoins, le journal LA CROIX , il m'est apparu que l'on pouvait y ajouter quelques commentaires supplémentaires… dans la charité bien sûr.


"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée…"



1. Ne vous laissez pas séduire par le confessionnalisme**
Le christianisme ne devrait pas être perçu comme une religion aux multiples formes confessionnelles, mais comme l’Église de Dieu. Unique corps du Christ ressuscité, elle est le signe du Royaume des cieux, où toutes choses seront réunies et où Dieu sera tout en tous (1 Co 15, 28). Ne nous satisfaisons pas de la situation présente, mais, même si cela paraît utopique, cherchons des moyens pour faire correspondre notre réalité à la volonté du Seigneur.

Oui, et à cet effet, pour aller jusqu’au bout du refus du confessionnalisme peut-être faudrait-il remettre en question l’utilité de votre séminaire qui n’a peut-être guère de raison d’exister dans un pays qui est déjà pourvu depuis des siècles en instituts de formation de son clergé chrétien. S’il s’agit de former un clergé orthodoxe pour les Russes uniquement, pourquoi donc le faire en France ? N’y en a-t-il pas suffisamment en Russie ?

2. N'ayez pas peur de pardonner
Nous avons du mal à admettre que les autres puissent changer. Nous entretenons donc le souvenir stérile des querelles anciennes. Pourtant, l’appel du Seigneur à pardonner est valable non seulement pour les personnes, mais aussi pour les communautés, pour les Églises locales. Ce serait tellement bien qu’il soit suivi littéralement !

N’ayez pas peur de pardonner à ceux qui vous remettent en question et qui pourraient revendiquer légitimement le droit de vouloir suivre une autre voie que celle que vous préconisez pour viser à demeurer fidèles à une foi qu’ils estiment plus authentique, plus conforme à celle des origines. Ne sont-ils pas chrétiens comme vous ? N’ayez pas peur de pardonner à ceux qui vous irritent avec leur zèle et que vous finissez par considérer comme vos ennemis… car Dieu ne nous commande-t-il pas d’aimer nos ennemis ?

3. Ne confondez pas la foi et ses expressions culturelles
L’unité de l’Église n’est pas l’unité du rite, de la langue ou de la culture religieuse. La pratique liturgique a évolué en permanence depuis les apôtres. Il n’y a pas de raison que cette évolution enrichissante s’arrête à une époque ou qu’elle se réduise à une seule de ses expressions historiques.

Oui, en effet, alors encore une fois pourquoi vouloir faire la promotion à des Français de rites qui leur sont étrangers ? Les Français chrétiens auraient-ils besoin d’expressions culturelles exotiques ? N’auraient-ils pas suffisamment de traditions et de « créativité » qui leur sont propres, dans leur langue et dans leur culture… ? Et vous, puisqu’il n’y a pas lieu de confondre foi et culture, pourquoi ne devenez-vous pas entièrement catholique et n’allez-vous pas simplement à la messe dans la paroisse de votre lieu d’habitation ? Pourquoi persister à vous différencier et vous distinguer d’une quelconque manière ?

4. Ne laissez personne instrumentaliser l'Église
La foi chrétienne ne doit pas servir des objectifs particuliers, aussi nobles soient-ils : nationaux, politiques, institutionnels, etc. L’instrumentalisation de l’Église par des États a causé de grands maux par le passé et continue à faire des ravages. Elle ne doit plus être possible !

Oui, en effet, mais qu’êtes-vous en train de faire en développant une confession chrétienne étrangère tout en prétendant que c’est la même chose que le Catholicisme ? Du marketing, de la politique, de l’entrisme comme Trotski ? Êtes-vous en train d’essayer de « vendre » quelque chose ? Dans l’intérêt de qui ?

5. Croyez dans l'amour sans limites de Dieu
Ne fixez pas de frontières à l’action de l’Esprit saint, n’inventez pas de limites à l’amour du Père céleste, car le Fils de Dieu est mort pour toute l’humanité. Aussi, comme le disait saint Silouane du mont Athos, il faut prier pour tous et désirer le salut de chaque personne. C’est ce que signifie la catholicité de l’Église.

Oui encore une fois, Dieu aime même ceux qui travaillent à installer la confusion dans les esprits dans tous les domaines, en œuvrant à l’abolition de toutes les différences : culturelles, sexuelles, religieuses, etc.… Tout étant dans tout et réciproquement. Dieu aime même ceux qui travaillent à transformer et formater chaque être humain en consommateur universel de biens imposés sur le marché avec la publicité adéquate et la préoccupation de varier la présentation des produits pour ne pas lasser le désir de consommer, et maintenir le consommateur à sa merci. Dieu aime sans exception tous les menteurs, les tricheurs, les faussaires, les manipulateurs, et pour finir les dictateurs mêmes. Qui a dit que Dieu n’aimait pas Staline? N’est-ce pas Staline qui n’aimait pas Dieu ?


*Recteur du séminaire orthodoxe Sainte-Geneviève, ce prêtre a tiré de sa jeunesse russe et de ses études chez les dominicains de Toulouse une grande ouverture. Aujourd’hui, il œuvre pour former ses pasteurs dans cet esprit œcuménique.
** Je ne suis pas sûr que le terme soit bien choisi eu égard à son sens premier,  sans doute faut-il l'identifier à une forme de "nationalisme" religieux…

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