"Si des évêques, fussent-ils isolés, décidaient le retour à la vérité eucharistique et à l'identité de l'Église, c'est-à-dire la reconstitution de la paroisse en corps d'unité organique, alors la dimension historique et sociale de la morale ecclésiale ne tarderait pas à se manifester dans des réalisations culturelles concrètes (même dans le domaine des tout-puissants complexes économicο-politiques qui dominent la vie contemporaine) qui seraient des réalisations de vie, et donc objectivement et « a priori » indéfinissables. Reconstitution de la paroisse signifie: des communautés eucharistiques locales numériquement très limitées, de sorte que soit réellement possible la communion et la relation des fidèles entre eux et avec leur pasteur. Mais pas seulement cela. La communauté eucharistique n'est pas seulement une grandeur arithmétique assimilable aux possibilités de connaissance et de contact personnels directs. Elle est avant tout une communauté de vie, une conscience dynamique d'être elle-même un « corps », une foi et une certitude enracinées dans la « vraie vie », qui est communion d'amour et offrande, accomplissement du Modèle trinitaire de la vie. Derrière la disparition grandissante de la paroisse aujourd'hui, « se cache » l'individualisme du cadre culturel de notre vie: la conception piétiste du salut individualisé.
Mais après tout, n'y aurait-il qu'elle, la réforme arithmétique des paroisses pourrait être un premier pas, elle pourrait faire prendre conscience de la vérité eucharistique de l'Église, être le point de déρart d'un cheminement qui nous permettrait de parvenir un jour à la conscience géologique de la communauté eucharistique"
Christos Yannaras (in La vérité de la morale- Labor et Fides- Perspective orthodoxe 1970-1979 et 1982 pour la traduction française)
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