De l'Himalaya jusqu'au Christ [1] : Récit d'une ascension par le moine rassophore Adrien (1)
Voici un récit de conversion qui me touche particulièrement, et dont beaucoup de ceux qui ont fini, guidés invisiblement (à n'en pas douter) par la Sainte Providence, par rejoindre la nef de l'Orthodoxie, après avoir (à première vue) erré dans les régions spirituelles de l'Extrême Orient, comme beaucoup à notre époque, à la recherche d'une nourriture vivifiante, peuvent se sentir proches.
Il a été initialement publié dans le n ° 190 du magazine "Orthodox Word" et est paru dans au moins deux sites en voici la traduction en français :
"Lorsque nous apprenons à connaître Dieu comme une personne, nous commençons à voir sa main à l'œuvre non seulement dans les circonstances de nos vies quotidiennes, mais aussi dans les événements de notre passé qui nous ont conduit à l'instant présent. Nous voyons comment des vérités partielles, Il nous a conduit à la plénitude de la Vérité, et comment Il continue à nous guider à l’intérieur d’une réalisation plus profonde de cette vérité. Comme le Père Seraphim Rose l’a écrit, quand nous venons au Christ "pas de vérité vraie que nous ayons jamais connue ne sera perdue à jamais."
"Entouré par cinq des plus hauts sommets de l'Himalaya, je me tenais à plus de 4200 mètres, regardant les montagnes de l’Annapurna au lever du soleil. Mon trek au Népal avait commencé quelques semaines auparavant et était à son point culminant. Comme j’étais là à contempler la beauté immaculée flambant au-dessus de moi, une pensée pénétra mon esprit et refusait de le quitter : Quel intérêt ?... Mon ego immédiatement rétorqua à cette pensée aléatoire, " Quel est l'intérêt ?! Qu'est-ce que tu veux dire, Quel est l'intérêt ? «L’intérêt est que tu as parcouru toute cette distance pour voir ces montagnes, profites-en maintenant!" Mon esprit demeurait néanmoins toujours en proie à cette idée. Oui, c'était une des choses les plus belles que j'aie jamais vues, et j'étais rempli de joie en cet instant, mais que deviendraient ces sentiments quand le lendemain je n’aurais plus cette si belle source d’inspiration ? Le bonheur de ce monde ne pourrait jamais m'apporter entière satisfaction. Cela aurait dû m’apparaître comme évident tout au long de ma vie, mais il fallut mon ascension vers le sommet du monde pour que j’accepte cette évidence enfin. Et ce fut mon premier pas vers le Christ et l'Orthodoxie.
Jusqu'à ce moment toute ma vie adulte avait été une vie séculière consacrée à satisfaire des passions diverses. J'avais fini mes études à l'université à l'âge de 21 ans avec l’objectif de me lancer dans les affaires tout en poursuivant une carrière dans l'art. En un an il me semblait être en bonne voie pour atteindre mon objectif. Je vivais alors à Londres, employé par IBM. Ma position était assurée et une promotion était imminente. Ma vie privée était similaire à celle de beaucoup de ma génération : relations occasionnelles, recherche du confort, et constantes distractions me préservant de toute réflexion sur moi-même.
À peu près au même moment, ma sœur aînée est devenue moniale orthodoxe en Alaska. Que ce soit une coïncidence ou non, je n’en suis pas sûr, mais depuis cette époque ma passion pour les occupations mondaines a commencé à décliner. A voir mes collègues de travail, personne ne semblait être vraiment heureux ni content. La satisfaction dont l’appréciation est insaisissable n'a jamais été vraiment présente, mais toujours terriblement à la marge. Voyager, faire du sport, boire avec les "copains" tout cela devenait de plus en plus banal. Chaque lundi revenait la même question: «C’était comment ton week-end ?» Tous les vendredis à nouveau: «Tu as des projets ce week-end ?» Londres est devenu plus gris et la bruine régulière ne réussissait jamais à laver la crasse.
Au lieu de regarder plus en profondeur les causes de mon ennui, j'en ai attribué la faute sans hésiter à la culture d'entreprise. J’ai supposé que mon dédain pour le monde était dû à la préoccupation de gagner de l’argent. Alors j'ai quitté IBM, fait mes valises et suis retourné en Amérique. Cultivant mon dédain pour la prospérité et le consensus social, j'ai commencé ma descente dans la vie de Bohême. Assez curieusement, je ne me suis pas aperçu que les mêmes règles qui régissent le conformisme social sont applicables à la scène alternative. Substituez une veste en cuir à un costume, un tatouage à une Rolex, et un sourcil percé à bouton de manchette et vous avez toujours le même homme.
J'ai commencé à faire une maîtrise en art et j’ai trouvé un emploi au Musée d'Art Moderne. Mes œuvres d’art consistaient en grande toiles faites sur mesure recouvertes d'épaisses couches de goudron. Le goudron n'avait pas été utilisée comme médium artistique auparavant si bien que mon travail a été instantanément populaire. Je m'efforçais d'être passionné par d’obscurs philosophes modernes, post-punk et d’être un fêtard noctambule, mais tout cela me fatiguait. Je reconnaissais que quelque chose n'allait pas avec moi. Pourquoi me trouvais-je dans l'impossibilité de discuter sérieusement d'une exposition d’une galerie présentant un panier de canettes d'aluminium écrasé et des sous-vêtements étendus sur des morceaux de fil de fer ? Pourquoi ne trouvais-je aucune joie à regarder la performance d’un artiste gloussant comme un poulet pendant quinze minutes ?
Heureusement, je me suis vite lassé de mon "style de vie alternatif", c’est alors qu’un ami m'a téléphoné pour me demander si je voulais aller au Japon. J'avais toujours eu de l’intérêt pour les cultures asiatiques, et comme je me considérais comme un nomade par excellence si bien qu’un mois plus tard je me suis retrouvé à Kyoto, au Japon. (à suivre)
(Version française de Maxime le minime de Himalayan Ascent to Christ)