Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

samedi 10 juin 2017

RENCONTRE avec Saint JUSTIN de Tchélié en 1981

SOURCE
Komnen Becirovic avec le père Justin Popović
 dans le monastère Theil, en été 1976.
 (Photo: hiéromoine Amphilochie Radovitch)
J'étais étudiant à la Faculté des Lettres de Belgrade, à la fin des années cinquante, lorsque j'entendis parler pour la première fois du père Justin. On racontait alors que le professeur de théologie Justin Popovitch était certes notre meilleur connaisseur de Dostoïevski mais que, à force de s'en pénétrer, il était devenu fou et vivait confiné sur l'ordre du patriarche, dans quelque monastère de Serbie. Il fallait donc se méfier des aspects et des interprétations néfastes de l'œuvre de Dostoïevski, d'autant plus qu'il existait un moyen sur et infaillible pour l'approcher, la doctrine marxiste, dont nous étions bon gré malgré des adeptes. Quant au père Justin, victime, croyais-je, du génie de Dostoïevski, il allait se confondre désormais dans mon imagination avec les héros de celui-ci. Je finissais bientôt mes études et partais à l'étranger où, après bien du temps et des changements intervenus en moi, je devais appren­dre la vérité sur le père Justin et cesser de croire à la fable de sa folie. Néanmoins, mes connaissances en demeurèrent étroites jusqu'au moment où, à la fin de 1974, je rencontrai à Paris le hiéromoine Amphilochie Radovitch. Originaires tous deux de la région de la Moratcha, dans le Monté­négro central, nous étions camarades de classe tout au début des années cinquante dans l'enceinte du monastère Matcha dont les bâtiments annexes avaient été transformés par le pouvoir communiste en école, en bureaux de l'administration et en caserne de la milice locale. A l'époque l'athéisme faisait tellement rage que la célèbre laure, fondation pieuse du prince Stéphane Némanitch de 1252, au bord de la Moratcha, dédiée à l'Assomption de la Vierge, échappa de justesse à la destruction par le feu.

Nous nous étions séparés alors à peine adolescents, et voici que nous nous retrou­vions à présent hommes murs, nous reconnaissant l'un l'autre à l'in­flexion de la voix ou à la couleur des yeux. Spirituellement, nous nous reconnûmes plus aisément : je venais d'effectuer l'été précédent un pèlerinage à Ostrog, sanctuaire de nos pères ou j'avais autrefois reçu le baptême. Aussi avais-je mené, au début des années 70, une campagne internationale contre le projet sacrilège du régime visant la profanation et la destruction de l'un des hauts lieux de la nation serbe : l'humble église au sommet du mont Lovcen que fit élever, en 1845, le prince-métropolite du Monténégro et le plus grand poète serbe, Pierre Petrovitch Négoce pour qu'elle abritât ses cendres.

Le jour de notre rencontre à l'Institut Saint-Serge où il ensei­gnait, après plusieurs années de sacerdoce en Grèce où il avait brillamment soutenu une thèse sur Saint Grégoire de Palamas, le moine Amphilochie me parla du starets Justin, son père et maître spirituel. « Il incarne aujourd'hui la conscience de notre Eglise, il est la fontaine des pleurs du peuple serbe », me dit-il lors d'un entretien ultérieur. Il me montra parmi les ouvrages qu'il avait du père Justin, celui sur Dostoïevski qui, comme nous l'avons vu, était à l'origine de la gloire et de la prétendue perte de son auteur. Nous en fîmes cadeau, avec un livre sur la destruction du sanctuaire par le pouvoir titiste du mont Lovcen et un album de fresques des monastères serbes, à Soljenitsyne, lorsqu'il vint le printemps suivant à Paris. Le père Amphilochie lui donna aussi une petite croix en bois, travail des moines athonites, sur laquelle il écrivit : A Alexandre por­teur de croix. Naturellement, lorsque nous nous réunîmes plus tard, en été 1976, à Belgrade, le père Amphilochie m'emmena voir le starets Jus­tin dans son monastère de Tchélié, dédié au Saint Archange Michel, a une centaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, près de la ville de Valjevo. Nous quittâmes Belgrade par un chaud après-midi de juillet, mais le père Justin se trouvant toujours dans la disgrâce du pouvoir, nous fumes retardés par plusieurs contrôles de police sur la route, et même retenus par elle pendant deux heures dans la ville d'Obrénovats, si bien que nous n'arrivâmes à Valjevo qu'au crépuscule accompagné d'un violent orage. Ayant traversé la ville déserte sous un véritable déluge, nous nous mîmes d'abord à monter, puis à descendre lentement une pente boisée par un chemin cahoteux et détrempé, vers le monastère dont nous aperçûmes enfin les lumières.

Prévenu de notre visite, le père Justin nous attendait dans la cour du couvent, debout sous une lanterne, entouré de deux ou trois sœurs un peu à l'écart. La noirceur de sa soutane et de sa soufi ne faisait que souligner la blancheur de la barbe lui tombant sur la poitrine. Il nous accueillit en échangeant avec chacun de nous une triple accolade et en nous bénissant, avant de dire : « Nous nous faisions du souci pour vous, mère Glykhéria a téléphoné à Belgrade. » Quoi­que ses traits et son entière attitude fussent empreints d'une grande douceur et de gravité, sa robuste taille, sa voix chaude un peu bou­gonne, son nez accentué, son visage plein respirant une belle santé, me donnèrent aussi l'impression d'être en présence d'un lutteur. Impression, ô combien rassurante, a une époque où l'Orthodoxie se porte mal.

 Monastère Tchélié (Photo Kome Becirovic)
« Long et épineux est le chemin qui mène jusqu'à vous, Père Archimandrite », répondis-je à sa remarque, ce qui le fit sourire dans sa barbe. Puis il nous conduisit d'une démarche lente qui seule trahis­sait son âge, le long de la nouvelle église et du bâtiment adjacent, le konak, que la communauté de Tchélié, avec l'aide des habitants du pays, avait élevés une quinzaine d'années auparavant. Nous entrâmes dans une spacieuse salle à manger ornée d'icônes du Seigneur et de divers saints, peintes par la Sœur Antonina. Notre hôte, que je voyais mieux à présent, avait un regard profond où sommeillait un feu bleu. Une petite croix en argent perlait sur sa soufi , tirée sur le front.

Bientôt commença le dîner, précédé d'une brève prière, le père Justin bénissant la table. Le repas est sobre et simple : de la truite d'une rivière voisine, des légumes du jardin monastique, et d'excel­lents gâteaux préparés par les sœurs. « Ce que le Seigneur a donné », dit humblement père Justin, assis au haut bout d'une longue table et veillant en maître de maison attentif, tout comme les sœurs qui nous servent, silencieuses et discrètes. Aussi bien par l'accueil qui nous est fait que géographiquement et, comme nous le verrons, histo­riquement et spirituellement, on est ici en Serbie profonde. Le repas terminé, toujours sur une prière, nous sortîmes sur la terrasse où, dans la nuit déjà avancée, la conversation se poursuivit. Malgré ses quatre-vingt-deux ans passés, le starets a un esprit vif et limpide, des réactions justes et immédiates, des connaissances vastes et un naturel admirable, ce qui fait de lui un interlocuteur idéal. Et même si un sujet est nouveau pour lui, il le saisit vite et peu d'élé­ments lui suffisent pour qu'il s'en fasse une idée exacte. Ainsi lorsque je lui parle du génocide que commettent les Khmers rouges au Cam­bodge, il en est bouleversé et dit : « Ce ne sont pas des êtres humains mais des bêtes cruelles. » Ensuite, il me demande : « Et que se passe-t-il en Occident ?»

 « La grande question de l'homme en Occident demeure la tentation constante de transgresser les limites de la liberté, déjà consi­dérable, dont il dispose, répondis-je. C'est ainsi que l'on voit cette liberté prendre, dans tous les domaines, des allures inquiétantes. On va, par exemple, jusqu'à blâmer chez soi la démocratie et louer chez les autres la tyrannie, pourvu qu'elle soit de gauche, bien sûr. Si vous saviez seulement de quel prestige jouit un tyran comme Mao en Occident ! Ou quels efforts on y a déployés pour mettre le Vietnam ou le Cambodge aux fers ! Généralement, on favorise la naissance et l'instauration d'un fléau, puis on s'émeut ou s'indigne des ravages qu'il fait... Bref, le mot de Dostoïevski disant que rien pour l'homme n'est plus insupportable que sa liberté, semble se vérifier aujourd'hui en Occident, puisque l'homme occidental fait tout pour perdre la sienne. »

« Ce suicide dont vous parlez est la conséquence du meurtre de Dieu en Occident où l'on a ainsi remplacé la foi dans le Dieu­-homme par la foi en l'homme, répliqua vivement le père Justin. Et l'homme, bien qu'il soit à l'image de Dieu, est imparfait et, comme tel, ne peut être la mesure de tout. L'homme européen est en train d'échouer parce qu'il croit qu'il peut résoudre le problème de la vie sans résoudre celui de la mort, et cela est impossible. »

 Il se tut un instant puis, sur un ton plus calme, reprit :
« Le Christ est le seul qui ait été ressuscité et ait vaincu la mort. L'Église orthodoxe est la seule vraie Église ou Dieu et l'homme forment une unité indivisible. Là est la force du Seigneur Jésus-Christ et du christianisme. Le Seigneur a embrassé toutes choses sur terre, en particulier les êtres humains, et leur a donné les réponses néces­saires aux questions éternelles. Il a introduit l'ordre divin dans l'exis­tence des choses depuis le moindre insecte jusqu'au premier ange de Dieu, tout cela fait partie de l'Église de Dieu. »

 La foi se fait chant dans l'âme du père Justin. Un chant intaris­sable qui commença dès son plus jeune âge lorsque, enfant, né en 1894 a Vranié en Serbie orientale, il s'éprit de l'Évangile. Le jeune Blagoyé, tel était son nom de baptême, fit ses études de théologie à Bel­grade auprès de l'évêque Nikolai Vélimirovitch, déjà célèbre écrivain et prédicateur, qui vit très vite en son disciple l'un des espoirs de l'Orthodoxie. Mobilisé comme infirmier pendant la guerre de 1914, l'étudiant Blagoyé prit part au douloureux exode qu'entreprit l'armée serbe à la fin de 1915 à travers les montagnes albanaises pour éviter l'écrasement complet par les armées austro-hongroises, allemandes et bulgares occupant alors la Serbie ; celle-ci leur avait opposé une résistance surhumaine pendant seize mois. Durant cette retraite, sans doute la plus tragique de l'histoire des guerres, plus de cent mille Serbes périrent de froid, de faim, de maladie, d'épuisement, de chutes dans les précipices et des attaques des tribus indigènes. Les autres deux cent mille qui en réchappèrent et atteignirent les côtes de l'Adriatique y furent encore décimés par les épidémies. Parmi les survivants se trouvait, avec une partie de la jeune intelligentsia serbe, le théologien Blagoyé que les épreuves qu'il venait de vivre, loin de l'ébranler, n'avaient fait qu'affermir en sa foi en Dieu. Dans une église de Scutari, il se fit moine sous le nom de Justin, et partit en Russie afin que son âme s'abreuve d'Orthodoxie, comme le lui avait dit le métropolite de Serbie, Dimitri, en l'y envoyant. Il y arriva in extremis, car le cataclysme approchait. Ce que Dostoïevski avait tant redouté allait se produire et la millénaire Russie vivait ses ultimes heures. C'est elle que le moine Justin, après quelque six mois passés à l'Académie ecclésiastique de Petrograd, emporta dans son coeur. De grands maîtres spirituels comme Dostoïevski et saint Séraphim de Sarov, devinrent désormais les compagnons inséparables de sa vie, vouée à la mission évangélique.

De retour dans la patrie que l'armée serbe ressuscitée avec l'aide alliée avait libérée, le père Justin développa une féconde activité d'auteur théologique, de professeur et d'animateur de publications religieuses. Il fit, dans les années vingt, de fréquents séjours en Grèce ou il soutint sa thèse sur Saint Macaire l'Égyptien, en même temps qu'il traduisait saint Jean Chrysostome en serbe et publia un ouvrage sur La philosophie et la religion de Dostoïevski, ouvrage qu'il repren­dra plus tard, sous sa forme définitive : Dostoïevski, le monde slave et l'Europe. Il se lia à cette époque d'une amitié spirituelle profonde avec le métropolite Antoine de Kiev, ce grand hiérarque orthodoxe qui, devant le fléau qui meurtrissait la Russie, avait trouvé, avec beau­coup de ses frères, refuge sur la terre serbe.

Se situant dans la pure tradition évangélique et patristique, le père Justin entreprit, au début des années trente, l'élaboration d'une Dogmatique de l'Église orthodoxe en trois tomes dont deux furent alors achevés. Opposé aux réformes au sein de l'Église et au Concordat, qui était à l'époque à l'ordre du jour, le père Justin entra en conflit avec une partie de la hiérarchie ecclésiastique, conflit qui devait s'approfondir par la suite. Cependant, son influence au sein de l'Église allait grandissant. Il fut promu archimandrite, mais déclina l'offre de la dignité épiscopale, estimant ses forces trop faibles pour cette tâche.

Les nuages se faisaient sombres sur l'Europe. L'autre abomina­tion esclavagiste du siècle levait la tête. L'assassinat du roi Alexandre par les oustachis croates en 1934 à Marseille, préluda à de nouveaux malheurs pour le peuple serbe, comme pour la plupart des peuples de l'Europe. A l'occupation et au démembrement de la Yougoslavie par les puissances fascistes, s'ajouta une guerre fratricide qui, en particulier dans le cadre d'une Croatie fantoche et fanatique, créée par Hitler, prit les proportions d'un véritable génocide national. Des cen­taines de milliers de Serbes y furent persécutés, massacrés, brulés, jetés dans des gouffres et des rivières. Dans le seul camp de la mort de Yassénovats, on en extermina près d'un demi-million. On faisait aussi des conversions forcées au catholicisme romain, tandis que Rome gardait, et garde toujours, hélas, le silence. Quand un pape viendra-t-il enfin s'agenouiller à Yassénovats ?

Comme toujours dans le passé, l'Église orthodoxe serbe partagea pleinement le sort de son peuple : des centaines de ses prêtres, dont quatre évêques, furent tués, le patriarche Gavrilo et l'évêque Nikolaï, le Chrysostome serbe, déportés à Dachau, de nombreux temples pro­fanés, pillés, détruits ou incendiés parfois même avec les fidèles à l'intérieur. Pour réagir à ce déchaînement du mal et lui opposer un démenti de lumière, le père Justin retiré au monastère de Kalénitch, se mit alors à raconter, en une admirable langue serbe, la chronique de Dieu à travers Les vies des saints, œuvre qu'il poursuivra pendant de longues années au monastère de Tchélié où il se fixa peu après la guerre. Dans les nouvelles circonstances nées de la victoire du commu­nisme en Yougoslavie, le père Justin, malgré les limites qui lui furent imposées, demeura un défenseur intransigeant de la foi, si bien que l'Église orthodoxe serbe dans ses forces vives se tourna vers lui, tout en pratiquant officiellement une politique de compromis et d'accom­modement avec le pouvoir séculier. Aujourd'hui, l'influence du père Justin dépasse largement les frontières de notre pays. Telle est en bref la vie de cet homme de Dieu. Il en évoque devant nous certains épisodes, tandis que la nuit se fait plus pro­fonde et répand sa paix sur la Serbie. Chaque fois que les épreuves de sa vie se confondent avec celles de la nation, sa voix se noue d'émo­tion et son regard bleu s'embrume.

Parlant du sort actuel du monde orthodoxe, nous en arrivâmes tout naturellement à Soljenitsyne dont le combat avait été suivi par le père Justin dans la prière, jusqu'à mentionner son nom dans la liturgie.

« Dieu l'a chargé d'une grande mission : s'élever du simple esclave du goulag jusqu'à la conscience de la Russie, voici bien la preuve du plus grand miracle », dit le starets émerveillé. Et le père Amphilochie d’enchaîner : « Surtout lorsqu'on pense à tout ce qu'on a fait là-bas durant soixante ans pour arracher Dieu du cœur des hommes et pour leur imposer la fatalité marxiste. »

« Soljenitsyne a justement brisé cette fatalité. Il est la seule figure de taille que l'on puisse opposer à Lénine depuis l'apparition de celui-ci », fis-je observer. « Oui, oui, une figure du bien face à une figure du mal », reprit vivement le père archimandrite en se signant. « Et Dostoïevski ?» demandai-je.

« Dieu lui avait donné des pouvoirs prophétiques, de sorte qu'il a prévu et décrit notre siècle tel qu'il allait se dérouler. Ses anti-héros, comme il les appelle, Raskolnikov, Ivan Karamazov, Stavroguine, Smerdiakov, sont des promoteurs du monde et de l'homme d’aujourd’hui », conclut le starets soudainement pensif. « Parmi les grands apôtres slaves modernes, c'est sans doute vladika Nikolai qui, après Dostoïevski, est allé le plus loin dans la vision des maux qui devaient s'abattre sur le monde orthodoxe », dis-je.

 « Oui, le saint vladika, inspiré par Dieu, porteur de Dieu, tendu vers le Christ », répliqua le starets, le visage éclairé. « Quel prédicateur prodigieux il était ! Lorsqu'il parlait en tenant la croix, son regard intense était presque insoutenable. Un frisson sacré parcou­rait ceux qui l'écoutaient. Tout le monde venait l'entendre, même le roi Alexandre que j'ai vu plus d'une fois assister à ses sermons.

Le saint vladika m'a paternellement soutenu et encouragé dès le début. Un jour, à l'époque ou parurent ses merveilleuses Prières sur le lac, que je saluai dans « La vie chrétienne », il m'envoya un Acathiste au Christ vainqueur de la mort, calligraphié de sa propre main, avec cette dédicace : « Au hiéromoine Justin, le moine Nikolai. » Imaginez un peu ! Lui qui était évêque !» s'exclama le starets en riant, avant de poursuivre : « Et lorsqu'en 1941 les barbares nazis détruisirent sous les bombes notre sainte Jitcha, ils arrêtèrent bien sur vladika Nikolai qui en occupait le siège. Quand on l'amena devant le général allemand, celui-ci lui offrit de s'asseoir, mais vladika Nikolai refusa en disant :

« Je n'ai ni à parler ni à m'asseoir avec vous qui avez réduit mon peuple en esclavage. » Il endura la captivité, puis l'exil et la mort loin de sa Serbie bien-aimée. Mais il a gagné la Serbie céleste d'où il nous aide et nous secourt par ses prières. »

Des larmes coulaient des yeux du vieil homme qui se tut. Puis il se leva, se signa et s'écria avec ardeur : « Oui, il est notre grand maître à nous tous, Serbes, le plus grand depuis Saint Sava !»

 En disant cela, le starets avait l'air de s'adresser à un autre audi­toire que nous et de lui porter la contradiction. Peu après, calmé, il se retira, après nous avoir bénis et souhaité une nuit propice. Un son de cloche appelant à la liturgie me réveilla tôt le matin, après un sommeil paisible. Le pays était noyé dans un brouillard que seuls perçaient quelques chants d'oiseaux, succédant au son de la cloche. J'entrevis à l'autre bout du jardin, face au bâtiment ou nous nous trouvions, l'édifice de l'ancienne église a coupole, entourée de hauts pins. Elle date en partie du XIII e siècle, lorsque le roi Darguine, cinquième souverain de la dynastie des Néma ides, la fit cons­truire en la dédiant aux saints archanges. Lieu de culte, l'église de Tchélié, comme toutes les églises de l'époque némanide à travers la Serbie, devint aussi sous l'occupation turque un foyer d'esprit natio­nal et d'espoir de libération. L'un de ses martyrs, Ilya Birtchanine, décapité par les Turcs à Valjevo à la veille de l'insurrection de Kara­georges en 1804, repose ici à côté du temple, sous une haute stèle que l'on dirait une sentinelle. C'est également ici que vladika Niko­lai, né dans les environs, apprit, enfant, à lire et à écrire auprès de l'higoumène.

Aujourd'hui, comme tous les jours depuis près de trente ans qu'il est à Tchélié, le père archimandrite arrive à l'église pour l'office. Il tient en effet, malgré son grand âge, à le célébrer lui-même au moins un jour par semaine, ayant finalement accepté d'être remplacé le reste du temps par le père Amphilochie ou le père Athanassie, son autre infatigable fils spirituel. Mais naturellement, il assiste à cha­cune de ces célébrations et il y participe. Dès son entrée, de sa main droite haut levée, il trace d'un geste large le signe de la croix sur sa poitrine. Les sœurs sont déjà là, rassemblées en troupeau fidèle, dans le chour. C'est grâce au sacrifice et au dévouement de ces femmes et de leurs pareilles que nos monastères auront été sauvés de l'abandon dans un temps mécréant. Les flammes des cierges qu'elles ont allumés illuminent et égaient l'intérieur du temple orné d'une iconostase en bois sculpté. Les icônes qu'elle porte sont, elles aussi, l'ouvre de la Sour Antonina aux mains d'or, comme la qualifie le père archivant droite. Parmi les fresques, je reconnais sur un mur à ma gauche celle de saint Justin le Philosophe dont notre starets porte si dignement le nom ; dans la main droite, il tient une croix, dans la gauche un rouleau de parchemin sur lequel est écrit : « Vous pouvez nous tuer, mais vous ne pouvez pas nous nuire. »

Les pères Justin et Amphilochie sont dans le sanctuaire, derrière l'iconostase, revêtus de leur chasuble. Nous les apercevons derrière le rideau écarté de la Porte Royale. Grave et concentré, l'encensoir a la main, le père Amphilochie sort par la porte Nord pour encenser le temple et les fidèles, puis regagne le sanctuaire d'où le père Justin, d'une voix haute qui se répand à travers l'église, prononce :

"Béni soit le Royaume du Père et du Fils et du Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen", répondent les sœurs, avant que le père Amphilochie ne commence la grande ecténie : "En paix prions le Seigneur. Kyrie eleison, chantent les sœurs  le répétant après chaque demande de l'ecténie que le père Amphilochie, d'une voix profon­dément fervente, continue :
Pour la paix céleste et le salut de nos âmes, prions le Seigneur.
Pour la paix du monde entier, la permanence des saintes églises de Dieu et l'union de tous, prions le Seigneur.
Pour ce saint temple et pour ceux qui y entrent avec foi, piété et crainte de Dieu, prions le Seigneur. Pour notre saint évêque Jean, pour l'ordre vénérable des prêtres, le diaconat en Christ, pour tout le clergé et le peuple fidèle, prions le Seigneur.
Pour tous les pieux chrétiens orthodoxes, prions le Seigneur,
Pour ce saint monastère, pour toute ville et tout village, pour tout pays et ceux qui y vivent avec foi, prions le Seigneur.
Pour la pureté de l'air, l'abondance des fruits de la terre et des temps de paix, prions le Seigneur.
Pour ceux qui sont en mer et dans les airs, pour les voyageurs, les malades, les prisonniers et les proscrits, et pour leur salut, prions le Seigneur.
Pour qu'il nous préserve de toute misère, haine, péril et nécessité, prions le Seigneur.
Protège-nous, sauve-nous, aie pitié de nous et garde-nous, Dieu, par ta grâce.
Faisant mémoire de notre toute sainte, toute pure, toute bénie et glorieuse Souveraine la Génitrice de Dieu et toujours vierge Marie, et de tous les saints, confions-nous nous-mêmes les uns les autres et toute notre vie au Christ notre Dieu.
À Toi Seigneur, acquiescent les sœurs, avant que le père Justin ne commence d'une voix basse mais audible, la prière de la première antienne :
Seigneur notre Dieu dont la puissance est incommensurable et la gloire ineffable, dont la miséricorde est infinie et l'amour pour les hommes indicibles, Toi-même, Maître, dans ta tendresse, jette le regard sur nous et sur cette sainte demeure, et répand sur nous et sur ceux qui prient avec nous l'abondance de ta grâce et de ta bonté.
Puis d'une voix haute : Car à Toi sont toute gloire, honneur et adoration, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen, répondent les sœurs.

Le temple bruit. D'autres invocations, louanges, prières, jaillies de l'âme de Saint Jean Chrysostome voici seize siècles, suivent, telle celle de l'Entrée, du Trisagion, des fidèles, de l'Evangile, ecténie des morts, prière de l'Offrande et bien d'autres alternant avec les can­tiques. Hymne universel, la liturgie, tel un fleuve pur emportant la lumière, suit son cours majestueux. A la Grande Entrée, les deux prêtres, précédés d'une moniale portant un cierge sur un haut candélabre doré, sortit du sanctuaire par la porte Nord, s'arrêtèrent devant l'iconostase, face aux fidèles, le père Justin tenant le calice et le diskos, le père Amphilochie a sa droite, une petite croix liturgique luisant dans sa main. Les voici, comme descendus d'une fresque, l'un, la tête blanchie et le front dégarni par l'âge, le reste de sa crinière tombant sur ses épaules, l'œil bleu illuminé par la piété ; l'autre, jeune, élancé, le regard brun allu­mé du même feu, le visage émacié orné d'une barbe noire qui se mêle à sa chevelure, un peu courbé comme sous un grand vent ; le maître et le disciple, pénétrés du mystère sacré dont ils sont les serviteurs. S'avançant de quelques pas encore sous la coupole, le père Justin reprit d'une voix claire et intense, suppliante et joyeuse, la grande prière du début, mais sous une forme commémorative cette fois-ci, associant les morts aux vivants, dans la demande d'une grâce univer­selle. Le service se termina sur un beau sermon du père Amphilochie. Si cela ne tenait qu'à ses seules capacités, de même qu'à celles de son frère Athanase, ils seraient tous les deux déjà évêques. Naturelle­ment, le père archimandrite déplore cette disgrâce dont sont l'objet ses disciples, mais ne désespère point. A présent que nous sommes tous sortis de l'église, il nous donne sa bénédiction sous les pins. Le brouillard s'étant dissipé et le jour levé radieux, ce n'est qu'à ce moment-là que je découvris le lieu où nous nous trouvions : une vaste clairière sur un flanc boisé qui s'adoucit en terrain plat à l'endroit où est sis le monastère, avant de retomber vers le fond de la vallée ou coule la rivière Gradats. Au-delà d'une palissade de bois noirci s’étend le verger et les champs monastiques, délimités par le foret de chênes et de hêtres qui envahit les versants des monts alentour. Plus près de nous, au nord, a la lisière du bois, quelques humbles tombes ou reposent les membres de la communauté ayant achevé leur parcours terrestre. D'autres tombes, plus anciennes, sont autour de la vieille église dont l'entrée, protégée par une grille basse, demeure ouverte toute la journée afin que la fraîcheur et les parfums, les papil­lons, les abeilles et les oiseaux du ciel puissent pénétrer dans la mai­son de Dieu. L'église et son clocher, au pied duquel nous nous trou­vons, portent d'étranges coupoles pointues. « C’est que ce temple fut autrefois restauré grâce aux dons des négociants arméniens de Valjevo », dit le père Amphilochie dont le regard avait retrouvé son habi­tuel calme pensif.



L'église récente, dédiée par le père Hiéromoine Amphilochie Radovitch Près du monument à Ilya Birtchanine, en été 1976. (Photo Komnen Becirovic) Justin a saint jean Chrysostome, de même que le kanak, sont en style serbe médiéval.

Après le petit déjeuner, le père Amphilochie, s'accompagnant à la gouala, chanta quelques vers de Niégoch, ce qui une fois de plus émut le vieillard. Puis nous ressortîmes dans le jardin soigneusement entre­tenu par les moniales, une vingtaine, la plupart de Serbie, mais aussi de Bosnie et même de Dalmatie. Je les vois passer comme des ombres entre les bâtiments monastiques et plus loin dans les champs, accomplissant leurs travaux agricoles, principale source de leurs revenus. L'aide que leur apportent les gens du pays est le plus souvent béné­vole. « Qu'à tous ceux qui nous aident, Dieu le rende au centuple », dit le père Justin qui en dépit des deux heures passées debout durant le service, paraît au mieux de sa forme. Assis sous un jeune sapin, il prolonge ses réflexions de la veille en observant :« Le mystère du monde est le mystère du Logos. Et le monde créé porte l'empreinte du Logos. Comment le Seigneur a-t-Il créé le monde ? Par ses énergies divines qu'il a mises en toute chose. » Puis, montrant le tapis de fleurs s'étendant devant nous :« Voyez combien la Providence divine est dans la moindre de ces fleurs : pour qu'elle pousse et sorte de terre, bleuisse où se teinte d'or. Ou bien, je vous prie, comment un minuscule insecte peut-il voir et entendre, que se passe-t-il donc, d'où vient cela ?!»
Comme celui d'un enfant, l'enchantement du saint homme de­vant le souffle et le frémissement divins dans les êtres, est infini.

Nous passâmes ainsi avec lui le reste de la matinée qu'il consacre d'habitude, comme la plupart de son temps en dehors des offices, à l'élaboration de ses ouvrages. Ayant mené à bien le travail monu­mental que représentent ses Vies des saints en douze volumes, le voici en train de compléter sa célèbre Dogmatique par un troisième tome, en même temps qu'il s'adonne à une Exégèse de l'Évangile selon saint Mathieu. Tous ces travaux depuis la guerre voient le jour grâce aux efforts de son monastère et de ses amis en Serbie et à l'étranger. Pour les faire paraître, il n'a généralement besoin que de la bénédic­tion de son évêque Jean de Chabat et de Valjevo, qui la lui accorde bien volontiers.

Comme nous devions partir le jour même, le starets abrégea son habituel repos après le déjeuner, pour nous gratifier de sa compagnie une bonne heure encore. Nous nous retrouvâmes sur la terrasse du konak, avec vue sur l'église des archanges a la coupole arménienne. Et là encore, le starets agréable à Dieu, tel une source, continua son murmure. Je finis par me rendre compte qu'il vivait dans un état quasi-liturgique permanent ou le temps ne semblait pas le concerner. Comme pour le psalmiste, Dieu est sa ville fortifiée, ou il est à l'abri aussi bien du temps que du mal de l'histoire. Ainsi va-t-il atteint par la foi cette paix et cette sérénité de l'âme qui font si cruellement dé­faut aux hommes de notre époque. Et cet éblouissement constant dans lequel il vit, vous gagne aussi.

Nous eûmes du mal à nous séparer de lui qui, de son côté, nous retint jusqu'au moment où le soleil commença à décliner vers le mont au-dessus du monastère. En partant, mon regard dériva un instant vers les forêts et les cieux environnants, ce qui n'échappa pas au père Justin qui, comme en traduisant l'aspiration qui soudain me gagnait, me dit : « Emportez un peu de cette beauté dans vos yeux ». Ensuite, il nous bénit en nous souhaitant bonne route et resta en se signant, la barbe baignée de soleil, a ce même endroit ou nous l'avions trouvé la veille. Et il ne cessa de se signer derrière nous jusqu'au moment où, ayant pénétré dans la forêt, nous le perdîmes de vue. Voyant mon émerveillement devant de tels adieux, le père Amphilochie dit en souriant : « Je le connais bien, il restera debout là-bas à se signer jusqu'à ce que nous ayons atteint le sommet. » Moi, je n'avais qu'un seul regret : celui d'avoir vécu si longtemps dans la méconnaissance de ce juste.

Lorsque nous gravîmes la crête du Pressad qui sépare Valiévo de Tchélié et d'où le chemin monte vers Lilith, village natal du vladika Nikolai, nous aperçûmes haut dans ciel des nuages blancs et immobiles avec de grands lacs d'azur au-dessus de la Serbie. Monastère Tchélié, juillet 1976.

 Ce texte, rédigé par l'auteur peu de temps après sa rencontre avec le père Justin, a été publié dans le numéro 88 de la revue Le Messager orthodoxe, consacré au père Justin Popović, à Paris 1981. Seules quelques phrases ont été légèrement complétées ou ajoutées à la suite de la relecture du texte, plus d'un quart du siècle après, pour sa mise sur Internet.

Archimandrite Amfilohije Radovic et Komnen Becirovic à Paris en 1975

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jeudi 8 juin 2017

Sur le Blog du moinillon : l'Évangéliaire de Reims sur lequel les rois de France prêtaient serment


SOURCE



L'Évangéliaire de Reims sur lequel les rois de France prêtaient serment, une édition offerte par Poutine à Macron

"En effet, l’idée selon laquelle les rois de France prêtaient serment sur cet évangéliaire est très largement relayée. A cet égard, l’autre nom d’usage de l’Evangéliaire slavon est révélateur : Texte du Sacre. C’est l’abbé Pluche au XVIIIe siècle qui s’est fait l’écho de cette tradition. Fait certain, le cérémonial du sacre fait une allusion directe à un recueil d’Évangiles pour les serments de l’Ordre du Saint-Esprit (qui fut ajouté par Henri IV en 1594 à la cérémonie du sacre) et de Saint-Louis (qui fut ajouté sous Louis XV à la cérémonie du sacre). Autre argument en faveur de cette affirmation, plusieurs sources indirectes datées du XVIIIe siècle font référence à l’évangéliaire slavon comme ayant servi à certains sacres. L’inventaire du mobilier de la cathédrale daté du 4 janvier 1790 mentionne ainsi « Un texte d’évangiles, à deux caractères, servant pour le sacre. ».
Cela est d’autant plus plausible que la reliure, avant 1793, était richement ornée d’un Christ contenant une relique de la Vraie Croix. Cela est donc crédible, mais seulement pour les sacres à partir d’Henri III, car le manuscrit n’est entré au Trésor de la cathédrale qu’en 1574. Henri III fut le premier roi à se faire sacrer (15 février 1575) après le don du manuscrit à la cathédrale.À partir de 1575 donc prêter serment sur l'Évangéliaire devint la coutume pour les rois de France au moment de leur sacre. "La raison est simple : la reliure comportait une plaque d'orfèvrerie avec pierres précieuses, arrachée au moment de la Révolution, ainsi qu'une relique de la Vraie Croix"

Une mention portée sur la garde A signale que l’Evangéliaire fut présenté le 22 juin 1717 à Pierre le Grand, qui s’arrêtait à Reims au cours de son second voyage en France ; il le fut aussi le 19 septembre 1901, lors de la visite de Nicolas II dans cette ville. " 
par Sabine Maffre (source)

L'Icône de la Mère de Dieu « Assurance des pécheurs » Koretskaya





L'Icône de la Mère de Dieu « Assurance des pécheurs » Koretskaya anciennement conservée au chateau des princes Koretsky a été appelée la « fertile ». Après la mort du dernier des princes orthodoxes Koretsky Samuel, son frère Jean a offert à sa sœur l'higoumène Seraphima de choisir une icône de la chapelle orthodoxe de la Sainte Résurrection des Princes Koretsky. La cérémonie du transfert de l'icône sacrée s'est terminée en 1622, le jeudi de la Sainte Pentecôte. En ce jour là a eu lieu un office en l'honneur de la Toute Sainte Mère de Dieu Koretskaya « Assurance des pécheurs».

Le 12 août 1880 l'icône a été déplacée pour aller dans l'église du monastère la Sainte Trinité, on l'a placée dans une châsse de bois sculpté sur la colonne du monastère gauche du monastère. 

Pas une seule fois l'icône miraculeuse n'a manqué d'apporter son aide gracieuse à ceux qui souffrent. En 1923 lors de la fête de la Sainte Trinité un jeune homme a été guéri d'un esprit impur. L'année suivante, dans la région de Volhynie pendant la période entre l'Ascension et la Pentecôte jusqu'au jeudi ce furent des pluies diluviennes incessantes qui ne se sont calmées miraculeusement qu'après la procession de l'icône autour du temple.. Beaucoup de croyants font appel à la Reine du Ciel pour lui demander son aide et son intercession pour toute sorte de confusion, de problèmes familiaux et surtout quand « l'âme fait mal», et après avoir prié devant l'icône ils obtiennent soulagement émotionnel et paix, car la Toute Sainte est vraiment l'« Assurance des pécheurs » ! 

L'icône représente la Mère de Dieu avec l'enfant Jésus sur son bras gauche, tenant ses deux mains  dans sa main droite.

mercredi 7 juin 2017

Une autre FRANCE en Marche…

Le "Pèlerinage de chrétienté" 2017 qui a eu lieu du Samedi 3 juin au Lundi 5 juin.


Procession de la relique du Voile de Notre Dame
"L'association Notre-Dame de Chrétienté organise tous les ans à la Pentecôte le pèlerinage de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres: trois jours pour vivre et construire la Chrétienté du IIIe millénaire.
Parcourant en trois jours une distance de 100km environ, les pèlerins marchent en chapitres. Le pèlerinage compte environ 150 chapitres regroupant chacun une cinquantaine de pèlerins provenant de toute la France et même de l'étranger (Etats-Unis, Grande Bretagne, Pologne, Canada, Espagne, etc...). Chaque année, ce sont ainsi 8.000 à 10.000 pèlerins qui, à la suite de Charles Péguy, marchent vers le sanctuaire marial de Chartres, exprimant la condition même de la vie chrétienne qui est d'être un long pèlerinage et une longue marche vers le paradis... (source)


mardi 6 juin 2017

DEVOIR DE MÉMOIRE : LE MYTHE D'AL ANDALOUS…

Vu la persistance de la propagande pro islamiste occidentale malgré la succession d'attentats et de massacres atroces en tous lieux dont le projet ne vise pas autre chose qu'à une conquête du monde entier (pas moins) pour assujettir toutes les nations, il n'est pas inutile de rappeler à la fois les méfaits de l'invasion passée et le mythe du mantra "vivre ensemble" qui ne s'annonce que sous la forme du vivre sous la botte et/ou mourir. Rien de neuf dans l'article qui suit mais juste une piqûre de rappel pour les niais et les carpettes (de prière bien sûr)…

Al-Andalous: l’opération de propagande islamique de "l’Éducation Nationale" (source)


Comme dans Al-Andalous, l’Espagne conquise par les Musulmans au Moyen-Âge, ne serions-nous pas infiniment plus heureux si la France était dominée par l’Islam et si les Chrétiens étaient mis en minorité? Notre civilisation serait bien plus florissante, bien moins violente, et notre économie beaucoup plus prospère. Tel est le discours en creux que l’Éducation Nationale transmet aux élèves que des parents inconscients lui confient, abandonnant ainsi toute référence à une démarche scientifique pour transformer les cours d’histoire en propagande bien huilée.

Al-Andalous dans les programmes scolaires


Rappelons d’abord comment les programmes scolaires intègrent la question d’Al-Andalous.

Au collège, cette période historique est englobée dans l’histoire médiévale, sous cette formulation que je laisse en libre lecture:



Comme on le voit, cette présentation réussit l’exploit de ne pas évoquer Charlemagne ni son empire, et de renvoyer dos à dos Justinien, l’Islam et les Mongols, comme si « les fonctions de calife, de basileus et d’empereur » se valaient et avaient un impact identique sur nos vies quotidiennes. C’est donc sous le signe d’un relativisme absolu que s’engage le travail de transmission historique.
On notera d’ailleurs que l’enseignement de l’histoire en seconde est lui aussi placé sous le signe de ce relativisme:
En histoire, le programme replace l’histoire des Européens dans celle du monde, de l’Antiquité au milieu du XIXe siècle. En suivant une progression chronologique, l’enseignement propose une approche thématique et problématisée des périodes étudiées.

L’académie de Toulouse et la nostalgie du califat

Pour illustrer les dégâts de la propagande relativiste, je prends au hasard le site de l’académie de Toulouse, qui propose des contenus pédagogiques, dont un consacré à Al-Andalous. On y lit un certain nombre d’assertions hallucinantes. En voici un florilège.
C’est avant tout par l’Espagne que sont passés les grands courants de civilisation entre l’Orient et l’Occident et qu’ont été transmis les fondements de la culture grecque et les apports scientifiques des Arabes, issus de leurs relations avec l’Inde et la Perse et de leurs propres recherches. (…)
les esclaves sont nombreux. Ils sont originaires d’Afrique, en particulier du Soudan, et d’Europe, ceux qu’on appelle « slaves ». Ils peuvent occuper des fonctions importantes dans l’administration et dans l’armée et être affranchis. (…)
La coexistence entre musulmans, juifs et chrétiens a été plutôt pacifique. Les chrétiens et les juifs ont le statut de protégés (dhimmi), ce qui leur permet de garder leur religion et leurs coutumes en échange d’impôts spécifiques. Les quelques épisodes violents, révoltes individuelles ou collectives des populations dominées que le pouvoir réprime, n’ont pas empêché les interférences culturelles. Une brillante civilisation pluriculturelle imprégnée d’orientalisme s’épanouit dans les modes de vie, la littérature, l’architecture (…).
Le calife, « commandeur des Croyants et défenseur de la vraie foi », a un pouvoir absolu et personnel. C’est un mécène qui rassemble des artistes et des savants dont les oeuvres alimentent l’éclat et le raffinement de sa cour. Le plurilinguisme des élites et le brassage ethnique favorisent la floraison culturelle du califat de Cordoue qui a fasciné les chrétiens.
Bref, Al-Andalous est une civilisation brillante, pacifique, par où passe la culture. Certes, il y a des esclaves, mais ils peuvent être affranchis et finalement ils ne sont pas vraiment discriminés. Les Juifs et les Chrétiens sont protégés et paient même un impôt spécifique pour bénéficier de cette protection.
Le calife a un pouvoir absolu, mais c’est d’abord un gentil mécène qui pratique le multiculturalisme, grâce auquel l’Espagne connaît une grande floraison culturelle.
Bien entendu, ce contenu historique qui se transforme en apologie du califat et de la discrimination religieuse, présentée comme une protection, se fait au nom des valeurs de la République.

La même partialité dans l’enseignement supérieur

On trouvera sur le site du numérique dans l’enseignement supérieur, concernant Al-Andalous, l’enregistrement d’une conférence présentée de la façon suivante:
À la coexistence limitée entre maures, juifs et chrétiens, durant la période médiévale, marquée par des collaborations fécondes et des influences réciproques, succéda alors, dès la fin du XIVème siècle, une longue phase de persécution des minorités (expulsion des juifs dès 1492 et des morisques en 1609) et de mise à l’écart délibérée du legs culturel et identitaire de l’Espagne des trois religions.
On retrouve là encore la présentation manichéenne de l’histoire de l’Espagne: Al-Andalous, c’est la collaboration féconde et l’influence réciproque. La Reconquista, c’est une longue persécution et un retour de l’obscurantisme. Dans ces conditions, comment ne pas préférer un califat musulman qui respecte toutes les minorités, plutôt que le fait majoritaire chrétien qui est raciste et barbare?

La vérité sur l’esclavage d’Al-Andalous

Cette propagande constante pose malheureusement un problème de fond: elle occulte complètement l’horreur de ce que fut réellement Al-Andalous, et les raisons pour lesquelles les Espagnols ont pu reconquérir ce territoire.
Cette horreur passe d’abord par une compréhension de ce que fut l’esclavage dans le monde arabo-musulman. Une tradition bien ancrée présente volontiers l’esclavage comme le fait de l’homme blanc. Les historiens officiels n’aiment manifestement pas rappeler que, dans ce domaine, l’Islam a battu, et de très loin, le monde chrétien.
Je citerai ici les travaux de l’anthropologue sénégalais Tidiane N’Diaye qui souligne quelques facettes cachées de cette organisation économique bien huilée:
« J’ai l’habitude de rappeler que mon travail ne cherche à communautariser ni l’histoire ni les mémoires. Ce qui serait la porte ouverte à une hiérarchisation victimaire, donc une approche dénuée de tout caractère scientifique. Par conséquent pour ce qui nous intéresse ici, puisque j’ai titré cet ouvrage « Le génocide voilé », faisant allusion à la castration massive que subissaient les captifs africains, au cours de la traite arabo-musulmane, je n’ai pas oublié de rappeler d’abord, que les premières victimes de cette calamité furent les Slaves, que les Vénitiens et les Marseillais allaient razzier en Europe centrale et orientale, pour les vendre aux notables du monde arabo-musulman. Cela devait durer toute l’époque carolingienne au Xème siècle sous les monarques saxons Henri l’oiseleur et Otton Ier. Comme on sait, il fallut l’émergence d’États puissants en Europe de l’Ouest et l’arrêt de l’expansion arabe aux Pyrénées pour que cela cesse. Et c’est pour combler ce déficit en eunuques et esclaves blancs, que les Arabo-musulmans allaient massivement se tourner vers les peuples négro-africains. (…) »

La castration des esclaves à Prague et à Verdun

Nos bons enseignants de l’Education Nationale, qui ne manquent jamais de verser de chaudes larmes sur toutes les horreurs que l’Occident a pu produire sur les peuples africains, ont curieusement, s’agissant d’Al-Andalous, passé sous silence le sort des esclaves blancs qui y travaillaient. Il est vrai que l’histoire de ces esclaves est moins facile à raconter que celle du Triangle d’Or, puisqu’elle décrit une réalité très différente de la propagande officielle qui oppose le monde musulman de la tolérance au monde chrétien de la haine.
Dans la pratique, comme l’a d’ailleurs raconté l’historien Jacques Heers, les esclaves qui étaient exportés dans l’Espagne islamique étaient des Saxons puis des Slaves (d’où leur nom d’ailleurs), qui suivaient des chemins commerciaux extrêmement structurés. Pour être utilisable, la main-d’oeuvre masculine devait être castrée.
Les conquérants musulmans n’ont tenté que très rarement des raids aussi loin de leurs bases et les esclaves slaves ne pouvaient être qu’objets de traite. Ceux de Bohême étaient régulièrement conduits à Prague, centre de castration pour les hommes, puis à Ratisbonne. Ceux des pays plus au nord, avec les Saxons faits prisonniers lors des campagnes de Charlemagne des années 780, furent expédiés vers les gros bourgs fortifiés de la route germanique pour finir sur le marché de Verdun. De là, on les menait à Lyon, autre grand carrefour pour ce négoce des captifs, puis à Arles et Narbonne et, enfin, vers les ports d’Espagne, du Maghreb ou, directement, de l’Orient.
Dans la sorte d’organisation internationale du travail qui existait en Europe au Moyen-Âge, certaines villes s’étaient donc spécialisées dans une opération morbide: la castration des esclaves mâles. Ceux-ci étaient généralement capturés par des chrétiens, émasculés par des juifs, et achetés par des musulmans.
Dans son ouvrage La Traite des Slaves : l’esclavage des Blancs du VIIIe au XVIIIe siècle, l’historien russe Skirda dresse une histoire détaillée du fait esclavagiste, et notamment de la castration des esclaves destinés au monde musulman, en particulier à Al-Andalous:
La castration des esclaves, mortelle dans plus de la moitié des cas en ces époques de médecine rudimentaire, répondait à la stratégie millénaire de l’islam qui a toujours utilisé la démographie comme une arme de guerre. La stérilisation des immigrés esclaves évitait la submersion démographique des fidèles d’Allah par des étrangers infidèles. Aussi n’y eut-il pas plus de problème noir que de problème slave en Arabie Saoudite ainsi que dans les autres Etats islamisés sur la longue durée. Les eunuques n’étaient pas seulement préposés à la garde des harems, ils étaient aussi employés comme soldats, ou comme gardes prétoriens du calife ou du sultan tels les saqalibas d’Al Andalus. On comprend dès lors – rareté obligeant du fait de la non-reproduction par les naissances et de la mortalité des esclaves-militaires à la guerre – la nécessité constante d’en renouveler le contingent.
On précisera que ce sont les Juifs qui étaient spécialisés dans la castration, parce qu’officiellement, l’Islam interdisait cette pratique…
Ces quelques détails suffisent à montrer, me semble-t-il, que le seul recours à l’esclavage dans le monde islamique d’Al-Andalous devrait susciter son rejet massif par tous les donneurs de leçons en matière de droits de l’homme.

La question de la persécution des Chrétiens

L’autre caractéristique d’Al-Andalous, dans l’historiographie officielle propagée par l’Éducation Nationale, est celle d’une tolérance des Musulmans au nom du statut des « dhimmis », traduit par protégés. D’où le mythe selon lequel les Musulmans auraient protégés les Chrétiens et les Juifs en Espagne, garantissant une paix et une tolérance religieuse que les Chrétiens seront incapables d’établir quelques siècles plus tard.

Ce mythe repose bien entendu sur un fantasme, dont on peut suivre la construction historique, par exemple à partir d’un article de 1978 qui participe à la grande oeuvre négationniste qui domine aujourd’hui l’histoire d’Al-Andalous. L’auteur de cet article présente de cette façon les révoltes de Chrétiens aux IXè et Xè siècles en Espagne:


On le voit, les scientifiques européens n’ont jamais ignoré les révoltes existant contre l’ordre islamique en Espagne et les persécutions menées contre le clergé catholique. Ils n’ignorent pas plus la pratique de la conversion de complaisance destinée à échapper au statut de dhimmi. Personne ne peut donc nier l’existence d’une persécution religieuse menée par les musulmans en Espagne. Mais… celle-ci ne correspond pas à la doctrine sous-jacente d’une gauche relativiste, pour qui, le mal, c’est le Blanc chrétien, qui relègue loin derrière lui toutes les autres formes de barbarie et de persécutions.
Donc, tout fait contredisant la doctrine officielle sera systématiquement amoindri, ou relativisé, ou passé sous silence au profit d’une seule vérité: Al-Andalous était plus tolérant et plus prospère que n’importe quel univers chrétien.

Al-Andalous et le grand remplacement

Là encore, les historiens officiels n’aiment pas dire quelle fut la réalité de l’implantation musulmane en Espagne. Contrairement aux affirmations officielles, d’une tolérance religieuse, l’histoire fut plutôt celle d’une destruction quasi-systématique des églises existantes lorsque les villes ou les villages résistaient à l’envahisseur, et celle de leur remplacement par des mosquées. Et contrairement aux idées reçues, l’Espagne n’est pas tombée d’un bloc dans l’escarcelle du monde musulman, mais la culture chrétienne y a longtemps résisté.
Le processus d’islamisation urbanistique des capitales andalouses, de même que l’arabisation et la conversion de la population à l’islam, se sont achevés vers la fin du xe siècle. Il restait encore à cette date des vestiges des édifices anciens à l’intérieur des villes comme Cordoue et Tolède. La mosquée connue aujourd’hui sous le nom du couvent de Santa Clara de Cordoue fut construite à la fin du xe siècle sur un terrain où se trouvaient les ruines d’un édifice romain tardif. (…)
C’est la nature même de la conquête de ces territoires (par les armes ou par la négociation, aboutissant à la signature de pactes) qui semble avoir dicté les modèles locaux d’islamisation. Les auteurs arabes expliquent que la conquête d’une ville par les armes aboutissait à la désacralisation de ses églises, cependant que la conquête obtenue par la négociation réservait une partie des sanctuaires locaux au culte chrétien. L’importance des villes a joué elle aussi, semble-t-il, un rôle important : en milieu rural, de nombreux endroits (villages, monastères ou palais) furent occupés de façon temporaire — l’archéologie datant les transformations des deux premiers siècles de présence islamique (viii – ixe siècle) —, mais ils furent ensuite abandonnés au profit des villes de fondation nouvelle (ce qui a facilité l’étude des vestiges). Le processus d’islamisation fut long et progressif, de sorte que les archéologues rencontrent de sérieuses difficultés pour identifier le changement des formes de vie et déterminer le passage d’une société chrétienne à une société musulmane.
Il est dommage de voir que l’histoire, qui devrait être uniquement préoccupée par la recherche des faits et de leur vérité, soit utilisée comme véhicule de propagande, par l’Education Nationale, pour diffuser les illusoires bienfaits du « vivre ensemble ».

UKRAINE | Le pape François sait-il ce qu’il bénit?



Les images sont déroutantes, et l’on comprend pourquoi les médias de grand chemin ont évité de les diffuser. Le 24 mai dernier, le pape François recevait un important groupe de soldats ukrainiens en uniforme et leur accordait sa bénédiction
L’Ukraine est aujourd’hui un pays à la dérive, gouverné par un régime corrompu issu d’un coup d’Etat. Ses forces armées ne parviennent plus à recruter parmi la population, mais font appel à un grand nombre de mercenaires. Leur idéologie, à commencer par le bataillon de choc «Azov», est ce qu’on trouve de plus proche, aujourd’hui, d’une résurgence du nazisme. L’armée délabrée bénie en mai par le pape François est incapable de vaincre sur le champ de bataille les insurgés du Donbass et se borne, pour l’essentiel, à harceler à l’artillerie les populations civiles, ceci au mépris de toutes les conventions. Elle a été dénoncée par Amnesty International, mais également par certains grands médias occidentaux. L’enquête de Paul Moreira «Ukraine, les masques de la révolution» diffusée sur Canal+ a dressé une peinture sinistre de ce régime et de ses agissements.
Ce geste très peu médiatisé écorne l’image d’un pape pacifiste et «de gauche». Loin des initiatives audacieuses et progressistes de François dans d’autres domaines, il renoue avec l’ambiguité qui a marqué l’attitude du Vatican durant la IIe Guerre mondiale et lui a valu un considérable discrédit dans l’après-guerre.

lundi 5 juin 2017

LA FABRICATION D'UNE "FAKE NEW"

Depuis bien avant la mode de la chasse aux « fake news », on sait que les mensonges sont d’abord le fait des grands médias. Et c’est précisément parce que ces grands médias s’affolent de voir la « toile » donner une information alternative qu’ils organisent la guerre contre les soi-disant « fake news ». Voici un exemple spectaculaire : la pure et simple fabrication, par CNN, d’une manifestation musulmane de dénonciation des attentats et de solidarité avec les victimes.

 

jeudi 1 juin 2017

Pas vu pas pris ! Après moi le déluge ! Du passé faisons table rase !

Sur le site Contrepoints on peut lire cet extrait d’un article à propos du projet gouvernemental de

 « Moralisation de la vie politique » 


"EN DÉMOCRATIE, CHACUN CHOISIT SA MORALE[…] Il n’est pas question d’analyser ici les dispositions de la nouvelle loi en préparation, ni de traiter de sa pertinence. Il s’agit de dissocier droit et éthique et de rappeler que si le droit s’impose à tous, y compris aux politiciens, il n’existe aucune règle morale à caractère général et absolu en démocratie.Il est donc tout à fait abusif d’évoquer la « moralisation ». Pourquoi ? Parce que ce régime politique autorise chacun à choisir sa morale en toute liberté. La liberté de conscience permet à chaque personne de choisir ou de ne pas choisir sa religion, son idéologie, les principes qui vont déterminer ses actions.La morale de l’un n’est donc pas la morale de l’autre et personne ne peut considérer qu’une pratique quelconque est immorale de façon absolue. Tout juste peut-elle être contraire à la morale d’autrui.Il n’existe pas en démocratie de morale publique unanimement reconnue. Nous vivons aujourd’hui dans le relativisme moral puisqu’il n’existe plus de religion officielle imposant des contraintes éthiques.[…]" par Patrick Aulnas.
Voilà qui est dit de façon claire et directe et l’on peut en toute logique s’étonner en effet que La Morale – c’est-à-dire une morale universelle ou au moins commune à un peuple ou une culture – que l’on a chassée par la porte fasse son retour par la fenêtre…

Mais en vérité une morale s’est substituée à la précédente depuis pas mal de temps maintenant. Elle est caractérisée, assez simplement d’ailleurs, par l’impérieuse obligation – sévèrement sanctionnée en cas de contravention – de considérer comme nouvelle norme tout ce qui était naguère du domaine de la transgression et ceci dans tous les domaines. Plus brièvement il est désormais « normal » de transgresser ce qui était naguère « normal ». Ce qui est considéré comme faute (voire délit ou encore crime) concerne désormais non seulement tout acte contraire aux nouvelles bonnes mœurs mais, également, aussi bien l’expression sous toutes ses formes de la remise en question des nouvelles normes que toute « entrave » active à la nouvelle situation de liberté désormais acquise « de haute lutte » par toutes sortes de mouvements « de libération », activistes, militants et propagandistes depuis au moins les années 70. C’est en gros tout ce que l’on appelle le « politiquement correct ». Cela entraîne désormais la promulgation de lois, décrets et injonctions visant à traquer tout ce qui pour l’époque est « immoral » … On peut même dire qu’une nouvelle Inquisition s’est désormais installée qui n’a pas tardé à se mettre à l’ouvrage.
Étrangement, alors que tout comportement individuel, particulier, est donc reconnu par la loi et doit être socialement accepté par tous sans exception, sans restriction, il demeure un domaine qui ne semble pas touché par cette libéralisation tous azimuts c’est celui de l’argent.

C’est l’objet de l’article ci-dessus cité dont j’ai extrait un passage.

Alors pourquoi est-il permis, voire conseillé, de jouir de tout, à sa guise, sans que l’on admette la moindre contrainte, critique et encore moins censure sauf de l’acquisition de la richesse et de la réussite dans son entreprise ? Voilà qui heurte les principes d’un libéralisme cohérent.

Il semble simplement que tous puissent être consommateurs mais qu’ils doivent le rester sans se singulariser dans le domaine du gain de l’argent. Du moins au niveau du discours… parce qu’en réalité de nos jours, c’est le règne du « Pas vu pas pris !» qui domine accompagné immédiatement par « Après moi le déluge ! » et forcément soutenu par « Du passé faisons table rase ! ».  Bien entendu c’est le règne de l’hypocrisie et du mensonge.

Dans La Fable des abeilles, plus connue par son sous-titre, Les vices privés font le bien public (1705), Bernard Mandeville prend le contre-pied de la pensée classique : ce ne serait pas de la vertu mais de l’égoïsme de chacun qu’il faut attendre le bien public. Mandeville préfère les maisons closes aux maisons de charité, fait l’apologie de la cupidité, de l’exploitation et de la malhonnêteté, et déconsidère l’altruisme, la frugalité et la mesure.(source)

Il semble que nous soyons dans une époque transitoire qui peine à se débarrasser de toute cette « pensée classique » qui imposait des impératifs moraux empêchant de « jouir sans entraves » à son gré. C’est une époque où l’on a encore mauvaise conscience et où l’on n’est pas encore vraiment « libéré ». La conscience de la transgression des valeurs du passé demeure d’ailleurs au point que d’une part, l’on a besoin de militer périodiquement voire constamment pour s’en détacher en en rejetant violemment toute référence, et que l’on est obligé de vivre dans une totale hypocrisie, celle des vertus publiques faisant écran aux vices cachés. Du moins pour ce qui concerne l’argent. La censure demeure ici. On peut être malhonnête mais il faut être assez habile pour éviter que cela se sache. Somme toute, et pour faire (peut-être un peu) vite, le puritanisme anglo-saxon et/ou l’islam colleront assez bien à cette nouvelle mentalité qui rejette majoritairement la tradition chrétienne (assimilée à la morale catholique essentiellement) suspectée de tous les maux.  

Reste à penser ce que peut faire un chrétien orthodoxe dans cette situation s'il veut se préoccuper de société… L'Église orthodoxe russe a produit quelques années après l'Église catholique-romaine un document sur une doctrine sociale… et les deux collaborent pour "moraliser" sans doute la vie en société. Est-ce le bon chemin de l'Orthodoxie ?
Maxime le minime