Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

vendredi 27 février 2009

DIMANCHE DU PARDON - "Peut-on tout pardonner ?" par Père Alexandre WINOGRADSKY


Père Aleksandr en connaît un "rayon" (de lumière à n'en pas douter...) sur le pardon, et son témoignage vaut d'être lu. Ce texte est extrait d'un article de son blog du Monde de février 2007 consacré au Dimanche du Pardon dans le contexte "particulier" de son sacerdoce en Terre Sainte, c'est à dire tout bonnement (?) en Israël.

"Le Pardon coûte souvent très cher ; notre sang, notre âme, nos années, notre vie. Le Pardon est aussi la mesure d’une vraie conscience au-delà de ce qu’elle peut cerner ou percevoir en totalité." dit Père Aleksandr dans un autre article consacré au Dimanche du Pardon de mars  2006

Le dimanche du pardon

 

"Après l’office des vêpres du dimanche soir qui précèdent l’entrée dans le temps du Grand Jeune (Carême) qui débute le lundi […], le clergé et les fidèles accomplissent un rite profond et signifiant, riche. C’est le dimanche du pardon (прощеное воскресенье). Le rite est très long et solennel dans la tradition slave. Après une série de prières de repentance et de pardon, le clergé de tout rang et les fidèles se prosternent deux par deux - face à face, se demandent mutuellement pardon pour toutes les fautes volontaires et involontaires, conscientes et non-conscientes et se relèvent en s’embrassant dans l’espérance de la Résurrection. Le rite que nous avons accompli hier au Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, était succinct. Souvent le clergé et les fidèles échangent en grec un “Καλή Σαρακοστή!” (bonne quarantaine = de jeune), voire souvent “Καλό Πάσχα!”. Le Patriarche Theophilos avait lu, au début une prière pénitentielle qui implorait le pardon de Dieu. Cinq personnes m’ont dit “tzom kal - צום קל” (jeune paisible, simple) en hébreu. La phrase est curieusement un décalque de celle que l’on dit pour le Yom Kippur, comme si l’on devait mettre l’accent sur le jeûne - en fait, l’accent est sur le pardon et, en hébreu il serait logique alors de dire “shalom uslikhah - שלום וסליחה”.

Il est certain que le rite provient du Kippur ou “Jour de Grand Pardon”. Le pardon s’exprime de manière constante dans la prière chrétienne, mais uniquement en grec dans le Notre Père qui indique: “Pardonne-nous nos offenses (péchés, remets-nous nos dettes) comme nous avons déjà remis, pardonne à ceux qui nous ont offensés”. Mais le sens du Kippour est bien différent car il prend une valeur sacrificielle de notre vie comme elle l’était dans la tradition sumérienne et dans le sacrifice au dixième jour du mois de tishri (nouvelle année d’automne). Pour ceux qui n’en seraient pas persuadés à la lecture du Nouveau Testament, il faut rappeler que l’affirmation du caractère propitiatoire du sacrifice du Christ dans l’épitre aux Romains 3, 25 et l'unité du sacerdoce du Christ dans l’épitre aux Hébreux 9 Ch. 7 et 8) présupposent une méditation approfondie de la théologie de Yom Kippour.

Dans le cas du christianisme [orthodoxe], il est très significatif que cette demande de pardon se fasse à l’entrée du Carême qui est aussi un temps de réconciliation. Mais c’est un temps où l’on marche vers la Résurrection. En fait, c’est le temps du début de la nouvelle année pour la tradition biblique, de la première moisson. La participation au mystère de la résurrection du Christ requiert aussi un approfondissement des paroles de saint Matthieu (5, 21.24.25). Au verset (19) “Car c’était Dieu qui, dans le Christ, se réconciliait le monde, ne tenant plus compte de la faute des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation.” Et: “Celui qui n’avait pas connu le péché, Il (Dieu) L’a fait pour nous sacrifice pour le péché (grec: ἁμαρτίαν ἐποίησενμ  = asham en hébreu) afin qu’en Lui nous devenions justice de Dieu (2 Corinthiens 5-21).

Comme le mois nouveau de Adar (rosh chodesh Adar = ראש חודש אדר) a commence pratiquement pendant le shabbat car la lune est alors née (a 11 h.10 à Jérusalem), et qu’il faut alors se réjouir, le jeune du Yom Kippour katan יום כיפור קטן - ou “Petit Jour de Pardon” avait été avance au jeudi. Ces petits Yom Kippour ont été instaures au 16eme siècle par l’Ecole de Safed puisque la lune est éclairée par le soleil par des reflets qui laisseraient croire qu’elle paraît, naît, grandit, devient pleine puis diminue et disparaît. Ceci montre une permanence physique dans la fidélité de Dieu qui s’exprime par une dimension de double reflet : de la blancheur lumineuse de la lumière du soleil sur la lune et de ce reflet de la lune sur la terre.

Peut-on tout pardonner? La question se pose de façon très réelle à tous les niveaux de la société, mais aussi de la nature humaine. Il y a la question de Simon-Kaipha à Jésus: “Combien de fois dois-je pardonner? sept fois?” - Jésus répond; “soixante-dix (-sept) fois sept fois (Matthieu 18, 21). Que la mesure soit de 49 ou dépasse 50, il ne faut pas penser que c’est une mesure déterminée. Elle excède précisément, dans sa symbolique, les 500 qui était la mesure ou middah (mesure parfaite dans le Temple). Ici, la question n’est pas dans un bâtiment ou dans une mesure rituelle. Il y a une plénitude d’une autre nature et c’est la que se situe le pardon. Soyons francs ou ayons l’honnêteté de dire que le pardon le plus élémentaire pour des vétilles pose déjà des questions relationnelles énormes. Alors lorsqu’il s’agit de pardonner des manquements bien plus profonds et graves, souvent en lien avec la vie et la mort, la question est bien plus difficile à résoudre.

[…]

Si j’ai quelque appel religieux, je dirais que j’essaye d’être vraiment le témoin du pardon qui me fut inculqué par les miens, en particulier par ma mère. Je reste convaincu que le “pardon” est l’âme du judaïsme ET du christianisme et dépasse toute chose démontrable ou explicable. Immatériel, sans qu’on puisse déceler une action de Dieu ou un mouvement humain qui fait que la personne change. Et pourtant le pardon est sans doute la forme la plus élevée, la plus difficile à atteindre pour l’être humain. […]. J’ai entendu des sermons, des homélies savantes ou apparemment persuasives et théologiquement fondés sur le pardon et la nécessité de pardonner. Face aux travaux pratiques, ces paroles se montraient fumeuses et ineptes.

Depuis l’âge de raison, je crois pouvoir affirmer avoir toujours pardonné, le plus souvent sans tenir en mal ou retenir quoi que ce soit contre quelqu’un. J’ai essayé de donner un exemple dans mon chemin sur le christianisme (Qiyum - existence 2). Mais c’est aussi vrai dans la vie quotidienne. Je me suis rappelé ce matin comment un jeune juif m’a un jour traité de “putz - פוץ - crétin simplet” en yiddish  (c’était il y a 30 ans) et fut obligé de s’excuser, ce que je ne demandais pas. Il y a des cas auxquels j’ai réfléchi ces temps derniers ou j’aurais du taper et ou la réaction fut précisément celle de penser qu’au fond “c’est un benêt, crétin”. Beaucoup d’exemples de cette nature me viennent à l’esprit. Je suis même convaincu que telle fut la réaction du hiérarque a bien des égards. Et encore, par uniquement cet “individu”; les exemples pourraient être démultipliés. Ils importent peu.

L’âme du pardon est de tout supporter, non que tout soit supportable, loin de là. Mais, très souvent au cours de la journée, me viennent les paroles du psaume “Ils ne savent pas ils ne comprennent pas - לא יודו לא יבינו”. Je n’ai aucune prétention ou même idée de croire que je comprends quelque chose. Si, que la valeur de nos jours, de nos vies est si précieuse, si unique que le pire criminel (et il y en a beaucoup sous bien des formes), comme chacun de nous peut réfléchir la lumière du pardon, même au prix du mépris le plus apparent. Le pardon aussi implique le silence. A Jérusalem, il y a des âmes qui crient, hurlent - non seulement les vieilles souffrances de la persécution anti-juive. Il y a le cri de l’âme de tout habitant, de tout peuple, langue, nation, de souffrances si peu comprises et explicables qu’il ne semble rester que la solution de la déraison. C’est là que le pardon prend son sens sur un chemin pascal."

samedi 21 février 2009

DIMANCHE DU JUGEMENT et dernier jour de viande

Il y a bien souvent chez les humains, enfants avec leurs parents ou amoureux entre eux, par exemple, un refus de renouer après un conflit, de reconnaître ses torts et la persistance obstinée de la bouderie, du refus, de la colère, du ressentiment ou... de la froideur, de l'indifférence, c'est à dire de la colère froide... malgré les appels répétés de l'autre à la réconciliation, à l'oubli, au pardon , à l'amour en bref.

C'est juste ce qui se passe avec Dieu le Père... et le jour du Jugement ne sera que le jour où le Christ accompagné de ses anges viendra sonner la fin des plaisanteries et des enfantillages... Ce sera le dernier appel, la dernière fois, la dernière chance...
Libre alors à chacun de refuser son amour et son pardon. Libre à chacun de demeurer dans la séparation irréconciliable, le refus de l'amour et l'exclusion. Libre à chacun , de cultiver son dérisoire orgueil, et comme le mauvais larron, de mépriser jusqu'au dernier moment même l'Amour crucifié. Mais cette fois sera la dernière, l'ultime session de 'rattrapage'.
Ce qu'on appelle le 'redoutable' jugement ne sera jamais que le résultat soit de l'enferrement dans l'erreur (...sed diabolicum) de s'être exclu de soi-même, d'avoir fermé les portes et d'avoir choisi la gauche du Sauveur, soit du choix du bon larron de se retrouver à la droite, celle des sauvés par l'abandon à la miséricorde divinedans une totale humilité.

Le premier choix n'aura alors pas fini de faire regretter à ceux qui l'ont fait d'avoir " boudé", quand le Père aimant et miséricordieux prendra au sérieux et à la lettre le refus du pécheur obstiné et laissera définitivement le "boudeur" à son choix entêté et alors ce sera pour le ressentimental ce que l'on appelle l'enfer...
Maxime le minime




CARNAVAL :
Le mot Carnaval si l'on en croit le dictionnaire étymologique et historique du français de Larousse, est une altération du mot Carneleva (conservé en gênois) et qui signifie enlève chair (leva carne) il n'y a évidemment pas que le mot qui a subi une altération...
Mais en même temps tout est relatif à chacun et celui qui a naturellement peu de goût voire horreur de la viande n'a pas grand effort à faire pour suivre les consignes du Carême prenant... Qu'offrira-t-il alors à son Dieu ? Son père spirituel (qui est peut-être au dedans de lui d'ailleurs) le sait.

dimanche 8 février 2009

Excellente nouvelle ! Traduction en français de textes liturgiques adaptés aux mélodies byzantines aux Editions Saints Anargyres

Grande nouvelle !
Gloire à Dieu !

Voici un message des plus réjouissants !
Quel bonheur de constater comment se développe le chant sacré liturgique aussi en français et pas seulement en anglais... Tout arrive ! Plus il y aura de productions de tous côtés (et en tout pays francophone) plus notre Seigneur et Notre Dieu sera glorifié dans notre langue et mieux se développera notre chère Orthodoxie dans nos pays ! Bravo pour ce travail et merci !

Les Editions Saints Anargyres sont heureuses de présenter aux fidèles orthodoxes francophones une oeuvre magistrale de traduction de textes liturgiques adaptés aux mélodies byzantines. La mise au point de ces ouvrages, fruits de plusieurs années de travail a été entamée dans le souci de faire partager aux fidèles francophones les richesses des textes liturgiques grecs.

Allez sur le site et vous pourrez de surcroît écouter des échantillons des enregistrements sur CD qui ont été faits de toute l'hymnographie dont nous, fidèles orthodoxes francophones, avons tant besoin à l'église comme à la maison . Voilà un beau travail de plus qui vient s'ajouter à celui déjà fait ici et là (voir la rubrique "Apprendre le chant byzantin" dans la colonne de gauche du site " Chants sacrés orthodoxes"

VIVE L'ORTHODOXIE BELGE !

" Il faut des siècles..." par Père Alexandre Winogradsky

"Il faut des siècles
pour remonter et corriger des siècles de haine et d'ignorance.

Sommes-nous ou non les témoins et les dépositaires de l'Eternité ?
Pourquoi limiter le temps à nous-mêmes ?
Nous pouvons semer,
d'autres continueront de scruter le mystère de la plénitude divine."

mardi 3 février 2009

ST MAXIME LE CONFESSEUR : LES DEUX NATURES DU CHRIST


Le fer uni au feu ne cesse pas d'être fer tout en étant feu

OPUSCULE XVI

« 20. Et comment le Verbe incarné sera-t-il un homme parfait, s'il est privé de volonté naturelle? Car pour la nature même de la chair douée d'une âme raisonnable et intelligible, le fait d'être déifiée par l'union avec Dieu ne la fait pas sortir de sa réalité essentielle. De même que le fait de se mélanger complètement et de s'unir totalement avec le feu ne fait pas sortir le fer de sa réalité propre; au contraire, il éprouve ce qu'éprouve le feu, puisqu'il est devenu feu par l'union, mais d'un autre côté, il est pesant par nature et il coupe, parce qu'il n'a pas subi une mutilation de sa propre nature, et il n'est aucunement sorti de son opération naturelle, bien qu'il soit devenu avec le feu une seule et même hypostase; il continue de faire les actions qui sont dans sa nature propre - je veux dire qu'il coupe - tout en faisant aussi ce qui relève de l'union - à savoir qu'il brûle. Car le fait de brûler lui appartient, de même que le fait de couper appartient au feu, à cause de l'interpénétration et de l'échange suprêmes entre eux. Rien ne nous empêche non plus de nommer et de dénombrer sa nature, je veux dire celle du fer, même si on la voit avec le feu, ni son opération naturelle, même si on la voit en même temps que le fait de brûler, et il n’est aucunement séparé de cette opération, mais il apparaît et se donne à connaître avec elle et en elle dans une seule et même forme »


In Maxime le Confesseur, L'agonie du Christ par Marie-Hélène Congourdeau.
Editions J.-P. Migne
17 rue d'Alembert 75014 Paris

St Maxime le confesseur, mon très saint Patron,
merci pour ce beau texte,
prie Dieu pour moi !




dimanche 1 février 2009

Paix,diaspora et division dans l’Église, Règle 28 du 4° Concile œcuménique...


La lettre publiée ci-dessous est datée du 18 mars 2002.
Elle fut en partie publiée en anglais sur le site Orthodox Christian Laity.
Le présent texte français est une traduction privée, effectuée à partir de l’original en russe, elle était parue sur le site de l'OLTR qui organise le 13 février une table ronde sur "La primauté dans l’Église orthodoxe"
Cette lettre après relecture et dans un souci autant de vérité, de paix, de justice que d'efficacité d'organisation de l'Eglise semble toujours suffisamment d'actualité pour que comme le site Orthodoxy today nous en fassions le rappel en dehors de tout souhait que les Orthodoxes de l'ouest se placent à tout prix dans une "tradition russe" (qu'ils se classent "Hors Frontières", "Moscou" ou "Exarchat")
"A Sa Sainteté Bartholomée
Patriarche œcuménique
et Archevêque de Constantinople-Nouvelle Rome

Votre Sainteté, Bien-aimé Frère et concélébrant en Dieu,

Nous vous saluons fraternellement et vous souhaitons de nombreuses grâces et miséricordes de la part de Dieu et de Notre Sauveur. 

Nous avons reçu le message de Votre Sainteté N° 129 du 11 avril 2002 sur la situation de l'Archevêché des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale. En lisant cette lettre, nous avons été très troublés par le très grand nombre de reproches amers et d'accusations injustes que vous y formulez. Toutefois, nous souhaitons suivre le précepte du très sage Salomon (Proverbes 17, 9) "qui recherche l'amitié, oublie les torts ; y revenir sépare de l'ami". Ne souhaitant pas mettre à l'épreuve inutilement le sentiment d'amour fraternel entre nos Églises, nous n'allons pas nous arrêter en détail sur l'examen de ces expressions peu heureuses car nous pensons qu'il s'agit plutôt de fâcheux malentendus provenant, à notre avis, d'une compréhension erronée des problèmes que vous avez soulevés. Voilà pourquoi nous pensons qu'il est plus utile de passer immédiatement à l'évaluation de l'interprétation de la règle 28 du quatrième Concile œcuménique proposée par Votre Sainteté, interprétation avec laquelle nous sommes en désaccord catégorique.

Cette règle définit réellement le domaine de responsabilité du siège patriarcal de l’Église de Constantinople en le délimitant par les diocèses anciens d'Asie (proconsulaire), de Thrace et du Pont, c'est à dire les provinces qui appartiennent maintenant à la Turquie, la Bulgarie et la Grèce. Il n'en découle pas du tout que doive être soumise au Patriarcat de Constantinople "toute province qui ne relève pas d'un autre siège patriarcal".

Il apparaît évident que cette interprétation inexacte provient ici d'une interprétation erronée du terme "chez les étrangers" (en tis varvarikis) et du contexte de cette expression. Une telle interprétation erronée suppose qu'il s'agit ici non pas des peuples barbares vivant soit dans l'empire romain soit au-delà de ses limites, mais des entités administratives (définies par l’État) peuplées surtout de barbares. Or, il ne fait aucun doute que cette expression recouvre non pas les provinces mais les peuples, elle n'est pas utilisée au sens administratif et politique mais au sens ethnique. Cela découle de façon évidente des considérations que nous développons ci-dessous.

Comme vous le savez, à l'époque hellénistique et byzantine, le terme "varvaros" se rapporte aux représentants des peuples dont la langue, la culture et les mœurs ne sont pas grecques. Ainsi, Saint Grégoire de Nysse, dans son troisième discours contre Eunome, parle de "philosophie barbare" (varvariki filosofia), Eusèbe de Césarée parle des "barbarismes dans la langue grecque" (idiomata varvarika), Saint Épiphane de Chypre des "noms barbares" (varvarika onomata) et le maître de Saint Jean Chrysostome, Libanius, de "coutumes barbares" (iti varvarika). De même, l'Apôtre Paul entend par "barbare" toute personne ne parlant ni latin ni grec – langues officielles (cf 1 Cor. 14, 1) "Si donc je ne connais pas le sens de la langue, je serai un barbare (varvaros) pour celui qui parle et celui qui parle sera un barbare (varvaros) pour moi". De tels "barbares" pouvaient vivre aussi bien à l'extérieur qu’à l'intérieur de l'empire romain. L'Apôtre Paul prêchait pour les barbares (Rom. 1,14) sans franchir les limites de l'empire. Les Actes des Apôtres (28,2 et 4) nomment les habitants de l'Ile de Malte "des barbares", bien que cette île fasse partie de l'empire, et cela, uniquement parce que la langue locale est le punique. En ce qui concerne le terme "varvarikon", il est certes employé pour désigner les territoires situés en dehors des limites de l'empire romain. C'est dans ce sens que ce terme est utilisé par exemple dans le 63ème (52ème) canon du Concile de Carthage, où il est dit qu’en Mauritanie il n'y avait pas de conciles parce que ce pays se trouve à l'extrémité de l'Afrique, il est limitrophe d'une terre barbare (to varvariko parakitê). Néanmoins, ce terme peut aussi se rapporter à tout ce qui est barbare, et à ce titre – aux territoires qui, bien que peuplés des barbares, entrent dans la composition de l'empire.

C'est justement dans ce sens que ce terme est utilisé dans le canon de Chalcédoine. On n'y parle pas de peuples barbares en général, mais seulement de peuples bien déterminés, des peuples des provinces susmentionnées (ton proirimenon diikiseon), c’est à dire des barbares vivant dans les diocèses du Pont, de l'Asie et de Thrace qui faisaient partie intégrante de l'empire romain d'orient. Ainsi le canon soumet au siège de Constantinople les évêques des barbares vivant dans les limites ecclésiales de ces trois diocèses.

Tous les commentateurs des canons, Alexis Aristène, Jean Zonaras et Théodore Balsamon, de même que l'auteur du Syntagma alphabétique, Matthieu Blastaris, entendent par l'expression "en varvarikis" justement les peuples barbares et, qui plus est, uniquement les peuples soumis à la juridiction de ces trois diocèses, soulignant que les peuples barbares des diocèses voisins n'étaient pas soumis par cette règle à la juridiction de Constantinople, mais ils restaient sous la juridiction d'autres Églises orthodoxes. Seuls sont soumis à l'Evêque de Constantinople, écrit Aristine, les métropolites du Pont, d'Asie et de Thrace, et c’est de lui qu’ils reçoivent la consécration épiscopale ; il en est de même pour les évêques des barbares dans ces diocèses, car le diocèse de Macédoine, d'Illyrie, de Théssalie, du Péloponnèse et de tout l’Epire et les peuples barbares dans ce diocèse se trouvaient alors sous l'autorité de l’évêque de Rome (Syntagma d'Athènes 2, 286 ; Kormtchaïa, Edition 1816, p. 73). C'est l’évêque de Constantinople qui est chargé de la consécration épiscopale des peuples barbares qui se trouvent dans les diocèses précités, écrit Zonara, car les diocèses restants, c'est à dire : de Macédoine et de Théssalie, d'Ellade et du Péloponnèse, d'Epire et d'Illyrie étaient alors soumis à l’évêque de la Rome ancienne (Syntagma d'Athènes 2, 283, 284). Nous pouvons lire dans le Syntagma de M. Blastaris : l’évêque de Constantinople a aussi le droit de sacrer les évêques des peuples barbares limitrophes de ces diocèses, comme les Alains et les "Rous" car les premiers sont limitrophes du diocèse du Pont et les seconds du diocèse de Thrace (Syntagma d'Athènes VI, 257). Dans ce dernier cas, il s'agit d'une pratique ecclésiale tardive (le témoignage de Blastaris se rapporte au XIVe siècle) selon laquelle sont incluses dans la juridiction de l’Église de Contantinople les terres barbares attenantes aux trois diocèses mentionnés. Il est par ailleurs souligné que la juridiction de l'évêque de Constantinople a été étendue à ces territoires justement du fait de leur voisinage avec la province canonique définie par la 28e règle du Concile de Chalcédoine, bien que dans le texte même des règles la possibilité d'un tel élargissement ne soit pas prévue.

Ainsi les commentateurs anciens et faisant autorité confirment que le Concile de Chalcédoine n'a donné à l’évêque de Constantinople un droit sur les territoires "barbares" que dans les limites de trois diocèses, dont seul le diocèse de Thrace se situe en Europe. Aristène et Zonaras, par exemple, indiquent clairement qu'en Europe le droit pour l’évêque de Constantinople d'envoyer des évêques pour les barbares s'étend seulement au diocèse de Trace, car les autres diocèses sont soumis à l’évêque de Rome. En ce qui concerne les frontières de l’Église de Constantinople en Asie, Balsamon écrit, dans l’interprétation du canon 28 du IVe Concile œcuménique : "Sache qu'on appelle pontiques les métropolites riverains de la Mer Noire jusqu'à Trébizonde, asiatiques les métropolites près d'Ephèse, de la Lycie, de Pamphilie et des environs, mais pas en Anatolie, comme disent certains. En Anatolie, c'est celui [l’évêque] d'Antioche qui possède le droit d'ordonner" (Syntagma d'Athènes II, 284).

Il convient également de constater qu'il ne s'agit pas dans ce canon de la diaspora mais des peuples "barbares" autochtones vivant non pas dispersés mais sur leurs propres terres. Ils sont devenus chrétiens surtout à la suite d'activités missionnaires : leur christianisme ne vient pas de leur patrie étrangère comme c'est le cas pour la diaspora. Et voilà pourquoi, on s'éloigne de la réalité historique et on mélange des concepts différents si on étend le champ d'application d’un canon concernant les peuples autochtones, devenus chrétiens par suite d'activités missionnaires, au phénomène de la diaspora composée de personnes qui partent en terre étrangère et qui ont été élevés dans la tradition orthodoxe de leur patrie.

Ainsi l'affirmation de Votre Sainteté disant que par le 28e canon de Chalcédoine "entrent dans le domaine de responsabilité du Patriarche œcuménique l’Europe occidentale et toutes les terres nouvellement découvertes d'Amérique et d'Australie" est une affirmation qui semble être entièrement inventée et privée de tout fondement canonique. En effet ces terres éloignées n'ont aucun lien avec les trois diocèses mentionnés dans le canon et n'en sont même pas limitrophes, et, d’autre part, la majorité des fidèles des Églises sur ces territoires ne sont pas des indigènes mais des représentants de peuples traditionnellement orthodoxes avec leurs traditions religieuses qu'ils souhaitent conserver. Pour ce qui est de l’appartenance juridictionnelle des territoires canoniques appartenant à l’Église de Rome avant le schisme de l’an 1054, aucune décision ayant autorité pan-orthodoxe n'a été prise par l’Église.

Tout cela est étayé aussi par des faits historiques indiquant que jusque dans les années vingt du vingtième siècle il n'y avait aucune autorité de fait du patriarche de Constantinople sur toute la diaspora orthodoxe dans le monde entier, et qu’il ne prétendait pas non plus à une telle autorité. A titre d'exemple, en Australie la diaspora orthodoxe était initialement desservie par Jérusalem et le patriarcat de Jérusalem y envoyait des prêtres. En Europe occidentale, dès le commencement, les paroisses et les communautés orthodoxes dépendaient canoniquement de leur Églises mères et non pas de Constantinople, de même que dans d'autres parties du monde où pour suivre l’enseignement du Christ (Matthieu 28, 1-20) des missionnaires zélés des Églises locales orthodoxes, y compris celle de Constantinople, prêchaient l 'Evangile et baptisaient les aborigènes qui devenaient enfants de l’Église, qui les avait éclairés par le baptême.

Pour ce qui est de l'Amérique, dès 1794, l'Orthodoxie sur ce continent a été représentée exclusivement par la juridiction de l’Église russe qui en 1918 regroupait 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais) ; y appartenaient également les grecs orthodoxes recevant l'antimension pour leurs paroisses de la part des évêques russe. Une telle situation était reconnue par toute les Églises locales qui pour les paroisses américaines envoyaient leur clergé dans la juridiction de l’Église orthodoxe russe. Le patriarcat de Constantinople aussi s'en tenait à cette même pratique. Par exemple, lorsque en 1912 les Grecs orthodoxes d'Amérique adressèrent une requête pour l'envoi d'un évêque grec à Sa Sainteté le Patriarche de Constantinople Joachim III, le Patriarche ne l’a ni envoyé lui-même, ni n’a adressé cette requête à l’Église orthodoxe de Grèce mais il a recommandé d'en référer à l'Archevêque Platon d'Aléoutie et d'Amérique du Nord afin que cette question soit tranchée par le Saint Synode de l’Église orthodoxe russe.

Le pluralisme juridictionnel en Amérique du Nord a commencé en 1921, lorsqu’a été créé l’"Archevêché grec d’Amérique du Nord et du Sud" sans l’accord de l’Église orthodoxe russe, qui n'en avait pas été informée. C'est justement à ce moment-là qu'apparaît ce que vous décrivez : "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Églises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent ", ce qui "est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retourne nt contre elle". Comme nous le voyons, la faute de cette triste situation n'incombe pas à l’Église russe. Au contraire, s'efforçant de faire entrer l'orthodoxie américaine dans le sillage canonique, en tant qu'Église Mère, en 1970, elle a accordé l'autocéphalie à son Église Fille. Par cet acte, l’Église russe a agi dans les limites de sa juridiction canonique, ayant en vue une future décision panorthodoxe concernant le rétablissement d'une Église orthodoxe locale unique en Amérique. Nous pouvons remarquer que, déjà en 1905, un projet de création de cette Église avait été présenté au Saint Synode par le saint Patriarche Tikhon qui était alors l’Archevêque d'Aléoutie et d'Amérique du Nord.

Il est triste de constater que la Très Sainte Église de Constantinople n'a pas soutenu l’acte de 1970 et n'a pas contribué à l'union tant souhaitée. Jusqu'à présent, cela reste une cause de discorde et de mécontentement qu’éprouvent de nombreux Orthodoxes en Amérique en ce qui concerne leur statut.

Malgré l'affirmation de Votre Sainteté, à savoir "qu'aucun autre siège patriarcal n'a reçu le privilège ni le droit canonique" pour appliquer sa juridiction en dehors des provinces qui n'appartiennent pas aux territoires canoniques des Églises autocéphales, l’histoire démontre que la 28è règle du IVe Concile œcuménique soumettant à Constantinople les trois diocèses mentionnés ne diminue en rien les droits des autres Églises autocéphales, en particulier dans le domaine de la juridiction ecclésiastique sur le territoire des terres étrangères. Ainsi l’Église de Rome désignait les évêques dans presque toute l'Europe, Thrace exceptée, l’Église d'Alexandrie dans les pays au Sud de l’Egypte et par la suite sur presque tout le continent africain, celle d'Antioche à l'Est, en Géorgie, en Perse, en Arménie, en Mésopotamie ; la juridiction de Constantinople, quand à elle, pendant longtemps après le Concile est restée confinée aux frontières qu’étaient celles des diocèses d'Asie, du Pont et de Thrace avant ce Concile.

Historiquement, il convient également de constater qu’aussi bien la primauté d'honneur établie par la règle 3 du IIe Concile œcuménique, que les pouvoirs juridictionnels dans les trois diocèses ont été donnés à l’Église de Constantinople uniquement pour des raisons politiques, à savoir parce que la ville où se trouvait son siège a acquis le statut politique de capitale, est devenue "la ville de l’empereur et du sénat". Ainsi le 28ième canon stipule : "Nous prenons la décision au sujet de la préséance de la Très Sainte Église de Constantinople, la Nouvelle Rome. Les pères en effet ont accordé avec raison au siège de l'ancienne Rome la préséance parce que cette ville était la ville impériale. Mus par ce même motif, les 150 évêques aimés de Dieu ont accordé la même préséance au Très Saint Siège de la Nouvelle Rome, pensant à juste titre que la ville honorée de la présence de l'empereur et du sénat et jouissant des mêmes privilèges civils que Rome, l'ancienne ville impériale, devait aussi avoir le même rang supérieur qu'elle dans les affaires d'église, tout en étant la deuxième après elle". Nous n'avons pas pour le moment l'intention de nous lancer dans une discussion sur ce thème. Toutefois, il convient de ne pas oublier un fait évident : la situation actuelle de Constantinople après la chute de l'empire byzantin ne justifie absolument pas un recours trop insistant à ce canon, sans parler d'interprétations excessivement élargies à son sujet.

L'inclusion dans la juridiction de la Très Sainte Église de Constantinople de nouvelles provinces outre celles voisines de ces trois diocèses, qui a eu lieu au cours de l’histoire, n'est pas, d'après nous, liée à la règle 28 du IVe Concile œcuménique. Les raisons en furent tout à fait autres. Ainsi, les provinces mentionnées par Votre Sainteté d'Illyrie, d'Italie du Sud et de Sicile ne relevaient pas "toujours" de la juridiction du Patriarcat de Constantinople mais furent enlevées de force à l’Église romaine et transmises à l’Église de Constantinople par l'empereur iconoclaste Léon l’Isaurien, sans référence aucune au 28ième canon du Concile de Chalcédoine. Une des plus importantes raisons de ces actes de Léon l'Isaurien était que l’Église de Rome s'opposait à la politique iconoclaste de l' empereur byzantin dont le pouvoir politique s'étendait au territoire indiqué.

En ce qui concerne l’Église russe, elle était initialement soumise à l’Église de Constantinople non pas en vertu du canon 28 du IVe Concile œcuménique mais en vertu du principe général, selon lequel les peuples convertis se soumettent à l’Église mère qui les a christianisés tant qu'ils ne réunissent pas les conditions nécessaires à l'autocéphalie. En devenant église autocéphale, l’Église russe a reçu les mêmes droits de mission, au-delà de son territoire canonique, que les autres Églises orthodoxes locales dans la mesure où, comme cela fut montré ci-dessus, les Saints canons ne donnent aucune préséance à quelque Église que ce soit pour la réalisation de ce droit.

Telle est l'authentique tradition panorthodoxe dans cette question et la Très Sainte Église de Constantinople l’avait toujours respectée jusqu'au moment où le Patriarche Mélétios IV a élaboré la théorie de la subordination de toute la diaspora orthodoxe à Constantinople. C'est précisément cette théorie, à l’évidence anti canonique, qui apparaît, pour employer une expression de Votre Sainteté, "hostile à l’esprit de l’Église orthodoxe, à l'unité de l’orthodoxie et à l'ordre canonique". Elle est précisément l’expression "d'une intention expansionniste qui n'a pas de fondements canoniques et qui est inacceptable sur le plan ecclésiologique". En prétendant à un pouvoir spirituel universel, elle ne correspond pas à la tradition canonique orthodoxe et à l’enseignement des Saints Pères de l’Église, et représente un défi direct à l’unité orthodoxe. En effet, il n'y a aucune raison de convenir avec l’affirmation que l’ensemble de la diaspora orthodoxe ne se trouve point sous la juridiction spirituelle du Patriarcat de Constantinople uniquement parce qu'il "tolère cette situation temporairement et pour des raisons d'économie". Cette dernière phrase a particulièrement suscité notre incompréhension et notre inquiétude car elle semble indiquer l’intention de la Très Sainte Église de Constantinople de continuer à mener à l'avenir une politique unilatérale d'expansionnisme étrangère à l'esprit d’amour fraternel et de conciliarité. A cet égard, il convient de rappeler une remarque juste du Patriarche Diodore de Jérusalem de bienheureuse mémoire figurant dans la lettre à Votre Sainteté N° 480 du 25 juillet 1993, à sa voir que seul le Concile Panorthodoxe a le droit de résoudre la question complexe de la diaspora. Ajoutons encore que ni la Très Sainte Église Orthodoxe de Roumanie ni la Très Sainte Église Orthodoxe de Pologne ne partagent la vision des problèmes de la diaspora orthodoxe exposée par Votre Sainteté : c'est ce qui ressort des rapports de ces Églises aux réunions de la commission préparatoire pour le Saint et Grand Concile en 1990.

Compte tenu de ce qui précède, nous sommes tout à fait en droit de contester l'affirmation de Votre Sainteté, à savoir que l'Exarchat des Paroisses Russes en Europe est" une des formes de la sollicitude pastorale obligatoires" de l’Église de Constantinople. La thèse de subordination obligatoire de cet Exarchat à la juridiction du Patriarcat de Constantinople est réfutée par l'histoire même de cette structure ecclésiastique. Rappelons que dans les documents officiels de l’Église de Constantinople concernant la situation des paroisses russes en Europe occidentale il est reconnu que leur Église Mère est l’Église Orthodoxe Russe, et que le système établi d'administration de ces paroisses a un caractère provisoire. Il en est question sans ambiguïté dans le Tomos du Patriarche Photius du 17 février 1931. Commentant ce document, le Très Saint Patriarche Photius écrit dans une lettre au Métropolite Serge, Locum Tenens du Trône patriarcal, N° 1428 du 25 juin 1931 : "la situation doit rester dans cet état provisoire jusqu'à ce que, Dieu aidant, soit rétablie l’unité de la Sainte Église Sœur de Russie". Dans ce même sens, Sa Sainteté le Patriarche Athénagoras, dans une lettre à l'Exarque des paroisses russes, l'Archevêque Georges d'Eudociade, N° 671 du 22 novembre 1965, témoignant du fait que "l’Église Russe s’est libérée des divisions et a acquis une organisation interne et a acquis une liberté d'action pour les affaires hors frontières ", annonce la suppression de l'Exarchat des paroisses russes de l'Europe occidentale "qui avait un caractère provisoire" et lui recommande de s'unir au Très Saint Patriarche de Moscou qui "pourra et devra toujours témoigner et manifester son amour paternel pour ces paroisses". La reprise en 1971 par le Patriarcat de Constantinople dans sa juridiction, du diocèse des paroisses russes en Europe et sa transformation en Exarchat par le Tomos du 19 juin 1999, n'a en rien changé le caractère provisoire de la situation actuelle de l'Archevêché russe dans la mesure où ce tomos, dans son premier paragraphe, se réfère au tomos du Patriarche Photius. Ainsi, la Très Sainte Église de Constantinople elle-même, dans ces documents officiels, a reconnu sans ambiguïté le droit à l’union de l'Archevêché des paroisses russes en Europe occidentale avec l’Église Mère – l’Église Orthodoxe Russe sans y voir la manifestation" d'un état d'esprit extrêmement sécularisé et erroné "ou" d’une conception ethnico-raciale erronée".

En ce qui concerne les propos de Son Éminence le Métropolite Cyrille de Smolensk et Kaliningrad mentionnés par Votre Sainteté, propos tenus pendant son séjour à Paris du 10 au 12 février 2001, ce thème a déjà été évoqué au cours d'une série de négociations par les délégations des Patriarcats de Constantinople et de Moscou à Zurich le 19 avril 2001 et dans une lettre du Métropolite Cyrille au Métropolite de Philadelphie Méliton, N° 2062 du 17 juillet 2001. De passage à Paris, Son Éminence le Métropolite Cyrille a été invité par l'Archevêque Serge d’Eucarpie à une rencontre avec le Conseil de l’Archevêché. A cette rencontre, l’hiérarque de notre Église n'a fait aucune proposition particulière, toutefois, lorsqu’on a demandé au Métropolite quelle était sa vision de l’avenir de l’Archevêché, il a exposé la position de notre Église qui n'a jamais été dissimulé et à laquelle nous sommes irrévocablement attachés. Cette position est la suivante : l'existence d'une structure ecclésiastique isolée des paroisses russes en Europe est le résultat de la tragédie du peuple russe provoquée par la révolution. A l'heure actuelle, quand enfin les conséquences de la révolution sont surmontées, le retour des paroisses de l'émigration au sein du Patriarcat de Moscou serait tout à fait normal. Cette aspiration au rétablissement de l'unité spirituelle de notre peuple est reflétée dans la déclaration que vous avez évoquée, faite par le Saint Synode de l’Église Orthodoxe Russe le 8 novembre 2000 où il est question des enfants "qui habitent en dehors des limites d e l’État russe ", (mais pas "en dehors des limites de l’Église russe" comme cela est cité de manière inexacte dans Votre lettre). Cela nous attriste toujours de constater que le souhait légitime et naturel de rassembler à nouveau nos propres ouailles vivant dispersées pour des raisons historiques et politiques connues, fasse l'objet d'attaques si brutales et injustes et ne recueillent pas de compréhension auprès du Primat d’une Église qui a subi une tragédie semblable.

La question de la diaspora orthodoxe est un des plus importants problèmes des relations inter orthodoxes. Etant donné sa complexité et le fait qu'il ne soit pas suffisamment régularisé, il entraîne de graves complications dans les relations entre les Églises et sans aucun doute diminue la force du témoignage orthodoxe dans le monde contemporain. Néanmoins, nous espérons vivement que les efforts soutenus et insistants des Églises Orthodoxes locales permettront finalement de trouver une solution panorthodoxe de ce problème lors du Saint et Grand Concile de l’Église Orthodoxe d'Orient. La responsabilité historique en paraît d'autant plus lourde pour les actes dirigés contre l’obtention d'un accord agréable à Dieu concernant cette question clé.

Voilà pourquoi pour le véritable bien aussi bien de l'orthodoxie que de l’Église de Constantinople qui nous est chère par des réminiscences historiques séculaires, nous appelons Votre Sainteté à suivre les préceptes des Saints Pères, exprimés dans le 8 ième canon du IIIe Concile œcuménique, "que les canons des Pères ne soient pas enfreints, ni que sous le prétexte d'actes sacrés ne s'insinue l’orgueil de la puissance mondaine et que, sans nous en rendre compte, nous perdions peu à peu la liberté, que nous a donné par Son propre Sang, Jésus Christ Notre Seigneur, le Libérateur de tous les hommes". Fidèle à la tradition des Saints Pères, nous demandons instamment et sincèrement à Votre Sainteté de renoncer à un état d'esprit faisant obstacle à l’accord ardemment désiré et de déployer des efforts pour convoquer rapidement le Grand et Saint Concile.

Nous demandons à Dieu paix, santé et longue vie pour Votre Sainteté, nous vous donnons à nouveau l’accolade fraternelle et nous continuons à vous respecter et à vous aimer dans le Christ.
+ Alexis,
Patriarche de Moscou et de toute la Russie" 
(Mémoire éternelle! Вечная память!)

lundi 26 janvier 2009

nouvelle naissance, nouveau baptême, nouvelle profession, nouvelle pause pour préparer une nouvelle vie

j'adore cette nonne pleine de joie sur sa Vespa 
qui part à l'aventure avec sa guitare dans le dos
sa croix sur la poitrine et son chapelet qui flotte au vent
comme un étendard
KYRIE ELEISON !
...
GLOIRE A DIEU !!!
VIVE LA VIE !!!

dimanche 18 janvier 2009

Semaine de prière pour l'unité chrétienne


Lire le texte de l'Archimandrite Placide Deseille du monastère St Antoine Le Grand déjà publié plus bas pour la Paix dans le monde entier, ce texte suffit en lui-même à exprimer pleinement la prière pour l'Unité que fait l'Eglise orthodoxe, toute l'année, chaque Dimanche, et à chaque Liturgie, et pas seulement une semaine par an...

mercredi 14 janvier 2009

DÉSARMER PIERRE C’EST RÉARMER PAUL...



Quand j'étais beaucoup plus jeune, j'habitais une petite résidence au pied de laquelle se trouvait un petit centre commercial. Un jour que je descendais de mon immeuble je fus interpellé par une violente dispute entre deux hommes qui se transforma rapidement en rude bagarre et ni l'un ni l'autre ne ménageait son adversaire. J'essayais de comprendre un instant ce qui se passait et pourquoi ces deux hommes en étaient venus aux mains, mais les seules insultes proférées dans la rage par l'un et par l'autre explicitaient mal les causes du conflit. D'ailleurs je fus rapidement obligé d'arrêter là ma réflexion car l'un des boxeurs venait de se saisir d'une barre de fer et on pouvait voir sans tergiverser qu'il était prêt à tuer l'autre, ni plus ni moins. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je crois simplement que je n'aurai pas supporté d'assister à un meurtre : je me suis jeté dans la bagarre et j'ai ceinturé par derrière celui qui avait saisi la barre de fer pour l'empêcher de se servir de son arme en hurlant aux deux enragés d'arrêter tout ça immédiatement. Et voilà ce qui arriva : Comme l'un des deux ennemis était momentanément désarmé, l'autre en profita immédiatement pour le bourrer de coups de poings et de coups de pied que j'ai eu bien du mal à éviter moi-même. Écoeuré par ce qui se passait j'ai aussitôt lâché l'homme que je tenais ceinturé en lui demandant platement de m'excuser, tout penaud que j'étais d'avoir obtenu un aussi piètre résultat et de lui avoir involontairement porté préjudice. Je me suis fait copieusement insulté évidemment, et la bagarre a repris de plus belle. Je me suis alors éloigné et, totalement dépité et troublé, je suis parti à un rendez-vous pour lequel j'étais descendu de chez moi.

Cette expérience a laissé durablement son empreinte dans mon esprit et m'a fait révisé mes convictions pacifistes...

Plus tard, en me remémorant cette mésaventure, j'ai repensé également à une expérience du même genre que j'avais vécue quand j'étais enfant et qui aurait pourtant dû me servir de leçon. J'avais voulu en effet intervenir dans un combat entre mon chien que je promenais et un autre chien de rencontre. La bagarre ne cessait évidemment pas malgré les rappels à l'ordre de mon chien et les nombreux et désespérés "Viens ici !" étaient pathétiquement inutiles. Je me souvins alors d'un conseil que j'avais entendu pour séparer deux chiens et arrêter le combat et je décidai de l'appliquer : je saisis les pattes arrière de mon chien et l'obligeai par là à lâcher prise. Mais que se passa-t-il ? - L'autre en profita aussitôt pour le mordre sans retenue...évidemment ! Il s'en est suivi une confusion dans laquelle je ne sais plus ce j'ai vraiment fait entre les coups de pied que j'ai donnés, les hurlement que j'ai poussés, le collier que j'ai saisi et peut-être l'aide que m'ont apportée d'autres passants. Je suis tout de même parvenu à retourner à la maison avec mon chien mais quelle horreur !....

Voilà, dans l'un comme dans l'autre cas, chercher à comprendre, et évaluer l'injustice, le tort ou la méchanceté pour choisir son camp est de peu de secours dans l'urgence et la rage du combat. Mais également désarmer Pierre c'est réarmer automatiquement Paul. Que faut-il faire ? sans doute est-il nécessaire de séparer les deux ennemis, mais il faut en avoir les moyens efficaces et le faire en bloquant simultanément et avec vigilance et durablement le réarmement de deux ennemis. Qui peut faire ça ? Une force extérieure puissante non partie prenante. Et puis il y a lieu de panser les plaies, soigner les blessures, enterrer et pleurer les morts, et alors seulement écouter ce que chacun a à dire légitimement et réorganiser les relations équitablement.... C'est possible ça ??? Qui a intérêt à cela ? Peut-être un Chrétien...

dimanche 11 janvier 2009

"POUR LA PAIX DU MONDE ENTIER,... Prions le Seigneur !"

La guerre en Terre Sainte exige notre prière pour la Paix : nous pouvons réciter des Psaumes qui sont des prières communes aux Juifs et aux Chrétiens de Palestine. Je ne sais ce que l'on peut trouver de texte de prière en commun avec les musulmans et c'est bien dommage, car il se trouve des gens qui désirent ardemment la Paix dans toutes les religions du Moyen Orient.
A relire ce beau texte de l'Archimandrite Placide DESEILLE qui suit, je me dis qu'à défaut de prières communes, la Divine Liturgie, est encore pour les Chrétiens la meilleure et la plus puissante des prières. Je suis quelquefois un peu perplexe, bien que je m'y associe toujours car j'aime prier pour les défunts, que l'on rajoute, à la fin de l'office eucharistique, pannychide ou mnimósyno enlevant par là - il me semble - un peu de sa puissance à la prière de la Liturgie Eucharistique. Geronda Placide expose bien comment La Divine Liturgie est la prière la plus appropriée pour la Paix... Bien sûr elle ne peut être faite que par des Chrétiens, cela limite la communication entre les peuples mais en même temps c'est sûrement là l'oecuménisme le plus authentique, chacun allant le plus loin, le plus profondément, le plus authentiquement dans sa propre voie spirituelle avec à la fois la conviction profonde d'être dans la Vérité et dans le respect de la prière des autres...



SIGNIFICATION ŒCUMÉNIQUE DE LA DIVINE LITURGIE

(extrait de "LA DIVINE LITURGIE" fondé sur le chap.6 du recueil d'articles "Certitude de l'Invisible" par l'Archimandrite Placide DESEILLE (Presses Saint-Serge)

"Le péché est, essentiellement, une œuvre de division. Son instigateur, Satan, est le « diable» (du grec dia­ballô (διαβαλλο) désunir, disloquer), c'est-à-dire le diviseur par excellence. Par le péché, - celui d'Adam et toutes les transgressions commises ensuite par l'humanité ­l'homme s'est non seulement séparé de Dieu, en refusant de rester avec lui en communion de volonté, mais il s'est aussi séparé du monde angélique, séparé des autres hommes avec qui il est perpétuellement en conflit, séparé de toute la création qui se révolte contre lui, tandis qu'il cherche à l'exploiter pour son seul profit.
À l'inverse, l'œuvre de la Rédemption accomplie par le Christ est essentiellement une restauration de l'unité perdue. C'est le corps glorifié du Christ, son corps personnel né de la Vierge Marie et ressuscité en gloire, qui est le centre et le foyer de toute la création rassemblée dans l'unité. C'est en Lui étant mystiquement identifiés par l'énergie divine de l'Esprit-Saint qu'il répand dans nos cœurs, que nous sommes rassemblés dans l'unité, que nous formons le « Christ total », autour duquel tout le cosmos peut retrouver sa cohésion.
Par le baptême, chaque chrétien est déjà greffé sur le corps du Christ, en devient un membre vivant. Mais c'est par l'Eucharistie que l'union de tous dans le Christ s'accomplit en plénitude: « Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un Corps, car tous nous participons à ce pain unique» (l Cor., 10, 17).
L'Eucharistie fait l'Église. Celle-ci n'est rien d'autre que le corps glorifié du Christ uni à ses membres, qu'ils soient déjà auprès de lui dans les cieux, ou qu'ils militent encore sur la terre. Cette Église-Corps du Christ est rendue présente ici-bas partout où existe une communauté de chrétiens qui se rassemblent, dans une ville ou une bourgade, autour de leur évêque ou de l'un de ses prêtres qui le représente, et reçoit de sa main le corps eucharistique du Seigneur. « Mêlée» à ce corps, comme disaient les Pères de l'Église, identifiée à lui, cette communauté locale n'est pas une « partie » du corps du Christ: elle participe à sa plénitude, elle est spirituellement le Christ tout entier, de même que chaque parcelle des saints dons n'est pas une partie du Christ, mais rend présent le Christ tout entier. Et à l'intérieur de chaque Église locale, il ne peut y avoir de discrimination entre chrétiens d'origine ethnique diverses, entre hommes et femmes, entre riches et pauvres. Tous sont un dans le Christ.
Cette ecclésiologie eucharistique a été particulièrement remise en lumière par quelques grands théologiens orthodoxes du XXème siècle, comme le Père N. Afanasieff, de l'Institut Saint-Serge à Paris, ou le Métropolite Jean de Pergame.
L'Eucharistie est ainsi, par excellence, le sacrement de l'Unité. Cependant, une difficulté apparaît: selon la tradition ancienne de l'Église à laquelle l'Église orthodoxe est fermement attachée, l'unité visible de la communauté ecclésiale, qui a son centre dans la célébration eucharistique, n'est véritable que si aucune divergence dans la foi n'existe entre ses membres. La communion au même Pain serait mensongère si elle coexistait avec des divergences dans la profession de foi. Or, au cours des siècles, de telles divergences sont apparues. Des chrétiens estiment contraire à la foi des apôtres et à l'Évangile ce que d'autres considèrent comme une partie du dépôt de la foi, ou un développement légitime de celui· ci. C'est le cas, en particulier, de la juridiction universelle et de l'infaillibilité du pape de Rome, ou de certains aspects de la doctrine des communautés issues de la Réforme.
Les communautés chrétiennes orthodoxes se voient alors dans la nécessité de refuser l'intercommunion ou l'hospitalité eucharistique aux membres d'autres communautés chrétiennes qui ne partagent pas la foi orthodoxe. Pour l'Église orthodoxe, en matière de vie sacramentelle, il ne peut y avoir de milieu entre la communion plénière et la non-communion. Cela n'oblige pas les Orthodoxes à refuser toute validité sacramentelle, toute ecclésialité et toute sainteté aux Églises et communautés non-orthodoxes. Mais, à leurs yeux, la communion sacramentelle reste inséparable de l'accord total dans la foi.
Comment, dès lors, l'Eucharistie peut-elle rester le sacrement de l'unité? Ne l'est-elle que pour ceux qui professent la foi orthodoxe? S'il s'agit de l'unité plénière, de la communion totale, oui, quelque douloureux que puisse être cette situation. L’unité parfaite et visible entre les chrétiens n'existera que lorsque leur communion dans la même foi sera totale. Mais il faut ajouter aussitôt que, de par sa nature même, l'Eucharistie est un ferment d'unité, non seulement entre les chrétiens de confessions différentes, mais entre tous les hommes. En vertu de son incarnation, le Christ, Nouvel Adam, a assumé en lui toute l'humanité, qui est comme potentiellement incluse dans sa nature humaine personnelle. Tout homme est non seulement appelé à s'agréger au corps du Christ, mais d'une certaine façon, incomplète et inchoative, en fait déjà partie. C'est pour cela que le Christ a pu dire que ce que nous faisons au plus démuni d'entre les hommes, c'est à lui que nous le faisons. Dès lors, la prière pour l'unité de tous, l'aspiration à cette unité, n'est pas, pour l'Église, pour toute communauté eucharistique, une simple convenance morale. Elle est une exigence interne, ontologique, jaillissant de son être même. C'est pourquoi, au cours de la Divine Liturgie, l'intercession pour le monde entier, pour l'union de tous, affleure à diverses reprises.
La Divine Liturgie est célébrée en premier lieu pour communiquer « la rémission des péchés et la vie éternelle » à tous ceux qui, déjà, participent au même Pain et boivent à la même Coupe. Mais elle l'est aussi pour le salut de tous les hommes, pour qui le Christ est mort, ressuscité et établi Seigneur de l'univers. Elle est, dans son essence même, intercession pour la paix du monde, pour cette paix qui, dans son sens évangélique, implique la réconciliation de tous dans l'unité du même corps du Christ."

(voir la liste d'autres publications de Père Placide en cliquant sur "lire la suite")

TEXTES DE L’ARCHIMANDRITE PLACIDE DESEILLE

ÉDITÉS PAR LE MONASTÈRE SAINT ANTOINE LE GRAND

  • À l'image et à la ressemblance de Dieu.
  • L'Eucharistie et la divinisation des chrétiens.
  • L'échelle de Jacob.
  • Connaissance et inconnaissance de Dieu.
  • La gloire de Dieu.
  • « La mort est vaincue» - Les fins dernières selon les Pères de l'Église.
  • Le problème du mal.
  • La connaissance de Dieu et la place du théologien dans l'Église.
  • La prière de Jésus dans la spiritualité hésychaste.
  • La Tradition spirituelle orthodoxe.
  • Introduction à la Philocalie.
  • Le combat spirituel selon les Pères du désert
  • Une rencontre de saints.
  • Monachisme, Eucharistie et Pastorale.
  • Le Mont Athos et l'Europe.
  • Ëtre chrétien orthodoxe aujourd'hui.
  • L'Église orthodoxe et l'Occident.
  • La spiritualité catholique romaine et la tradition orthodoxe.
  • Divergences et convergences entre les Traditions orthodoxe et occidentale. - Histoire d'une déchirure - Orthodoxie et Catholicisme.
  • La révolution française et le destin spirituel de l'Europe.
  • «Nous, Romains ... »
  • Points de vue orthodoxes sur l'unité des chrétiens.
  • «Tous, vous êtes un dans le Christ» - Église orthodoxe et nationalisme. - Orthodoxie, uniatisme et œcuménisme


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MONASTÈRE SAINT ANTOINE LE GRAND

26190 SAINT-LAURENT-EN-ROYANS

TEL. 0475477202 - FAX 04 75475368

mardi 6 janvier 2009

Sainte THÉOPHANIE de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ





Tropaire ton 1.



Ton Baptême dans le Jourdain, Seigneur,
nous montre l'adoration dûe à la Trinité.
La voix du Père T'a rendu témoignage,
elle T'a nommé "Fils Bien-aimé"
et l'Esprit, sous la forme d'une colombe,
a confirmé l'inébranlable vérité de cette parole.
Christ-Dieu, Tu es apparu, Tu as illuminé l'univers,
gloire à Toi !



jeudi 1 janvier 2009

VOEUX de Maxime pour l'année 2009 : à tous mes visiteurs : PAIX !

Que nous ne sachions plus si nous sommes au Ciel ou sur la terre

et que Dieu demeure avec les hommes !

Paix dans votre pays !

Paix dans votre famille !

Paix dans votre coeur !

Que notre terre, celle où nous habitons

comme celle dont nous sommes faits

devienne sainte

afin que la Terre devienne sainte en tout lieu !





"Acquiers la paix intérieure et des milliers autour de toi seront sauvés"


Merci à tous ceux qui laissent un petit mot en réponse car je sais que de nos jours l'échange de voeux est tombé en désuétude...

mercredi 31 décembre 2008

DECLARATION COMMUNE DES HIERARQUES DES DIFFERENTES EGLISES en Terre Sainte sur les évènements meurtriers actuellement en cours dans la bande de Gaza

"Nous, les Patriarches, les Evêques et les chefs des Eglises chrétiennes à Jérusalem, profondément inquiets et choqués, suivons avec regret la guerre qui fait rage actuellement dans la bande de Gaza et la destruction, le meurtre et l'effusion de sang, en particulier à un moment où nous célébrons Noël, la naissance du Roi de l'amour et de paix.

En même temps que nous exprimons notre profonde tristesse à l'occasion du nouveau cycle de violence entre Israéliens et Palestiniens et de l'absence de paix dans notre Terre Sainte, nous dénonçons la poursuite des hostilités dans la bande de Gaza et de toutes les formes de violence et de meurtres de toutes les parties. Nous estimons que la poursuite de cette effusion de sang et cette violence ne conduiront pas à la paix et la justice mais nourriront davantage la haine et l’hostilité - et par là la poursuite de l'affrontement entre les deux peuples.

En conséquence, nous demandons à tous les officiels des deux parties du conflit de revenir à la raison et de s'abstenir de tous actes de violence, qui n’apportent que destruction et tragédie, et leur demandons instamment en revanche de travailler à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques et non violents.

Nous appelons également la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à intervenir activement et immédiatement pour arrêter l'effusion de sang et mettre fin à toute forme de confrontation, et à travailler dur et fort pour mettre un terme à la confrontation et supprimer les causes de conflit entre les deux peuples ; et enfin à résoudre le conflit israélo-palestinien avec une solution juste et globale fondée sur les résolutions internationales.

Aux différentes factions palestiniennes, nous disons: Il est temps de mettre fin à votre division et de régler vos différends. Nous demandons à toutes les factions à ce moment particulier de mettre les intérêts du peuple palestinien au-dessus des intérêts personnels des factions et de se diriger immédiatement vers la réconciliation nationale en utilisant tous les moyens non violents pour parvenir à une paix juste et globale dans la région.

Enfin, nous élevons nos prières vers l'Enfant dans la mangeoire pour qu’Il inspire les autorités et les décideurs des deux côtés, les Israéliens et les Palestiniens, de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la situation tragique actuelle dans la bande de Gaza. Nous prions pour les victimes, les blessés et les cœurs brisés. Puisse, le Seigneur Dieu Tout-Puissant accorder à tous ceux qui ont perdu des êtres chers la consolation et la patience. Nous prions pour tous ceux qui vivent dans la panique et la peur : Puisse Dieu les bénir dans le calme, la tranquillité et la paix véritable.

Nous demandons à tous d'observer le dimanche prochain, 4 Janvier, comme une journée pour la justice et la paix dans la terre de la paix."

+ Patriarche Théophile III, Patriarcat grec orthodoxe
+ Patriarche Fouad Twal, Patriarcat Latin.
+ Patriarche Torkom II, Patriarcat apostolique arménien orthodoxe.
+ P.Pier Battista Pizzaballa, ofm, Custode de la Terre Sainte
+ Anba Abraham, Patriarcat orthodoxe copte.
+ Archevêque Swerios Malki Mourad, Patriarcat orthodoxe syrien.
+ Abune Matthias, Patriarcat orthodoxe éthiopien
+ Mgr Paul Nabil Sayyah, Exarchat patriarcal maronite.
+ Évêque Suheil Dawani, Eglise épiscopale de Jérusalem et du Moyen-Orient.
+ Évêque Munib Younan, Eglise évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre Sainte.
+ Mgr Pierre Malki, Exarchat patriarcal syro-catholique
+ Mgr Youssef Zre'i, exarchat patriarcal gréco-catholique.
+ P.Raphael Minassian, Exarchat catholique patriarcal arménien

(Traduction de l'anglais en français par Maxime)

mardi 30 décembre 2008

ICÔNES ROUMAINES SOUS VERRE (3)

Icône de la zone d'Alba Julia, du début du XIX°siècle (collectionCiobanu)




NATIVITE DE JESUS
Considérations au sujet des icônes sur verre
à travers le temps (fin)

"Nées selon une tout autre conception, les icônes sur verre allaient s'intégrer dans le monde de la peinture moderne en tant que forme artistique régie par ses propres lois et relevant par conséquent, fût-ce inconsciemment, de l'idée d'originalité. Considérées comme une production originale, dans l'acception moderne du terme, c'est à peine de nos jours cependant que les icônes sur verre ont révélé leurs véritables qualités plastiques, révélation qui leur a valu brusquement une situation à part et une place de choix dans le contexte de l'art roumain. Si les peintres qui les ont réalisées peuvent être nommés « naïfs » en comparaison des peintres formés dans les académies et les ateliers, les icônes sur verre n'appartiennent pas de fait à la peinture naïve, comme certains l'ont considéré assez superficiellement, car le sentiment et le mode de représentation qui ont présidé à leur création sont très différents de ceux du Douanier Rousseau ou du génial artiste-paysan yougoslave Ivan Generalič. Le peintre roumain d'icônes sur verre a atteint l'originalité par les moyens les plus simples et en premier lieu par incapacité de s'intégrer aux lois de la peinture classique, non par contestation de ces lois. Or, c'est justement cette originalité non voulue qui a donné naissance à une force d'expression bien supérieure à toute originalité préméditée. Ce mode d'expression profondément original du créateur roumain n'a pas échappé à la sensibilité moderne, qui place les saints à cheval des peintres-paysans de Nicula au-dessus des carabiniers de Géricault. De là l'intégration des icônes sur verre roumaines dans le circuit universel de la peinture moderne, de là leur rôle d'ambassadeur de l'art roumain ancien, de là aussi l'intérêt sans cesse accru – en Roumanie et ailleurs pour ce merveilleux phénomène d'art paysan."

lundi 29 décembre 2008

ICÔNES SUR VERRE ROUMAINES (2)



Considérations au sujet des icônes sur verre
à travers le temps (suite)

"Ceux qui n’ont pas compris les icônes sur verre sont en petit nombre ; en échange ceux qui les ont découvertes et les ont admirées sont légion et ils deviennent chaque jour plus nombreux, non seulement dans leur patrie, mais partout où elles ont été présentées honorablement. Dès le siècle dernier, George Bariţiu, historien et le fondateur de la presse roumaine de Transylvanie, écrivait dans sa revue « Foaie pentru minte, inimă şi lileralură» (1847): « Il est vrai que les églises moldo-roumaines sont pleines d'icônes de Nicula, village et monastère de Transylvanie, que les pauvres peintres-paysans - dont la plupart sont analphabètes ­exécutent avec une admirable facilité ». L'historien George Oprescu, qui ne s'est occupé qu'incidemment de ce phénomène artistique (ce qui a entraîné certaines confusions dans ses ouvrages d'art populaire), a su néanmoins définir la peinture de Nicula en critique avisé et analyste subtil. Il affirme que les peintres de Nicula travaillaient « avec des couleurs d'une violence inouïe, mais vibrantes, chaudes, franches ... » Il estime que ces icônes sont l'un des produits « les plus inattendus et les plus frappants issus des mains du peuple, d'une saveur et d'un accent inoubliables ».
Bien que Nicolae Iorga ait rangé sous l'étiquette d'« arts mineurs» toute la création artisanale du paysan roumain - faisant, selon nous, une erreur de jugement sur les icônes dans le contexte de l'art populaire, lorsqu'il soutient que « dans cet art populaire (...) la peinture est de moindre importance» - il parvient néanmoins à la conclusion que, dans cette peinture, « c'est au fond l'âme véritable du peuple qui s'exprime »...


V.G. Paleolog se souvient que Brancusi admirait les peintres d'icônes d'autrefois. «Les faiseurs de croix et les peintres d'icônes - disait-il ­travaillaient pour leur propre plaisir et poussés par la foi. Leur métier était sacré et ils avaient la conscience d'une mission à accomplir ». Plus près de notre temps, retenons cette judicieuse opinion de Petre Comarnescu: « Dans les peintures sur verre, surtout dans celles de Nicula, il existe un expressionnisme populaire situé entre la naïveté et le tragique, qui nous enchante et nous émeut ... »; ou encore cette appréciation de l'esthéticien de haute classe qu'était George CaIinescu: « Les icônes sur verre sont nombreuses et d'une rare beauté artistique, les musées et les hommes de goût les collectionnent avec soin, les historiens d'art les étudient ». Des déclarations enthousiastes ont été formulées par de nombreux étrangers - historiens d'art, critiques, artistes, hommes de lettres, journalistes - tel le critique Paul Caso qui, après avoir visité l'exposition ouverte à Bruxelles, écrivait dans « Le Soir »: «Vous serez séduit par cet ensemble où palpite l'âme de la Rou­manie, tel un bouquet de coquelicots et de bleuets »; ou bien encore le critique Hans Redeker qui, après le vernissage d'une exposition à La Haye, soulignait que « par son authenticité, son humanisme, son charme décoratif, son coloris éclatant et la tradition de cet art si proche de la vie du peuple, (les icônes) sont dignes de toute notre admiration ». Différentes initiatives d'Etat ou particulières ont, évidemment, contribué à la faveur dont jouissent actuellement les icônes sur verre: acquisitions massives par les musées; expositions, surtout à l'étranger; publication par les Editions Meridiane d'albums en langues étrangères; publication d'études en volume ou dans des revues; organisation d'expositions permanentes dans le cadre des musées; activités et émulation déployées par les collectionneurs particuliers. Cependant, ce ne sont là que les effets de causes plus profondes, qui relèvent, d'une part, d'une tout autre conception qu'au début du siècle quant à la manière d'aborder l'œuvre d'art et, d'autre part, de la modification radicale de la mentalité du paysan roumain, survenue vers le milieu du siècle à la suite des transformations essentielles qui se sont produites dans les conditions socioéconomiques de son existence, transformations bien connues et auxquelles nous nous sommes du reste référé au début de la présente étude. Le XXe siècle a modifié profondément l'optique de l'univers artistique. Créateurs, critiques et historiens d'arts, le public cultivé lui-même se sont trouvés devant des prises de position proprement révolutionnaires, telles que les arts plastiques n'en avaient jamais connues depuis que l'art existe dans ce monde. Après l'apparition de la peinture naïve du Douanier Rousseau au Salon des Indépendants de 1886, mais surtout depuis que Picasso a lancé en 1907 son manifeste cubiste, illustré par sa composition longuement étudiée Les Demoiselles d'Avignon, l'histoire de la peinture est entrée dans la seconde ère capitale de son existence. Parmi les divers courants qui se disputaient le premier rôle dans cette révolution artistique, on compte aussi la peinture « naïve » (ou primitive, comme elle a parfois été nommée). Par son entrée dans le circuit de l'art moderne, les règles traditionnelles de la composition, de l'anatomie, de la perspective, des proportions, de l'harmonie ont été abolies ou éludées et, avec le temps, le monde s'est habitué à accueillir sans choc ces productions élaborées sous le signe de l'originalité, qualité indispensable pour qui veut s'affirmer à travers la concurrence qui règne de notre temps dans la production artistique.