SAINTES ÉCRITURES , PHILOSOPHIE ET SCIENCE MODERNE par ST LUC DE CRIMÉE




Dieu est esprit. Dieu est amour, et l'effusion de Son Esprit est effusion de l'amour sur tout le vivant. L'amour crée. L'univers a été créé par le flux infini de l'énergie spirituelle de l'amour Divin, qui engendre et absorbe tout. Il a été créé ex nihilo, dans le sens où l'on entend qu'à l'origine il n'y avait pas de « matière ». 
Il n'existe pas de matière éternelle, comme il n'existe pas, en fait, de matière mais seulement une énergie sous ses formes diverses, dont la condensation prend la forme de matière. 
La matière représente une forme stable de l'énergie interne de l'atome; quant à la chaleur, la lumière, l'électricité elles sont des formes instables de cette énergie. Le processus de désintégration des atomes, c'est-à-dire la décomposition de la matière conduit au transfert de cette énergie interne de l'atome, à partir de son état d'équilibre stable à un état instable qui s'appelle électricité, lumière, cha-leur, etc. La matière, se transforme ainsi progressivement en énergie. 
[…] nous avons dit que lors de la désintégration de l'atome se libèrent des formes d'énergie de plus en plus subtiles qui se rapprochent de quelque chose d'immatériel. 
Qu'est-ce qui peut nous empêcher de faire le dernier pas et de reconnaître l'existence d'une énergie totalement immatérielle, spirituelle et de la considérer comme la forme première, génitrice et source de toutes les formes d'énergie physique ?
Uniquement un rejet a priori de l'Esprit et de l'univers spirituel, un refus obstiné et incompréhensible, car une multitude de faits nous oblige, impérativement, à les prendre en compte et à admettre à côté de la nature matérielle illimitée un monde spirituel encore bien plus considérable.

Ton esprit incorruptible est dans tous les êtres (Sg 12, 1).
N'est-ce pas moi qui remplis le ciel et la terre ? (Jr 13, 24) 
S'il ne pensait qu'à lui-même, s'il concentrait en lui son haleine et son souffle, toute chair expirerait à la fois et l'homme retournerait en poussière (Jb 34, 14-15). 
Tu leur reprends le souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. 
Tu envoies ton souffle, ils sont créés et tu renouvelles la surface du sol (Ps 104, 29-30). C'est l'esprit qui vivifie (Jn 6, 63). 
 Lui qui tient en son pouvoir l'âme de tout vivant (Jb 12, 10). Les étoiles ont brillé en leurs veilles et se sont réjouies : il les a appelées, et elles ont répondu : - Nous voici ! Elles ont brillé avec allégresse pour leur Créateur (Ba 3, 34-35). 
Les collines prennent une ceinture de joie ; les prés se parent de troupeaux ; les plaines se drapent de blé: tout crie et chante (Ps 65, 13-14). 

    De nombreux psaumes encore, ainsi que le cantique d'Hananya, Azarya et Mishaël .(Cf. Livre de Daniel, 1,7 ; 3. Récit des trois jeunes gens dans la fournaise.) sont empreints d'hylozoïsme.(Cf. la définition dans le dictionnaire Robert pour l'hylozoïsme : « Doctrine d'après laquelle la matière elle-même ou l'univers dans son ensemble sont doués de vie ».)                 
    Dans ces textes Bibliques il apparait clairement que l'Esprit Divin insuffle la vie et fait exister toute chose. Il est impossible de parler d'une « nature morte ». Il n'y a pas de frontières nettes entre la nature inorganique et organique. C'est aussi le point de vue de la science moderne. 
    La philosophie de Fichte et de Locke, comme les profondes réflexions métaphysiques de Leibniz en donnent un témoignage clair. Voici les propos de Leibniz qui font écho aux textes des Saintes Écritures : « Il y aurait une lacune dans la création, si la nature matérielle était l'antithèse de l'esprit. Ceux qui ne reconnaissent pas l'existence d'une âme chez les animaux, ou, dans d'autres corps, une faculté de représentation et en fait la vie, nient la toute-puissance divine : car ils introduisent quelque chose d'incompatible avec Dieu et la nature, précisément une absence totale d'énergies, un vide métaphysique qui est aussi absurde qu'un espace vide ou le vide physique »     Depuis toujours le cosmos est parcouru par une multitude de planètes, d'étoiles qui ne ralentissent jamais leur course. Ce n'est que grâce à la puissance du mouvement, que des corps incroyablement lourds se maintiennent par la force d'inertie dans l'univers spatial comme se maintient dans l'air un projectile volumineux. 
    Des myriades d'astres, de planètes, d'astéroïdes, de météores se meuvent dans l'espace. La face de la terre change sous l'effet de vents, du déferlement des eaux, du frottement des glaciers à la dérive, des variations de température, du ressac des flots. Des nouvelles crêtes montagneuses et des abimes terrestres se forment à la suite du déchaînement des forces volcaniques souterraines.
     Dans les tourbillons des mouvements sans fin, se détruisent et renaissent d'innombrables galaxies. Il s'accomplit le gigantesque processus de l'évolution, mouvement suprême dans l'univers. Presque à la vitesse de la lumière se meuvent à l'infini atomes et électrons, rayons X, ions, et tout ce qui est issu de la dissociation ininterrompue de la matière. Le mouvement permanent des molécules dans les cellules des organes entretient la vie des organismes. Le mouvement moléculaire des cellules nerveuses accompagne le processus de la pensée humaine. Il n'y a pas de répit même dans la mort qui n'est rien d'autre qu'un changement de l'équilibre d'états temporaires déterminés, et une modification de leur durée éphémère. 
     S'il est si évident que le mouvement constitue l'essence et s'avère être la loi fondamentale de la nature physique, il est alors peu probable que cette loi universelle ne règne point aussi dans la vie de l'esprit.  
    Cette loi fondamentale du mouvement pour l'ensemble de la nature efface la frontière entre le vivant et l'inerte. Le dynamisme constitue l'essence de la matière. »
St Luc de Simferopol
 (extrait de L'esprit, l'âme et le corps)

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