Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

vendredi 28 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (10) par Père André BORRELY : Saint Augustin, un génie (trop) solitaire... (2)

La déchirure gravissime fut celle de la Réforme. A cette époque, l'Orthodoxie vivait sous la Τουpκοκpατια, la domination des rayas par les Turcs. En grec byzantin et contemporain, o ραγιας est synonyme d'esclave. Dans l'usage courant, il devient synonyme de chien. 


Dans les dernières semaines de mon diaconat je me trouvais, comme le prévoit l'Ordo, à côté de Mgr Mélétiοs venu consacrer notre église Saint Irénée et les prêtres et moi avons aidé le Métropolite à enfouir dans l'autel les reliques d'une jeune femme brûlée vive par les Turcs à la fin du 16ème siècle. Et le Métropolite utilisait un livre liturgique datant du 18ème siècle et imprimé à Venise parce qu'il était interdit aux chrétiens de publier de tels ouvrages en Grèce, dans les Balkans et en Asie Mineure considérés par les Turcs comme terre d'Islam. Et si vous allez un jour au Phanar, vous verrez une porte d'entrée que plus personne n'a jamais franchie depuis que, le jour de Pâques, le 10 avril 1821, les Turcs pendirent le patriarche Grégoire V à cet endroit avant de jeter son cadavre dans le Bosphore. 


La conséquence de cette absence fut que l'affrontement fratricide des catholiques et des protestants devint un phénomène latin-latin. Qu'il s'agisse de la grâce ou du mystère trinitaire, du libre-arbitre ou du péché originel, de la prédestination et d'un certain pessimisme, les théologiens occidentaux sont partis de l'oeuνre du génie solitaire que fut saint Augustin, alors que l'Orthodoxie n'eut que l'embarras du choix entre St Athanase, St Basile de Césarée, les deux Grégoire (de Nysse et de Nazianze), St Jean Damascène, St Maxime le Confesseur. Et le christianisme oriental demeura indifférent à l'augustinisme, tout comme l'Occident chrétien fut indifférent à la théologie de St Grégoire Palamas. Dans sa Somme théologique,  Thomas d'Aquin se réfère fréquemment à l'oeuvre de St Augustin.



Luther a été, à l'origine, un membre de l'Ordre de Saint Augustin. Luther se présentait comme un augustinien : Augustinus meus totus est, Augustin est entièrement mien.
Ou encore: Il était un homme de bien; s'il avait vécu aujourd'hui, il aurait été d'accord avec nous... Je suis un augustinien et, de plus, un disciple fidèle du fondateur de mon ordre. C'est dans la pensée d'Augustin que le jansénisme plongea ses racines. Et ce n'est pas sans signification que Jansénius ait intitulé Augustinus l'ouvrage, dans lequel est exposée la doctrine janséniste qui laissa indifférent l'Orient lequel ne s'était pas non plus passionné pour le conflit doctrinal qui avait opposé  Augustin et Pélage.

(à suivre)

mardi 25 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (9) par Père André BORRELY : Saint Augustin, un génie (trop) solitaire... (1)

Considérable aura été l'influence de St Augustin sur l'Occident chrétien jusqu'en ce 21ème siècle. En Europe occidentale, en Afrique du Nord, on s'exprimait et pensait en latin. A Constantinople, la langue parlée était le grec. Or, d'une part, le latin est une langue juridique et militaire, et d'autre part les Latins cessèrent de comprendre le grec. L'exemple le plus intéressant parce que le plus lourd de conséquences jusqu'à nos jours, est l'incapacité de la Romanité tardive à apprendre le grec à un homme comme saint Augustin. Celui-ci bâillait aux corneilles durant les cours de grec dans son adolescence et ne dépassa jamais, en grec, le niveau qu'atteignent nos bacheliers d'aujourd'hui, en latin. Lorsque Augustin composa son traité Sur la Trinité, l'absence d'ouvrages rédigés en latin sur le dogme trinitaire était à peu près complète. Ce qu'avaient publié sur ce sujet Tertullien, Novatien, Foebade d'Agen, Hilaire de Poitiers et Ambroise de Milan, était très inférieur à ce qu'à la même époque avaient aussi publié sur le même sujet s. Athanase, s. Basile, s. Grégoire de Nazianze, s. Grégoire de Nysse et Didyme l'Aveugle. Or, ces ouvrages n'avaient pas été traduits en latin pour la plupart. Un homme comme Tertullien, au 3ème siècle, était encore bilingue. Ce ne sera plus le cas d'Augustin. 

Selon que vous pensez en grec ou en latin vous ne pensez pas toujours la même réalité. Les Latins disent sacrement quand les Orthodoxes disent mystère. La mentalité occidentale a tendance à hypertrophier la pensée rationnelle et juridique au point de dessécher l'intelligence des symboles en insistant trop sur le concept juridique de validité. On est tenté de réduire le sacrement à ce qu'on pourrait appeler le minimum indispensable pour qu'il soit valide. D'une manière générale, ce qui. jusqu'à ce jour encore oppose le plus l'Orthodoxie et l'Occident chrétien, c'est la profondeur de la pénétration de la mentalité juridique dans toutes les manifestations de l'existence humaine : le mariage et le divorce, le péché et la confession, la rédemption et le salut, le sacerdoce et l'autorité dans l'Église. 
(à suivre)



samedi 22 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (8) par Père André BORRELY : Un autre Christianisme (2)

Tertullien
Cette approche foncièrement juridique, voire judiciaire du péché et du salut, a vu le jour avec Tertullien, qui fut le premier à le concevoir en termes de droit romain.

Elle s'est poursuivie avec St Ambroise, évêque de Milan et St Augustin qui tous deux considèrent la mort du Christ comme une satisfaction pour la peine due par le péché des hommes. Thomas d'Aquin fait sienne la définition augustinienne du péché et cette définition est juridique. Pour l'évêque d'Hippone comme pour Thomas, le péché consiste à vouloir retenir ou acquérir ce que ne permet pas la justice. C'est tout ce qui est contra legem aeternam, contre la loi éternelle. 

Augustin - Ambroise de Milan - Thomas d'Aquin

 Au contraire, en Russie, non seulement il ne s'est pas produit d'hypertrophie du sentiment de culpabilité, mais on a assisté à une contestation existentielle du juridisme. Les fols en Christ assumaient la culpabilité d'autrui sans protester. Ils transgressaient les conventions sociales, couraient le risque de l'irresponsabilité sociale. Ils contestaient l'imposture de ceux qui croient croire, les appelant ainsi à se convertir en manifestant eux-mêmes un dépouillement du moi si profond qu'ils étaient convaincus que le péché est le fait de tous, la croix commune de l'Église. Mais pas du tout dans le sens où l'a entendu la théologie occidentale du péché originel. L'Orient chrétien de l'Abbé Isaac n'a jamais admis que le Dieu qui est ontologiquement l'Amour puisse tenir pour coupable un petit d'homme qui vient de naître. 

Pour les Latins, ce n'est pas assez de voir le fils succéder à son père, il faut le voir s'identifier avec lui, de sorte qu'ils soient, non pas seulement l'un à la suite de l'autre, mais pour ainsi dire l'un dans l'autre, comme incorporés l'un à l'autre.

Tout le genre humain fait corps avec Adam. A travers la succession des générations humaines, une communauté radicale unit toute la multitude des êtres humains en un grand corps unique, étroitement soudé à son chef. Dans ce grand corps le péché originel s'écoule naturellement, de la tête dans tous les membres.



Mais ici nous devons mesurer l'influence considérable qu'exerça chez les Latins l’œuvre de St Augustin et notamment sa polémique contre Pélage et Julien d'Eclane. Le monde byzantin demeura étranger à la perspective occidentale. Pour l'Orthodoxie, le péché est nécessairement un acte libre de la personne, il ne saurait être expliqué par la nature. Le Patriarche St Photios considère comme une hérésie la croyance en un péché de nature, en une faute héréditaire, sexuellement transmissible. Il n'est de péché que personnel et qui engage la responsabilité et la liberté humaines. 

Il s'agit de bien traduire le 12ème verset du 5ème chapitre de l’Épitre aux Romains. 
La  première partie du verset ne fait pas problème : Διὰ τοῦτο (voilà pourquoi) ὥσπερ δι’ ἑνὸς ἀνθρώπου (de même que c'est par l'entremise d'un seul homme) ἡ ἁμαρτία εἰς τὸν κόσμον εἰσῆλθεν (que le péché a fait son entrée dans le monde) καὶ διὰ τῆς ἁμαρτίας ὁ θάνατος (et par la péché la mort) καὶ οὕτως εἰς πάντας ἀνθρώπους ὁ θάνατος διῆλθεν (et qu'ainsi la mort a passé dans tous les hommes)

Et voici le passage que Grecs et Latins ont compris de manière divergente. En grec, dans le seul texte considéré par tous les chrétiens comme normatif on lit : εφ'ω παντες ημαρτον. Parce que les chrétiens occidentaux (notamment les Allemands et les Français) sont très supérieurs aux Orthodoxes en matière d'exégèse historicocritique, ils savent depuis longtemps que les Latins, en traduisant εφ'ω παρ iv Θuο ont fait un beau contresens. En effet, ils ont traduit εφ'ω παντες ημαρτον par in quo ornes peccaverunt et ont compris en lequel — c'est-à-dire en Adam — tous ont péché, prenant ω pour un masculin alors que les Grecs y ont vu un neutre. La forme εφ' ω est une contraction entre επti et le pronom relatif ω au neutre. En 1915 déjà, le P. Lagrange écrivait : εφ'ω ne peut signifier « dans lequel», mais seulement «parce que». Il est inutile d'insister sur ce point reconnu par les exégètes catholiques les plus autorisés. Écrites en 1915, ces lignes honorent grandement le P. Lagrange. La traduction fidèle au texte grec est la suivante : Voilà pourquoi, de même que c'est par 1 `entremise d'un seul homme que le péché a fait son entrée dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a passé en tous les hommes, parce que tous ont péché.
Ce qui est totalement incompréhensible, c'est qu'en 1931, 16 ans après la publication de la traduction de l'épître par le P. Lagrange, tel dominicain ait pu trouver profonde et vraiment nouvelle.., la grande doctrine augustine-thomiste de l'incorporation au premier homme. (à suivre)
 

Quelle pitié que l'homme oublie son image originelle....

mardi 18 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (7) par Père André BORRELY : Un autre Christianisme (1)

Genèse de la sécularisation en Occident

Venons-en alors au second texte de s.© Je ne vous aurai pas fait perdre votre temps et votre bienveillante attention sera récompensée si je parviens à vous faire sentir combien, d'une certaine façon, on a affaire, pourrait-on dire, à un autre Christianisme.

Voici donc ce qu'écrit l'Abbé Isaac : Ce n'est aucunement pour nous libérer des péchés, ou pour quelque autre motif que notre Seigneur est mort, mais uniquement afin que le monde ressente l'amour de Dieu pour sa création. Si cette admirable épopée n'avait eu d'autre raison que la rémission de nos péchés, il aurait suffi d'un autre moyen pour la réaliser ... N'ayons donc pas honte d'assumer une telle prise de conscience au sujet des mystères du Dessein de salut de notre Seigneur. Car; si nous leur donnons pour motif le rachat des péchés, nous diminuons tout à fait la portée de la mort du Christ et de sa venue dans le monde ... Alors, si nous n'avions pas péché, le Christ ne serait donc pas venu ni ne serait mort, car il n'y aurait pas eu de raison à ce que Dieu revêtît notre corps, qu'il a dû revêtir à cause des péchés du monde... Et si la mort n'avait pas dominé sur nous par la tyrannie du péché, ce mystère de la révélation dans la chair n'aurait pas existé, et les hommes et les anges auraient été coupés de toute cette lumière et de toute cette connaissance. Il conviendrait alors de rendre grâce au péché, puisque c'est à lui que nous devrions d'avoir reçu tous ces biens, et que c'est à lui qu'il nous faudrait attribuer toutes ces merveilles... Mais il n'en est pas ainsi ! De grâce ! Ne restons pas à la surface des Écritures...
(...) Bossuet avait été formé dans une tradition théologique selon laquelle, d'une part, le péché est essentiellement la transgression d'une loi et, d'autre part, l'Incarnation est une oeuvre de justice au moins autant que d'amour. 
Mais parler de mérite issu de notre libre-arbitre surnaturalisé par la grâce, c'est indiquer un type d'action ayant pour conséquence que la personne à l'égard de laquelle on mérite, nous doit, en retour de notre action, une récompense déterminée. Et dire que la liberté humaine a le pouvoir d'acquérir des mérites à l'égard de Dieu, c'est attribuer à cette liberté la capacité de déterminer en Dieu l'obligation de récompenser l'homme sous peine de se déjuger lui-même. D'aucuns en sont arrivés à parler de droit strict à la vie éternelle pour l'homme en état de grâce. Ceux-là avaient-ils lu, dans le troisième évangile, la parabole du pharisien et du publicain ? La même perspective essentiellement juridique a conduit nombre de chrétiens à considérer qu'après avoir reçu de Dieu le pardon, le ou la pénitent(e) doit encore fournir une expiation. C'est le propre d'une vision juridique de tout l'ensemble de la vie chrétienne de voir surtout dans le péché le fait d'enfreindre des principes formels et conventionnels, impersonnels et abstraits. On voit dans le pécheur l'homme qui contrevient à des règles utilitaires de comportement et de bienséance sociale. Le salut est alors senti comme une justification et une expiation individuelles. Ce que le Dr. Hesnard avait appelé en 1949 l'univers morbide de la faute envahi par la peur égocentrique de transgresser. Le confesseur devient une sorte de juge des âmes siégeant au tribunal de la pénitence. Cette approche foncièrement juridique, voire judiciaire du péché et du salut, a vu le jour avec Tertullien, qui fut le premier à le concevoir en termes de droit romain.(à suivre)

samedi 15 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (6) par Père André BORRELY : Le dévoiement de l'éloquence sacrée

Genèse de la sécularisation en Occident

J'en viens ainsi au texte de Bossuet. Le Vendredi saint 26 mars 1660, dans l'église parisienne des Minimes, Bossuet prononça une homélie dont voici un extrait:  "Il n'appartient qu'à Dieu de venger ses propres injures; et tant que sa main ne s'en mêle pas, les péchés ne un sont punis que faiblement ; à lui seul appartient de faire justice aux pécheurs : et lui seul a le bras assez puissant pour les traiter selon leur mérite. A moi, à moi, dit-il, la vengeance: eh ! Je leur saurai bien rendre ce qui leur est . Il fallait donc, mes frères, qu'il vînt lui-même contre son Fils avec toutes ses foudres, et puisqu'il avait mis en lui nos péchés, il y devait mettre aussi sa juste vengeance. Il 1'a fait, chrétiens, n'en doutons pas. C'est pourquoi le prophète Isaïe nous apprend que, non content de l'avoir livré à la volonté de ses ennemis, lui-même voulait être de la partie, l'a rompu et froissé par les coups de sa main toute-puissante. La malédiction de Dieu pénètre au-dedans et frappe Jésus-Christ dans ses puissances... Dieu lui montre cet œil enflammé : il le regarde, non de ce regard qui ramène la sérénité, mais de ce regard terrible qui allume le feu devant soi, dont il porte l'effroi dans les consciences ; il le regarde enfin comme un pécheur, et marche contre lui avec tout l'attirail de sa justice. "

Certes, je n'ignore pas le mot de Talleyrand : Tout ce qui est excessif est insignifiant. Cependant, on peut comparer ce texte à un verre grossissant. L'important est de lire le texte que grossit la loupe. Comment un évêque pouvait-il attirer un aussi grand nombre de fidèles et réaliser le tour de force d'introduire le sadisme dans la théologie de l'amour ? 

On n'aperçoit pas spontanément la différence qui pouvait séparer la volupté éprouvée par le Roi prétendument très-chrétien et sa Cour en écoutant Bossuet et la jouissance que les empereurs de la Rome païenne offraient aux contemporains de celles et de ceux dont Tertullien a pu dire : sanguis martyrum, semen christianorum, le sang des martyrs est une semence de chrétiens. Pas une fois Bossuet ne prononce le mot amour. Au contraire, dans une quinzaine de lignes seulement, Monsieur de Meaux accumule dix-sept mots ou membres de phrase qui présentent l'Incarnation comme une affaire judiciaire, comme une vendetta, une punition. Si l'Abbé Isaac s'était trouvé dans l'église des Minimes, le 26 mars 1660, je suis prêt à parier qu'il aurait eu le même comportement que l'Αρδtre Jean à Éphèse, selon Eusèbe de Césarée et St Irénée de Lyon:
Étant allé aux bains, il aperçut Cérinthe à l'intérieur ; il bondit alors hors des Thermes sans s'être baigné, en s'écriant : «Sauvons-nous, de peur que les Thermes ne s'écroulent, car à l'intérieur se trouve Cérinthe, l'ennemi de la vérité ! » Il est vrai que, dans le texte sur le cœur compatissant, l'Abbé Isaac prie en larmes à toute heure.., pour les ennemis de la vérité. Il aurait prié pour Bossuet, dans cette église au cours d'une célébration où on laissait cet évêque défigurer le christianisme et le rendre hideux. Mais la question de fond qui se pose est de savoir comment on avait pu en arriver là.

Un tel texte témoigne d'une conception globale de tout le Christianisme. On s'engage dans la perspective profondément anti-évangélique d'une théologie juridique du péché dont on croit que le contraire est la vertu alors que c'est la foi et l'amour. Une telle théologie ne peut s'inscrire que dans le contexte d'une théologie juridique de la rédemption et de la confession, avec les concepts de satisfaction, de mérite, d'expiation, de justification, etc. Petit à petit, le juridisme a métastasé dans toutes les manifestations de l'existence chrétienne : dans la conception des sacrements et particulièrement du mariage ainsi que de l'autorité et de la primauté dans l'Église. (à suivre)

mercredi 12 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (5) par Père André BORRELY : "Une fin de vie sans douleur... "

"Demandons au Seigneur une fin de vie chrétienne, 
sans douleur, 
sans honte, paisible, 
et notre justification devant son trône redoutable."

De cet amour compatissant pour les hommes je retiens un second exemple que je prends dans la prière litanique par laquelle le diacre orthodoxe invite la communauté à demander "Χριστιανά τά τέλη τῆς ζωῆς ἡμῶν", que notre vie ait une fin chrétienne, "ανώδυνα", exempte de douleur : Nous prions pour obtenir la grâce de ne pas souffrir. L'Orient chrétien a expérimenté le don des larmes mais les stigmates sont restés un phénomène occidental. 
Je vais peut-être choquer quelqu'un dans cette assemblée... Si tel devait être le cas j'en demande dès maintenant pardon. 
S'agissant de la profondeur abyssale de l'amour que Marthe Robin a eu pour le Christ et de la vie de prière qui fut la sienne durant tant d'années, j'ai la plus vive conscience de mon indignité et le plus profond respect pour cette femme qui ne mangeant ni ne dormant jamais ne fut que prière. Je n'ai aucune compétence médicale pour prendre position au sujet de son inédie, c'est-à-dire sur le fait que durant plus d'un demi-siècle elle n'a, dit-on, avalé que l'hostie de la divine communion. Je n'ai pas davantage d'opinion sur une éventuelle encéphalite léthargique. Mais en tant qu'orthodoxe je ne peux éviter de me poser deux questions : 
Comment tant de souffrance durant tant d'années sans recourir aux idées de mérite, de réversibilité des mérites, d'expiation ? Marthe offraient ses souffrances. 
Et je me demande aussi si ce type de sainteté parle aux hommes de ce temps ou si au contraire il ne les incite pas à se plonger dans l'œuvre de Nietzsche.

 La souffrance, la douleur, l'épreuve c'est ce que nous subissons mais ne pouvons pas vouloir. La souffrance, qui meurtrit notre volonté impuissante, est capable tantôt de briser une vie sans l'anéantir, tantôt de l'anéantir sans parvenir à la dépouiller de son prestige. De toute manière, la douleur ne saurait devenir une machine à fabriquer des mérites. (à suivre)

Marthe Robin
Sur le site http://www.martherobin.com/ on peut lire :
Marthe Robin meurt le 6 février 1981. Une enquête diocésaine en vue de la béatification de la "Servante de Dieu" est ouverte en 1986. Deux experts, un théologien et un historien, sont nommés en 1988. Le Nihil obstat est accordé par Rome en 1991. Entre 1988 et 1996, plus de 120 témoins et experts sont consultés. La Copia Publica est rédigée pour être transmise à la Congrégation pour les Causes des Saints. Un dossier de 17.000 pages est déposé à Rome en 1996. Un décret de la Congrégation pour les Causes des Saints du 24 avril 1998 constate la validité de l'enquête diocésaine. La rédaction de la Positio, résumé de 2000 pages du dossier de béatification qui présente les résultats de cette enquête diocésaine, s'est terminée le 6 mai 2010. A partir de ce moment elle est soumise à une commission de la Congrégation pour les Causes des Saints. Cette commission se prononcera sur l'héroïcité des vertus de Marthe Robin. Dans le cas d’un vote favorable, Marthe Robin serait alors déclarée "vénérable". Si cette étape est franchie, il faudra recenser un miracle pour passer de ce statut à celui de "bienheureux", puis il faudra un autre miracle pour arriver à celui de "saint" canonisé. Le nombre des visiteurs qui vont prier dans la ferme de la Plaine, lieu où elle vécut, ne cesse d’augmenter.

lundi 10 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (4f) par Père André BORRELY : la transfiguration de l' εpως en αγαπη

Origène a écrit que les réalités que nous expérimentons dans le devenir, nous devons en éclairer la vision par l'expérience divinisante que nous faisons de l'Esprit. Mais il ajoute qu'inversement l'expérience que nous faisons de l'Esprit ne doit jamais être désincarnée, que pour être vraie, elle doit s'enraciner dans notre vie terrestre. 
Et Origène d'écrire : ιστορικά πνευματικως, πνευματικά ιστορικως.

Je propose de modifier la formule et de dire: εpοτικα πνευματικως,πνευματικα εροτικως. Offrir aux couples la perspective de la transfiguration de l' εpως en αγαπη, c'est leur donner un témoignage d'amour. Et si, dans le mariage orthodoxe, on lit toujours le récit du miracle opéré par Jésus aux noces de Cana, c'est parce que les Pères ont vu dans l'eau des jarres un symbole de l'érôs et dans le vin de grand crû celui de l'αyαπη, de l'ερως transfiguré.

Mais l'Orthodoxie va plus loin encore. Elle a le même rite de la triple déambulation des époux autour d'une table, dans la nef, et autour de l'autel, lors de l'ordination d'un clerc majeur. Et durant cette danse sacrée, on chante les mêmes tropaires. Ainsi est affirmé que le mariage est une ordination, ce qui signifie qu'un divorce est comparable à un clerc majeur qui défroque.

L'Abbé Isaac écrit encore : Laisse-toi conduire par la compassion qui, lorsqu'elle se trouve dans ton cœur, est en toi l'icône de la sainte beauté á la ressemblance de laquelle tu as été créé. La vision que l'Orthodoxie a de l'amour humain est, certes exigeante. Le thème de la Croix est présent dans la célébration du mariage.



Aimer c'est expérimenter la loi de la vie qui ne peut jaillir que de la mort à notre ego. Il fut un temps οù celui qui avait commis un adultère, devait demeurer 15 ans sans communier. Il n'est pas question d'envisager un retour à cette sévérité. Mais il n'est pas davantage question d'être laxistes. Le Christ fut bon (envers Lazare et ses sœurs, pour la veuve de Naϊn et pour le serviteur du Centurion), mais il ne fut pas gentil avec les marchands et les changeurs de monnaie qu'il chassa à coups de fouet de cordes. Pour l'Orthodoxie, le mariage chrétien est essentiellement l'invocation et le don du saint Esprit en vue de la transfiguration de l'ερως en αγαπη plutôt qu'un contrat. Et si survient un divorce l'Église orthodoxe consent à bénir, à certaines conditions, un nouveau départ. L'homme contemporain est peut-être moins hypocrite que ses pères ; il est en tout cas plus fragile, plus instable. L'engagement nuptial dans la durée lui fait peur. Ce n'est plus un chêne mais une chétive plante d'appartement qui a besoin de tendresse maternelle et d'infinie compassion. (à suivre)

tonsure monatique

samedi 8 février 2014

USA, UE et opposition en Ukraine

Un enregistrement pirate sur l'Ukraine met les USA dans l'embarras http://fr.reuters.com/article/idFRPAEA1600K20140207?p=PAEA1600K-OFRWR

vendredi 7 février 2014

L'archevêque catholique de Rouen bazarde le patrimoine de l'Église...

Pour ceux, catholiques et orthodoxes oecuménistes  militants, à qui le scandale serait passé inaperçu :
Ben voyons ! Je pensais que c'était une époque révolue et qu'on avait tout vu sur les marchés aux puces et chez les brocanteurs mais il en restait encore, alors autant en profiter n'est-ce pas, faut pas se gêner...
Juste une remarque : Je n'ai toujours pas bien compris... c'est avec ces gens-là qu'on veut que je sois en communion ? Vous êtes bien sûrs ? Qu'on ne me demande même pas du respect.
Lisez l'Article de François Teutsch ci-dessous :

relique

Brader le patrimoine religieux est très à la mode dans les diocèses. Baisse du nombre de pratiquants, crise des vocations, difficultés financières face aux charges énormes d’entretien des bâtiments, les raisons sont parfois légitimes de vendre des édifices inutilisés depuis des décennies. L’archevêque de Rouen, Mgr Jean-Charles Descubes, s’y met également. Mais lui va beaucoup plus loin : il a fait vendre, le 30 janvier, à l’hôtel Drouot, de nombreuses pièces d’art sacré appartenant au diocèse : vêtements liturgiques anciens ; objets d’art, crucifix ou enluminures ; calices et ostensoirs ; et, surtout, reliquaires garnis de reliques.
La maison de ventes a procédé à une publicité discrète. Et on la comprend : tardives, les réactions sont plutôt stupéfaites ! Un prêtre du diocèse estime que l’affaire est grave ; des laïcs s’adressent à l’archevêque pour lui demander des explications. De quel droit décide-t-il ainsi de vendre, loin de sa ville, des objets appartenant au patrimoine ancestral de la communauté chrétienne ? Pourquoi n’a-t-il pas communiqué sur le sujet, expliqué la cause de cette vente, proposé à ses diocésains de se porter acquéreur ? Aucune réponse n’a été apportée à ces questions insolentes.
L’archevêché a mollement contesté, par un communiqué aussi sec qu’obscur. Mais le catalogue de l’exposition, bien réel, est explicite. Il comporte notamment, chose spécialement choquante, des reliques.
On pense ce qu’on veut de la piété populaire envers les reliques des saints. D’un point de vue laïc, c’est une violation délibérée du Code civil, qui est clair : « Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence », puis « Les conventions ayant pour effet de conférer une valeur patrimoniale au corps humain, à ses éléments ou à ses produits sont nulles. » D’un point de vue catholique, c’est la même chose : « Il est absolument interdit de vendre les saintes reliques. » (Code de droit canonique)
Que Mgr Descubes et les divers « conseils » qui l’entourent se moquent éperdument de ces « vieilleries » n’étonne personne. Le mépris que certains clercs affectent envers d’anciennes formes de dévotion n’a d’égal que leur enthousiasme pour une modernité perpétuellement dépassée. Mais qu’ils acceptent que des restes humains, autrefois vénérés comme reliques de saints, soient vendus à l’encan est un scandale.
Il paraît que le diocèse de Rouen est dans une situation financière difficile. Ce ne sont pas les quelques milliers d’euros rapportés par cette vente qui y changeront grand-chose. En période de soldes d’hiver, cette vente macabre sera-t-elle suivie d’une braderie ? 70 % sur les invendus, reste un beau tibia de saint Gervais et une vertèbre abîmée de saint Maclou ! Pendant ce temps-là, quelques jeunes prêtres payés un demi-SMIC travaillent 70 heures par semaine à redonner l’espérance à leur maigre troupeau, à évangéliser dans un monde hostile, à visiter les malades, à servir les pauvres et à réconforter les clochards.
J’en connais. Ils sont l’honneur de l’Église. Ils se moquent des honneurs. Mais jamais ils n’oseraient scandaliser leurs fidèles de cette manière. Qu’ils prennent patience : Mgr Descubes aura 75 ans l’an prochain…
Pendant ce temps, des chrétiens semblables aux premiers disciples subissent le martyre... ailleurs bien sûr.

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE (4e) par Père André BORRELY :

De même, la prière eucharistique des divines liturgies orthodoxes s'adresse à Dieu le Père d'une manière apophatique :... c'est Toi le Dieu ineffable, qu'il est impossible de considérer sous toutes tes faces, invisible, incompréhensible... Toi qui es sans commencement, indescriptible, immuable ..., créée à l'image, à la réplique de Dieu et pour lui ressembler Il faut donc tenir le même langage au sujet de l'homme en tant que personne et non point comme individu, au sujet de sa sexualité, de sa culture, et d'une manière générale pour tout ce qui touche à l'homme. Les sciences de l'homme sont des sciences de la nature humaine mais en aucune manière de la personne humaine unique au monde, imprévisible, incomparable, irreproductible. 

Et rien n'est plus incompatible avec cette vision foncièrement positive et optimiste de l'homme et du monde, que le dualisme

Si les chrétiens sont désunis, c'est bien parce qu'ils ont introduit la division entre la sainte Écriture et la Tradition, entre la parole et les rites sacramentels, entre les clercs et les laïcs, l'autorité et la liberté, la foi et les œuvres, le corps et l'âme, la pensée et la vie, la connaissance et l'amour, entre la foi et la raison, la philosophie et la théologie, entre les réalités spirituelles et les choses sensibles, le terrestre et le céleste, le temps et l'éternité, la contemplation et l'action, entre la nature et la personne, la nature et la grâce, ou entre la nature et le surnaturel. 

Et ce dualisme paraît s'être prolongé dans la société déchristianisée avec la théorie marxiste de la lutte des bourgeois et des prolétaires. Et on peut même se demander s'il n'y a pas un peu de cela dans un certain féminisme. 

 

 Par contre, rien ne manifeste mieux l'optimisme foncier de la vision de l'homme et du monde selon l'Orthodoxie, rien ne révèle mieux l'amour qui est la source intarissable de cet optimisme, que l'audace avec laquelle l'Église utilise le langage du corps pour évoquer des réalités spirituelles mais en aucune manière désincarnées. Il est du plus haut intérêt que, dans tout monastère orthodoxe, tout au long du Grand Carême, on lise à l'heure de Sexte, l'ouvrage d'un Abbé du monastère du Sinaï nommé Jean, qui vécut au 6 ème ou au 7 ème siècle. Le titre de ce livre est L'Échelle sainte. Or, avec la même surprise qu'en ouvrant le Cantique des cantiques puis la première épître de Jean, et en songeant que cet ouvrage est lu et médité par des moines et des moniales, on tombe sur la phrase suivante : Que l'éros physique ou : 1'amour charnel nous serve de modèle pour notre désir de Dieu. Et le même auteur écrit encore : Bienheureux celui qui a obtenu un désir de Dieu semblable à celui d'un amant passionné pour celle qu'il aime! 

Origène a écrit que les réalités que nous expérimentons dans le devenir, nous devons en éclairer la vision par l'expérience divinisante que nous faisons de l'Esprit. Mais il ajoute qu'inversement l'expérience que nous faisons de l'Esprit ne doit jamais être désincarnée, que pour être vraie, elle doit s'enraciner dans notre vie terrestre.(à suivre)

mardi 4 février 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE [4d] par Père André BORRELY : Mystère et Apophase

Par ce terme (de mystère) on ne désigne en aucune façon le mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux. Dans le texte de l'Abbé Isaac sur le cœur compatissant, il y a un adverbe, ἀμέτρως , qui précise que cette compassion est sans mesure. Cette précision est très importante car elle témoigne de ce fait que c'est avec le judéο-christianisme que les idées de parfait et d'infini ont été unies. Pour les Grecs de l'Antiquité, le parfait et le fini allaient ensemble bien plutôt que le parfait et l'infini. Pour eux, le fini est supérieur à l'infini qu'ils confondent aisément avec l'indéfini. Ils aiment voir des clartés nettes se découper sur les choses.

La perfection ne se trouve pas, selon eux, dans les dieux de l'Olympe mais dans une belle sculpture, et une sculpture est belle dans la mesure où elle est achevée, accomplie, par faite au sens latin de perficere signifiant : faire complètement, achever; accomplir. La démesure est inséparable de l'expérience du mystère. 
Bernard de Clervaux exprimera cette conviction lorsqu'il écrira : Modus diligendi Deum, est diligere sine modo la mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure. Ce qu'il y a dans l'homme de plus profond, ce qui concerne son être même, c'est d'être créé à l'image de Dieu et pour lui ressembler. Dans ces conditions, le sens de toute existence humaine est d'être divinisé en étant engendré à la Vie même du Père qui n'est pas quelque chose mais quelqu'un à savoir le saint Esprit dont le Fils est ici-bas le Dispensateur unique et obligé dès lors que, dans l'intimité de la vie trinitaire, il en est le Réceptacle éternel. Et tout le sens de la vie humaine est de devenir ce que Dieu est. Dieu s'est fait homme pour révéler à l'homme qu'il est divinisable, qu'au plus intime de sa finitude humaine il y a de l'infini et du divin. 

L'Orthodoxie est comme envoûtée par la contemplation du sans-fond, de la possibilité que Dieu offre à l'homme en tant que personne de participer au sans-fond du Dieu tri-unique. I1 y a donc de l'inépuisable en l'homme.

C'est pourquoi l'Église est un mystère et une mère bien plus qu'un ensemble d'institutions dimension institutionnelle, et c'est pourquoi aussi l'érôs est tendu vers le sens, attendant la déification et donc irréductible à la sexualité, belle et bonne, en tant que créée par Dieu, mais aussi fragile et faillible, soumise à l'épreuve du temps. 

Pour tenter d'évoquer le sans-fond de l'humain préconstruit pour être divinisé on a créé le mot apophatisme à partir du grec αποφασίς qui signifie négation. Pour un homme tel que l'Abbé Isaac, une idée comprise c'est une vie changée, la connaissance est nécessairement compromettante étant une forme de l'amour. Et la compassion follement démesurée de ce grand anachorète pour tout le créé manifeste simplement que l'homme a pour vocation de ressembler au Dieu bon et ami de l'homme.

CE QUE PEUT DEVENIR LA MANIF POUR TOUS... par Guillaume Bernard



"Dans le cas plus particulier de la Manif pour tous, ce qui a fait sa force, c’est qu’elle a su rassembler des personnes aux appartenances partisanes diverses qui ont mis leurs différences de côté pour, ensemble, défendre une cause et agir sur l’ensemble de la classe politique. Sa force politique (autre que sa capacité à réunir des foules) ne se réalisera concrètement que si elle refuse tout compromis avec l’ensemble des partis politiques. Elle ne doit se rallier à aucun d’eux car elle aurait tort de croire qu’elle peut attendre autre chose d’un parti qu’une volonté de canaliser électoralement ses sympathisants (par exemple, en offrant des postes à ses « anciens » cadres). Croire qu’elle pourra faire de l’entrisme, obtenir la reconnaissance de ses revendications en « plaçant » certains de ses membres dans un parti, c’est ne pas connaître le fonctionnement (cynique) de la vie politique. Hors mis le cas de personnalités (nationales ou locales), un candidat a besoin, pour être élu, d’une étiquette. Des cadres de la Manif pour tous l’obtiendront sans grandes difficultés, en particulier s’il s’agit d’un scrutin de liste (chaque parti devant avoir des représentants des différents créneaux électoraux). Le « piège » se refermera alors sur eux. Car, pour être réélus, il leur faudra l’investiture du parti qu’ils n’obtiendront, cette fois, qu’en acceptant de mettre leurs idées trop « clivantes » dans leur poche. Pour faire grandir son influence, la Manif pour tous devra se transformer en un authentique lobby n’ayant strictement aucun état d’âme partisan : elle doit prendre tous les partis sans exclusive comme des interlocuteurs mais aussi comme des cibles. Elle trouvera, toujours, sans qu’elle ait besoin de compromis, des parlementaires (convaincus ou en mal de notoriété) prêts à reprendre une proposition de loi fournie, discrètement, clef en main. Puisqu’elle a mis en place une charte pro-famille à destination des candidats aux élections, la Manif pour tous pourrait, par exemple, se focaliser sur la mise en place d’un réseau ayant pour but de contribuer à faire élire ceux qui l’ont signée et battre ceux qui l’ont refusée et ce, quels que soit les partis concernés."

article du site Atlantico intégral ICI 

lundi 3 février 2014

Théorie du Genre etc. ou le rôle d'une avant-garde dans un processus révolutionnaire


L'Etat contre son peuple
La Théorie révolutionnaire (si chère à Marx et Lénine)  de la lutte des classes, s'est élargie depuis les années soixante à toute catégorie de la population se sentant méprisée, exclue, opprimée ou exploitée et se considérant par conséquent comme un nouveau prolétariat, voire jusqu'à se substituer au prolétariat originel (ouvriers et paysans) considéré désormais comme en voie de disparition et à tout le moins réactionnaire donc douteux. Le modèle de la lutte marxiste  s'est donc imposé à tous et autant de mouvements de libération se sont constitués pour parvenir à la Lutte finale.  Il s'est agi donc d'utiliser toutes les armes idéologiques et traditionnelles du militantisme et de la lutte révolutionnaire.
Le Léninisme qui considère que les masses aliénées par l'idéologie bourgeoise dominante ne sont bonnes au mieux qu'à se révolter mais sont incapables de mener à bien la Révolution doivent être fermement et sans état d'âme éduquées (et rééduquées) sans relâche, encadrées et disciplinées par une avant-garde formée, éclairée et hiérarchisée qui doit penser et parler à leur place et donner des mots d'ordre auxquels les malheureux aliénés doivent obéir "pour leur bien", d'autant qu'ils ne savent pas, ne sont pas conscients de ce qui est bon pour eux. Le modèle robespierriste certes a bien servi à tous ces révolutionnaires...
Le Trotskisme complète par sa stratégie "entriste" la lutte révolutionnaire et permet la propagation insidieuse des idées révolutionnaires sur tous les terrains idéologiques.

C'est ainsi que sont nés tous ces mouvements et qu'ils perdurent sous diverses formes et étiquettes, militent, luttent, investissent tous les médias pour assurer leur propagande.
Évidemment il était logique et cohérent que tout cela soit repris et soutenu par tout un chacun qui se déclare "de gauche" fût-il même considéré comme "jaune" ou "social traître"comme nos dirigeants actuels. Mais le rôle de l'avant-garde est bien de faire bouger et d'utiliser même les "mous" quitte à les condamner et les exécuter ensuite car la fin justifie tous les moyens : "classe" contre "classe" ! Une tactique comme une autre dans la stratégie révolutionnaire.

Voilà ce qui se passe à l'heure actuelle et il ne faut pas oublier quels sont les fondements et les présupposés de toutes ces tentatives ouvertes ou insidieuses obstinément répétées  d'imposer  ces "idées révolutionnaires" prétendues justes parce que "scientifiques" et non "idéologiques" comme celles de l'ennemi multiséculaire...
On a pourtant bien vu et revu à quel point les fondements prétendus "scientifiques" du destin prophétisé comme inéluctable du prolétariat étaient assez douteux vu les résultats réels du "socialisme" mis en pratique... De l'URSS au Cambodge, en passant par la Chine et la Corée du Nord, la terreur rouge a fait près de 85 millions de morts.

Il y aurait beaucoup à écrire bien sûr, mais comme je ne suis même pas sûr d'être lu par beaucoup, je passe la main :


Voici un extrait d'un article du philosophe et critique littéraire, Damien Le Guay fort pertinent et surtout particulièrement honnête intellectuellement, paru sur le site Atlantico sous le titre

Pourquoi le combat du gouvernement contre "les stéréotypes de genres" dépasse largement le simple enseignement de l'égalité homme/femme

Dimanche 2 janvier, c'était jour de manifestation pour défendre la famille et s'en prendre à la théorie du genre. Ses promoteurs disent qu'elle n'en est pas une (pour ne pas trop effrayer) mais elle y ressemble par sa cohérence et ses présupposés.

Débattre à l’infini pour savoir s’il s’agit ou non d’une « théorie » n’a pas d’intérêt. Dire, comme le répète Vincent Peillon, qu’il n’est question que de promouvoir l’égalité homme/femme, est un peu court. Voir, comme le fait Caroline Fourest, derrière tous ceux qui s’interrogent sur elle des fascistes homophobes, est malhonnête. Le « droit d’inventaire » est nécessaire. Le « sens critique » indispensable. Mais le débat, malheureusement, est étouffé. Étouffé, soit sous les bons sentiments, soit sous l’idée d’une avancée irrésistible de l’égalité – et ceux qui s’y opposent sont des réactionnaires. Ces deux raisons permettent de discréditer les oppositions et de tout faire passer – le nécessaire, le discutable et le franchement inquiétant. Et plutôt que de parler en général, allons regarder, sur le site «ABCD de l’égalité», les outils (vidéo, supports papiers, entretiens) mis à disposition des enseignants pour qu’ils puissent transmettre un message auprès des petits enfants.

Un discours domine : « combattre les stéréotypes de genre » - titre de la conférence de Geneviève Guilpain, philosophe. Véronique Rouyer, psychologue, développe. Un « stéréotype de sexe » est, dit-elle « véhiculé par la famille » mais aussi les médias. « Ce sont des normes liés au masculin et féminin ». Mais (et c’est là où l’idée de combat apparait) ces stéréotypes « ne reflètent pas la réalité des évolutions... de la société de ces trente dernières années ». Il faut donc « travailler sur ces stéréotypes » ou « automatismes de pensées » qui « limitent les possibilités des individus » et « empêchent les filles d’avoir accès à tous les possibles ». Ainsi s’est-elle étonnée que dans les écoles maternelles, les enseignants puissent véhiculer des « appartenances à un groupe de sexe » en établissant des « porte-manteaux pour les filles et d’autres pour les garçons ». Ce sont là, ajoute-t-elle doctement, « des schémas de genre qui fonctionnent comme des stéréotypes de sexes ». Astride de la Motte prend un autre exemple : quand on demande à de jeunes enfants de dessiner une fille et un garçon « ils représentent les filles avec des jupes et les garçons avec des jeans ». Et ajoute-elle, « ce sont des stéréotypes qui justifient le travail de lutte contre les stéréotypes de genre ». Catherine Hugonet, « déléguée à Toulouse aux droits des femmes et à l’égalité » (ministère de Najat Valaud-Belkacem), insiste sur la nécessité d’un travail chez des enfants du primaire car « les préjugés, les stéréotypes ou les identités fortement marquées entre les genres, filles et garçon, se construisent dans la toute petite enfance ». LIRE LA SUITE ICI

 Crédit REUTERS/Benoit Tessier
Dimanche 2 janvier, c'était jour de manifestation pour défendre la famille et s'en prendre à la théorie du genre. Ses promoteurs disent qu'elle n'en est pas une (pour ne pas trop effrayer) mais elle y ressemble par sa cohérence et ses présupposés.
Débattre à l’infini pour savoir s’il s’agit ou non d’une « théorie » n’a pas d’intérêt. Dire, comme le répète Vincent Peillon, qu’il n’est question que de promouvoir l’égalité homme/femme, est un peu court. Voir, comme le fait Caroline Fourest, derrière tous ceux qui s’interrogent sur elle des fascistes homophobes, est malhonnête. Le « droit d’inventaire » est nécessaire. Le « sens critique » indispensable. Mais le débat, malheureusement, est étouffé. Étouffé, soit sous les bons sentiments, soit sous l’idée d’une avancée irrésistible de l’égalité – et ceux qui s’y opposent sont des réactionnaires. Ces deux raisons permettent de discréditer les oppositions et de tout faire passer – le nécessaire, le discutable et le franchement inquiétant. Et plutôt que de parler en général, allons regarder, sur le site «ABCD de l’égalité », les outils (vidéo, supports papiers, entretiens) mis à disposition des enseignants pour qu’ils puissent transmettre un message auprès des petits enfants.
Un discours domine : « combattre les stéréotypes de genre » - titre de la conférence de Geneviève Guilpain, philosophe. Véronique Rouyer, psychologue, développe. Un « stéréotype de sexe » est, dit-elle « véhiculé par la famille » mais aussi les médias. « Ce sont des normes liés au masculin et féminin ». Mais (et c’est là où l’idée de combat apparait) ces stéréotypes « ne reflètent pas la réalité des évolutions... de la société de ces trente dernières années ». Il faut donc « travailler sur ces stéréotypes » ou « automatismes de pensées » qui « limitent les possibilités des individus » et « empêchent les filles d’avoir accès à tous les possibles ». Ainsi s’est-elle étonnée que dans les écoles maternelles, les enseignants puissent véhiculer des « appartenances à un groupe de sexe » en établissant des « porte-manteaux pour les filles et d’autres pour les garçons ». Ce sont là, ajoute-t-elle doctement, « des schémas de genre qui fonctionnent comme des stéréotypes de sexes ». Astride de la Motte prend un autre exemple : quand on demande à de jeunes enfants de dessiner une fille et un garçon « ils représentent les filles avec des jupes et les garçons avec des jeans ». Et ajoute-elle, « ce sont des stéréotypes qui justifient le travail de lutte contre les stéréotypes de genre ». Catherine Hugonet, « déléguée à Toulouse aux droits des femmes et à l’égalité » (ministère de Najat Valaud-Belkacem), insiste sur la nécessité d’un travail chez des enfants du primaire car « les préjugés, les stéréotypes ou les identités fortement marquées entre les genres, filles et garçon, se construisent dans la toute petite enfance ».

Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-combat-gouvernement-contre-stereotypes-genres-depasse-largement-simple-enseignement-egalite-hommefemme-damien-guay-970604.html#WIGZJYV4LKuBf2ya.99

Pourquoi le combat du gouvernement contre “les stéréotypes de genres” dépasse largement le simple enseignement de l’égalité homme/femme

Le collectif de la Manif pour tous a manifesté une nouvelle fois dimanche 2 février, réunissant selon la préfecture 80 000 personnes, pour protester contre "la théorie du genre" à l'école. L'occasion de décortiquer les différents niveaux de celle-ci dans ses objectifs.

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Pourquoi le combat du gouvernement contre “les stéréotypes de genres” dépasse largement le simple enseignement de l’égalité homme/femme

Le collectif de la Manif pour tous a manifesté une nouvelle fois dimanche 2 février, réunissant selon la préfecture 80 000 personnes, pour protester contre "la théorie du genre" à l'école. L'occasion de décortiquer les différents niveaux de celle-ci dans ses objectifs.

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dimanche 2 février 2014

FIN DE (la lutte pour) LA FAMILLE ? pas sûr...

Si vous n'avez pu suivre la nouvelle Manif Pour Tous
cliquez ICI pour le compte rendu de ce qui s'est passé. 
Et pour la suite :

http://www.lamanifpourtous.fr/images/pdf/tractsansencart-web-light.pdf

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE [4c] par Père André BORRELY : l'amour humain comme mystére.

3-3. Qυ'est-ce qu'un cœur compatissant ?

 L'Orthodoxie a conservé l'antique tradition d'une double prêtrise dans le mariage et dans le célibat monastique. En Occident, ce n'est qu'au 11 ème siècle que le célibat fait partie explicite de la règle de vie du prêtre séculier. Dans un pays orthodoxe comme la Grèce, il y a environ 8 fois plus de prêtres mariés que de hiérοmοines. L'Orthodoxie est d'accord avec l'Église romaine pour refuser l'autorisation de célébrer à un prêtre qui s'est engagé définitivement dans le célibat et que par ailleurs l'Église acceptera de marier. Mais l'Orthodoxie se réjouirait que l'Église latine ordonne prêtres des diacres mariés. Lorsque nous célébrons un mariage, le verset 24 du deuxième chapitre du livre de la Genèse est cité une fois dans chacune des deux premières prières dites par le célébrant, et une fois au verset 31 du chapitre 5 de l'épître aux Éphésiens : (...) l'homme laisse son père et sa mère pour s'attacher à sa femme et ils deviennent une seule chair. La Septante a traduit: προσκολληθήσεται or, le verbe πpοσκολλαω signifie exactement coller à, fixer solidement à. André Chouraqui est, à ma connaissance, le seul à avoir osé traduire :(... ) il collera à sa femme. Et la fin du verset est limpide : et ils deviennent une seule chair : Et si la dernière des trois prières ne cite pas Gn 2, 24, elle ne dit pas moins la même chose, avec le même réalisme lorsqu'elle dit des époux : unis-les en une chair unique. Dans la deuxième prière du couronnement on prie pour que soit accordée aux époux 1' Ομόνοια, c'est-à-dire l'union, la concorde ψυχών και σωμάτων, non seulement des âmes mais aussi des corps. Je ne sais ce que vous en pensez, mais je trouve extraordinaire que les auteurs de nos textes liturgiques aient songé à l'entente des corps, des dizaines de siècles avant qu'un neurologue autrichien ne découvre l'inconscient et le Complexe d'Œdipe. Se préoccuper à cette époque de l'entente des corps, c'était avoir l'intuition que la sexualité humaine peut être une source de souffrance et pas seulement de volupté.

Prêtre orthodoxe, son épouse, sa famille


Quant à l'épître aux Éphésiens dont, à l'Office du Couronnement, on lit toujours les versets 20 à 33 du cinquième chapitre, parce que l'Auteur parle de l'époux comme étant le chef de la femme et affirme que la femme doit être soumise à son mari, il m'est arrivé deux fois que de jeunes femmes refusent de lire le texte ou tentent de négocier : ne pourrait-on pas choisir un autre texte ou le traduire autrement ? Mais il y a quelque quatre millénaires que l'on donne en exemple la foi d'Abraham sans pour autant avoir jamais cherché à restaurer les sacrifices humains ni s'être jamais offusqué qu'Abraham en Égypte, craignant pour sa vie, ait fait passer pour sa sœur la jeune Sarah que le Pharaon voulait mettre dans son lit. La Bible nous décrit l'humanité telle que Dieu voudrait qu'elle soit et en même temps telle qu'elle est par la libre volonté des hommes pécheurs. L'épître aux Éphésiens nous renseigne sur ce qu'était la condition de la femme dans la société hellénistique. Mais ce qui est prodigieux c'est que nonobstant ce conditionnement social, l'apôtre Paul nous présente  l'amour humain comme un mystère. (à suivre)

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