Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

samedi 31 juillet 2010

De l'Himalaya jusqu'au Christ [1] : Récit d'une ascension par le moine rassophore Adrien (1)


Voici un récit de conversion qui me touche particulièrement, et dont beaucoup de ceux qui ont fini, guidés invisiblement (à n'en pas douter) par la Sainte Providence, par rejoindre la nef de l'Orthodoxie, après avoir (à première vue) erré dans les régions spirituelles de l'Extrême Orient, comme beaucoup à notre époque, à la recherche d'une nourriture vivifiantepeuvent se sentir proches. 

Il a été initialement publié dans le n ° 190 du magazine "Orthodox Word" et est paru dans au moins deux sites en voici la traduction en français :

"Lorsque nous apprenons à connaître Dieu comme une personne, nous commençons à voir sa main à l'œuvre non seulement dans les circonstances de nos vies quotidiennes, mais aussi dans les événements de notre passé qui nous ont conduit à l'instant présent. Nous voyons comment des vérités partielles, Il nous a conduit à la plénitude de la Vérité, et comment Il continue à nous guider à l’intérieur d’une réalisation plus profonde de cette vérité. Comme le Père Seraphim Rose l’a écrit, quand nous venons au Christ "pas de vérité vraie que nous ayons jamais connue ne sera perdue à jamais."


"Entouré par cinq des plus hauts sommets de l'Himalaya, je me tenais à plus de 4200 mètres, regardant les montagnes de l’Annapurna au lever du soleil. Mon trek au Népal avait commencé quelques semaines auparavant et était à son point culminant. Comme j’étais là à contempler la beauté immaculée flambant au-dessus de moi, une pensée pénétra mon esprit et refusait de le quitter : Quel intérêt ?... Mon ego immédiatement rétorqua à cette pensée aléatoire, " Quel est l'intérêt ?! Qu'est-ce que tu veux dire, Quel est l'intérêt ? «L’intérêt est que tu as parcouru toute cette distance pour voir ces montagnes, profites-en maintenant!" Mon esprit demeurait néanmoins toujours en proie à cette idée. Oui, c'était une des choses les plus belles que j'aie jamais vues, et j'étais rempli de joie en cet instant, mais que deviendraient ces sentiments quand le lendemain je n’aurais plus cette si belle source d’inspiration ? Le bonheur de ce monde ne pourrait jamais m'apporter entière satisfaction. Cela aurait dû m’apparaître comme évident tout au long de ma vie, mais il fallut mon ascension vers le sommet du monde pour que j’accepte cette évidence enfin. Et ce fut mon premier pas vers le Christ et l'Orthodoxie.

Jusqu'à ce moment toute ma vie adulte avait été une vie séculière consacrée à satisfaire des passions diverses. J'avais fini mes études à l'université à l'âge de 21 ans avec l’objectif de me lancer dans les affaires tout en poursuivant une carrière dans l'art. En un an il me semblait être en bonne voie pour atteindre mon objectif. Je vivais alors à Londres, employé par IBM. Ma position était assurée et une promotion était imminente. Ma vie privée était similaire à celle de beaucoup de ma génération : relations occasionnelles, recherche du confort, et constantes distractions me préservant de toute réflexion sur moi-même.

À peu près au même moment, ma sœur aînée est devenue moniale orthodoxe en Alaska. Que ce soit une coïncidence ou non, je n’en suis pas sûr, mais depuis cette époque ma passion pour les occupations mondaines a commencé à décliner. A voir mes collègues de travail, personne ne semblait être vraiment heureux ni content. La satisfaction dont l’appréciation est insaisissable n'a jamais été vraiment présente, mais toujours terriblement à la marge. Voyager, faire du sport, boire avec les "copains" tout cela devenait de plus en plus banal. Chaque lundi revenait la même question: «C’était comment ton week-end ?» Tous les vendredis à nouveau: «Tu as des projets ce week-end ?» Londres est devenu plus gris et la bruine régulière ne réussissait jamais à laver la crasse.

Au lieu de regarder plus en profondeur les causes de mon ennui, j'en ai attribué la faute sans hésiter à la culture d'entreprise. J’ai supposé que mon dédain pour le monde était dû à la préoccupation de gagner de l’argent. Alors j'ai quitté IBM, fait mes valises et suis retourné en Amérique. Cultivant mon dédain pour la prospérité et le consensus social, j'ai commencé ma descente dans la vie de Bohême. Assez curieusement, je ne me suis pas aperçu que les mêmes règles qui régissent le conformisme social sont applicables à la scène alternative. Substituez une veste en cuir à un costume, un tatouage à une Rolex, et un sourcil percé à bouton de manchette et vous avez toujours le même homme.

J'ai commencé à faire une maîtrise en art et j’ai trouvé un emploi au Musée d'Art Moderne. Mes œuvres d’art consistaient en grande toiles faites sur mesure recouvertes d'épaisses couches de goudron. Le goudron n'avait pas été utilisée comme médium artistique auparavant si bien que mon travail a été instantanément populaire. Je m'efforçais d'être passionné par d’obscurs philosophes modernes, post-punk et d’être un fêtard noctambule, mais tout cela me fatiguait. Je reconnaissais que quelque chose n'allait pas avec moi. Pourquoi me trouvais-je dans l'impossibilité de discuter sérieusement d'une exposition d’une galerie présentant un panier de canettes d'aluminium écrasé et des sous-vêtements étendus sur des morceaux de fil de fer ? Pourquoi ne trouvais-je aucune joie à regarder la performance d’un artiste gloussant comme un poulet pendant quinze minutes ?
Heureusement, je me suis vite lassé de mon "style de vie alternatif", c’est alors qu’un ami m'a téléphoné pour me demander si je voulais aller au Japon. J'avais toujours eu de l’intérêt pour les cultures asiatiques, et comme je me considérais comme un nomade par excellence si bien qu’un mois plus tard je me suis retrouvé à Kyoto, au Japon. (à suivre) 
(Version française de Maxime le minime de Himalayan Ascent to Christ)

vendredi 30 juillet 2010

Une liturgie de la Dormition dans l’antique monastère de La Panagia SOUMELA, la première depuis 88 ans



Une liturgie de la Dormition dans l’antique monastère de Panagia SOUMELA

Les autorités turques ont donné leur accord formel à la célébration d'une liturgie lors de la prochaine fête de la Dormition au "musée de Sümela Manastiri", la première depuis 88 ans. Ce site, anciennement connu comme le monastère Panagia Soumela, était le centre spirituel de l'Empire de Trébizonde et des chrétiens orthodoxes du Pont-Euxin. Ayant été fondé en 386, le monastère de Soumela rayonnait jusqu'en 1922, lorsque les moines furent forcés de partir en Grèce où ils ont fondé un nouveau monastère du même nom à Kastania, près de Véria (ou Beroia). La liturgie sera célébrée par le Patriarche œcuménique Bartholoméos Ier la veille du 15 août. Cela sera un jour historique pour le Grecs et surtout pour les Pontiques car, la liturgie aura pour la première fois, depuis des siècles dans ce monastère orthodoxe qui, aujourd’hui, est transformé en musée.

Une Vierge à part : la Panagia SOUMELA
(la Toute Sainte Mère de Dieu des Grecs Pontiques)

La Toute Sainte Vierge Marie célébrée là où se trouve l'Hellénisme

Partout où vit l'hellénisme de la diaspora, jusqu'au bout du monde, il existe une église consacrée à la Toute Sainte Théotokos et des milliers de croyants affluent, notamment le 15 août, jour de la Dormition pour lui adresser leurs prières.
On ne compte plus le nombre d'églises dédiées à la Toute Sainte en Grèce, mais il en est une qui tient une place à part, et qui est à l'honneur en ce jour de la Dormition, c'est la Panagia Soumela, à Vermio, préfecture de Veroia en Macédoine, symbole du martyr et du déracinement des Pontiques, les Grecs du Pont-Euxin, partis de la côte sud, aujourd'hui turque, de la mer Noire.
La Très Sainte Vierge de Soumela est aujourd'hui un des importants lieux de pèlerinage du 15 août, avec celle de l'île de Tinos dans les Cyclades.
Construite en 1951 sur les pentes du mont Vermio près de la localité de Kastania, à Veroia en Macédoine, l'église se veut un rappel du monastère homonyme de Trapezounta (Trabzon) datant du 4ème siècle, sur les montagnes qui dominent de la côte sud de la mer Noire.
Selon la tradition, les moines Varnavas et son neveu Sophronios, partis d'Athènes, y ont été conduits par une vision de la Mère de Dieu pour construire la maison de son icône peinte de la main de l'Evangéliste Lucas. L'icône avait été trouvée à Athènes après la mort de Luc, puis perdue. Toujours selon la tradition, elle avait été transportée par des anges sur le lieu indiqué dans la vision des deux moines.
Arrivés sur place, les deux moines s'installent à côté de la grotte où a été trouvée l'icône, sur une pente raide à 1 000 mètres d'altitude au mont Melas, d’où le nom Soumela (eis tou Mela / au Melas). Avec l'aide d'un monastère voisin, ils construisent une petite église à l'intérieur de la grotte. Avec le temps, le soutien des empereurs de Byzance et la réputation acquise d'une source d'eau miraculeuse, le lieu se développe en un important centre de l'hellénisme du Pont et de la chrétienté. Même sous l'empire ottoman, les musulmans y recourent pour les guérisons et les sultans maintiennent les privilèges acquis sous Byzance. A la fin du 19ème siècle, le lieu compte plusieurs monastères, une auberge de quatre étages, une bibliothèque et plusieurs autres églises et dévotions construites aux alentours.
Mais, l'histoire s'arrête en 1922, avec la catastrophe de Smyrne en Asie Mineure, marquant la fin du soulèvement grec contre le joug turc-ottoman. Avec les échanges de population, les Grecs doivent quitter les terres antiques de l'Anatolie et les Pontiques affluent par centaines de milliers en Grèce continentale, notamment en Macédoine. En 1931, un accord entre les gouvernements grec et turc permet de rapatrier un certain nombre de reliques du monastère parmi lesquelles l'icône de la Vierge. Pendant 20 ans, l'icône est hébergée au musée Byzantin d'Athènes, jusqu'en 1952 où la construction de la nouvelle église est terminée.
Depuis, la Panayia Soumela est devenue un symbole pour les Grecs Pontiques de partout dans le monde. Ceux d'Amérique et du Canada ont créé en 1982 à New York la Fondation de la Toute Sainte  Soumela des Pontiques d'Amérique qui vise à faire revivre le pèlerinage du 15 août dans la "terre Pontique du Nouveau Monde".
Par la suite, en 2005, a été créée la "Holy Institution Panayia Soumela, Inc" qui a procédé à l'achat d'un terrain de 1,5 hectare à West Milford dans le New Jersey et où ont été construits une église, un centre culturel et un bâtiment.




lundi 19 juillet 2010

LE MIRACLE QUI A SAUVÉ SŒUR AEMILIANE


Geronda Aemilianos
Voici une interview de 1999 d'une américaine qui est désormais une moniale orthodoxe en Grèce* et qui a failli être tuée dans un accident de sinistre mémoire. Voici l'extrait de son entrevue qui explore les événements mystiques entourant le secours qu'elle a reçu.

T : L'été 1981, deux passerelles se sont effondrées à l'Hôtel Hyatt Regency, à Kansas City, tuant 114 personnes et en blessant beaucoup d'autres. Vous avez été grièvement blessée lorsque vous vous êtes retrouvée piégée par la chute des poutres et des décombres. En fait j'étais à Boston cet été-là (avant d’emménager dans la région) et je me souviens d'avoir été en train de prier pour quelqu'un appelée Mélanie [sœur Aemiliane]. Je ne pensais pas que je pourrais jamais vous rencontrer en personne.
Voudriez-vous nous parler de cette expérience et de votre guérison qui a suivi?

SA : J'ai eu un écrasement de la troisième vertèbre lombaire. Ma moelle épinière a subi une grave torsion et a été écrasée de telle sorte que des morceaux d'os s’y sont enfoncés. Les premiers rayons X ont fait tomber à la renverse les radiologues d’étonnement quand ils ont vu que je conservais de la sensibilité, car les rayons X montraient un énorme morceau d'os en plein milieu de la moelle épinière, ce qui indiquait que ma moelle épinière avait été, presque sans aucun doute, tranchée. Ce n'était pas le cas, mais j'étais paralysée de la taille aux pieds. J’avais un tas de côtes cassées, une fracture de la cheville, un affaissement d’un poumon...

T : Et pourtant, vous êtes ici aujourd'hui.

SA : La première partie de mon rétablissement a été d’être extraite des décombres. Beaucoup de gens sont morts qui n’étaient pas en aussi mauvais état que moi, parce qu'ils n’ont pu être extraits à temps. Il était impossible pour les autres d’arriver jusqu’à moi. Et il était impossible pour moi d'être extraite dans les temps pour survivre.

T : Vous rappelez-vous cela ?

S.A.: Oui, je le peux - en détail. Je me souviens que j’étais écrasée – courbée, le visage entre mes genoux. Je ne pouvais pas bouger autre chose que ma main droite légèrement d’un côté et de l'autre. Il n'y avait même  pas assez d’espace pour respirer - il y avait soixante tonnes au-dessus de moi. Mes genoux m’avaient cassé les côtes. À un certain moment ma sœur a tiré sur ma main droite, mais elle ne pouvait pas me bouger. Alors, à un moment donné, j'ai parlé à mon ange gardien: «Où es-tu ?» ai-je dit. J’ai senti qu’on attrapait ma main droite, sans tirer, et puis je me suis retrouvée dehors. J'étais allongée sur le dos, totalement libérée des décombres. Quelqu'un que je ne reconnaissais pas me tenait et m’a dit que tout irait bien pour moi. Personne ne se souvient avoir vu cette personne.

T.: Cette expérience doit avoir une incidence sur votre vie à bien des égards. Comment a-t-elle affecté votre vie spirituelle?

SA : Le fait de la naissance virginale du Christ, sorti de l'utérus sans détruire la virginité, sans douleur. Le fait de sa Résurrection, lors de laquelle Il s’est relevé du tombeau sans bouger le rocher. Il avait été scellé jusqu'à ce que l'ange l’écarte. Le fait de l'expérience des disciples quand ils étaient dans la salle du haut et que les portes étaient fermées, alors que le Christ est entré - non pas comme un esprit ou une métaphore ou un fantôme, mais dans sa chair. Il a mangé et Il a bu. Les disciples ont mis leurs doigts dans ses plaies. Tout cela est devenu très réel pour moi. Ce n'est pas parce que je suis quelque chose de spécial. C'est grâce à la prière des saintes personnes qui ont purifié leur cœur par un engagement incroyable, qui se sont accusés elles-mêmes de leurs péchés avec une honnêteté sans concession devant leur confesseur et Dieu, s’humiliant elles-mêmes à l'extrême et devenant semblables au Christ - remplis du Christ. Rien ne peut témoigner davantage de la puissance de la prière, de la puissance de l'amour de Dieu, qui est la résurrection et la vie. C'est la réalité de la résurrection.

T.: Comment avez-vous décidé de vous engager dans la vie monastique ?

SA : Bien que je n'y aie pas songé à l'époque rationnellement, toute ma vie était aussi brisée que mon dos. Toute ma vie était aussi paralysée que mon corps. 114 personnes avaient été tuées. Alors qu’est-ce donc qui importe après cela ? Qu'est-ce qui pourrait avoir autant de sens ? Qu'est-ce qu’il y aurait d’aussi important à exprimer ou penser que de créer un lien à jamais avec tous ces gens, toutes ces âmes ? Seulement vivre pour eux et pour tout le monde. À ce moment-là, mes études ont perdu tout le sens qu'elles avaient. Je le sentais bien. Je pouvais faire n’importe quoi - me marier, avoir une carrière. Un an après l'accident, si vous veniez de me voir, vous n'auriez pas été capable de dire que j’avais été blessée si gravement. Les médecins sont encore totalement mystifiés à ce sujet et ils l'admettent ouvertement. Ils avaient dit à mes parents que je ne pourrais pas vivre, mais que si je vivais, je ne marcherais plus jamais. Et puis j'ai reçu la Sainte Communion le huitième jour [après l'accident], et j'ai bougé mon pied gauche, entièrement. Alors ils ont dit, "Nous ne savons pas, peut-être qu'elle va marcher, mais cela prendra une année à l'hôpital avec des béquilles et des cannes." J'ai quitté l’hôpital trois mois après - avec des prothèses, mais sans appareillage orthopédique sur mes jambes, et avec deux cannes. Si bien que mon médecin de Kansas City a dit et dit encore: "Nous n’avons jamais pu expliquer votre cas, nous ne pouvons pas et c'est tout." Ainsi, je pouvais faire n’importe quoi , mais je ne me souciais pas suffisamment de ma carrière pour m’y consacrer. Rien dans la vie laïque n’avait assez de sens pour moi. A ce moment, aucun médecin, aucun scientifique, aucun travailleur social, aucun psychologue, aucun membre de ma famille, aucun être cher, aucun ami - rien – ne pouvait m'aider; toute la technologie du monde n’aurait pas suffi à m’avoir sauvée. Et les autres étaient morts.
Neuf mois plus tard, j'étais toujours en grand besoin après tout ce qui s'était passé, et avec tout ce noir devant moi. Je suis venu à Sainte-Croix [le Séminaire à Brookline, Massachusetts] pour me confesser avec un hiéromoine de la Sainte Montagne, le Père Dionysios (Il avait été invité au séminaire par l'archevêque Iakovos pendant tout le Grand Carême pour offrir ses conseils aux étudiants et professeurs). Je mange encore le pain spirituel qu’il m'a donné à ce moment-là. Quelques mois plus tard, il m'a envoyé une photo de son Ancien, l'archimandrite Aemilianos, abbé du monastère Simonos Petras, du Mont Athos. J’ai été totalement bouleversée. Je le reconnaissais, il ressemblait à celui qui m'avait sorti de sous les tonnes de décombres après l'accident. Alors j’ai su. Ce qui m’avait sauvée, c’était la prière de l'Ancien Aemilianos - quelqu'un qui était de l'autre côté du monde dans son monastère, sans avoir jamais mis les pieds en Amérique, physiquement. Il n'y avait aucune raison pour laquelle il aurait du ou aurait pu me le faire savoir. J'avais entendu parler de lui et de son fils spirituel, mon Ancien, Dionysios, mais je n'avais aucune idée de comment je pourrais jamais le rencontrer. Après cela, j'ai découvert que le jour de l'accident était son jour de fête – le 18 Juillet, jour de la fête de Saint-Aemilianos le martyr. Donc, il est devenu clair pour moi dans mon sang et mes os brisés mêmes, sans que cela soit du tout, jamais, une pensée analytique, que la prière d'un cœur pur - purifié ! - est la chose la plus puissante dans le cosmos.
Ceci dit, dans l'ancien calendrier, sur la Sainte Montagne, c’était le 5 Juillet, qui est la fête de Saint Athanase l'Athonite, le père du monachisme cénobitique au Mont Athos, au Xe siècle. Nous faisons une agrypnie toute la nuit du 5 Juillet pour célébrer cette fête. Au début on commence la lecture de la vie de Saint-Athanase. Chaque année, nous ne faisons qu’une partie de l’office. En ce moment cette partie se termine à l’Orthros, ou (si nous le lisons pendant le repas) quand le repas est fini. Je n'avais jamais lu la fin... La «fin» de l'histoire, c'est que Saint Athanase l'Athonite a été tué par l'effondrement d'un nouveau bâtiment.
J’ai vu alors l'icône de l'ange gardien (ici, à Boston, au monastère de la Sainte Transfiguration), sur laquelle est écrite une prière de Complies qui dit: «Prends-moi par ma main tendue et misérable...."
Lorsque la structure des choses est erronée ou de plus en plus inadéquate, le seul espoir est de tout casser et tout mettre à l’écart et alors cela peut être restructuré - une nouvelle création. Geronda [Ancien ] Aemilianos m’a dit une fois beaucoup plus tard que Dieu prépare et fournit dans la vie de chaque personne un «Hyatt» qui est un pont pour la vie nouvelle. 
(Version française de Maxime le minime d'après

* Sœur Aemiliane est d'ailleurs maintenant devenue Mère Aemiliane, puisque sous la paternité spirituelle de Geronda Dyonisios elle dirige la communauté de moniales de La Présentation de la Mère de Dieu au Temple, qui sont, après un séjour en Grèce, installées aujourd'hui  aux États Unis, dans l'état de New York.

Gerondissa Aemiliane

dimanche 11 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur, l'ego" (fin) Les pratiques ascétiques de l'Orthodoxie

WIE : Les pratiques ascétiques de l'Orthodoxie mettent l'accent sur la nécessité de réprimer nos pulsions instinctives. Les pulsions comme le désir sexuel, la faim, la soif, et même le désir de sommeil sont souvent écartés pendant de longues périodes par des actes extrêmes de renoncement. Quel est le rôle de la pratique ascétique dans la réalisation de la liberté de l'ego?

P. Dionysios : L'ascétisme est un moyen pour arriver là où nous voulons aller. C’est un chemin de fer sur lequel le train peut rouler. Beaucoup de gens pensent que l'ascétisme signifie suivre une liste de règles, mais ce n'est pas une loi qui nous est imposée. Dans le football, par exemple, ce n'est pas que les règles du jeu sont dures, mais elles existent pour que le jeu fonctionne au mieux. Et il en est ainsi de la vie ascétique. Les périodes spéciales et les règles de jeûne, de veille, et de prière servent de méthodes ou de moyens mystiques. Nous suivons ces méthodes de mystère, ces engagements divins, ces prescriptions divines. Et en dehors des règles générales, il y a aussi des règles personnelles qui sont indiquées dans la communication entre le père et le fils spirituel, selon les vocations particulières de chacun. Nous voyons des saints qui passent beaucoup de temps dans les grottes ou dans la forêt ou dans le désert. Et ils n'y vont pas avec des projets de retour, quand ils y vont, ils y vont pour toujours. Et alors le Seigneur les guide.

Quand le Christ est allé dans le désert après son baptême, il est allé à la rencontre du diable. Il ne pense pas dans son esprit, "Après quarante jours je reviendrai." Il y est simplement parti. Il est sorti du Jourdain, baptisé par saint Jean-Baptiste, et il est allé dans le désert. On peut penser qu’Il a perdu son temps en étant seul. Il n'est pas allé vers son peuple pour leur donner la nourriture, pour les bénir, les guider, leur donner le Saint-Esprit. Non, il est allé dans le désert. Et il a dit au diable: «Mon ami, regarde, jusqu'à présent, tu jouais avec les gens. Tu as commencé avec Eve dans le paradis, et maintenant tu finis avec moi. Je suis seul ici. Je ne mange pas. Je ne bois pas. Et le froid dans mes os la nuit dans le désert est terrible. Je souffre. Mais je ne suis pas en train de jouer à des jeux. Je suis ici. Seul. Et tu viens me voir et tu me dis de changer les pierres en pain. Tu me dis de me prosterner devant toi. Toi ? Pour te donner l'autorité sur mon peuple? Va t’en maintenant. Nous nous sommes vus l’un l’autre. Je sais qui tu es et tu sais qui je suis." Et à ce moment-là le diable a tout abandonné.

Donc, la vie ascétique est nécessaire. Pour être prêt à chaque instant à mourir, devant tout le monde pour tout, c’est le désert, c'est la vie ascétique. Et elle apporte le Saint-Esprit. Et si nous y allons, le Seigneur nous guide."
(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")

samedi 10 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur, l'ego" (8) L'ego, Satan, le Saint Esprit


"WIE : Est-ce également votre expérience, qu'un père spirituel qui a vraiment été au-delà de l'ego non seulement inspire les gens pour atteindre leur potentiel le plus élevé, mais présente également l'ultime défi à l'ego de ceux qui viennent le voir?

P. Dionysios : Absolument. En effet, en présence d'une telle personne, le diable vient immédiatement. Et vous pouvez voir très clairement comment le diable rend les gens fous ou les met en colère ou les rend irrespectueux alors que vous n'avez encore rien dit. Tout simplement parce que vous êtes là, ils explosent. Et vous pouvez voir des choses terribles chez des gens qu'autrement vous pourriez ne voir que comme des gens aimables avec des cravates et des bijoux en or. Quand quelqu'un apparaît qui incarne l'Esprit de Dieu, là, vous pouvez voir ce que vous auriez pu voir, lorsque Jésus se promenait dans les rues. Les démons qui étaient dans le peuple disaient : "Whoa, qui es-tu ? Tu es venu ici pour nous mettre en difficulté." Certains étaient scandalisés par lui, d'autres réfléchissaient à la manière de le tuer, et d'autres encore pensaient à des choses contre lui. Il ne s'adressait pas à ce qu'ils disaient mais à ce qu'ils pensaient. Et le même Esprit Saint existe chez les pères spirituels, et il peut aussi créer ce genre de confrontation. Cela se produit parce que l'autre personne comprend qu'elle ne peut pas jouer avec cet homme. Elle ne peut se dissimuler au regard de cet homme.

WIE : Dans les écrits chrétiens, l'ennemi de la voie spirituelle est souvent appelé par des termes dramatiques comme Satan, Lucifer, le diable. Satan est tout simplement une métaphore pour l'ego de l'homme? Ou est-ce quelque chose d'indépendant de nous?

P. Dionysios : Satan est le maître. Et l'ego est le moyen par lequel nous accomplissons sa théorie. Vivre de notre ego, c'est comme brûler de l'encens pour lui. Quand il en sent l'odeur, il vient. Cela lui est familier, c'est son domaine, sa langue, son dialecte. Il aime ça. Alors il vient, et puis il commence à commercer avec notre ego. Alors il commence à nous être lié.


WIE : Alors, diriez-vous que Satan existe, dans ce sens comme une force impersonnelle du mal qui opère en chacun de nous en tant que ego? Ou serait-il plus exact de dire que l'ego est déjà là en nous et que Satan est la voix de la tentation à laquelle l'ego prête l'oreille ?

P. Dionysios : La deuxième formulation est la bonne. Il n'a pas le pouvoir d'agir par le biais de notre ego. Nous sommes tout le temps libres de décider.

WIE : Il y a de nombreuses autorités spirituelles dans l'Occident moderne qui tentent d'apporter les idées de la psychologie occidentale pour contribuer au chemin spirituel. En fait, il est maintenant communément admis que, pour faire face aux difficultés de la voie spirituelle, il faut d'abord développer un ego fort, un fort sentiment de soi. Une déclaration qui est presque devenue un credo dans les cercles spirituels est la suivante: «Il faut devenir quelqu'un avant de pouvoir n'être personne." Que pensez-vous de cette idée?


P. Dionysios : C'est comme si l'on disait : "Nous devons d'abord être le chef de la mafia et ensuite  nous pourrons devenir président." Ou encore: «Je vais d'abord travailler ensemble avec le diable ; je ferai société commune avec lui de sorte qu'il me donnera ce dont j'ai besoin, mais comme je suis plus intelligent que lui, j'utiliserai mon pouvoir pour le bien. "

Il est bon d'envoyer les enfants étudier, apprendre à chanter, faire du sport, recevoir une bonne instruction, avoir une base économique pour le début de leur vie. Mais combien de fois voyons-nous que les rêves de tous les hommes riches et de leurs enfants sont brisés ? La Bible dit que «si les constructeurs travaillent très dur pour construire une tour que le Seigneur ne bénit pas, ils ont travaillé pour rien."

Cet ego est le dieu moderne du XXe siècle et du XXIe siècle. Et l'idée dont vous avez parlé dans votre question est la religion moderne. Mais nous connaisssons cette tentation. L'ego signifie, "Je ne crois pas en l'existence de l'Esprit Saint, l'Esprit Saint n'existe pas." Mais c'est un mensonge. Le Saint-Esprit guide le monde, et bénis sont ceux qui le désirent, qui le voient, qui respirent en lui, qui s'animent en lui, qui créent à travers lui, qui l'aiment, qui lui sont unis. "(à suivre)
(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")


vendredi 9 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur, l'ego" (7) Amour et Transfiguration


WIE : Vous semblez parler d'une sorte de conscience profonde qui s'anime quand nous faisons face à nous-mêmes.

P. Dionysios : C'est l'amour. L'amour est plus que la conscience. La conscience est quelque chose qui vous dit, "Vous faites ça, vous faites ça, vous faites ça." C'est comme si nous étions à notre propre tribunal. Mais l'amour est quelque chose de beaucoup plus. L'amour nous rend prêt à payer pour les péchés des autres. C'est un pas beaucoup plus élevé. Non seulement  reconnaître nos péchés, mais aussi être capable de payer pour des péchés dont nous ne sommes pas responsables, comme le Christ. C'est cela l'amour.

WIE : Les écrits des Pères de l'Église parlent de l'objectif de la quête spirituelle comme une transfiguration de l'être humain en une existence humaine d'un tout autre ordre, une existence dans laquelle l'ego est tué et dans laquelle nous renaissons, en quelque sorte. Qu'est-ce que cela signifie pour moi de mourir? Et dans quel sens nous renaissons ?

P. Dionysios : Le Seigneur nous appelle à nous transfigurer. Il veut nous donner notre réalité, notre véritable moi, que nous avons perdu. Et dans la vie spirituelle, en particulier dans la vie monastique, cet ego peut vraiment se transformer, tout comme quand les disciples, ayant suivi le Christ au sommet du mont Thabor, furent témoins de son corps métamorphosé en lumière. Beaucoup de pères ont l'habitude d'expliquer que la transfiguration n'est pas réellement arrivée au corps du Christ, mais aux yeux de ses disciples. Parce qu'à ce moment-là, leurs yeux transfigurés pouvaient voir ce que le Christ a toujours été - brillant, plein de lumière. Grâce à leur humilité, en ayant suivi le Christ, ils furent amenés au sommet de cette montagne pour profiter de cette réalité. Et chacun de nous peut recevoir cette bénédiction. Notre nature peut être transfigurée.

Cette transfiguration est notre véritable progrès, notre croissance réelle. Il ne s'agit pas de l'utilisation de notre vie spirituelle dans le Christ pour devenir meilleurs, devenir plus intelligents, savoir plus de choses, avoir plus d'amis, influencer les autres, avoir de l'autorité et du pouvoir, avoir de l'argent, une bonne santé, une bonne renommée, et une belle apparence. Il s'agit seulement de ce qu'il y a dans notre cœur. La chose importante est que dans la pratique quotidienne, il ne puisse y avoir la moindre semence de l'ego dans le domaine de notre cœur. Parce que quand vient la tentation, elle peut détruire la qualité de vie et des relations entre les gens. Le Seigneur nous a appris à veiller à tout moment et à le prier, à dire: «Protège-nous et ne nous laisse pas entrer en tentation." Grâce à cette protection de la tentation, nous pouvons arriver à voir très clairement dans nos cœurs. Et en suivant la plus simple et normale des vies, nous pouvons nous purifier, notre esprit et notre mental. Il est très facile après cela pour l'Esprit Saint de venir. C'est comme dans l'Eucharistie, nous sommes prêts tous ensemble dans l'église avec le pain et le vin. Nous prions, et l'Esprit Saint vient et transforme le pain et le vin en corps et sang du Christ. De la même manière, nous pouvons nous purifier, et l'Esprit Saint vient nous transformer de toutes les façons que nous avons lues dans les livres et nous apporte de nombreuses expériences plus que tous les livres du monde en peuvent contenir.



WIE : Dans la tradition orthodoxe, il y a une lignée de longue date de pères spirituels éclairés, de grands hommes qui ont démontré avec leur propre vie la possibilité de détruire l'ego et de découvrir une nouvelle vie en Dieu. Quelles sont les marques d'un homme qui a gagné le combat spirituel? Comment l'expression de la personnalité change dans celui qui a vraiment été au-delà de l'ego?


P. Dionysios : Il est toujours prêt à tout. Il n'est jamais, ni ne dit qu'il est, ni ne sent jamais fatigué. Il possède la joie. Il est toujours prêt à donner. Il n'existe que pour les autres. Il est prêt à servir tout le monde. Il ne juge personne, y compris les plus profondément pécheurs. Il est là comme un enfant, mais comme un enfant de roi. Qui peut toucher le fils d'un roi? Qui peut toucher un lionceau nouveau-né, sachant que la lionne sa mère est à proximité? Etant ainsi, vous êtes comme un petit agneau parmi les loups, mais vous n'avez pas peur. Vous êtes là offrant, recevant tout le monde, aimant, servant, priant pour tout le monde et étant prêt à mourir à chaque instant, et en cela, vous êtes totalement et entièrement libre. Toutes ces choses sont des fruits de l'amour parce que nous devenons la source de l'amour. Ainsi est donc un homme sans ego. C'est cela la transfiguration. C'est comme si nous étions un vieil arbre sauvage et que nous ayons besoin de quelque chose qui vienne en nous pour transformer cet arbre en arbre bon et fructueux. Un homme sans ego est un homme avec Dieu, est un homme avec l'Esprit Saint.

Lorsque vous êtes prêt à mourir pour tout le monde à chaque moment, quand vous aimez, quand vous respectez, quand vous vous prosternez devant l'autre, c'est comme si vous le prépariez pour une opération, mais ce n'est pas que vous jugez l'autre ou que vous avez le sentiment qu'il a besoin de quelque chose de vous. Lorsque vous êtes parfait devant Lui - et nous pouvons être parfaits, en fait, nous devons être parfaits, c'est ce qui compte avant tout - alors tout de suite les gens le désirent, le savent, le comprennent. Très vite, tout le monde vient prendre un siège en face d'une telle personne, en face d'un fils spirituel ou un père spirituel." (à suivre)
(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")

jeudi 8 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur, l'ego" (6) "Le Repentir. Reconnaître nos erreurs et nos péchés, c'est la chose la plus importante que nous puissions faire"

WIE: L'ego est souvent caractérisé dans la littérature spirituelle comme un adversaire rusé et opportuniste, capable de retourner toute situation à son avantage dans sa tentative de faire obstacle à notre progrès spirituel. Que est selon vous la qualité la plus importante de la personne qui peut nous aider à gagner la lutte contre l'habile ego en perpétuel changement ?

P.Dionysios: Le Repentir. Reconnaître nos erreurs et nos péchés, c'est la chose la plus importante que nous puissions faire. Et non pas reconnaître nos péchés afin de réussir quelque chose d'autre, mais simplement pour voir la vérité sur nous-mêmes. 


Saint Isaac, le grand mystique de l'Église, dit que celui qui accepte, qui comprend, qui reconnaît son péché devant le Seigneur, en réalité, il est le plus élevé. Il est plus grand que celui qui a gagné le monde entier, qui nourrit tout le peuple, qui fait des miracles, qui ressuscite les morts. Cet homme est le premier, il est plus grand parce qu'il ne peut jamais tomber. Il a une stabilité, un niveau, un lieu où il peut parler au Seigneur. Il a un endroit où il peut inviter le Seigneur avec ses larmes, avec son repentir, avec la compréhension de ce qu'il a fait de mal. Et tout de suite, il devient clair. La lumière émane de lui. Il devient un médecin spirituel, un enseignant ou un père, parce qu'il n'a pas peur de reconnaître ses péchés. Ce n'est pas un problème pour lui de dire: "Excusez-moi, c'était de ma faute." C'est la clé pour échapper à tous les précipices du diable.

WIE: Serait-il exact de qualifier cette qualité que vous décrivez - cette volonté de se regarder avec honnêteté - d'humilité?

P. Dionysios : Pas l'humilité. L'humilité est le résultat. Il serait préférable de parler de "sagesse". Nous nous acharnons à être humble. Mais, reconnaître mes fautes – qu'est-ce que cela a à voir avec l'humilité ? Je dois être humble pour reconnaître mes fautes ? Non. Je dois les voir. C'est une urgence. C'est mon mode d'existence pour le second qui vient. Comment puis-je exister avec mes défauts pendant une seconde existence ? Devant qui ? En face de moi – comment puis-je demeurer avec mes fautes, mes péchés? Je dois dire, "je l'ai fait !"

Dostoïevski exprime bien cela dans Crime et Châtiment. Le personnage principal, Raskolnikov, tue quelqu'un, et presque aussitôt il comprend ce qu'il a fait. Il ne le reconnaît pas par lui-même, mais avec l'aide des mots très sévères d'une prostituée, Sonia, qui lui dit: "Regarde ce que tu as fait." C'est elle qui l'amène au milieu de la place, devant tout le peuple, pour qu'il dise ce qu'il a fait. Et il le fait. Il avoue. Il dit que sinon il ne pourrait pas exister, qu'il aurait commis davantage et de plus en plus de crimes. Et il accepte la sentence du tribunal c'est à dire aller pour au moins vingt ans dans la plus dure des prisons. Et il y va, et c'est là qu'il sent le médicament de son cœur. Et il prend ce médicament. Nous avons des problèmes dans la vie parce que nous ne voulons pas accepter ni reconnaître nos péchés. Et c'est la clé. Quoi d'autre avons-nous offrir aux autres ? De l'or, de l'argent, du désir, de la nourriture ? Une longue vie ? Non, seulement reconnaître nos péchés et nous avons tout de suite un nouveau monde."
(à suivre)
(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")

Sur le blog de Claude : LES COLLYVADES

L'apparition au dix-huitième siècle des Collyvades sur la Sainte Montagne, et en Grèce en général, constitue un retour dynamique aux racines de la tradition orthodoxe, à la "philocalie" une expérience qui est au cœur de la spiritualité de l'Église orthodoxe.
Leur "mouvement", comme on l'appelait, était régénérateur et traditionnel, progressiste et pourtant patristique, en d'autres termes, véritablement orthodoxe...
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mardi 6 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur, l'ego" (5) Interview - "Le plus gros problème pour l'humanité est en chaque personne, pas en dehors"

WIE: Il a été dit par certains des plus grands luminaires spirituels que quand on prend le chemin spirituel pour de bon, on se retrouve en face de l'ego d'une manière que l'on n'aurait jamais pu imaginer auparavant. En décrivant leurs rencontres avec l'ego, de nombreux saints l’ont caractérisé comme une force presque diabolique au sein qui ne veut pas de la vie spirituelle, qui ne veut pas Dieu, mais qui veut faire tout ce qui peut faire obstacle à notre illumination, et porter atteinte à notre ferme résolution de rester sur le chemin.

AD Saint Paul écrit magnifiquement sur cet événement, cette lutte à l'intérieur du cœur humain. Il dit en substance : "Il y a une autre loi en moi me dit de refuser la volonté de Dieu, de faire des choses contre Lui, de refuser la grâce. Elle essaie de me retenir dans mon passé, dans mon ancienne vie, pour me faire demeurer loin du Seigneur, pour m'empêcher de suivre le Seigneur." C'est pourquoi j'ai dit que le plus gros problème pour l'humanité est en chaque personne, pas en dehors. Pour cela nous avons besoin de pères spirituels. Pour cela nous avons besoin de médecins spirituels. Nous avons besoin de la chirurgie, nous avons besoin d'une opération; nous avons besoin que quelque chose soit retrancher dans notre cœur.



Nous ne comprenons pas que cet ennemi que nous avons en nous n'est pas notre moi, ce n'est pas notre personnalité. C'est seulement une tentation. C'est la semence du problème de l'ego. Nous unissons notre personnalité, qui est un événement sans prix, avec nos fautes. Nous confondons notre personnalité avec notre péché, nous marions ces deux choses, et nous avons une mauvaise impression de ce que nous sommes. Nous ne savons pas ce que nous sommes, et nous avons besoin de quelqu'un pour nous montrer qui nous sommes, nous avons besoin de quelqu'un pour nous ouvrir les yeux afin que nous puissions au moins voir nos ténèbres.

Il y a un mystique, le plus grand des mystiques, Saint Grégoire Palamas. Pendant trente ans, il n’a eu que cette seule prière: «Éclaire mes ténèbres. Éclaire mes ténèbres." Il ne nomma pas le nom du Seigneur, car il ne se sentait pas digne de le nommer. Il n'a destiné cette prière à personne, mais il a dit cette prière jour et nuit, plus qu’ il respirait. Parce que tout ce qu'il connaissait en lui-même était ses ténèbres. Et il parlait à quelqu'un - à qui d'autre ? Au Christ, qui a dit: "Je suis la Lumière." Mais il ne disait que, «Éclaire mes ténèbres."


WIE: Montre-moi mes fautes?

AD: Ou bien : viens brûler mes ténèbres. Fais du feu en elles et fais de la lumière en elles. La plus grande chose que nous pouvons faire dans nos vies, c'est découvrir que par nous-mêmes nous ne sommes rien. Nous sommes ténèbres. Nous sommes poussière. (à suivre)
(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")

lundi 5 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur, l'ego" (4) Interview :"Quand nous tuons l'amour, le résultat est l'ego"

"WIE : Qu'est-ce que l'ego?

Archimandrite Dionysios: Quand Satan, qui fut le premier et le plus élevé des anges, détourna les yeux de Dieu et tourna son attention vers lui-même, là nous avons eu le premier germe de l'ego. Il tenait ses yeux spirituels de la vision de la Sainte Trinité, de la vision du Seigneur, et il se regarda lui-même et se mit à réfléchir sur lui-même. Et il dit: «Je veux mettre mon trône à la haute place, et être comme lui." A ce moment a commencé l'histoire, la réalité et l'existence de l'ego, qui n'est en fait pas une réalité, mais le refus de la réalité. L’Ego est la fleur qui sort de la mort de l'amour. Quand nous tuons l'amour, le résultat est l'ego.

WIE : Quel est le caractère de l'ego? Comment se manifeste-t-il dans un être humain?

AD: Lorsque nous n'avons pas confiance. L’Ego naît quand nous ne faisons pas confiance aux autres. Lorsque nous avons peur des autres, quand nous avons besoin d'armes à feu contre les autres, alors nous avons besoin d'un ego parce que nous sommes dans la mauvaise direction de la vie. Nous ne pensons qu'à nous-mêmes, et nous ne voyons que notre ego. Mais quand nous voyons les uns les autres, quand nous avons confiance les uns dans les autres, il n'y a pas besoin d’ego, pas raison justifiant un ego, pas de possibilité pour l’existence d’un ego.

WIE: Alors, dans la façon dont vous en parlez ensuite, l'ego est l'insistance sur notre séparation, notre indépendance?

AD: Oui, sur notre solitude. Notre besoin d'être seul, d'avoir notre propre façon de penser qui nous satisfait et maintient notre personnalité dans le mauvais sens.

WIE : Nous mettre en avant et avant tout ?

AD: Oui. Et le Christ a dit: «les derniers seront les premiers. » Parce que quand vous voulez être le dernier et que vous choisissez la dernière place, alors seulement vous pouvez appeler les autres vos amis.

WIE : L'ego, ce sentiment d'amour-propre dont vous avez parlé, est souvent décrit dans la Philocalie et d’autres écrits des mystiques chrétiens comme le principal ennemi avec lequel l'aspirant spirituel doit lutter dans sa quête de l'union avec Dieu. Pourquoi l'ego est considéré comme un adversaire si redoutable sur le chemin?

AD: Il est un ennemi puissant, car il est l'ennemi à l’intérieur de nous. Nous sommes ennemis de nous-mêmes, comme Adam et Eve au paradis. Bien sûr, le serpent a parlé à Eve. Mais elle aurait pu l’éviter. Le serpent lui dit: «Le Seigneur t’a menti, mais si elle avait fait confiance au Seigneur, elle n'aurait pas commencé à parler au serpent. Et Adam, lui aussi, a perdu son rapport au Seigneur et est resté avec son ego. Et les deux egos ont travaillé ensemble, Adam et Eve.

Le véritable ennemi est l'ego. Il est l'ennemi parce qu'il est contre l'amour. Quand je me regarde, je n'aime pas les autres. Quand je veux accaparer pour moi ce qui est à toi, je deviens le meurtrier de mon frère, comme Caïn a tué Abel. Quand je veux me satisfaire, cette satisfaction est acquise au détriment de la liberté de l'autre. Ensuite, mon ego devient mon seigneur, mon dieu, et il n'y a pas plus forte tentation que celle-là. Parce que pour nous, cet ego peut apparaître comme un diamant. Il a l’éclat de l'or. Mais tout ce qui brille n'est pas or. L'ego est simplement comme un feu sans lumière, un feu sans chaleur, un feu sans vie. Il semble que cela ait de nombreux côtés et de nombreuses possibilités - mais quelle est cette possibilité? Qu'est-ce que l'ego? Seulement les moyens par lesquels je me protège comme si j'étais dans une bataille, comme si toute autre personne était mon ennemi, et comme si la seule chose qui m'intéressait, c'était de gagner la victoire." (à suivre)
(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")


dimanche 4 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur,l'Ego" (3) Présentation-suite

(suite de la présentation de l'interview de Geronda Dionysios)

"Bien que le mot «ego» lui-même n'apparaisse que dans des traductions et des commentaires plus contemporains, même à travers les textes orthodoxes les plus anciens, il y a d'innombrables références aux aléas de l'amour-propre, de l'estime de soi et le plus "sinistre des démons", l'orgueil. Considéré par les chrétiens comme le péché qui non seulement a fait chuter Lucifer, l'ange de Dieu, mais qui a également conduit Adam et Eve à être exilés du paradis sur terre, l'orgueil est considéré à des degrés divers comme «la mère de tous les maux" et "la descendance du diable." Il est aussi universellement considéré comme le plus destructeur et le plus puissant adversaire sur le chemin spirituel. Comme saint Jean Cassien l’écrit : «Tout comme un fléau mortel détruit non seulement un membre du corps, mais l'ensemble de celui-ci, ainsi l'orgueil corrompt l'âme tout entière,et pas seulement une partie de celle-ci.... Lorsque le vice de l'orgueil est devenu le maître de notre âme misérable, il agit comme un tyran implacable qui a pris le contrôle d'une grande ville, et il la détruit complètement, la rasant jusqu’à ses fondements. "

Pour lutter contre l'insidieux ego si déterminé à porter atteinte à notre progrès spirituel de l'intérieur, les moines et les religieuses de l'Orthodoxie chrétienne suivent une règle stricte de discipline spirituelle, comprenant la prière contemplative silencieuse, l'étude spirituelle, les offices en groupe et des ascèses qui peuvent être extrêmes. Dans la conviction qu’une vie d’auto-limitation et d’accueil de la souffrance est idéale, ces célibataires en robe noire se privent régulièrement de nourriture, de boisson et de sommeil pendant de longues périodes, afin de se purifier des «passions du monde» et se rapprocher de Dieu.


Dans le calendrier orthodoxe, nous apprendrons que la moitié des jours de l'année sont des jours de jeûne ! Et à la lecture de la description du rigoureux programme monastique quotidien, toujours largement suivi dans les monastères orthodoxes, j'ai été stupéfait d'apprendre l’habitude des moines de la prière solitaire, du travail et des offices qui commencent à minuit et  n'ont souvent pas de fin jusqu'à dix ou onze heures le lendemain soir. Comme j'ai continué à examiner le calendrier pour essayer de comprendre quand ils dormaient, j'ai été informé par un père qu'il n'est, en effet, pas rare que les moines ne dorment jamais plus d'une ou deux heures par nuit.

Et puis il ya les « vrais »ascètes. . . .


Dans des grottes froides et nues, en haut des pentes du mont Athos (vaste péninsule accidentée entièrement consacrée à la vie monastique), des ermites, pendant des décennies dans la prière solitaire, ne subsistant souvent que d’"un peu de pain sec et d'eau." Dans cette antique tradition érémitique, datant des premiers Pères du désert qui, au troisième siècle ont abandonné le monde pour vivre la vie solitaire, les pratiques ascétiques sont parfois poussées à l'extrême rivalisant avec les yogis les plus austères de l'Inde [...]
Mais, comme il nous serait raconté encore et encore, l'ascèse pratiquée par les chrétiens orthodoxes n'est pas de l'ascétisme pour lui-même, à des fins de mortification et d’expiation des péchés, mais une ascèse (ασκήσεις =exercices en grec) en vue la poursuite d'une fin divine très précise, dont la réalisation est connue sous le nom de «divinisation». Contrairement au christianisme occidental, qui, en vertu de la doctrine du péché originel tend à souligner la fragilité inhérente à l'humanité et son imperfection coupable, les enseignements orthodoxes soutiennent que ce n'est pas seulement possible, mais essentiel pour l'être humain d’accéder à une parfaite métamorphose, rayonnante des énergies divines. Citant les paroles et l'exemple de Jésus-Christ qui a dit:

«Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait», les moines orthodoxes aspirent à se purifier de toute trace d'ego et, ce faisant, à devenir un réceptacle immaculé de la gloire et des grâces de Dieu dans ce monde. Pour preuve que cette réalisation est possible – une aspiration considérée comme le seul objectif de la vie humaine et la vie même de toute aspiration orthodoxe – une aspiration orthodoxe toujours égale à elle-même : leur héritage de deux mille ans de saints, une lignée de saints hommes et de femmes, ininterrompue depuis le temps des apôtres.


En effet, dans notre propre exploration de la mystique orthodoxe au sujet de cette question, ce qui avait attiré notre imaginaire collectif le plus puissamment a été la conviction que, parmi tant de ceux avec qui nous nous sommes entretenus, il y a en fait des hommes et des femmes vivant aujourd'hui une vie de la même envergure spirituelle que les maîtres « Théophores » (= porteurs de Dieu) de l’Antiquité dont la vie orne les Écritures. C’est avec enthousiasme que nous avons pu parler avec un tel maître, semblable à ceux qui avaient suscité notre recherche d’envergure pour les anciens orthodoxes illuminés, une recherche qui a fini par nous conduire à l'archimandrite Dionysios."
(à suivre)




(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")

vendredi 2 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur" (2) Présentation-suite

(suite de la présentation de l'interview de Geronda Dionysios)

"Depuis le début de nos recherches concernant ce problème, l'idée de parler avec un Ancien orthodoxe à propos de l'ego était quelque chose qui nous attirait tout en nous laissant perplexes. Car même si l'Orthodoxie est une tradition dans laquelle aucun de nous ne pouvait prétendre avoir la moindre compétence, nous avions la conviction que quand il s'agit de définir l'ennemi du cheminement spirituel, les chrétiens orthodoxes sont sans doute uniques en leur genre. Pour cette antique tradition mystique du christianisme, dont l'Eglise catholique romaine s’est séparée en 1054, la purification totale de la personnalité humaine de l'égotisme, de l'égoïsme et tout ce qui entrave sa capacité à réfléchir la Lumière de Dieu est et a toujours été le premier et l'ultime but de la vie spirituelle. Dans les livres saints tels que « L'échelle Sainte » de St Jean Climaque et la « Philocalie » (littéralement «l'amour du beau et du bon»), les Pères orthodoxes dès le troisième siècle écrivirent avec passion et précision sur le sanglant «combat spirituel», dans lequel doit désirer s'engager l’aspirant sincère si, il ou elle, veut avoir le moindre espoir de vaincre les «démons» au coeur de ce combat sans relâche, avec des tactiques de plus nouvelles et créatives. 


Dans l'un des innombrables passages de la Philocalie, le moine du désert du quatrième siècle Saint Jean Cassien écrit: «Il est difficile de lutter contre [L’ego], car il a de nombreuses formes et apparaît dans toutes nos activités... Quand il ne peut séduire un homme avec  des vêtements extravagants, il essaie de le tenter par des moyens minables. Quand il ne peut le flatter avec l’honneur, il le fait enfler en lui faisant supporter ce qui semble être le déshonneur. Quand il ne peut le persuader de se sentir fier de sa démonstration d'éloquence, il l’attire par le silence en lui donnant à penser qu'il a atteint la quiétude.... Bref, chaque tâche, chaque activité, donne à ce démon malicieux une occasion de lutte. "  (à suivre)
 (Version française de Maxime le minime

jeudi 1 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : L'ennemi intérieur (1) Présentation


Il y a quelques années j'étais abonné à une revue américaine, "What is Enlightment", (dirigée par l'enseignant spirituel très actif et musicien de jazz Andrew Cohen) qui m'intéressait par sa recherche spirituelle (un écho de mes recherches antérieures) à laquelle je demeurais attentif malgré l'engagement de toutes les composantes de mon être dans l'Orthodoxie... et quelle ne fut pas ma surprise, mon heureuse surprise, d'y trouver cette interview d'un moine orthodoxe (!) Père Dionysios. C'est comme si le Ciel, une fois de plus, me signalait que mon cheminement antérieur - dont je conservais encore le souvenir vivant - était semé de cailloux lumineux, et que mon engagement dans l'Orthodoxie, loin de restreindre mon champ d'investigation de Petit Poucet cherchant à retrouver sa maison, était bien dans la cohérence, la richesse et la plénitude de mon désir spirituel quoi qu'aient pu en penser d'anciens compagnons de pélerinage... Je ne m'étais pas trompé ! J'avais traduit sur mes cahiers une partie de cette interview mais maintenant je me suis décidé à tout traduire en voici donc une première partie.


"Né en 1950 et ayant grandi dans une petite ville dans le nord de la Grèce, il était clair dès le début que Père Dionysios ne voulait pas élire domicile dans le monde. Issu d'une famille religieuse avec des ancêtres dans le sacerdoce, il a quitté la maison à dix-sept ans, pour poursuivre sa passion pour l'esprit au monastère historique de la Grande-Météore au sommet d'une falaise du centre de la Grèce. C'est là qu'il a rencontré son père spirituel, un Ancien grandement vénéré, l’archimandrite Aemilianos, et a reçu la tonsure dans la vie du renoncement. Lorsque plusieurs années plus tard, l'industrie du tourisme grec s’est imposée sur l'ensemble du complexe antique des Météores, l’Ancien Aemilianos et son groupe de jeunes moines s’est délocalisé pour un monastère perdu sur le Mont Athos et a commencé, avec une poignée d'autres nouvelles fraternités, à revivifier l’ancien havre monastique en déclin avec leur zèle pour la vie sainte.

Ma première rencontre avec l'archimandrite Dionysios est survenue, peut-être ironiquement, par e-mail. Ironique parce que, malgré les moyens résolument modernes de sa communication, dès sa réception, je me suis senti comme transporté un millier d'années en arrière à une époque où l'art épistolaire était une forme vénérée et étudiée du discours spirituel. «M. Hamilton, cher dans le Seigneur», ainsi a commencé la lettre, «Réjouissez-vous dans le Seigneur. Cela a été un grand honneur de recevoir votre e-mail du 11 Septembre, surtout après la recommandation de notre respecté, ami commun, dans mon cas depuis longtemps, le très sage Père Basile Pennington. S'il vous plaît pardonnez-moi, depuis le jour de réception de votre e-mail jusqu'à ce jour j'ai été absent... je serai en Grèce, au Saint Monastère de l'Exaltation de la Sainte-Croix... et vous y attendrai pour vous y offrir l'hospitalité pour aussi longtemps que vous le souhaitez, nous pourrons aussi y discuter de toutes les questions dont vous me parlez dans votre lettre. " Après avoir écrit au célèbre Ancien chrétien orthodoxe pour demander à la fois une interview pour notre magazine et des conseils sur notre prochain pèlerinage au Mont Athos, la légendaire «Sainte Montagne», cœur du monachisme orthodoxe, j'ai eu le plaisir de recevoir cette réponse chaleureuse et généreuse. Après une longue liste de suggestions pour mon voyage, l'Ancien a ajouté quelques mots gentils de respect et d'estime et a conclu par ce qui suit: «Mon âme frémit de crainte que vous ne receviez pas ma réponse à temps."

J'avais pu lire dans les textes orthodoxes l'humilité profonde qui émane de beaucoup de saints anciens - des hommes dont on dit que la vie de profonde prière, de contemplation et d'ascèse a retranché d'eux mêmes les plus petites graines de préoccupation de soi. Mais quoi qu'il en soit, avec toutes mes recherches dans les écrits, je ne m'attendais pas du tout à recevoir un tel e-mail. Lorsque j'ai commencé à taper ma réponse, j'ai eu sans aucun doute le sentiment, même à travers le pipeline de fibre optique, que l'homme que j'avais rencontré n'était pas un être humain ordinaire..."
(Version française de Maxime le minime)

(à suivre)

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