Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

mercredi 31 décembre 2008

DECLARATION COMMUNE DES HIERARQUES DES DIFFERENTES EGLISES en Terre Sainte sur les évènements meurtriers actuellement en cours dans la bande de Gaza

"Nous, les Patriarches, les Evêques et les chefs des Eglises chrétiennes à Jérusalem, profondément inquiets et choqués, suivons avec regret la guerre qui fait rage actuellement dans la bande de Gaza et la destruction, le meurtre et l'effusion de sang, en particulier à un moment où nous célébrons Noël, la naissance du Roi de l'amour et de paix.

En même temps que nous exprimons notre profonde tristesse à l'occasion du nouveau cycle de violence entre Israéliens et Palestiniens et de l'absence de paix dans notre Terre Sainte, nous dénonçons la poursuite des hostilités dans la bande de Gaza et de toutes les formes de violence et de meurtres de toutes les parties. Nous estimons que la poursuite de cette effusion de sang et cette violence ne conduiront pas à la paix et la justice mais nourriront davantage la haine et l’hostilité - et par là la poursuite de l'affrontement entre les deux peuples.

En conséquence, nous demandons à tous les officiels des deux parties du conflit de revenir à la raison et de s'abstenir de tous actes de violence, qui n’apportent que destruction et tragédie, et leur demandons instamment en revanche de travailler à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques et non violents.

Nous appelons également la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à intervenir activement et immédiatement pour arrêter l'effusion de sang et mettre fin à toute forme de confrontation, et à travailler dur et fort pour mettre un terme à la confrontation et supprimer les causes de conflit entre les deux peuples ; et enfin à résoudre le conflit israélo-palestinien avec une solution juste et globale fondée sur les résolutions internationales.

Aux différentes factions palestiniennes, nous disons: Il est temps de mettre fin à votre division et de régler vos différends. Nous demandons à toutes les factions à ce moment particulier de mettre les intérêts du peuple palestinien au-dessus des intérêts personnels des factions et de se diriger immédiatement vers la réconciliation nationale en utilisant tous les moyens non violents pour parvenir à une paix juste et globale dans la région.

Enfin, nous élevons nos prières vers l'Enfant dans la mangeoire pour qu’Il inspire les autorités et les décideurs des deux côtés, les Israéliens et les Palestiniens, de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la situation tragique actuelle dans la bande de Gaza. Nous prions pour les victimes, les blessés et les cœurs brisés. Puisse, le Seigneur Dieu Tout-Puissant accorder à tous ceux qui ont perdu des êtres chers la consolation et la patience. Nous prions pour tous ceux qui vivent dans la panique et la peur : Puisse Dieu les bénir dans le calme, la tranquillité et la paix véritable.

Nous demandons à tous d'observer le dimanche prochain, 4 Janvier, comme une journée pour la justice et la paix dans la terre de la paix."

+ Patriarche Théophile III, Patriarcat grec orthodoxe
+ Patriarche Fouad Twal, Patriarcat Latin.
+ Patriarche Torkom II, Patriarcat apostolique arménien orthodoxe.
+ P.Pier Battista Pizzaballa, ofm, Custode de la Terre Sainte
+ Anba Abraham, Patriarcat orthodoxe copte.
+ Archevêque Swerios Malki Mourad, Patriarcat orthodoxe syrien.
+ Abune Matthias, Patriarcat orthodoxe éthiopien
+ Mgr Paul Nabil Sayyah, Exarchat patriarcal maronite.
+ Évêque Suheil Dawani, Eglise épiscopale de Jérusalem et du Moyen-Orient.
+ Évêque Munib Younan, Eglise évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre Sainte.
+ Mgr Pierre Malki, Exarchat patriarcal syro-catholique
+ Mgr Youssef Zre'i, exarchat patriarcal gréco-catholique.
+ P.Raphael Minassian, Exarchat catholique patriarcal arménien

(Traduction de l'anglais en français par Maxime)

mardi 30 décembre 2008

ICÔNES ROUMAINES SOUS VERRE (3)

Icône de la zone d'Alba Julia, du début du XIX°siècle (collectionCiobanu)




NATIVITE DE JESUS
Considérations au sujet des icônes sur verre
à travers le temps (fin)

"Nées selon une tout autre conception, les icônes sur verre allaient s'intégrer dans le monde de la peinture moderne en tant que forme artistique régie par ses propres lois et relevant par conséquent, fût-ce inconsciemment, de l'idée d'originalité. Considérées comme une production originale, dans l'acception moderne du terme, c'est à peine de nos jours cependant que les icônes sur verre ont révélé leurs véritables qualités plastiques, révélation qui leur a valu brusquement une situation à part et une place de choix dans le contexte de l'art roumain. Si les peintres qui les ont réalisées peuvent être nommés « naïfs » en comparaison des peintres formés dans les académies et les ateliers, les icônes sur verre n'appartiennent pas de fait à la peinture naïve, comme certains l'ont considéré assez superficiellement, car le sentiment et le mode de représentation qui ont présidé à leur création sont très différents de ceux du Douanier Rousseau ou du génial artiste-paysan yougoslave Ivan Generalič. Le peintre roumain d'icônes sur verre a atteint l'originalité par les moyens les plus simples et en premier lieu par incapacité de s'intégrer aux lois de la peinture classique, non par contestation de ces lois. Or, c'est justement cette originalité non voulue qui a donné naissance à une force d'expression bien supérieure à toute originalité préméditée. Ce mode d'expression profondément original du créateur roumain n'a pas échappé à la sensibilité moderne, qui place les saints à cheval des peintres-paysans de Nicula au-dessus des carabiniers de Géricault. De là l'intégration des icônes sur verre roumaines dans le circuit universel de la peinture moderne, de là leur rôle d'ambassadeur de l'art roumain ancien, de là aussi l'intérêt sans cesse accru – en Roumanie et ailleurs pour ce merveilleux phénomène d'art paysan."

lundi 29 décembre 2008

ICÔNES SUR VERRE ROUMAINES (2)



Considérations au sujet des icônes sur verre
à travers le temps (suite)

"Ceux qui n’ont pas compris les icônes sur verre sont en petit nombre ; en échange ceux qui les ont découvertes et les ont admirées sont légion et ils deviennent chaque jour plus nombreux, non seulement dans leur patrie, mais partout où elles ont été présentées honorablement. Dès le siècle dernier, George Bariţiu, historien et le fondateur de la presse roumaine de Transylvanie, écrivait dans sa revue « Foaie pentru minte, inimă şi lileralură» (1847): « Il est vrai que les églises moldo-roumaines sont pleines d'icônes de Nicula, village et monastère de Transylvanie, que les pauvres peintres-paysans - dont la plupart sont analphabètes ­exécutent avec une admirable facilité ». L'historien George Oprescu, qui ne s'est occupé qu'incidemment de ce phénomène artistique (ce qui a entraîné certaines confusions dans ses ouvrages d'art populaire), a su néanmoins définir la peinture de Nicula en critique avisé et analyste subtil. Il affirme que les peintres de Nicula travaillaient « avec des couleurs d'une violence inouïe, mais vibrantes, chaudes, franches ... » Il estime que ces icônes sont l'un des produits « les plus inattendus et les plus frappants issus des mains du peuple, d'une saveur et d'un accent inoubliables ».
Bien que Nicolae Iorga ait rangé sous l'étiquette d'« arts mineurs» toute la création artisanale du paysan roumain - faisant, selon nous, une erreur de jugement sur les icônes dans le contexte de l'art populaire, lorsqu'il soutient que « dans cet art populaire (...) la peinture est de moindre importance» - il parvient néanmoins à la conclusion que, dans cette peinture, « c'est au fond l'âme véritable du peuple qui s'exprime »...


V.G. Paleolog se souvient que Brancusi admirait les peintres d'icônes d'autrefois. «Les faiseurs de croix et les peintres d'icônes - disait-il ­travaillaient pour leur propre plaisir et poussés par la foi. Leur métier était sacré et ils avaient la conscience d'une mission à accomplir ». Plus près de notre temps, retenons cette judicieuse opinion de Petre Comarnescu: « Dans les peintures sur verre, surtout dans celles de Nicula, il existe un expressionnisme populaire situé entre la naïveté et le tragique, qui nous enchante et nous émeut ... »; ou encore cette appréciation de l'esthéticien de haute classe qu'était George CaIinescu: « Les icônes sur verre sont nombreuses et d'une rare beauté artistique, les musées et les hommes de goût les collectionnent avec soin, les historiens d'art les étudient ». Des déclarations enthousiastes ont été formulées par de nombreux étrangers - historiens d'art, critiques, artistes, hommes de lettres, journalistes - tel le critique Paul Caso qui, après avoir visité l'exposition ouverte à Bruxelles, écrivait dans « Le Soir »: «Vous serez séduit par cet ensemble où palpite l'âme de la Rou­manie, tel un bouquet de coquelicots et de bleuets »; ou bien encore le critique Hans Redeker qui, après le vernissage d'une exposition à La Haye, soulignait que « par son authenticité, son humanisme, son charme décoratif, son coloris éclatant et la tradition de cet art si proche de la vie du peuple, (les icônes) sont dignes de toute notre admiration ». Différentes initiatives d'Etat ou particulières ont, évidemment, contribué à la faveur dont jouissent actuellement les icônes sur verre: acquisitions massives par les musées; expositions, surtout à l'étranger; publication par les Editions Meridiane d'albums en langues étrangères; publication d'études en volume ou dans des revues; organisation d'expositions permanentes dans le cadre des musées; activités et émulation déployées par les collectionneurs particuliers. Cependant, ce ne sont là que les effets de causes plus profondes, qui relèvent, d'une part, d'une tout autre conception qu'au début du siècle quant à la manière d'aborder l'œuvre d'art et, d'autre part, de la modification radicale de la mentalité du paysan roumain, survenue vers le milieu du siècle à la suite des transformations essentielles qui se sont produites dans les conditions socioéconomiques de son existence, transformations bien connues et auxquelles nous nous sommes du reste référé au début de la présente étude. Le XXe siècle a modifié profondément l'optique de l'univers artistique. Créateurs, critiques et historiens d'arts, le public cultivé lui-même se sont trouvés devant des prises de position proprement révolutionnaires, telles que les arts plastiques n'en avaient jamais connues depuis que l'art existe dans ce monde. Après l'apparition de la peinture naïve du Douanier Rousseau au Salon des Indépendants de 1886, mais surtout depuis que Picasso a lancé en 1907 son manifeste cubiste, illustré par sa composition longuement étudiée Les Demoiselles d'Avignon, l'histoire de la peinture est entrée dans la seconde ère capitale de son existence. Parmi les divers courants qui se disputaient le premier rôle dans cette révolution artistique, on compte aussi la peinture « naïve » (ou primitive, comme elle a parfois été nommée). Par son entrée dans le circuit de l'art moderne, les règles traditionnelles de la composition, de l'anatomie, de la perspective, des proportions, de l'harmonie ont été abolies ou éludées et, avec le temps, le monde s'est habitué à accueillir sans choc ces productions élaborées sous le signe de l'originalité, qualité indispensable pour qui veut s'affirmer à travers la concurrence qui règne de notre temps dans la production artistique.

ICÔNES SUR VERRE ROUMAINES (1)


Considérations au sujet des icônes sur verre
à travers le temps
(1)
(in "La peinture paysanne sur verre de Roumanie" aux éditions Meridiane par Juliana Danco et Dumitru Danco, superbe album paru en 1979)

"Les icônes sur verre de Transylvanie ont connu un sort assez curieux : dédaignées par les gens de la ville, elles ont longtemps été chères aux paysans; puis, dédaignées au cours de ces dernières décennies par les paysans, elles jouissent maintenant de la faveur des intellectuels et des artistes de la ville. Ce renversement des goûts est l'effet des transformations multiples et essentielles survenues en Roumanie tant dans la vie et la mentalité des habitants des villages que dans celles des citadins, les premiers aspirant de plus en plus à un style de vie urbain, tandis que les autres sont parvenus à une plus juste compréhension des valeurs éternelles de l'art paysan.

Les opinions qui se sont fait jour au cours de près d'un siècle sont étonnamment contradictoires. En janvier 1863, ainsi que l'a montré Emil Vîrtosu, l'évêque de Rîmnic, Calinic, informait le Ministère des Cultes que des hommes venus de Transylvanie apportent, parmi d'autres marchandises, « de soi-disant icônes, si mal exécutées que l'on dirait des caricatures, et cela d'autant plus qu'en dehors des icônes de saints, reconnues par notre Eglise, ils apportent aussi des tableaux sur lesquels est dessiné un coq, qu'ils vendent de même aux paysans en tant qu'icônes, leur faisant croire que c'est le coq qui a chanté lorsque le Sauveur a été arrêté et livré aux Juifs ... » (il s'agit d'icônes de Nicula et de la gravure de Nichita Morariu, intitulée Coq, datant de 1862). L'évêque demandait que l'on prenne des mesures pour interdire l'entrée en Roumanie de telles icônes, étant donné « qu'elles déshonorent les véritables images des saints ( ... ) et induisent en erreur le peuple, ébranlant sa piété et poussant certains hommes simples à adorer des coqs au lieu de nos véritables icônes »...
Sur la base de ce rapport - montre Emil Vîrtosu - le Ministère des Cultes a demandé à tous les préfets des départements voisins de la Transylvanie de prohiber l'entrée de ces icônes. C'est ainsi que, en mars de la même année, le préfet du département de Rîmnicu Sarat a trouvé chez quelques marchands d'icônes, à savoir Ion Coşaru, Mihai Hodeş, Gheorghe Popa et Vasile Moldovanu, 38 icônes de la Vierge et de Jésus-Christ ( ... ) qu'il a confisquées et dont il a envoyé un exemplaire au ministère. Du ministère on lui a répondu que les marchands peuvent continuer à exercer leur commerce, étant donné que les icônes n'ont rien d'« indécent ». Un quart de siècle plus tard, le poète Mikhaïl Eminescu témoigne d'idées similaires lorsqu'il écrit dans le journal "România Liberă", qui paraissait à Bucarest sous la direction de August Treboniu Laurian: « Auparavant, les icônes religieuses qui se vendaient en Roumanie étaient fabriquées presque exclusivement à Gherla (en Transylvanie). C'étaient des produits vraiment roumains, mais - pourquoi ne pas le reconnaître? - bien primitifs. Fabriquées par des paysans simples et naïfs, dépourvus de toute culture artistique, ces icônes étaient combattues même par certains évêques de Transylvanie, qui s'efforçaient de promouvoir des icônes de meilleure facture, afin de former l'œil à des formes plus concrètes, d'autant plus que l'on craignait que des femmes enceintes puissent, si elles avaient devant les yeux de pareilles icônes, mettre au monde des monstres ». Ajoutons que, même de nos jours, un folkloriste érudit, Ion Muşlea, qui s'est occupé aussi, entre autres, de l’histoire des icônes sur verre, a soutenu que les icônes de Nicula » ont joui d’une grande renommée, encore que non méritée »

dimanche 28 décembre 2008

Père Alexandre WINOGRADSKY à PARIS


"L’Eglise russe est plus grande que la slavité."

"La liturgie pour l’esprit du Chrétien c’est le Έργον του λαού του Θεού , c’est l’œuvre du peuple de Dieu, et qui reconnaît que Dieu est à l’œuvre dans la vie."

1ère partie de l'interview par Père Nicolas Ozoline à propos du Père Alexandre Schmemann


"Là où l’on est, la vocation des origines,
la vocation qu’est une langue maternelle,
la vocation qu’est une culture,
la vocation de la polyculture même parfois
et du fait qu’on soit né quelque part, qu’on se déplace ailleurs
et qu’on retrouve parfois ses origines…
Comment est-ce que j’avance vers le sacrement de la Vie…"

2ème partie de l'interview sur le père Alexandre Winogradsky lui-même :

"Il faut tout le temps pardonner !"


vendredi 26 décembre 2008

POUR LES ENFANTS



On peut certes supprimer Télévision et Internet de la vue des enfants, et c'est assez prudent en effet, mais il existe des sites qui, soit ont un lien direct avec la foi orthodoxe comme le premier (en anglais seulement malheureusement), soit ont conçu leurs programmes vraiment pour les enfants. Ce qui n'empêche pas les parents de vérifier...












mercredi 24 décembre 2008

ICÔNES GÉORGIENNES EN MÉTAL REPOUSSÉ

Une belle video sur les icônes en métal repoussé et avec commentaire en français SVP.
Les Géorgiens sont de grands artisans et de grands artistes et comme ils ont pu travailler chez les plus grands créateurs bijoutiers, ils ont également dans le domaine de la tradition orthodoxe perpétué une belle tradition d'art liturgique.

mardi 23 décembre 2008

DIEU AVEC NOUS ! bientôt... mais pour les siècles de toute façon... JOYEUX NOËL à tous, ancien & nouveau calendrier !

Sont plutôt "gonflés" ces Orthodoxes
ils ont des slogans pas possibles, du style :

à Noël ils chantent :
DIEU AVEC NOUS !
et à Pâques ils remettent ça :
CHRIST EST RESSUSCITE !!!

Rien que ça ! et ils persistent, ben oui !...




TA NAISSANCE, Ô CHRIST NOTRE DIEU,
A FAIT RESPLENDIR DANS LE MONDE
LA LUMIÈRE DE LA CONNAISSANCE
EN ELLE LES SERVITEURS DES ASTRES
ENSEIGNÉS PAR L’ÉTOILE
APPRENNENT À T’ADORER TOI SOLEIL DE JUSTICE,
ET À TE CONNAITRE ORIENT D’EN-HAUT,
SEIGNEUR GLOIRE A TOI.





Stefan Arteni m'a envoyé cette belle carte dans le style de son travail "calligraphiconique"
je vous l'offre à mon tour :




jeudi 18 décembre 2008

TOUS LES SAINTS DE L'ORTHODOXIE


Parution d'un livre important non seulement par le travail de recherche considérable qu'il contient, mais également par les rappels théologiques, ecclésiologiques et canoniques qu'il fait avec compétence et bien à propos et enfin par l'utilité qu'en auront tous les Orthodoxes francophones, pas toujours compris ni gâtés par les traductions de leurs initiateurs quelquefois un peu trop centrés sur les ouailles de leurs origines... aux Editions XENIA


Avec une préface de Mgr Luka

« Les communautés orthodoxes, en Europe de l'Ouest, rassemblent un nombre croissant de nouveaux convertis.
En rejoignant le christianisme orthodoxe, ces Occidentaux n’estiment pas répudier leur foi, mais au contraire remonter à ses racines.
C’est à leur usage que Claude Laporte, en explorant la mémoire et les archives de la Gaule chrétienne — celle d’avant le Schisme entre Rome et Byzance —, a constitué un calendrier inédit: celui de tous les saints d’Occident appartenant à l’Eglise universelle, c’est-à-dire orthodoxe, d’avant le schisme.
Avec ses quelque 12 000 entrées, recensant des vies de saints illustres ou inconnus, cet ouvrage reconstitue toute une chrétienté ardente et unie d’avant l’an Mil, que l’Europe a oubliée.
Travail de recherche d’une ampleur inouïe, non dépourvu de poésie, cet ouvrage sera un vademecum indispensable pour tous les orthodoxes francophones. Il s’adresse également aux chercheurs et amateurs d’histoire religieuse ainsi que d’histoire locale, puisqu’il repose sur une investigation minutieuse des traditions régionales.
Avec une introduction historique circonstanciée et une justification des choix. »

vendredi 12 décembre 2008

" Si la liberté n’est pas utilisée à bon escient, elle ne vaut rien" Père Païssios

APRES LA GRECE EN FLAMMES...
LA GRECE EN FLAMMES ?


(in futura-sciences.com 2007)



La Grèce est devenue depuis longtemps un pays "moderne",
c'est à dire comme les autres....
mais avec plus de difficultés économiques que d'autres...
la précipitation s'est empêtrée dans l'inertie...
pierres et cendres seront peu fertiles...
Elle a pourtant cet avantage de posséder
ce qui fait défaut aux autres,
encore pas si loin dans le temps ou l'espace :
quelques guides spirituels sûrs.
Il est toujours bon de retrouver quelque parole d'un ancien qui montre le chemin dans les moments difficiles, et ce texte, bien que datant d'un certain temps, cité par Stavros sur son Blog "My greek Odyssey" est on ne peut plus contemporain...




« Si la liberté n’est pas utilisée à bon escient, elle ne vaut rien. Tout ce qu'elle apporte est désastre. C'est la raison pour laquelle le pays se dirige dans la mauvaise direction. Est-ce que nos contemporains font bon usage de la liberté ? Lorsque la liberté ne sert pas la cause du véritable de progrès, le résultat en est catastrophique. Combinée avec le progrès du siècle, cette liberté toute de péché a ouvert la voie à l'esclavage spirituel. La véritable liberté spirituelle est l'obéissance à la Parole de Dieu. Mais voyez-vous, alors qu'il est une obéissance qui nous donne la vraie liberté, le tentateur par malveillance, la présente comme réduction en esclavage, ainsi nos jeunes d'aujourd'hui, empoisonnés par l'esprit de rébellion, refusent toute obéissance. Il est compréhensible que ces jeunes gens soient las des différentes idéologies du XXe siècle, qui, déforment malheureusement la beauté de la création de Dieu et remplissent ses créatures d’anxiété, creusant un fossé entre eux et la véritable joie qui est Dieu.

Ce sont les parents qui n'ont jamais compris la nature de la discipline qui permettent désormais à leurs enfants cette liberté excessive qui les transforment en petits délinquants. Dîtes leur seulement un mot, ils vous répondront avec cinq, et avec une telle insolence! Ces enfants peuvent même un jour devenir des criminels. Aujourd'hui, de nombreux enfants sont dans une totale confusion par trop de liberté et pas de discipline. "Ne touchez pas les enfants!" Tels sont les slogans de la société. Et bien sûr, qu'est-ce que pensent les enfants? " En d'autres termes, ils sont délibérément transformés en petits rebelles qui ne veulent écouter ni parents, ni enseignants ni qui que soit d’autre. Cela sert leurs desseins parfaitement, car si l’on n’apprend pas les enfants à être rebelles, comment peuvent-ils finir par tout détruire plus tard?



Nous devons vraiment faire des efforts pour être de vrais chrétiens. C'est de cette façon que nous allons développer un sens spirituel, et parvenir à ressentir de la douleur dans nos cœurs pour l'Orthodoxie et notre patrie et remplir nos obligations envers notre nation hellénique et notre héritage. C'est la base. Si nous sommes de vrais chrétiens, nous allons nous soucier de tout ce qui touche l'Église, nous inquiéter et de prier pour son bien. Nous ne devrions pas attendre que les gens nous prennent en charge dans le style "Maintenant, vous devriez vous occuper de ceci, plus tard de cela et ainsi de suite." Si nous nous déchargeons sur d'autres de ce qui nous incombe, nous allons ressembler à une roue carrée qui ne tournera jamais d’elle-même, et devra être poussée tout le temps. Il est important de tourner de nous-mêmes. Ainsi, notre mouvement sera beau et régulier comme celui d'une roue bien ronde. Et si cela se produit, nous sentirons le mouvement venir de l'intérieur, et Dieu enseignera à notre âme beaucoup de choses, plus qu’une personne ayant fait des études ne pourra jamais atteindre par ses propres moyens. Ce ne seront pas seulement les choses écrites que nous saurons, mais aussi les pensées qui se trouvent dans l'esprit de ceux qui les écrivent. Voyez-vous ce que je suis en train de dire. C'est le travail de l'illumination divine, et toutes les activités de l'homme en sont éclairées.

Comment pouvons-nous négliger l'héritage que nous a légué le Christ? Nous n'avons pas le droit de le rejeter ! Dieu nous tiendra pour responsables. Voyez-vous ce petit pays qui est nôtre a cru dans le Messie, et Dieu nous a béni pour éclairer le monde. L'Ancien Testament a été traduit en grec cent ans avant la venue du Christ. Pensez à la façon dont les premiers chrétiens ont souffert! Leurs vies étaient constamment en danger. Aujourd'hui, il y a tant d'indifférence! Et cependant, il serait facile d’éclairer notre nation aujourd'hui! Nous devons la paix dont nous jouissons aujourd'hui à ceux qui nous ont précédés. Savez-vous combien de nos ancêtres ont sacrifié leur vie? Nous leur devons tout ce que nous avons. Je les compare à nous : ils ont gardé leur foi, même si leur vie était menacée ; nos vies ne sont pas en jeu, mais nous négligeons notre foi et en retour, nous détruisons tout ce qu'ils nous ont légué. Ceux qui n'ont jamais eu l'expérience d'être soumis à une autre nation ne sont pas de mon avis. Je leur dis "Puisse Dieu nous protéger des envahisseurs barbares et de leur rage," : "Pourquoi ?", répondent-ils "Que peut-il nous arriver ?" Ecoutez leur attitude! Oh, pourquoi ne s’éloignent-il pas. C'est le genre de personnes que vous rencontrez ces jours-ci. Donnez-leur de l'argent et des voitures .... c'est ce qui importe, ils ne pourraient pas apporter moins d’attention à la foi, à l'honneur, ou même à leur propre liberté. Nous Grecs, la nation hellénique, devons notre foi chrétienne orthodoxe au Christ, et aux saints martyrs et aux saints Pères de notre Église. Nous devons notre liberté aux héros de notre Patrie, qui ont versé leur sang pour nous. Et nous leur devons de garder ce saint héritage vivant, et ne pas le laisser disparaître ni le détruire nous-mêmes. Quelle grande honte ce serait si notre nation périssait ! Et tout comme les individus sont appelés en temps de guerre pour servir leur pays, ainsi Dieu de nos jours envoie des invitations personnelles au peuple, les appelant à protéger et à sauver sa créature. Dieu ne nous abandonnera pas, mais nous devons de notre côté faire ce qui nous incombe. Nous avons besoin de faire ce qui est humainement possible, et pour le reste, nous tourner vers Dieu et prier pour obtenir son aide. »


texte traduit de l'Anglais par Maxime

mercredi 10 décembre 2008

"La bonté adoucit et ouvre le cœur, comme l’huile un cadenas rouillé." Pater Païssios



Ceux qui sont proches des personnes dans la douleur s'approchent naturellement de Dieu, car Dieu est toujours aux côtés de ses enfants qui sont dans la douleur. 

Quand quelqu'un donne son cœur à Dieu, alors l'esprit de cet homme est également saisi par l'amour de Dieu. Il est indifférent envers les choses du monde et pense continuellement au Père céleste, et à être dans l'amour divin, il glorifie son Créateur jour et nuit comme un ange.

Priez pour obtenir le repentir, et rien d'autre, ni les lumières divines, ni les miracles, ni le don de prophétie, ni aucun don spirituel, seulement le repentir. Le repentir vous apportera l'humilité, l'humilité vous apportera la grâce de Dieu, et Dieu dans sa grâce donnera tout ce dont vous avez besoin pour votre salut, ou ce dont vous pourriez avoir besoin pour aider une autre âme. 

Les choses sont très simples, et il n'y a aucune raison pour laquelle nous devrions les compliquer. Si nous considérons les choses de cette façon, nous allons ressentir la prière de Jésus comme une nécessité et nous ne nous en lasserons pas. Nous serons capable de la répéter de nombreuses fois et notre cœur  sentira une douce douleur, et puis le Christ Lui-même versera Sa douce consolation dans notre cœur. 

Ainsi, la prière ne fatigue pas, mais elle rend vigoureux. Elle n’est ennuyeuse que lorsque nous n’entrons pas dans sa signification et ne comprenons pas le sens que lui ont donné nos Saints Pères. Une fois que nous appréhendons  la nécessité de la miséricorde de Dieu, le désir de cette faim nous obligera, sans faire pression sur nous dans la prière, à ouvrir notre bouche comme un nourrisson, et nous sentirons, en même temps, toute la sécurité et la joie d'un bébé dans l’étreinte de sa mère. 

Maintenant que les commodités ont dépassé toutes limites, elles sont devenues des inconvénients. Les machines se sont multipliées, les loisirs aussi  se sont multipliés et l'homme a été fabriqué dans une machine. Des machines et des hommes de fer autour, c'est pourquoi leurs cœurs sont devenus aussi durs que l'acier. 


L'humilité est acquise après des luttes. Vous saurez vous-même que vous aurez acquis l'humilité, quand elle deviendra une condition (permanente).

 Sinon, on  peut devenir humble pour un instant, mais votre pensée vous dira que vous êtes quelque chose bien qu’en réalité vous ne soyez  rien, et vous serez dans cette même illusion jusqu’au moment de la mort. Si la mort vous trouve avec la pensée que vous n’êtes rien, alors Dieu parlera. Si toutefois votre pensée dit à l'heure de la mort que vous êtes quelque chose et que vous ne le comprenez pas, tous vos efforts seront vains.

La conscience est la première loi de Dieu, qu’Il a gravée profondément dans le cœur du Premier Créé, et, par conséquent, chacun de nous la possède comme une" photocopie "de ses parents quand il est né. Ceux qui ont réussi à sensibiliser leurs consciences par l'étude quotidienne d'eux-mêmes se sentent étrangers à ce monde, et, de ce fait, les gens du monde sont sidérés par leur capacité de discernement. En revanche, ceux qui n’examinent pas leur conscience, ne   bénéficient ni de l'étude spirituelle, ni des conseils d’Anciens, ne sont pas encore en mesure de garder les commandements de Dieu, et  ils deviennent rapidement insensibles. " 

Ceux qui sont sensibles et agissent avec  philotimo* [ φιλότιμο] , et qui observent tout avec précision, sont souvent lésés par les  insensibles à cause des constantes concessions qu'ils font à leur égard par amour. Cependant, l'amour de Dieu est toujours à leur côté. Souvent, ils se lèsent  eux-mêmes à cause de leur hypersensibilité, surévaluant leurs péchés mineurs ou prenant sur eux le fardeau des fautes des autres, mais là encore, Dieu les réconforte par Sa céleste bonté et, en même temps, les renforce spirituellement.  


Le diable ne fait pas la chasse à ceux qui sont perdus, il chasse les gens qui sont conscients, ceux qui sont proches de Dieu. Il part de leur confiance en Dieu et commence à les attaquer avec l’auto-assurance, la logique, la réflexion, la critique. Par conséquent, nous ne devrions pas faire confiance à notre esprit logique. Ne croyez jamais en vos pensées. 

Vivez simplement et sans trop de réflexion, comme un enfant avec son père. La foi sans trop de réflexion fait des merveilles. L'esprit logique empêche la grâce de Dieu et les miracles. Pratiquez la patience sans juger avec l'esprit logique.  

Pour certaines personnes votre amour sera exprimé par la joie et pour d'autres, il sera exprimé par votre douleur. Vous considèrerez chacun comme votre frère ou votre sœur, car nous sommes tous des enfants d'Eve (de la grande famille d'Adam, de Dieu). Ensuite, dans votre prière, vous direz: 'Mon Dieu, aide d’abord ceux qui en ont le plus  besoin, qu'ils soient nos frères dans le Seigneur vivants ou en repos. À ce moment-là, vous partagerez votre cœur avec le monde entier et vous n'aurez rien moins qu’un immense amour, qui est le Christ. 

La personne qui demande des miracles, afin de croire en Dieu, manque de dignité. Dieu, s'Il le souhaite, peut rendre immédiatement croyant tout le monde avec l'un de ses miracles. Toutefois, Il ne le fait pas, car Il ne souhaite pas user de force envers le libre arbitre de l'homme ; l'homme finirait ensuite par croire en Dieu, non par reconnaissance ou dette envers l’excessive bonté de Dieu, mais en raison de son pouvoir surnaturel. 

Oh, si seulement nous pouvions comprendre l’immense patience de Dieu! Cela a pris une centaine d'années pour faire l’arche de Noé. Pensez-vous que Dieu n’aurait pas pu faire une arche plus rapidement ? Il laissa Noé souffrir pendant cent ans pour que d'autres puissent comprendre et se repentir. Noé voulait leur dire, "Repentez-vous, un déluge arrive!" Mais ils préféraient se moquer de lui. "Ah ! Il est en train de faire des cages !", riaient-ils et ils retournaient à leurs affaires. Et maintenant, Dieu pourrait secouer le monde en deux minutes, et en changer les gens en croyants, en super croyants. Comment? Tout ce qu'Il a à faire est de tourner le bouton "tremblement de terre" de cinq, six ou sept sur l'échelle de Richter. A huit sur l'échelle de Richter, les gratte-ciels tomberont l’un sur l’autre comme des ivrognes dans la rue. A dix tout le monde hurlerait : "Nous avons péché, s'il te plaît sauve-nous !" Ils peuvent même dire: «Nous allons devenir des moines!" Mais dès que le tremblement de terre sera terminé, encore secoués, mais debout, ils retourneront en  courant aux bouzouki-clubs. Leur retour à Dieu ne sera pas un véritable repentir, car leurs vœux temporaires n’étaient formulés que pour être sauvés de la catastrophe. " 

Lorsqu’au cours de notre combat spirituel, nous avons un sentiment d'anxiété, nous devons savoir que nous ne dirigeons pas vers le royaume de Dieu. Dieu n'est pas un tyran étouffant. Chacun de nous devrait lutter en fonction de ses forces et cultiver son philotimo pour grandir dans son amour de Dieu. Poussés par philotimo, sa lutte, toutes ces prosternations, le jeûne et ainsi de suite ne seront rien d'autre que pures explosions de son amour et sa voie sera une voie de valeur spirituelle. 

– Geronda, dis une parole .... 

– Que devrais-je dire?

– Quoi que soit que votre cœur vous dit. 

– Mon cœur me dit de prendre un couteau, de le couper en petits morceaux, de les donner aux gens et puis de mourir.

Traduction par Maxime


[ *φιλότιμο = noblesse d'âme, bonté, reconnaissance, amour purifié exempt de tout retour sur soi, de ceui qui ne regarde jamais son propre intérêt mais ne cherche qu'à être agréable à Dieu, le Père Païssios considérait cette vertu comme le fondement du progrès dans la vie spirituelle note extraite de "St Arsène de Cappadoce" par le le père Païssios traduit et édité par le monastère St Jean le Théologien Souroti de Thessalonique (où repose Père Païssios)]


mardi 9 décembre 2008

MEISTER ECKHART [2] - VLADIMIR LOSSKY


Les passerelles entre Meister Eckhart et l'Orthodoxie ne datent pas d'hier et Vladimir Lossky, le grand et profond théologien orthodoxe, dont on a célébré le cinquantième anniversaire de la naissance au Ciel en février dernier, a consacré une thèse imporante au Maître rhénan : Théologie négative et connaissance de Dieu chez Maître Eckhart, (qui a été publiée par les editions Librairie Philosophique J.Vrin) oeuvre passionnante (bien que consistante, difficile et... coûteuse). En voici un extrait cité par le site Ellopos :





[...] Pour avoir ici-bas, in via, l'expérience de l'Être unique qui est Dieu, expérience qui ferait reconnaître, en même temps, le néant des créatures, la lumière de la grâce est nécessaire. C'est une connaissance per speculum et in lumine, que Maître Eckhart décrit dans les termes suivants : quando scilicet lux divina per effectum suum aliquem specialem irradiat super potentias cognoscentes et super medium in cognitione, elevans intellectum ipsum ad id quod naturaliter non potest. Dans le contexte d'un sermon pour la fête de saint Augustin, cette élévation de l'intellect par la lumière de la grâce répond au passage des Confessions, cité ici par le prédicateur : cum Te primo cognovi, Tu assumsisti me, ut viderem esse, quod viderem, et nondum me esse, qui viderem. Sans aucun doute, ces paroles d'Augustin devaient exprimer, pour Maître Eckhart, le caractère extatique de la connaissance qu'il a pu avoir "par le miroir et dans la lumière". En effet, il a fallu que saint Augustin fût "assumé" par Dieu pour voir l'Être-Un comme Identité subsistante et reconnaître ensuite sa propre misère de créature, non identique à Dieu et à soi-même, en se retrouvant "loin, dans la région de la dissemblance". Il s'agit donc ici, pour Eckhart, d'un ravissement in exstasi mentis, d'une "connaissance savoureuse" ou sagesse (sapientia, quasi sapida scientia) qui introduit l'homme dans une "grande affection", en lui donnant l' "avant-goût de la douceur divine" (ad divinam dulcedinem praegustandum). C'est que le fruit de la grâce, échappant in via à la saisie intellectuelle, est déjà présent dans l'intellect pratique, pour permettre à la volonté d'atteindre ici-bas par l'amour l'objet encore inconnu de la béatitude éternelle. L'expérience extatique d'Augustin lui a montré que l' "être-un-avec-Dieu", accordé par la grâce, est la vocation suprême de l'homme et que toute abondance qui n'est pas Dieu n'est qu'indigence. Sans la grâce, l'on ne saurait aimer Dieu et aspirer uniquement à l'Unité d'être, ni se sentir à l'étroit dans la dissemblance radicale des créatures. Supérieure à la totalité de la nature qui est contenue en elle virtuellement, indivise et unie, la grâce se rapproche dans ce sens de l'intellect. Néanmoins, l'oeuvre que la grâce de Dieu accomplit dans l'essence de l'âme reste inconnaissable pour une intelligence créée réduite à sa lumière naturelle. Dans la mesure où il ignore en quoi consiste sa vraie béatitude, l'homme qui n'a pas relu la grâce peut s'accommoder de la regio dissimilitudinis. C'est la raison pourquoi les enfants morts sans baptême ne se ressentent point de la privation de la gloire béatifiante. Il semble même qu'en dehors de la grâce le "connaître" et l' "être" restent, pour Eckhart, disjoints et confinés chacun dans sa sphère. On peut être "surnaturel", en quelque sorte, par l'intellect qui excède la nature dissemblable qu'il connaît dans sa lumière naturelle ; on peut même y connaître Dieu - ablatione, eminentia et causa, comme absolument autre, comme dépassant toutes les perfections connaissables, comme principe de tout ce qui est. Toutefois cette connaissance per speculum et in aenigmate n'arrache pas encore les créatures intellectuelles à la région de la dissemblance, pour les attirer vers leur "patrie". Sans la grâce, l'intellect n'est pas encore la voie du retour vers l' "être-un avec Dieu".

Son fils, le Père Nicolas LOSSKY, a donné le 28 juin 2005, quand il était encore diacre de la paroisse Notre Dame Joie des Affligés une conférence en hommage au grand théologien que l'on trouvera ici

vendredi 5 décembre 2008

PATRIARCHE ALEXIS II Mémoire éternelle ! Вечная память ! Αἰωνία ἡ μνήμη !

Seigneur, fais reposer en paix
ton serviteur Alexis,
et place-le dans le Paradis,
où les chœurs des Saints et des Justes
resplendissent comme des astres.
Fais reposer en paix ton serviteur,
en détournant les yeux de ses fautes...


La compassion est toujours plus facile à exercer envers les plus faibles qu'envers les puissants... Il est difficile de concevoir que les puissants parviennent à un moment - celui d'une grande épreuve et à fortiori celui de leur mort - où ils ont simplement besoin aussi de nos prières quels que soient les critiques, les reproches, voire les condamnations dont ils ont pu être l'objet - légitimimement, à juste titre ou non - de notre part. Oui il est toujours plus facile et plus gratifiant - on se sent si bon alors - d'avoir de la compassion et de prier pour les plus faibles que nous, ceux que nous sentons inférieurs à nous, plus faibles...
Pourtant le Seigneur ne nous a-t-Il pas enseigné à aimer même nos ennemis ? Comme c'est difficile de nous associer aux prières de la Divine Liturgie quand le moment vient de prier pour nos hiérarques... Ils déçoivent si souvent nos attentes et nous paraissent si souvent indignes de paître le troupeau qui leur a été confié... Nul doute qu'ils auront des comptes à rendre quelque part à un moment donné car beaucoup leur a été donné et beaucoup leur sera demandé... mais il vient un moment où la détestation doit s'oublier pour faire place à la prière malgré tout... non ?


mercredi 3 décembre 2008

Tolstoï : "Les trois vieillards" « Vous êtes trois, nous sommes trois, ayez pitié de nous. »


Père Élie [Oтец Илиа ] de Bienheureuse et éternelle Mémoire adorait cette histoire de Tolstoï qu'il trouvait drôle, elle me plaît beaucoup également et je la trouve pleine de divine sagesse même si l'on sait que l'auteur de ces "Histoires populaires de la Volga" d'où est tiré ce récit avait pris des distances "certaines" avec l'Église Orthodoxe pour développer ses propres mythes, illusions et utopies dont il aurait été bien inspiré de les soumettre pareillement à sa critique en l'alimentant avec le même humour voire la même insolence parfois.
J'en ai trouvé par bonheur la traduction sur WikiSource (Mille mercis au traducteur et à celui qui a mis en ligne le texte !) et je ne résiste pas à l'envie de vous la faire partager... cliquez sur "lire la suite" à la fin du texte du message pour savoir la fin savoureuse et édifiante de cette histoire.

« L’archevêque d’Arkhangelsk avait pris place sur un bateau qui faisait voile de cette ville au monastère de Solovki. Parmi les passagers se trouvaient aussi des pèlerins et de ceux que l’on nomme « saints ». Le vent soufflait en poupe, le temps était beau, il n’y avait ni roulis ni tangage. Les pèlerins, les uns couchés ou mangeant, les autres assis par tas, devisaient entre eux. L’archevêque sortit de sa cabine et se mit à marcher d’un bout à l’autre du pont. Arrivé à la proue, il vit un groupe qui s’y était rassemblé. De la main, un petit paysan désignait quelque chose au large et parlait tandis que les autres l’écoutaient. L’archevêque s’arrêta, regarda dans la direction indiquée par le petit paysan : rien de visible que la mer rutilant sous le soleil. L’archevêque s’approcha pour mieux écouter. Le petit paysan l’ayant aperçu ôta son bonnet et se tut. Les autres de même, à la vue de l’archevêque, se découvrirent et s’inclinèrent avec respect. – Ne vous gênez pas, mes amis, dit le prélat. Je suis venu, moi aussi, écouter ce que tu dis, brave homme. – Le petit pêcheur nous parlait des vieillards, dit un marchand qui s’était enhardi. – De quels vieillards s’agit-il ? demanda l’archevêque, et il vint près du bastingage s’asseoir sur une caisse. Raconte-moi donc cela, je t’écoute. Que montrais-tu ? – Là-bas, cet îlot qui pointe, dit le paysan en indiquant devant lui à bâbord. Il y a là-bas, dans cette île, des vieillards qui vivent pour le salut de leur âme. – Où donc y a-t-il une île ? demanda l’archevêque. – Tenez, veuillez regarder en suivant ma main. Voyez ce petit nuage, eh bien ! un peu à gauche au-dessous, il y a comme une bande étroite. L’archevêque regarda. L’eau miroitait au soleil. Faute d’habitude il n’apercevait rien. – Je ne la vois pas, dit-il. Et quels sont donc les vieillards qui vivent dans cette île ? – Des hommes de Dieu, répondit le paysan. Il y a longtemps que j’entends parler d’eux, mais je n’avais jamais eu l’occasion de les voir. Or, l’an dernier, je les ai vus. Et le pêcheur raconta comment, parti pour la pêche l’année précédente, une tempête l’avait jeté sur cet îlot qui lui était inconnu. Au matin, comme il explorait les lieux, il tomba sur une petite hutte au seuil de laquelle il vit un vieillard, et d’où ensuite deux autres sortirent. Ils lui donnèrent à manger, firent sécher ses vêtements et l’aidèrent à réparer son bateau. – Comment sont-ils d’aspect ? s’enquit l’archevêque. – L’un est petit, légèrement voûté, très vieux. Il porte une soutane vétuste et doit être plus que centenaire. La blancheur de sa barbe tourne au vert ; cependant il sourit toujours et il est pur comme un ange des cieux. L’autre, un peu plus grand, est vieux aussi et porte un caftan tout déguenillé. Sa barbe chenue s’étale, jaunâtre, mais l’homme est fort : il a retourné mon bateau comme un simple baquet avant que j’eusse le temps de lui donner un coup de main. Lui aussi a l’air radieux. Le troisième est très grand, sa barbe lui descend jusqu’aux genoux comme un fleuve de neige. Il est tout nu, sauf une natte en guise de ceinture. – Ont-ils causé avec toi ? demanda l’archevêque. – Ils besognaient en silence et se parlaient fort peu. Il leur suffit d’un regard pour qu’ils se comprennent. J’ai demandé au plus vieux s’ils vivaient là depuis longtemps. Il se renfrogna, murmura quelque chose, comme si décidément il était fâché. Mais aussitôt le petit vieux le saisit par la main, sourit, et le grand se tut. Rien qu’une parole de douceur et un sourire. Tandis que le paysan parlait ainsi, le navire s’était rapproché des îles. – Voici qu’on l’aperçoit tout à fait maintenant, dit le marchand. Veuillez la regarder, Éminence, ajouta-t-il avec un geste. L’archevêque regarda et il vit en effet une bande noire : c’était un îlot. L’archevêque regarda, puis il passa de l’avant du navire à l’arrière pour questionner le pilote. – Quel est donc cet îlot qu’on aperçoit là-bas ? – Il n’a pas de nom. Il y en a un grand nombre par ici. – Est-il vrai que trois vieillards y vivent pour le salut de leur âme ? – On le dit, Éminence. Mais je n’en sais rien. Des pêcheurs, à ce qu’on prétend, les auraient vus. Mais ce sont peut-être des racontars. – Je voudrais m’arrêter un peu dans cet îlot, voir ces vieillards, dit le prélat. Comment faire ? – Impossible au navire d’accoster, répondit le pilote. On le pourrait en canot ; mais il faut demander l’autorisation au commandant. On alla chercher le commandant. – Je voudrais voir ces vieillards, dit l’archevêque. Ne pourrait-on me conduire là-bas ? Le commandant eut une réponse évasive : – Pour ce qui est de pouvoir le faire, on peut le faire ; mais nous perdrons beaucoup de temps, et j’ose déclarer à Votre Éminence qu’il ne vaut vraiment pas la peine de les voir. J’ai entendu dire que ces vieillards étaient stupides. Ils ne comprennent rien et sont muets comme des carpes. – Je désire les voir, insista le prélat. Je paierai pour la peine : qu’on m’y conduise. Il n’y avait rien à faire. En conséquence, des ordres furent donnés aux matelots et l’on changea la disposition des voiles. Le pilote ayant tourné le gouvernail, le navire mit le cap sur l’île. On apporta une chaise à l’avant pour le prélat qui s’assit et regarda. Pendant ce temps, les pèlerins, qui s’étaient aussi rassemblés à l’avant, tenaient les yeux fixés vers l’île. Ceux dont les regards étaient le plus perçants voyaient déjà les pierres de l’île et montraient une petite hutte. Il y en eut même qui distinguaient les trois vieillards. Le commandant prit sa longue-vue, la braqua dans la direction, puis la passant à l’archevêque : – C’est exact, dit-il, voyez sur le rivage, à droite du gros rocher, il y a trois hommes debout. À son tour, l’archevêque regarda par la lunette après l’avoir mise au point. En effet, trois hommes étaient debout sur le rivage : l’un grand, l’autre moindre et le troisième de très petite taille. Ils se tenaient par la main. Le commandant s’approcha de l’archevêque : – C’est ici, Éminence, que nous devons stopper. Si vraiment vous y tenez, vous prendrez place dans un canot pendant que nous resterons à l’ancre. Aussitôt on dénoua les filins, jeta l’ancre, largua les voiles. Puis on retira le canot et on le mit à la mer. Des rameurs y sautèrent ; l’archevêque descendit par l’échelle. Quand il fut assis sur le banc du canot, les rameurs donnèrent une poussée sur leurs avirons et s’éloignèrent dans la direction de l’île. Arrivés à la distance d’un jet de pierre, ils virent apparaître les trois vieillards : un grand tout nu, ceint d’une natte ; un de taille moyenne au caftan déchiré et un petit, voûté, couvert d’une vieille soutane. Tous trois se tenaient par la main. Les rameurs s’arrêtèrent pour amarrer l’embarcation. L’archevêque descendit. Les vieillards firent un salut profond. L’archevêque les bénit, et eux le saluèrent encore plus bas. Puis l’archevêque leur adressa la parole : – J’ai entendu dire que vous étiez ici, vieillards du bon Dieu, afin de sauver votre âme en priant Notre Seigneur pour les péchés des hommes. Et j’y suis par la grâce de Dieu, moi indigne serviteur du Christ, appelé pour paître ses ouailles. Aussi ai-je voulu vous voir, hommes de Dieu, pour vous enseigner, si je le puis. Les vieillards sourirent en silence et se regardèrent. – Dites-moi comment vous faites votre salut et servez Dieu ? demanda le prélat. Le second des vieillards poussa un soupir et regarda le grand, puis le petit ; le grand se renfrogna et regarda le plus vieux. Quant à ce dernier, il dit avec un sourire : – Nous ignorons, serviteur de Dieu, comment on sert Dieu. Nous ne servons que nous-mêmes en pourvoyant à notre subsistance. – Comment faites-vous donc pour prier Dieu ? Et le petit vieux dit : – Nous prions en disant : « Vous êtes trois, nous sommes trois, ayez pitié de nous. » Et à peine eut-il prononcé ces mots, que les trois vieillards levèrent les yeux vers le ciel et reprirent en chœur : – Vous êtes trois, nous sommes trois, ayez pitié de nous. L’archevêque sourit et demanda : – Vous avez sans doute entendu parler de la sainte Trinité, mais vous ne priez pas comme il faut. Je vous aime beaucoup, vieillards du bon Dieu, je vois que vous voulez Lui être agréables, mais vous ne savez pas comment Le servir. Ce n’est pas ainsi qu’il faut prier. Écoutez-moi, je vais vous instruire. Ce n’est pas d’après moi-même que je vous enseignerai, mais d’après l’Ecriture sainte qui nous apprend comment Dieu a voulu qu’on Le prie. Et le prélat se mit à apprendre aux vieillards comment Dieu s’était révélé aux hommes : il leur parla de Dieu le Père, de Dieu le Fils et du Saint-Esprit… et il disait : – Dieu le Fils est descendu sur la terre pour sauver les hommes et leur enseigner à tous comment Le prier. Écoutez et répétez ensuite mes paroles. Et l’archevêque dit : – Notre Père. L’un des vieillards répéta : – Notre Père. Le second et le troisième à tour de rôle : – Notre Père. –… Qui êtes aux cieux. –… Qui êtes aux cieux… Mais le second des vieillards s’embrouilla dans les mots et ne prononça pas comme il fallait ; le vieillard nu ne parvenait pas non plus à bien articuler : les poils de sa moustache lui obstruaient les lèvres ; quant au petit vieux, un bredouillement inintelligible sortait de sa bouche édentée. L’archevêque répéta encore ; les vieillards répétèrent après lui. Ensuite le prélat s’assit sur une pierre et les vieillards, debout autour de lui, regardaient sa bouche et s’efforçaient de l’imiter pendant qu’il leur parlait. Toute la journée, jusqu’au soir, l’archevêque poursuivit sa tâche ; dix fois, vingt et cent fois il répétait le même mot, que les vieillards reprenaient ensuite. Quand ils s’embrouillaient, il les corrigeait en les obligeant à tout recommencer. L’archevêque ne quitta pas les vieillards qu’il ne leur eût enseigné tout le Pater. Ils étaient parvenus à le réciter d’eux-mêmes. Ce fut le second vieillard qui le comprit le plus vite et le redit tout d’une traite. Le prélat lui ordonna de le répéter plusieurs fois de suite jusqu’à ce que les autres eussent appris à le réciter. Le crépuscule tombait déjà et la lune montait de la mer quand l’archevêque se leva pour rejoindre le navire. Il prit congé des vieillards qui tous trois se prosternèrent devant lui. Le prélat les releva et, après avoir embrassé chacun d’eux, il les engagea à prier ainsi qu’il le leur avait enseigné. Puis il prit place dans l’embarcation et s’éloigna du rivage. Et tandis que l’archevêque revenait vers le navire, il entendit les trois vieillards réciter tout haut le Pater. Quand il accosta, on n’entendait plus leur voix, mais on les voyait encore au clair de lune, tous trois debout sur le même point du rivage, le plus petit au milieu, le grand à droite et le moyen à gauche. Une fois à bord, l’archevêque se dirigea vers l’avant, on leva l’ancre et le vent ayant gonflé les voiles poussa le navire qui reprit sa route. L’archevêque avait gagné la poupe et ne cessait de regarder l’îlot. Les vieillards étaient encore visibles, mais ils s’effacèrent bientôt, et l’on ne vit plus que l’îlot. Puis l’îlot s’évanouit de même, et il n’y eut plus que la mer qui scintillait au clair de lune. Les pèlerins s’étaient couchés pour dormir, et tout reposait sur le pont. Mais l’archevêque n’avait pas sommeil. Il se tenait seul à la poupe, regardant là-bas la mer où l’îlot avait disparu, et se rappelant les trois bons vieillards. Il songeait à leur joie quand ils eurent appris la prière. Et il remercia Dieu de l’avoir conduit là pour enseigner à ces vieillards les divines paroles. Assis sur le pont, l’archevêque songe en regardant la mer du côté où l’îlot a disparu. Soudain une lueur papillote à ses yeux : quelque chose comme une lumière qui vacille çà et là au gré des flots. Cela brille tout à coup et blanchoie sur le sillage lumineux de la lune. Est-ce un oiseau, une mouette, ou bien une voile qui pose cette tache de blancheur ? Le prélat cligne des yeux pour mieux voir : « C’est un bateau, se dit-il : sa voile nous suit. Il ne tardera certes pas à nous rejoindre. Tout à l’heure il était encore fort loin, maintenant on le distingue tout à fait. Et ce bateau n’a rien d’un bateau, la voile ne ressemble pas à une voile. Mais quelque chose court après nous et cherche à nous rattraper. » L’archevêque ne parvient pas à distinguer ce que c’est. Un bateau ? Non, et ce n’est pas un oiseau non plus. Un poisson ? Pas davantage. On dirait un homme ; mais il serait bien grand, et comment croire qu’un homme puisse marcher sur la mer ? L’archevêque se leva de son siège et alla trouver le pilote : – Regarde, qu’est-ce donc, frère ? Qu’y a-t-il là-bas ? demande l’archevêque. Mais déjà il voit que ce sont les trois vieillards. Ils marchent sur la mer, tout blancs, leurs barbes blanches resplendissent, et ils se rapprochent du navire qui a l’air d’être immobilisé. Le pilote regarde autour de lui, terrifié ; il quitte le gouvernail et crie tout haut : – Seigneur ! Les vieillards qui nous suivent en courant sur la mer comme sur la terre ferme ! Les pèlerins, qui avaient entendu, se levèrent et vinrent précipitamment sur le pont. Tous voyaient les vieillards accourir en se tenant par la main ; les deux du bout faisaient signe au navire de s’arrêter. Tous trois couraient sur l’eau comme sur la terre ferme, sans que leurs pieds parussent remuer. On n’eut pas le temps de stopper, que déjà ils étaient à hauteur du navire. Ils avancèrent tout près du bord, levèrent la tête et dirent d’une seule voix : – Serviteur de Dieu, nous avons oublié ton enseignement ! Tant que nous avons redit les mots, nous nous en sommes souvenus ; mais une heure après que nous eûmes cessé de les redire, un mot a sauté de notre mémoire. Nous avons tout oublié, tout s’est perdu. Nous ne nous rappelons rien de rien. Enseigne-nous de nouveau. L’archevêque fit un signe de croix, se pencha vers les vieillards et dit : – Votre prière a monté jusqu’à Dieu, saints vieillards. Ce n’est pas à moi de vous enseigner. Priez pour nous, pauvres pécheurs ! Et l’archevêque se prosterna devant les vieillards. Et les vieillards qui s’étaient arrêtés se détournèrent et reprirent leur chemin sur les eaux. Et jusqu’à l’aube il y eut une lueur sur la mer, du côté où les vieillards avaient disparu.

Abonnement

abonnement par mail